samedi 29 septembre 2018

Lectures Chuck PALAHNIUK-Entretien avec Chuck Palahnuik


Entretien avec Chuck Palahnuik L’écriture est un sport de combat

Propos recueillis par Maxence Grugier
Avec Haunted, étrangement traduit "A l'estomac" par les éditions Denoël, Chuck Palahniuk donne une leçon : Ne pas tenter l'aventure littéraire si l'on a pas les tripes. 

"A L'estomac" est un des vos romans qui a fait le plus de bruit depuis Fight Club. La nouvelles "Tripes", en particulier, est considérée par certains comme l'une des plus choquante que vous ayez écrite ? Quel est votre opinion à ce propos ?
Depuis Fight Club j'ai toujours minimisé l'effet dramatique de certaines situations en utilisant l'humour. C'est le cas, par exemple, dans les scène qui se passe dans les groupes de soutient des malades en phase terminale. Juxtaposer tragédie et comédie augmente le pouvoir des deux, et dans "Tripes", les gens rient beaucoup plus qu'ils ne sont dégoûtés. C'est le rire justement, qui leur donne la force de continuer dans l'horreur de l'histoire. Mais en fait, ils rient en réaction au stress - un stress provoqué par la proximité de l'horreur et de la mort.

Beaucoup de gens se sentent mal à l'aise face à cette liberté extrême, mais c'est pour cela que j'écris. Pour avoir la liberté de rire de tout, et de trouver ainsi un certain réconfort face à l'inévitable violence, la tristesse, la maladie et la mort qui hante nos vies. Les gens qui sont choqués à la lecture d'une histoire comme "Tripes" sont ceux qui n'ont jamais accepté la vérité de leur propre mort. Ces gens n'ont malheureusement jamais été véritablement vivant.

Est-ce l'histoire relativement paisible et, dirons nous, "normale" (excepté peut-être l'utilisation inusités de brosses à dents) de Journal Intime, votre précédent roman, qui vous a poussé à écrire A L'estomac et ses récits beaucoup plus sardoniques et horrifiques ?
Oui, c'est vrai, Journal Intime est un de mes livres qui a reçu le plus d'hommage de la part des critiques. Mais mes lecteurs plus jeunes s'attendaient à quelque chose de plus extrême, de plus cru. Et certains m'ont laissé tombé. Les lecteurs plus jeunes forment un public beaucoup plus sophistiqué et blasé. Pour eux passer le temps en lisant un livre exige que l'auteur invente les pires horreurs qu'il puisse imaginer. Les jeunes lecteurs veulent être vraiment choqués et scandalisés. Il ne faut surtout pas les ennuyer. Pour eux, j'ai écrit A L'estomac et leur ai offert certaines des histoires les plus atroces que je pouvais imaginer. Naturellement mes jeunes lecteurs l'ont aimée, mais les critiques, eux, l'ont détesté.

Seriez-vous d'accord si je vous disais que, parfois, vous pratiquez la littérature à coup de marteau, comme Nietzsche le faisait pour la philosophie ?
Si je le fais, ce n'est pas consciemment. En fait, il y a dix ans, mon unique but était de pratiquer l'écriture pour m'amuser et de faire revenir aux livres, les gens qui avaient abandonné la lecture. Aujourd'hui, j'aime tellement écrire que je produis presque un livre par an. Et des centaines de personnes m'ont dit qu'elles se sont remise à lire à cause de mes romans. Un jeune homme m'a récemment dit que le lui avait "enseigné à lire." Si nous voulons que les jeunes lisent, alors nous devons leur donner des livres passionnants, et drôles, et étonnants, assez toutefois, pour récompenser leur effort et le temps qu'ils passeront à les lire.

Dans Le festival de la couille, vous exposez les corps du travail de Chuck Palahniuk. Le livre est une manière de présenter la façon dont vous êtes connecté à la réalité en tant qu'auteur. Est-ce aussi le cas pour les histoires de A L'estomac ?
Exact. Dans ces essais, j'ai voulu démontrer comment toutes mes idées sont inspirées par des personnes réelles et des événements qu'ils ont vécu. Ma fiction est réellement journalistique, mais avec des noms de personnes changés. Le monde est rempli d'événements et d'histoires incroyables qui doivent être racontés et préservés. Tout ce que je fais n'est jamais qu'un enregistrement, dont j'organise ensuite la vérité, pour la présenter au public comme une fiction. Dans le cas de A L'estomac, j'ai quand-même du pousser ces fictions à leur extrêmes limites.
En effet, à la lecture de A L'estomac, on se dit qu'elles ont les mêmes sources d'inspiration, les faits divers, la réalité. Mais il reste ce côté extrême.

En 1955, l'auteur Shirley Jackson a écrit son histoire "La loterie". Les gens ont été outragés et ont protesté contre sa publication dans le New Yorker. Avec "Tripes", j'ai voulu voir si je pourrais écrire une histoire qui produirait ce genre de réaction aujourd'hui. Maintenant que plus de 100 personnes se sont évanouies aux lectures publiques de l'histoire, je pense que j'ai (bien) fait mon travail. Cette semaine, j'ai même eu deux nouveaux évanouissement durant une conférence que j'ai donné dans une université de Géorgie. J'aime cela, mais je suis sûr que je peux faire mieux dans une future histoire.

