mardi 31 mai 2016

Dessins de presse


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Billets-Emmanuel Macron a-t-il un avenir politique ?


Emmanuel Macron a-t-il un avenir politique ?

Emmanuel Macron semble avoir des points communs tant avec Alain Juppé qu’avec Manuel Valls. Mais en apparence seulement.

L’annulation « surprise » de la marche d’Emmanuel Macron à Marseille est-elle vraiment due à un excès de succès ou à des raisons de sécurité, comme son équipe l’a affirmé ? Sans polémique inutile, on y verra aussi la manifestation de deux difficultés majeures : l’une porte sur le calendrier de sa campagne, l’autre sur les probabilités de réussite de son mouvement.

Emmanuel Macron dans un calendrier compliqué
La difficulté du calendrier d’Emmanuel Macron est bien connue.
D’un côté, il ne doit surtout pas trop tarder de se déclarer pour avoir le temps de faire campagne auprès d’un électorat qui le connaît encore assez mal. S’il bénéficie d’un effet de mode auprès des classes supérieures de la société, il reste encore un parfait inconnu, ou un monstre très froid pour les milieux moins aisés. Il lui faut donc du temps pour s’expliquer et se faire connaître.

D’un autre côté, l’indécision de François Hollande le brime. Comment se déclarer à la candidature quand votre mentor est susceptible de se présenter à sa propre succession ? Une candidature trop précoce de Macron, qui entrerait en compétition avec le sortant, changerait forcément la donne et la physionomie utile de sa campagne.

Emmanuel Macron en proie au doute politique
Au-delà de ces points circonstanciels, Emmanuel Macron doit faire face à un autre dilemme, bien plus profond et bien plus délicat : le courant politique qu’il incarne a-t-il un avenir en France, et spécialement à gauche ?

Par son discours et son positionnement, Macron se rattache clairement au courant orléaniste représenté à droite par Alain Juppé. Ce courant repose sur une fiction de plus en plus contestable selon laquelle la modernité procède d’une synthèse entre deux postures : l’une défend farouchement l’élite sociale, économique et politique au nom de la bonne gouvernance de la société. L’autre revendique le progrès social. Cet ensemble, assez bien exprimé en son temps par le philosophe américain John Rawls, peut se résumer ainsi : laissons agir les forts, et les faibles s’en porteront mieux.

Ce cercle vertueux a-t-il encore un avenir en politique ? Macron lui-même semble avoir un doute.

Splendeur et misère de l’orléanisme
Cette ultime hésitation n’est pas sans raison. La tradition orléaniste en France a toujours connu des hauts et des bas qui la rend relativement incertaine.
Les scores élevés d’Alain Juppé à droite laissent penser, mais en trompe-l’oeil, que l’orléanisme, de gauche comme de droite, peut avoir une chance. En réalité, la popularité actuelle de Juppé tient à la méconnaissance relative de son programme par l’opinion, qui permet de « gommer » ses aspérités, et à l’absence de campagne marquante menée par Nicolas Sarkozy. Alain Juppé, et Macron le sait, ne peut guère se revendiquer d’une affection populaire durable pour sa personne.

Macron n’ignore pas que l’exposition à ce risque est puissante pour lui. Il n’a jamais affronté l’élection, il n’a jamais pris racine dans un territoire, et il est difficile aujourd’hui, dans sa popularité apparente, de faire la distinction entre ce qui relève de la simple mode, et ce qui relève de l’adhésion durable. Et, actuellement, on manque de certitudes, de repères, pour mesurer l’envie qui existerait dans la société française de tenter une aventure élitiste « encadrée », c’est-à-dire avec des objectifs sociaux ou de redistribution.

Ce manque de certitudes est forcément une source de désarroi pour la ministre de l’Économie.

Le bonapartisme n’est pas mort
La presse adore affirmer que Macron est une sorte de clone, mais populaire, de Manuel Valls. En y regardant de plus près, Valls ne semble pourtant pas procéder de la même tradition que Macron, et pourrait même lui planter de douloureuses banderilles dans le dos.

