Henning MANKELL
Les Chiens de Riga
Traduit du Suédois par Anna Gibson
(4ème de couverture)
Un canot pneumatique s’échoue sur une plage de Scanie, en Suède. Il contient les corps de deux mafieux originaires de Lettonie, assassinés d’une balle dans le cœur. Le commissaire Wallander part pour Riga. Il se trouve plongé dans un pays en plein bouleversement, où la démocratie n’est encore qu’un rêve, un monde glacé fait de surveillance policière, de menaces, de mensages. Où se cache la vérité ?
Né en 1948, Henning Mankell partage sa vie entre l’Afrique et la Suède. Traduits en 35 langues, ses romans mettent en scène le commissaire Kurt Wallander, qui cédera ensuite sa place à sa fille, Linda Wallander.
(Les personnages principaux :)
Kurt Wallander, Martinsson, Björk, Svedberg,Linda,Baiba Liepa.
(1ere phrase :)
La neige arriva peu après dix heures.
(Dernière phrase :)
Mais le manque qu’il éprouvait était très fort.
321 pages – Editions Seuil 1992 mars
2003, pour la traduction française
(Aide mémoire perso :)
Un canot pneumatique dérivant sur la Baltique est repéré par le bateau de pêche de contrebandiers suédois. Ils le hissent et aperçoivent deux cadavres à l'intérieur. Comme ils ne veulent pas d'ennuis, ils le remorquent un instant et le font dériver. Il va s'échouer sur les côtes d'Ystad, juridiction du commissaire Kurt Wallander et c'est à partir de ce moment que ses ennuis commencent. Il s'avère que les deux cadavres sont des Lettons, ce qui explique pourquoi la police de Riga envoie le major Liepa en Suède afin d'aider Wallander dans sa tâche. Le major ne reste que quelques jours mais les deux hommes sympathisent. Parallèlement, la vie de Wallander - alors âgé de 43 ans! - n'est pas au beau fixe, son père est son seul interlocuteur et confident. Il lui en veut toujours de s'être engagé dans la police. Sa fille fait des études à Stockholm mais il sent instinctivement qu'elle n'est pas tout à fait heureuse. Devenu vite un ami et un confident lors d'une soirée bien arrosée, le major éclaire Wallander sur les pays satellites dont faisait partie la Lettonie et qui est en pleine mutation : certains regrettent l'ex-marxisme de L'URSS, d'autres sont fascinés par le capitalisme mais le pays laisse la part belle à la mafia au milieu de ces incertitudes :
La réponse du major le surprit.
"- Je suis croyant, dit-il. Je ne crois en Dieu Mais cela ne m'empêche d'avoir la foi, comme un au- delà du paysage limité de la raison. Le marxisme lui-même renferme une grande part de foi, bien qu'il prétende être une science et non une idéologie. Ceci est ma première visite à l'Ouest. Jusqu'ici je n'ai pu me rendre qu'en Union soviétique,en Pologne et dans les autres pays Baltes. Ici je constate une abondance apparemment illimitée de biens matériels. Mais cette différence entre nous cache peut-être une ressemblance. Une pauvreté commune - bien qu'elle n'ait pas le même visage. Votre abondance nous fait défaut; votre liberté de choix nous fait défaut. Mais dans ce pays, il me semble deviner une autre pauvreté. Celle de ne pas avoir à lutter pour sa survie. Pour moi, cette lutte a une dimension religieuse. Je ne voudrais pas être à votre place."
Wallander aura le loisir de vérifier ce qui se passe en Lettonie car lors de son retour, le major est assassiné et la police de Riga le mande en mission spéciale. C'est pendant ce premier séjour que naît son incertitude. Il se demande à quoi il sert et si la cause défendue en vaut la peine. Il a sans cesse l'impression d'être surveillé comme avant la guerre froide et il doit retourner assez rapidement en Suède car, l'un des commandants a désigné un coupable qui paraît "fabriqué" à Wallander. Mais il aura eu le temps d'être contacté par voie secrète par la veuve du major, Baiba et reçu par un certain Upitis et un comité d'intellectuels qui semblent lutter contre la corruption et le discrédit que cherchent à provoquer les nostalgiques de l'ancien régime associés à la mafia. Ainsi - et c'est une des erreurs de Wallander de ne pas l'avoir vérifié - le canot était rempli de drogue et on le vole avant qu'il ait pu l'ouvrir. Wallander prétexte une semaine de vacances pour retourner en Lettonie, se cachant "des chiens invisibles", traqué, cherchant à revoir Baiba dont il tombe amoureux et à honorer la mémoire du major dans la lutte pour son pays. La deuxième partie accélère le rythme et les descriptions de l'hiver Letton dans sa désolation valent le détour
Wallander est un personnage extrêmement attachant car il est humain : il a sommeil, il a faim, envie de chier (dans une corbeille des archives de la police de Riga!), il n'est jamais sûr de lui, il fait des erreurs, mais par instinct il avance, se nourrissant de ses propres doutes et du respect ou de l'amour qu'il éprouve pour des êtres moins gâtés par la providence, comme Vera, cette femme lettone qui vit dans un deux-pièces avec ses filles et son père et qui le recueille et lui offre son soutien, lui renvoyant sa honte d'être dans un pays riche. Car il s'agit pour Wallander de se remettre en question, aux portes de l'âge mûr, de considérer son pays et son métier sous un autre aspect et, bien qu'il soit prêt à la démission, il ne cesse d'hésiter, sentant bien que c'est une façon d'honorer aussi ceux qui veulent que leur pays soit reconnu et respecté. Son père vieillit, sa fille grandit et sa femme l'a quitté et Baiba continue de lutter dans son pays. Que lui resterait-il alors? J'attends avec impatience de lire d'autres volumes de Mankell.
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