Dans tous vos romans vous décrivez des cultures marginales, et des comportements pathologiques en tout genre. D'où vous vient cet intérêt pour les marges ?
J'adore des cultures marginales et la manière audacieuse avec laquelle elles rejettent la société et ses valeurs traditionnelles. J'admire leur genre d'arrogance et de courage. Je passe mon temps à me documenter sur ce sujet. Je les applaudis vraiment. Ces marginaux sont mes héros.

Revenons à A l'estomac, est-ce une manière détournée, justement, de guérir les gens de l'envie de devenir écrivain ?
La plupart de mes livres commencent par une présentation où les gens se risquent de dire la vérité sur eux-mêmes -- un groupe de soutien, un groupe de 12 étapes, un enregistrement de suicide, ou l'atelier d'un auteur. Ce sont des endroits où les gens font leurs confessions et rejoignent ainsi la communauté. Ce sont les églises et les religions modernes. Chaque atelier d'écriture est un groupe de thérapie détourné, pour des personnes ayant besoin de raconter leurs histoires. C'est aussi le vrai secret de A L'estomac.

"Mr Whittier", un des principaux protagoniste de votre dernier roman, assène des vérités peu amènes sur l'écriture et la thérapie qu'elle représente. Est-il une autre incarnation de Chuck Palahniuk comme professeur, apprenant à ses élèves comment écrire et envisager l'écriture ?
Certaines personnes ont dit que Mr. Whittier -- un garçon de 13 ans dans le corps d'un vieil homme -- me représente. Et certains disent aussi que Mr. Whittier, avec ses expériences et son arrogance, représente le Président George W. Bush. Je laisserai chaque lecteur décider qui Mr. Whittier représente vraiment...

Comment vous est venu l'idée de composer dans le même livre d'une part des poèmes et d'autre part de nouvelles ?
C'est très simple. J'avais besoin d'un rythme, de quelque chose permettant de séparer les chapitres en cours de l'histoire général et des nouvelles. Chaque poésie me permet simplement de focaliser l'attention du lecteur sur un personnage particulier. Mieux, les poésies ajoutent une texture différente, une manière plus ample de raconter une histoire, ainsi même la mise en page est infectée et chaque page ne se ressemble pas.

Qu'en est-il de votre prochain roman ? Pouvez vous nous en dire quelque mots ?

Mon prochain livre s'appelle "Rant". C'est une biographie de Buster Casey. Elle sera composé d'entretiens avec des centaines de personnes qui ont connu un homme sauvage appelé "Rant". C'est une sorte de Tom Sawyer moderne, un hillbilly éclairé ou un crétin de la campagne, comme on veut, qui monte à la ville et se trouve impliqué dans la vie urbaine, son culte de la nuit, ses voitures, sa compétition menée avec la rage d'animaux sauvages. Mes éditeurs prévoient déjà (ou du moins, espèrent) un effet Fight Club. Au delà de ça, je finis un livre racontant l'histoire d'une actrice porno qui essaye de gagner le record du plus grand nombre de partenaires en une journée.

vendredi 28 septembre 2018

Billets-Poutou chez Ruquier : l’arrogance médiatique face à la gauche archaïque


Poutou chez Ruquier : l’arrogance médiatique face à la gauche archaïque

Les bobos-rieurs des médias peuvent se moquer autant qu’ils veulent de l’extrême-gauche archaïque, ils en sont la forme sociale-démocrate pseudo-modernisée et rajeunie, mais tout aussi dramatiquement dépensière, clientéliste, injuste et inefficace.

N’allez surtout pas vous imaginer que je soutiens la candidature présidentielle de Philippe Poutou ! Je le prends pour un rêveur idéologue. Je me souviens qu’en 2012, il avait beaucoup de succès auprès de mes enfants car son programme comportait l’abolition complète des notes à l’école ! Mais on se tromperait en le prenant pour un doux rêveur, car il n’a que les mots lutte, bagarre et révolution à la bouche pour faire advenir un changement social. Pour lui, c’est dans la rue que ça se passe, certainement pas dans les urnes. 

Par contre, si vous me demandez qui s’est conduit correctement et qui s’est vautré dans sa nullité ridicule et prétentieuse sur le plateau de l’émission On n’est pas couché (ONPC) de samedi dernier entre la puissance invitante, c’est-à-dire Ruquier & Co, et l’invité Philippe Poutou, à nouveau candidat pour le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de Besancenot, je vous réponds immédiatement : Poutou  + 1, ONPC – 1 000 !

La campagne commence sur le plateau de Laurent Ruquier
Il se trouve que les règles édictées par le CSA pour réguler le temps de parole des candidats à l’élection présidentielle s’appliquent depuis le 1er février. La participation à l’émission de Ruquier en fait partie. C’est du reste ce que le présentateur explique en accueillant Philippe Poutou sur son plateau. Ce dernier confirme qu’il n’est pas mécontent de voir cette période arriver car étant crédité d’un petit 1 % des intentions de vote dans les meilleurs sondages, les journalistes se tournaient assez peu spontanément vers lui auparavant, rendant la récolte des parrainages (300 à ce jour) assez compliquée.