Manuel Valls se rattache en effet plus volontiers à la tradition bonapartiste qu’à la tradition orléaniste. Dans la Révolution Française, Valls n’eût pas été l’homme qui votait la mort du Roi pour pouvoir lui succéder : il l’eût votée pour remplacer la monarchie par la République. Macron, lui, aurait préféré le passage à une monarchie constitutionnelle éclairée. Valls n’eût pas hésité à donner du canon sur la foule pour rétablir l’ordre, Macron si. Valls n’eût pas proposé un milliard d’indemnités aux émigrés, Macron si. Deux apparences proches, mais deux pensées montées très différemment.

Si Manuel Valls souffre d’un impopularité structurelle à gauche, sauf lorsque celle-ci voit en lui une figure de la modernité qui lui manque, Macron lui emboîte les mêmes pas. Si Manuel Valls souffre d’une impopularité temporaire dans l’opinion, due à l’usure de Matignon où il ne brille pas spécialement, Macron pourrait, pour le coup, subir un sort très différent. Macron est superficiellement aimé par l’opinion le temps que sa jeunesse fasse effet sur les esprits. Mais à long terme, il a beaucoup d’atouts pour déplaire, car il incarne cette tradition orléaniste avec laquelle les Français se fâchent souvent. Il est énarque, il fut banquier, il est plutôt riche, il n’est pas élu et il est élitiste.

Structurellement, Valls a plus de potentiel : il est plus « caractériel » sans doute, mais il est jacobin, globalement étatiste, et somme toute moins élitiste, en apparence en tout cas.

L’orléanisme de Macron est adapté aux temps de paix où les Français s’ennuient. Les mouvements de menton de Valls sont plus providentiels dans les phases de crise. Tel est bien le risque auquel s’expose Macron : se laisser abuser par une popularité éphémère, et ne pas voir que sa base politique n’est pas durable. Et il le sait.


Photo: Emmanuel Macron By: OFFICIAL LEWEB PHOTOS – CC BY 2.0
Source contrepoints.org

lundi 30 mai 2016

dimanche 29 mai 2016

samedi 28 mai 2016

vendredi 27 mai 2016

Billets-Chirac, Sarkozy, Hollande : comparons leur efficacité !


Chirac, Sarkozy, Hollande : comparons leur efficacité !

Et si on comparaît les performances économiques de ces trois derniers présidents ? L’un d’entre eux se distingue par sa médiocrité particulière…
  
N’oublions jamais ceci : 70% des exportations françaises sont écoulées en Europe. De  même que 69% des importations françaises en proviennent (INSEE 2009). L’économie française est donc fortement tributaire de celle de nos voisins européens.

Ainsi, pour juger de l’efficacité de la politique des gouvernements français successifs, ne pas comparer les résultats de notre pays au reste de l’Europe serait une grossière erreur de jugement. Comment en effet se prononcer en valeur absolue alors que nos économies sont imbriquées ? Comment se satisfaire de chiffres bruts alors que croissance et taux de chômage dépendent avant tout :

  • de la santé économique de nos principaux clients : plus nos clients sont en forme et plus ils tirent notre économie,
  • des cours des matières premières (surtout pour des pays importateurs nets comme le nôtre),
  • du taux de change (qui détermine de façon significative les échanges entre pays de monnaies différentes),
  • de la stabilité politique.

Il faut garder en mémoire Lionel Jospin se targuant d’avoir relancé la croissance en France, lorsqu’il était Premier ministre. Alors que la forte hausse du dollar avait réveillé l’ensemble des économies européennes, et que la France avait moins su profiter de cette aubaine que la moyenne de nos voisins ! Comparer la croissance de son mandat avec la croissance des années précédentes était certes valorisant.

