Les partouzes du Tout-Hollwyood d’après-guerre
Surnommé Mr Sex, Scotty Bowers a orchestré les
parties de jambes en l’air du Tout-Hollywood durant les années 50 et 60. A 89
ans, il balance tout.
Quand on le croise à
L.A., au Chateau Marmont, comme ce fut notre cas il y a quelques semaines (on
peut crâner parfois ?), Scotty Bowers est un beau vieux affable et hâbleur qui
n’hésite pas à vous draguer dans la perspective de vous mettre dans son lit.
Normal, me direz-vous, quand, à 89 ans, on a couché avec le Tout-Hollywood des
années 50 et 60. Et bien plus : pendant trente ans, Scotty Bowers aura été
l’entremetteur d’innombrables stars et personnalités issues de l’usine à rêves.
- Star fucker
Son parcours ressemble
à une success story au pays de la débauche sexuelle. Il a pour point de départ
une petite station-service sur Hollywood Boulevard. Alors ex-marine de 23 ans
revenu de l’enfer de Pearl Harbor, Bowers devient en un rien de temps le pompiste
le plus convoité de la ville: jeune star fucker
au regard bleu Pacifique, son rôle est celui d’intermédiaire pour la jet-set
des studios ; des pontes d’Hollywood venus faire le plein et repartant avec un
jeune éphèbe sur leur banquette arrière. Son vivier ? Des camarades de combat
de passage à la station transformée en “carrefour
des rendezvous secrets du sexe”. Ses clients : gays, hétéros, voyeurs et
partouzeurs – toute la faune des studios, du producteur richissime à
l’accessoiriste de série B.
Geoge Cukor et Vivien Leigh
Katharine Hepburn et Cary Grant
Montgomery Clift et Howard Hughes
Dans cette confession
tardive – il a longtemps refusé de dévoiler l’intimité de stars ultracélèbres,
malgré l’insistance d’éditeurs et même de Tennessee Williams qui l’avait
affectueusement baptisé “la bonne fée de la
communauté gay” -, Scotty Bowers nous raconte comment sa “libido hors du commun” et “un volume spermatique étonnant” l’ont conduit
à combler les desiderata sexuels de bon nombre de personnalités de l’époque :
il sera entre autres l’amant de George Cukor (“qui
n’aimait qu’une chose : sucer des queues”), Vivien Leigh (“une des plus belles nuits de sexe que j’aie jamais
connues”), Edith Piaf ou encore Cary Grant. Parmi les personnalités
fascinantes du livre, Katharine Hepburn, fille magnétique mais hautaine, dont
on raille la peau “couverte d’écailles comme un
crocodile mort”, à qui Bowers présentera “plus
de 150 jeunes femmes différentes”. Serait-il un peu mytho sur les bords
?
- Chantre de l’hédonisme jouisseur
Plus que la dimension
sulfureuse d’un tel déballage, c’est l’éventail et la maniaquerie des désirs
qui frappent à travers ce catalogue souvent cocasse. Derrière l’aura de la
célébrité, ce pompiste légendaire raconte des éros complexes et fragiles, toute
une gamme de désirs flirtant avec la névrose ou le fétichisme – tels Howard
Hughes obsédé par la “bonne santé” de
ses partenaires, ou Montgomery Clift se plaignant d’un sexe “qui mesure deux centimètres de trop”. Tout ce
qui, au fond, entre en conflit avec le puritanisme de l’époque. Bowers évoque
le code Hayes, qui réglemente l’industrie du cinéma et brime alors les acteurs,
la brigade des moeurs harcelant la communauté gay et lesbienne. En prônant le
sexe à tous crins, l’érotisme frénétique, Bowers oppose un hédonisme jouisseur
au diktat de la bienséance, de l’hygiénisme moral.
Son livre est une
suite de révélations grivoises, de jeux érotiques et de “scandales” sexuels, mais aussi un joli acte de foi. Les
confessions d’un vieil érotomane humaniste en avance sur son temps et ses
moeurs : au détour d’une page, il confie avoir offert à un couple de lesbiennes
d’être le géniteur de leur enfant. “Jamais je
ne les ai revues, ni l’enfant d’ailleurs, et j’ai accepté le fait parce que la
situation l’exigeait. J’ai ressenti un bonheur indicible à la pensée d’avoir
rendu service à cette famille.”
Source les inrocks.com
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