Les choses se présentent donc pour le mieux : Philippe Poutou a reçu des tonnes d’applaudissements en arrivant, tout le monde s’est extasié sur son beau T-shirt noir libellé « résister, c’est exister » qui tranchait nettement avec le costume-cravate du précédent invité Thierry Solère, et Laurent Ruquier l’assure qu’on va parler du contenu de sa candidature pendant 30 minutes chrono rien que pour lui. Yann Moix et Vanessa Burggraf sont justement là pour ça, et d’après Ruquier, ils ont étudié son programme à donf.

Vanessa Burggraf se plante
La charmante Vanessa se lance… et se plante immédiatement : « J’aimerais savoir comment on oblige un patron à interdire les licenciements. » Même Ruquier voit le problème et la reprend. La bonne question serait plutôt : « Comment interdit-on à un patron de licencier ? »

Vanessa est certainement charmante, blonde, rose et joufflue juste ce qu’il faut, mais elle est clairement complètement cruche, complètement incapable de comprendre ce qu’on lui dit et surtout complètement incapable de dire « Excusez-moi, je reformule » et de passer à la suite sans faire tout un cinéma invraisemblable.

Elle se plante à nouveau, se met à rire de ses bêtises, se frappe le front sur l’épaule de Yann Moix, secoue ses cheveux, rit de plus belle, se trouve désopilante de fraîcheur et de gaminerie, applaudissements, éclats de rires chez tout le monde. Sauf chez Poutou, passablement médusé par tant de niaiserie.
Ruquier s’esclaffe et en remet une couche en faisant remarquer que le temps de parole de l’invité est en train de fondre. La belle refait une, deux, trois tentatives, Nicolas Bedos s’en mêle – on apprend au passage que Vanessa a « été sympa avec son film », ce qui ne fait pas du tout copinage, non vraiment pas du tout bref, tout ceci dure 2 minutes et demi et c’est franchement longuet.

Ruquier s’esclaffe
Séquence dans la vidéo complète ci-dessous de 4′ 50″ à 7′ 15″ :


On croirait vraiment que la reine du bal de promo est en train de s’éclater comme une petite folle avec ses meilleurs potes de lycée. Eh bien, contrairement aux apparences, tout ceci se passe alors que nos Ruquier, Burggraf et Moix sont en train de travailler – oui, tra-va-iller – sur une chaîne du service public de télévision et donc de recevoir un salaire, coquet à coup sûr, et payé par nos impôts, dans le cadre des temps de parole des candidats présidentiels. Si vous pensez que la journaliste, reprenant rapidement ses esprits, s’est excusée, vous êtes très loin du compte, elle est extrêmement contente de ce stupide moment de célébrité qu’elle s’est offert.

Stupide moment de célébrité
Curieuse de savoir quel genre de personne super diplômée et super expérimentée le service public embauche de nos jours comme présentatrice pour parler avec les candidats à la présidentielle, j’ai été faire un petit tour sur la fiche Wikipédia de cette bobo-rieuse invétérée et je découvre qu’elle a 45 ans. Quelle terrible méprise, je lui donnais à peine 16 ans d’âge mental et comportemental ! Côté études, elle est diplômée en lettres et en communication politique et sociale. Je ne voudrais pas faire ma snob, mais la dame elle-même nous prouve par ses multiples rires et minauderies que c’est un bagage bien maigre pour parler intelligemment chômage et licenciements avec Philippe Poutou.
Lequel Philippe Poutou a fait montre d’une patience vraiment remarquable devant tant d’auto-satisfaction vaine de notre caste audio-visuelle. Devant beaucoup de mépris aussi :

Yann Moix  (se croyant super drôle) : « Mais enfin, tu parles peut-être au prochain Président de la République ! »

Laurent Ruquier (au bord du fou rire) : « D’habitude, ça fait pas rire les licenciements ! »

Profitant de quelques secondes d’accalmie dans la fiesta qui se déroule en face de lui mais sans lui, le candidat du NPA fait savoir benoîtement que lui, ouvrier chez Ford, a compris la question et qu’il aimerait bien pouvoir répondre.

Poutou déroule son programme
Et bim, c’est parti, on ne l’arrête plus ! Craignant sans doute quelque nouvelle dissipation bobo-journalistique, il déroule ses idées à toute vitesse.

Si le NPA présente un candidat aux élections, ce n’est pas pour gagner, mais pour faire passer l’idée que seules les luttes syndicales et sociales pourraient changer les choses. Pour faire passer l’idée qu’il faut frapper encore plus fort que pour la loi travail. Pour faire apparaître sur la scène politique autre chose que tous ces politicards cravatés et arrogants (rappelle-toi quand même l’appartement et le job de Lepaon, Philippe) :

« On n’est pas obligé d’avoir des sondages hyper haut, ou d’avoir une cravate, ou d’être super bien payé ou de piquer dans les caisses de l’État pour pouvoir être légitime à être candidat. »

En cinq ans tout a changé, tout s’est aggravé, il y a davantage de chômage, de pauvreté, de précarité. Et tout ceci alors que les grosses entreprises versent de plus en plus de dividendes. La solution du NPA, qui rejoint assez nettement celle des Hamon et Mélenchon, avec la bénédiction de Gérard Filoche, militant CGT comme Poutou : interdire les licenciements dans les grandes entreprises, assurer l’intégralité du salaire dans les petites, ramener le temps de travail à 32 heures et l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans.