Mais cela ne résistait pas à une analyse comparée de la France et de son contexte européen et mondial. La première comparaison, en valeur absolue, uniquement par rapport au passé, constituait une erreur méthodologique. À l’inverse, la seconde comparaison, en valeur relative, était réellement révélatrice de la réalité, parce qu’établie selon la formule consacrée « toutes choses étant égales par ailleurs ».

Quatre ans se sont écoulés depuis l’élection de François Hollande. Les premières comparaisons effectuées ici même en janvier 2014 sur le taux de chômage ne lui étaient pas favorables mais la brièveté de l’historique ne permettait pas de se prononcer de façon définitive. La mise à jour de ces données début 2015 confirmait l’échec du gouvernement socialiste sur ce point. La comparaison effectuée en matière de croissance et de dette publique était également défavorable. Qu’en est-il aujourd’hui, avec les données mises à jour fin 2015 ?

Taux de chômage comparé entre Hollande, Sarkozy et Chirac
Ainsi que le mentionne le graphique ci-dessous, l’écart positif qui avait été généré par Sarkozy (en vert) a non seulement disparu, mais il est devenu négatif (en jaune) et a continué de s’accroître jusqu’à août 2015 (dernière donnée disponible source Statistiques Mondiales). Il s’est encore détérioré jusqu’à décembre 2015 (chiffres Eurostat) avec un taux de chômage français à 10,2% contre seulement 9,0% en Europe (UE 26). Le différentiel négatif s’est donc considérablement accru depuis la présidence Hollande, et ne s’améliore toujours pas.



Croissance économique comparée
Le taux de croissance du Produit Intérieur Brut est une donnée tout aussi essentielle. Car ce taux ne peut pas se dégrader indéfiniment sans que le taux de chômage ne finisse à son tour par monter. Inversement, un taux de croissance élevé facilite la réduction du chômage : les entreprises produisent de plus en plus de biens et de services, et (sauf décalage total entre la demande et l’offre de main d’œuvre ou sauf nouvelles contraintes fiscales ou juridiques) embauchent plus.

Le graphique ci-dessous est basé sur les chiffres Statistiques mondiales à la fin 2015. Ce graphique fait apparaître les constats suivants :

  • Le mandat de Chirac s’est terminé sur un écart négatif de croissance.
  • Au-delà du changement ponctuel généré pendant la crise bancaire, le mandat de Sarkozy a supprimé cet écart négatif et a rétabli un léger écart positif (en vert), ce qui constitue une amélioration significative.
  • À l’inverse, le gouvernement actuel a détruit cet avantage puis a accru le retard (en jaune). Ce retard a atteint son maximum en 2014 et s’est légèrement réduit depuis. Mais il reste conséquent, avec une croissance annuelle de l’UE26 à +1,8% contre +1,1% dans l’Hexagone à la fin 2015. Ainsi, depuis 2013, en matière de progression du PIB, la France accuse un retard important par rapport à l’Union Européenne.



Dette en pourcentage du Produit Intérieur Brut
Après avoir comparé le taux de chômage et le taux de croissance, une troisième analyse permet de compléter le tableau : celle du taux d’endettement public1 en pourcentage du PIB. Comme chacun sait, lorsque le niveau de la dette devient trop important, il impose au gouvernement un coût qui limite considérablement ses marges de manœuvres et qui se répercute sur les agents économiques. Cette double comparaison est intéressante pour les raisons suivantes :

  • C’est une très bonne façon de juger du niveau d’une dette et de la ramener au PIB de l’année correspondante. Ainsi, lorsque la dette atteint par exemple 100% du PIB de l’année en cours, cela signifie que cette dette nécessite une année de production du pays pour la rembourser.

  • Comparer la France et la zone euro en termes de niveau d’endettement permet de comparer le niveau de rigueur ou de laxisme de chacun, toutes choses étant égales par ailleurs. Lorsque le contexte mondial l’exige (par exemple lors de la crise bancaire), le niveau d’endettement s’élève sur l’ensemble des pays et la comparaison tient compte de cet effet systémique. Par contre, quand un écart apparaît sur un pays par rapport au reste, cet écart lui est imputable.