Faire payer les milliardaires
Levant les yeux au ciel et prenant son ton le plus professionnel, Vanessa lui demande si c’est l’État qui va payer les salaires des salariés licenciés. Ah non, répond Poutou, pas l’État, mais les milliardaires ! Et ça, ce n’est certainement pas Hamon et Mélenchon qui y parviendront, car le progrès social ne s’impose que d’une seule façon, par les luttes, par les combats syndicaux, par la rue, certainement pas par la course à la présidence.

Arrivée à ce moment de l’interview, la petite Vanessa, hyper-sévère, nous montre qu’elle est quand même au courant de deux trois trucs en économie en faisant remarquer que les milliardaires et les investisseurs risquent de quitter la France. Léger flottement chez Poutou, qui finit par dire que « bon, ben on les laisse partir et voilà ». Il apparaît que « Bon, ben voilà » est son argument massif. Et il embraye rapidement sur un autre sujet : les cadeaux aux patrons sous forme de baisse  de charges sociales. Tout ça, ce sont les vieilles recettes de lutte contre le chômage et ça ne marche pas, la preuve par Sarkozy et Hollande. À ce dernier mot, Vanessa ne trouve plus rien à dire.

Un programme risible
Il y a bel et bien de quoi rire devant un tel programme qui a largement fait les preuves de sa totale dangerosité et de ses effets destructeurs à l’égard des plus faibles, aussi bien au Venezuela qu’en Grèce.

Mais nos amis de la bande à Ruquier ne s’esclaffaient pas seulement pour ça. Ils riaient surtout parce qu’ils se prennent pour les plus beaux et les plus intelligents, parce qu’ils pensent donner le ton de ce qu’il faut dire et penser, parce qu’ils s’imaginent que tout le monde est admiratif devant leur bel esprit, parce qu’ils se donnent le droit de faire et dire n’importe quoi sur une chaîne de télévision publique sous les applaudissements automatiques d’un public fort peu exigeant.
Je ne pense pas me tromper beaucoup en disant qu’aucun de nos amuseurs ne votera pour Le Pen ou pour Fillon. On sent qu’ils ne voteront pas non plus pour Philippe Poutou qui a été dûment relégué à ses archaïsmes. Les bobos rieurs de la gauche branchouille connaissent la vie, le monde, le jet-lag, ils cherchent du post-moderne, du post-futuriste, du « changement, mais mollement » – attention, ils sont dans le système et comptent y rester encore longtemps. Restent donc Mélenchon, Hamon et Macron, et plus probablement Macron.

Le vote Macron et le vote Poutou
Or ce qu’ils ne voient pas, c’est que le vote Macron, loin de trancher sur un Poutou, n’en est que la version lente. C’est la décadence façon Hollande, une décadence qui nous noie lentement mais sûrement. Michel Sapin vient même d’annoncer à quel point le programme économique de Macron était cohérent avec le quinquennat de Hollande – c’est-à-dire 6 millions de chômeurs, une dette qui frôle les 100 % du PIB et des dépenses publiques égales à 57 % du PIB ! Tandis que Poutou, Mélenchon et Hamon, nous noient d’un seul coup d’un seul à la manière du programme commun de la gauche de Mitterrand.

Les bobos-rieurs du PAF et des médias peuvent se moquer autant qu’ils veulent de l’extrême-gauche archaïque, ils en sont la forme sociale-démocrate pseudo-modernisée et rajeunie, mais tout aussi dramatiquement dépensière, clientéliste, injuste et inefficace. Toute la France continuera à mourir à petit feu comme elle l’a fait avec Hollande. Toute la France sauf eux qui, avec leur bonne conscience et leur arrogance, se sont réservés les meilleures places. Quand cette déliquescence aura épuisé toutes nos ressources, nous courrons tous le risque de voir « la rue » du lutteur rêveur dont ils se moquent prendre véritablement le dessus. Belle réussite en perspective pour nos bobos rieurs.


Source contrepoints.org
Par Nathalie MP.

leblogdenathaliemp.c...
Nathalie MP est née en 1962. Depuis début 2015, elle tient un blog dont les thèmes centraux sont : politique, libéralisme, catholicisme. Quelques digressions vers le ski et la montagne sont possibles.

Billets-Attirer les riches…


Attirer les riches…

En attendant que François Hollande, touché par la grâce divine, ne fasse faire un 180° à sa politique et comprenne que seuls les riches dépensent, emploient, paient et investissent, regardons ce que nos voisins ont mis ou mettent en place comme dispositifs pour attirer chez eux ceux sans qui rien n’est possible.


  • Le Portugal et son « Visa Gold »
A la course à l’investisseur, Portugal semble bien positionné avec l’adoption d’un «permis de résidence pour activité d’investissement», surnommé « visa Gold ». Ce permis est accordé aux étrangers investissant dans le pays selon l’une des trois possibilités suivantes:
  • avoir opéré un transfert de capitaux d’un million d’euros minimum
  • acheter des biens immobiliers d’une valeur d’au moins 500 000 euros
  • créer au moins 30 postes de travail.
L’investissement doit avoir une durée minimum de cinq ans. Il donne droit au regroupement familial.
Depuis le lancement en octobre 2012 du visa Gold par le gouvernement de centre droite de Pedro Passos Coelho, le Portugal a reçu 185 millions d’euros d’investissement. Sur les 294 titres de séjour accordés, 228 l’ont été à des ressortissants chinois, devant les Russes et les Brésiliens.
A côté du visa Gold, le Portugal a publié le 3 août 2012 une circulaire révisant la fiscalité en vigueur pour les retraités étrangers. Depuis le 1er janvier 2013, un retraité français, par exemple, peut bénéficier du statut spécial de « résident non habituel ». Cela lui permettra de se voir totalement exonérée d’impôt sur le revenu. Pour pouvoir profiter de ces avantages, il faut, condition aussi nécessaire auprès du fisc français pour être reconnu comme résident à l’étranger, y séjourner au minimum 183 jours par an. Il faut, de plus, ne pas y avoir résidé durant les cinq dernières années. Ce statut de résident non habituel s’applique pour une période de dix ans, renouvelable si vous retournez vivre ailleurs pendant cinq ans.


  • Le Maroc attire les retraités depuis longtemps
Au Maroc, les retraités bénéficient d’un abattement de 40% sur la part de leur retraite rapatriée sur place. Ils ont droit à une réduction d’impôt de 80% sur le solde.


  • Chypre cherche à se refaire attirante
A Chypre, il est possible d’échanger un investissement de 300 000 euros minimum dans un bien immobilier contre un permis de séjour permanent, à condition de disposer d’un casier judiciaire vierge. Si l’on souhaite acquérir la nationalité chypriote, l’investissement minimum exigé est de 500 000 euros.
En guise de compensation, les riches investisseurs non-résidents qui détenaient des dépôts avant le 15 mars 2013 et ont essuyé des pertes atteignant au moins 3 millions d’euros sont éligibles pour demander la nationalité (au lieu des 15 millions d’euros auparavant exigés). Ces mesures ont attiré, certes, des Russes mais aussi quelques Chinois.


  • L’Espagne essaie d’écouler ses actifs à risque
En Espagne, le Parlement a approuvé, le 19 septembre dernier, une loi concédant aux étrangers qui achètent un bien immobilier de plus de 500 000 euros, ou pour plus de 2 millions d’euros de dette publique, un permis de séjour provisoire pouvant devenir définitif si le bien n’est pas vendu dans un délai de cinq ans.


  • Même à Andorre, il y a du nouveau…
La Principauté d’Andorre, située entre la France et l’Espagne, permet de bénéficier d’un environnement fiscal et social très attractif. Les personnes vivant à Andorre sans y travailler bénéficient en effet d’une imposition sur les revenus de 0 %.
2013 a connu trois nouveautés pour la résidence fiscale à Andorre:
  • - Sur le plan sémantique, le statut des personnes vivant à Andorre sans y travailler n’est plus désigné par le terme de « résidence passive », mais par celui de « résidence sans permis de travail ».
  • - Ce statut de « résidence sans permis de travail » se décline désormais en trois catégories différentes :
    • - Résidence pour les personnes économiquement indépendantes (retraités, rentiers.)
    • - Résidence pour les personnes dont les sources de revenus sont internationales (hommes d’affaires aux activités internationales, investisseurs internationaux…)
    • - Résidence pour les personnalités reconnues (artistes, sportifs, chercheurs.)
  • - Enfin, pour bénéficier de ce statut d’exonéré fiscal, vous ne devrez plus, désormais, y vivre au minimum que 90 jours par an et non plus 183, comme auparavant.
Vivre en Andorre vous permet donc de bénéficier d’une fiscalité particulièrement attractive puisqu’à côté du statut de résidence sans permis de travail, dont nous avons vu qu’il vous assurait un IRPP à O%, les personnes qui opteraient pour le statut de résidence « avec » permis de travail sont quant à elles soumises à une imposition de seulement 10 %, le taux le plus faible d’Europe.
Néanmoins l’obtention de la résidence fiscale à Andorre nécessite de pouvoir démontrer disposer d’une certaine fortune personnelle et nécessite d’effectuer un apport à Andorre d’un montant de 400 000 euros minimum. Cet apport peut se faire soit sous la forme de l’achat d’un bien immobilier soit sous la forme d’investissements financiers. Une caution de 50 000 euros est en outre demandée, récupérable en cas de départ du pays.


  • Malte est prête à vous accueillir, même en dehors de vos vacances
A Malte, le gouvernement a lancé en novembre son «individual investor program». Il permet d’acquérir un passeport maltais (donc européen) sans condition de résidence, en échange d’une substantielle contribution au développement économique de l’île. Les « riches » étrangers devront investir 650 000 euros dans le fonds de développement national, ainsi que 25 000 euros par épouse et par enfant mineur, plus 55 000 euros par parent dépendant de plus de 55 ans et par enfant non marié de 18 à 25 ans.