Sur le graphique ci-dessous (source INSEE pour la dette française et Union Européenne pour la zone euro), force est de constater que :

  • Avec Sarkozy, la France a perdu son avantage par rapport à la zone euro (couleur verte), sur la fin de son mandat, la dette de l’Hexagone s’est accrue plus vite.

  • Sous Hollande, l’écart à peine positif s’est transformé en un écart négatif important qui s’est aggravé à partir de la fin 2014 du fait de la poursuite de la courbe française et de l’amélioration de la dette européenne. Tandis que la dette de la zone euro diminue nettement (en pourcentage du PIB) depuis fin 2012, la France n’est toujours pas parvenue à maîtriser son augmentation. Tout au plus réussit-elle à en ralentir la progression dans un contexte pourtant favorable à sa réduction. Actuellement, elle représente 95,7% du PIB, celle de la zone euro étant revenue à 91,6%.



Conclusion
L’évolution comparée du taux de chômage, de la croissance et de la dette publique de la France et de l’Europe (ou de la zone euro pour ce dernier indicateur) permet de se prononcer d’une manière autrement plus fiable que par le biais de jugements à l’emporte-pièce tirés de chiffres en valeur absolue.

Or, ces comparaisons démontrent maintenant de façon formelle, parce que continue, le décrochage français. Du fait que ces comparaisons intègrent les données de l’environnement économique direct de notre pays, elles confirment la cause de ce décrochage. Celui-ci ne peut être imputable qu’à la politique de la présidence actuelle.

La Présidence Hollande, un bilan très mauvais sur tous les plans
Très mauvais parce qu’il combine hausses d’impôts et absence de résultats. Ce qui est particulièrement un comble, de la part d’une équipe gouvernementale, c’est d’avoir en effet fortement accru la pression fiscale tout en étant à la fois incapable :

  • de relancer la croissance,
  • de diminuer le taux de chômage,
  • d’empêcher l’endettement d’augmenter !

La tant décriée présidence Sarkozy avait certes gonflé la dette de l’État, mais au moins l’avait-elle fait à bon escient. Cet endettement s’était opéré au bénéfice de la croissance et du taux de chômage (puisque ces indicateurs avaient évolué plus favorablement que chez nos voisins européens). À l’inverse, depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir, la France semble avoir été victime d’un trou noir financier considérable. Un trou noir qui a volatilisé les sommes gigantesques qui étaient censées nous aider à diminuer notre dette ou au minimum notre taux de chômage. Il n’y a hélas aucun domaine où le gouvernement actuel a obtenu le moindre résultat. Les contraintes engendrées par l’accroissement des impôts n’ont servi strictement à rien.

Un tel ratage, de par son aspect systématique, constitue même un mystère. Comment avoir réussi une telle gageure sans l’avoir fait exprès, c’est-à-dire en essayant d’obtenir l’effet contraire ? Plusieurs hypothèses, qui hélas ne s’excluent aucunement l’une l’autre, sont régulièrement avancées.

D’une part, la pression fiscale est allée au-delà de l’effet positif : ainsi que l’a démontré Laffer, il arrive un moment où la contrainte fait fuir les agents économiques les plus capables et dissuade la prise de risque et l’investissement, et ce de façon d’autant plus violente dans les contextes économiques difficiles. D’autre part, l’argent récolté a été alloué de façon inefficiente, pour des recrutements de fonctionnaires et des aides sans retour. Les mauvaises langues diront que ce sont des dépenses de confort, dont la seule fonction est de permettre au gouvernement de durer…

Très mauvais parce qu’aucune réforme d’envergure n’a été engagée pendant ces quatre années socialistes. Il semble d’ailleurs que le gouvernement se soit tout d’abord caché derrière le rideau de fumée sécuritaire pour finir par se noyer dans la réforme (pourtant très édulcorée) du droit du travail et les blocages qu’elle a générés. Il est à se demander si la nomination d’un Premier ministre et d’un ministre de l’Économie « relativement libéraux » n’aura été qu’un trompe-l’œil à l’usage de l’UE et des marchés financiers. N’est-il pas troublant de voir un Premier ministre et un ministre de l’Économie minoritaires voire marginalisés dans leur propre gouvernement ?