  • Les Pays bas, jaloux de la Belgique?
Aux Pays-Bas, la coalition libérale-travailliste, dirigée par Mark Rutte, démarre un nouveau mécanisme destiné à attirer également les étrangers fortunés. A partir du 1er octobre, les étrangers non communautaires désireux de s’installer dans ce pays se verront octroyer automatiquement un permis de séjour, à la condition qu’ils apportent dans leurs bagages au moins 1,25 million d’euros et qu’ils investissent dans l’économie locale. Un an après leur arrivée, le Ministère des affaires économiques vérifiera la réalité de l’investissement local et autorisera ou non une prolongation du titre de séjour.


  • La Lettonie, terre d’accueil?
Depuis juillet 2010, la Lettonie octroie aux extra-Européens un permis de résidence valable cinq ans dès qu’ils investissent dans une entreprise, le secteur financier ou un bien immobilier. Ces étrangers peuvent ainsi circuler librement dans l’espace Schengen. De nombreux Russes ont afflué, les plus fortunés bâtissant de luxueuses résidences dans la ville côtière de Jurmala.


  • La Hongrie cherche à placer sa dette
La Hongrie demande un investissement de 250 000 euros au minimum dans le secteur énergétique hongrois et dans des obligations du gouvernement. Auxquels s’ajoutent des frais de dossier dépassant 150 000 euros, à en croire L’Agefi. Après huit à douze semaines, le candidat reçoit un passeport hongrois. Le programme est officiellement destiné à attirer des investisseurs non européens, même s’il reste ouvert aux ressortissants européens.


  • La Bulgarie privilégie l’économie réelle
En Bulgarie, une autorisation de résidence permanente peut être directement obtenue après un investissement de 500 000 euros dans des titres d’une société cotée à la Bourse bulgare ou de 3 millions d’euros dans une entreprise non cotée.


  • Le Royaume Uni, champion toutes catégories
Nous savions déjà que la Grande Bretagne attirait des milliers de jeunes diplômés en quête d’un emploi rémunéré à leur juste valeur, nous savions que la Grande Bretagne attirait de nombreux créateurs d’entreprises séduits par la simplification administrative et fiscale ainsi que par la considération que nos voisins portent aux créateurs d’emplois et de richesses, mais voici que nous apprenons que la Grande Bretagne attire aussi les « riches »!  Dans la bataille que se livrent les pays occidentaux pour attirer les investisseurs et les entrepreneurs, Londres marque des points. Les obtentions de visas d’entrepreneur et d’investisseur originaires des pays émergents, qui ont été aménagés en faveur des plus riches par le gouvernement de David Cameron, se multiplient. La barre des 1.000 personnes par an se voyant accorder chacun de ces sésames est en train d’être franchie.
Les Chinois, les Pakistanais, les Russes et les Américains sont attirés depuis plus d’un an par la vigueur retrouvée de l’économie ainsi que par un environnement entrepreneurial favorable outre-Manche. Les visas d’entrepreneurs sont accordés à ceux qui sont prêts à investir au moins 200.000 livres dans une entreprise. Les candidats à ce visa doivent détailler un « business plan ». Ensuite, il faut près 5 ans de présence pour obtenir la résidence permanente, sauf lorsque l’on a investi plus de 5 millions £ ou créé au moins 10 emplois, auxquels cas 3 ans suffisent. Enfin, il faut encore un an de résidence permanente (183 jours) pour devenir citoyen à part entière.


  • Bruxelles, comme il se doit, veut se mêler de ce qui ne la regarde pas…..
Si le principe de citoyenneté est, par essence, du ressort des Etats et en aucun cas de la Commission, celle-ci a réussi à faire voter par le Parlement européen une « résolution » lui demandant, en tant que gardienne des traités, de se pencher sur la façon dont les Etats « monnaient » des permis de résidence ou même des nationalités à des citoyens de pays tiers. Le prétexte à cette intrusion dans le peu de compétences nationales subsistant, fut Malte avec sa non-obligation de résidence (ce qui, au regard de l’environnement se comprend un petit peu…).
L’argutie juridique pour justifier la saisine de la Commission sur un sujet hors de sa compétence est que, si les Etats sont souverains, ils sont censés respecter les valeurs communes européennes, où la nationalité n’est pas donnée en fonction de la richesse de la personne. Cela n’a fait ni une ni deux, dès cette semaine, Viviane Reding, « Commissaire à la justice » a rappelé aux Etats membres qu’ils ne devaient donner la nationalité qu’à des personnes qui ont un lien réel avec leur territoire et qu’ils doivent le faire en pensant à l’engagement d’une coopération sincère entre les Etats membres. Cet intrusion , à demi-mots, de Bruxelles sur un terrain clairement défini comme de compétence nationale peut néanmoins avoir des conséquences graves. D’une part, elles renforce le discours des eurosceptiques qui dénoncent régulièrement la « dictature » d’une Commission formée de fonctionnaires, issue d’aucun scrutin démocratique. Or 2014 est une année électorale. D’autre part, l’intervention à minima de Reding peut être interprétée de diverses manières. La France, en naturalisant à tours de bras des milliers d’extra européens ne maîtrisant  ni la langue ni les usages, ne disposant pas de revenus ni moyens d’existence autonomes et générant un risque accru d’insécurité pense-t-elle « à l’engagement d’une coopération sincère entre les Etats membres »?


  • Et la France?
A part le régime fiscal hyper privilégié dont bénéficient les ressortissants qataris, la France ne dispose d’aucun dispositif particulier permettant d’attirer de riches investisseurs sur notre territoire. La politique socialiste consiste même plutôt à les décourager de venir et à chasser de France sont, Français ou non, qui s’y trouvent. Ce qui explique que les députés français au Parlement européen aient joué un rôle prépondérant dans l’adoption du texte appelant à la saisine de la Commission. Une partie du gouvernement, probablement consciente de la limite de la posture idéologique actuelle, se dit prête, dans le cadre d’une résolution européenne qui servirait de justification auprès de l’électorat de gauche, à « aligner » la position de la France sur une « position européenne négociée ». C’est à dire à adopter des mesures de souplesse qui seraient peu ou prou les mêmes pour tous les pays européens et qui seraient décidées à Bruxelles.
Une manière d’abandonner une part supplémentaire de la compétence des Etats pour « couvrir » politiquement des prises de position contraires à l’idéologie officielle.


Source contrepoints.org (Par Thibault Doidy de Kerguelen)

Billets-Macron est-il le réformateur qu’il prétend être ?

Macron est-il le réformateur qu’il prétend être ?

Quel bilan tirer du gouvernement Emmanuel Macron/Edouard Philippe ? Seront-ils capables de réformer la France ?


Il existe plusieurs méthodes pour dresser le bilan de l’action d’un gouvernement, et celle qui consiste à comparer ce qui est nécessaire au pays avec ce qui a été réellement entrepris comporte un énorme avantage : celui de ne pas se faire embarquer sur le terrain des éventuelles réformettes et des faux progrès dont le gouvernement nous abreuverait afin de faire illusion.

LA FRANCE, DES DIFFICULTÉS PARFAITEMENT CONNUES ET QUI NE DATENT PAS D’HIER
La France se shoote au keynésianisme, de nature à compenser les crises de la demande, depuis la fin des années 70 avec les résultats que l’on sait, alors qu’elle souffre d’une sérieuse chute de sa compétitivité, ce qui n’est rien d’autre qu’une crise de l’offre.

La dégringolade de nos parts de marchés mondiales sur ces 20 dernières années (-50% sur l’industrie, -20% sur les services), le chômage de masse et la grande pauvreté constituent la parfaite signature des handicaps qui nous accablent :
  • un mille feuille étatique qui asphyxie l’économie par son train de vie et par sa dette
  • un taux de prélèvement qui plombe le bénéfice des entreprises et des ménages, et qui freine la prise de risque
  • un droit du travail qui dissuade autant de licencier que de recruter
  • des discriminations de salaires et de cotisations entre le public et le privé
  • un syndicalisme aussi archaïque que toxique
  • un système éducatif en perte de vitesse et idéologisé
  • des médias majoritairement anti-libéraux
Examinons maintenant ce que le gouvernement Macron/Philippe a réellement entrepris sur chacun de ces points.

UN MILLE FEUILLE ÉTATIQUE QUI ASPHYXIE L’ÉCONOMIE
Avec près de 40% de sa population active qui travaille pour l’État, la France détient un record qui la rapproche d’un pays communiste comme la Chine !


Un emploi public détruit deux à trois emplois privés, selon les économistes. La corrélation entre taille du secteur public et faible croissance ne fait d’ailleurs aucun doute, celle-ci est en effet amplement démontrée (ici à l’échelle européenne) :


C’est bien l’obésité de l’État français qui est à l’origine d’un tel niveau de prélèvement, cet État qui, excusez du peu, emploie deux fois plus de fonctionnaires que les 83 millions d’Allemands et plus de ministres que les États-Unis ! De toute évidence, rationalisation, optimisation et désendettement devraient être les leitmotivs d’une réforme urgente et de grande ampleur de l’État.

Or, en juin 2017, aussi incroyable que cela puisse paraître, le Premier ministre Édouard Philippe attendait l’audit des résultats du gouvernement Hollande pour savoir : « s’il faut jouer, d’ici la fin de 2017, sur une réduction de dépenses et à quel niveau ».

Et en septembre, comble de l’irresponsabilité, le gouvernement a revu à la baisse son plan d’économies pour le projet de loi de finances 2018, l’objectif de 20 milliards étant ramené à 16 milliards d’euros ! Que pesaient d’ailleurs ces 20 milliards par rapport aux 2000 milliards d’euros de la dette ? Une ridicule goutte d’eau (1% environ). Tout est donc très clair : il ne faut pas compter sur une réforme de l’État.

UN TAUX DE PRÉLÈVEMENTS QUI PLOMBE LE BÉNÉFICE DES ENTREPRISES ET DES MÉNAGES, ET QUI ÉLOIGNE LES INVESTISSEMENTS
La France détient quasiment le record des prélèvements de toutes sortes, elle est le royaume de la distribution, à un niveau qui nous consacre parmi les pays les plus ponctionnés de la planète :


Alors que nos entreprises sont moins profitables qu’ailleurs en Europe, alors que l’exode de nos jeunes talents et de nos riches atteint des niveaux exceptionnels (étude New World Health2016), le gouvernement a décidé de refinancer la taxe de 3% sur les dividendes, taxe jugée pourtant illégale par le Conseil Constitutionnel, en créant une taxe spécifique !