Pendant combien de temps encore l’Hexagone va-t-il reculer par rapport à ses voisins, dans une économie européenne qui a repris des couleurs depuis maintenant près de trois ans ? Jusqu’aux présidentielles de 2017 ?



Source contrepoints.org

mardi 24 mai 2016

dimanche 22 mai 2016

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samedi 21 mai 2016

vendredi 20 mai 2016

Recettes Cheesecakes-Cheesecake “Le Caraïbos”


Cheesecake “Le Caraïbos”

Préparation : 30 mn
Cuisson : 135 mn
Repos : 12 heures
Pour 6 à 8 personnes
Pour la base :
100 g de biscuits sablés
40 g de beurre
50 g de noix de coco râpée
Pour la crème :
350 g de ricotta
350 g de fromage frais type Saint-Moret
3 œufs entiers
150 g de sucre
1 zeste de citron jaune finement râpé
1 zeste de citron vert finement râpé
Le jus de 2 citrons verts
1 cuillerée à café d’extrait de vanille
Pour la touche finale :
2 fruits de la passion
Copeaux de noix de coco
1. Préchauffez le four à 180 °C (th. 6).
2. Faites fondre le beurre et mélangez-le aux biscuits avec la noix de coco. Répartissez le mélange dans le fond d’un moule, de 20 cm de diamètre à bords hauts, et tassez bien. Enfournez pour 10 à 15 minutes.
3. Baissez la température du four à 140 °C (th. 4).
4. Battez ensemble les fromages pendant 30 secondes à l’aide d’un mixeur ou d’un robot, pour bien le lisser. Ajoutez le sucre puis les œufs, un par un, toujours en battant, puis la vanille, les zestes et le jus, en battant juste assez pour incorporer tous les ingrédients.
5. Versez le tout dans le moule et enfournez pour 1 heure : la crème doit être juste prise sur les pourtours, encore un peu tremblotante au centre du gâteau. Laissez dans le four porte entrouverte, encore 1 heure. Laissez refroidir complètement hors du four avant de démouler et de ranger au réfrigérateur pour 12 heures.
6. Servez décoré de copeaux de noix de coco, accompagné de pulpe de fruits de la passion.

Variante
Rien ne vous empêche d’ajouter dans la crème une petite dose de rhum pour un effet Daïquiri.

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jeudi 19 mai 2016

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mercredi 18 mai 2016

dimanche 15 mai 2016

mercredi 11 mai 2016

mardi 10 mai 2016

lundi 9 mai 2016

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dimanche 8 mai 2016

samedi 7 mai 2016

Billets-Manif parisienne du 1er mai

Manif parisienne du 1er mai

Que s'est-il passé à la manif parisienne du 1er mai: le témoignage d'un universitaire


Boulevard Diderot à Paris

Depuis Nicolas Sarkozy la méthode est bien connue, on nasse deux cents personnes dans une souricière, on les fait patienter pour créer un effet de claustration, à la première crise de panique, on gaze copieusement la foule. Tout le monde est alors chargé dans un bus après avoir été tout aussi copieusement rossé. Les leaders d’opinion (comme notre collègue sociologue Nicolas Jounin de Paris VIII jeudi) sont exfiltrés, mis en garde à vue dans des conditions considérées comme dégradantes par toutes les organisations des droits de l’homme de la planète.On cherche ensuite un chef d’inculpation afin de terroriser "ceux qui nous font peur".

Que s’est-il passé hier à Paris ? Il faut savoir que ce 1er mai le défilé était très soudé (FO et CGT ensemble avec les comités de mobs de la CNE : Coordination Nationale Étudiante, enseignants-chercheurs, précaires). Aux étudiants qui sont à l’avant-garde de la lutte contre la loi travail depuis plus de sept semaines revenait donc la première place du cortège.
C’est là que la préfecture de police a décidé de mettre en œuvre une stratégie innovante. Et pourquoi ne pas appliquer la méthode de la nasse sarkozienne à un défilé de 80 000 personnes ? Il suffit d’enfermer la tête de manifestation : puisque ces jeunes sont évidemment des voyous, des casseurs, cette fameuse « minorité violente et marginale » dont parle Cazeneuve et que ressassent en boucle la musique des médias. Et c’est là qu’on voit bien que la méthode Coué et l’intox gouvernementale doublent l’autosatisfaction d’une solide dose d’auto-intoxication .Se mentir à soi-même est finalement bien pire que de mentir aux autres parce qu’on y perd le sens de la réalité. Je rappelle que ce ne sont pas 2500 étudiants parisiens mais un pays tout entier qui rejette le projet de loi "travaille !".

Contre toute raison, ils ont donc enfermé (bouclier contre bouclier) la tête d’une manifestation pacifique (environ 2500 personnes, les comités de mobilisation des facs d’ile de France) pour la séparer des organisations syndicales et briser l’unité du défilé-un peu avant Nation. Ils ont ainsi pu gazer tranquillement 2500 personnes une heure durant, à leur guise. La foule scandait « gazez-nous, frappez-nous, nous irons jusqu’au bout ! ». Quelques uns (pacifiques par ailleurs) avaient prévu la manœuvre et étaient équipés en conséquence, mais ce n’était qu’une toute petite minorité, les autres se passaient les tubes de sérum physiologique, et on a même soigné un chien qui a dû souffrir cette barbarie !

Le problème c’est que cette géniale tactique préfectorale a fait bouchon. Le reste du cortège (77 500 personnes) devenait lui-même prisonnier de la nasse organisée en tête de manifestation par les cerveaux de la préfecture. Au bout d’une heure d’attente et de stagnation, l’ambiance est peu à peu devenue électrique : pourquoi un barrage de quelques centaines de CRS s’amusait donc à faire patienter une heure durant 80 000 personnes ? Combien de temps devions-nous attendre le bon vouloir de la préfecture de police ? Ils attendaient évidemment une violence qui ne venait pas (les instructions de la CNE de la veille ont été fermement appliquées), ce qui les a déçu.

Mais au bout d’une heure la situation est devenue tellement intenable et dangereuse pour les fonctionnaires de police (en sous-effectif) qu’ils se sont mis à discuter entre entre eux fébrilement. Au début les manifestants scandaient : « Libérez le cortège » mais après une heure d’attente, il apparut que les gardes mobiles étaient eux-mêmes en danger, enfermés dans un piège qu’on leur avait ordonné de tendre. La peur avait changé de camp, elle était palpable sous les casques, la nasse se refermait sur ceux qui l’avaient organisé. Ils ont dû maudire les supérieurs dûment primés pour ce plan génial, car la retraite fut piteuse et chahutée.

Si l’on y réfléchit bien, nasser 80 000 personnes n’est pas possible, quant à nasser tout un pays c’est un rêve de tyran. le projet d’enfermer la colère d’un peuple est vain.
Ce que nous avons vécu est une parfaite métaphore de l’impasse dans laquelle se trouve la France actuellement : un pays nassé, cadenassé par les blocages de quelques oligarques qui attendent la retraite en faisant patienter tout un pays.

Ce que nous apprennent les grecs, c’est que l’hubris, (la démesure) n’est pas réservée aux personnages fous de la mythologie ou de la tragédie. Au lieu de renvoyer toute prise de décisions aux calendes grecques, la raison consisterait donc à laisser tomber ce projet de loi stupide avant que n’arrive une vraie tragédie. Car un jour viendra où il faudra rendre des compte devant tout un peuple d’un attentisme stérile et violent.


Olivier LONG, maître de conférences en Art et Sciences de l’Art à l’Université Paris1-Sorbonne, et peintre