Bon prince, ou particulièrement cynique, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire vient d’annoncer qu’il assume la moitié de l’effort, et demande aux 320 entreprises concernées de payer le reste « par civisme ». Ainsi, le gouvernement Macron/Philippe refuse d’assumer l’erreur du gouvernement précédent, dont le Président actuel était le ministre de l’Économie.

Outre l’aspect odieux de cette surtaxe, c’est le symbole même d’un Président réformateur qui vole en éclats. Avec une telle exaction, le gouvernement a perdu toute crédibilité.

Mais comment s’en étonner de la part d’un pouvoir qui ose annoncer « des baisses d’impôts financées par une hausse de la CSG » ? N’est ce pas prendre les Français pour des imbéciles ? Et tenter de masquer son impossibilité structurelle de diminuer la manne fiscale, véritable drogue dont il est incapable de se sevrer ?

Certes, du fait de la réforme actuellement engagée, certaines catégories verront leur pression fiscale allégée. Mais seule une minorité de Français en bénéficiera. Car en réalité, les hausses d’impôts vont frapper très tôt dans l’échelle des salaires :

  • les retraités percevant plus de 1200 euros de retraite mensuelle !
  • plus généralement, l’ensemble des classes moyennes (cf. l’analyse de Sébastien Laye Figaro 10/17) !

Taxer une majorité de Français afin de diminuer l’imposition d’une minorité paraît moralement discutable et économiquement inefficace. Il s’agit probablement même d’une grotesque imposture puisque la pression fiscale devrait augmenter pour plus de la moitié des ménages !

Tout cela prouve combien le gouvernement est considérablement en deçà de la réforme nécessaire, cette réforme qui doit nous rapprocher du niveau de prélèvement un peu plus décent pratiqué par nos voisins européens notamment.

UN DROIT DU TRAVAIL DISSUASIF
Dans ce domaine, les efforts du gouvernement Macron/Philippe sont tangibles. On peut éventuellement critiquer la méthode choisie (par ordonnances) mais les changements prévus vont dans le sens d’une meilleure fluidification du marché du travail, en donnant davantage de latitudes aux entreprises, y compris jusqu’au référendum lorsque cela est nécessaire, et en limitant les possibles abus des décisions des prud’hommes, ou la lourdeur des indemnités exigées en cas de licenciement.

On peut juste déplorer que ces mesures, bien que positives, ne s’attaquent pas à la complexité de la législation, et risquent au contraire de l’accroître par de nouvelles dispositions. Quoi qu’il en soit, quand bien même cette réforme semble plus ambitieuse que celle engagée par Myriam El Khomri, elle ne bouleversera pas la donne de façon significative.

Pourquoi ? Parce qu’elle se trouve bien isolée : que peut-elle changer sans une profonde réforme de l’État et une baisse drastique des charges qui pèsent sur les entreprises ?

INÉGALITÉS ENTRE LE PRIVÉ ET LE PUBLIC
Bien que discriminatoires, et choquantes aux yeux des étrangers, puisque à niveau de responsabilité égal, un fonctionnaire gagne plus, cotise moins, et bénéficie d’une retraite meilleure et plus longue qu’un travailleur du privé, ces inégalités font partie du paysage français. Réformer le régime des pensions serait un minimum, même si les inégalités touchent également les niveaux de rémunération.

Le candidat Emmanuel Macron avait promis de s’atteler aux retraites. Mais strictement rien n’a été fait jusqu’à présent, concernant son fameux « système de retraite universel ». Et toujours rien n’a été promis non plus en ce qui concerne les différences de salaire.

Visiblement, tout ce qui touche au train de vie de l’État (et à ses agents) semble avoir bizarrement tétanisé les volontés du gouvernement Macron/Philippe.

UN SYNDICALISME D’UN AUTRE ÂGE
C’était une promesse de Nicolas Sarkozy qu’il n’avait hélas pas tenue. François Hollande, quant à lui, s’était bien gardé d’entreprendre quoi que ce soit dans ce domaine, tellement les syndicats sont puissants (du point de vue de leur capacité de nuisance) et recrutent principalement leurs adhérents à gauche.

Moins de 8% des travailleurs français sont en effet syndiqués, avec une surreprésentation des fonctionnaires, à des syndicats majoritairement politisés pour ne pas dire idéologisés. FO, CGT et Sud sont généralement peu enclins à considérer les intérêts de l’employeur à moyen terme, favorisant systématiquement la négociation par la force au bénéfice des travailleurs à très court terme.

Quitte à nuire à l’emploi, tout cela sur fond de grèves à répétition coûteuses pour la collectivité.Certes, l’usage du référendum que suggère le gouvernement peut aider à contourner les organisations syndicales. Mais certaines entreprises n’ont pas attendu Macron pour mettre en place une telle consultation. Et cela n’enlèvera pas la folle capacité de destruction des plus virulentes de ces organisations.

En réalité, la seule réforme dans ce domaine concerne le « chèque syndical », sorte de crédit donné à chaque travailleur pour qu’il le reverse au syndicat de son choix. Ce système administré, bizarrement alambiqué, n’est bien évidemment pas exempt de critiques, notamment concernant sa capacité à faire croître le taux de syndicalisation, ou encore la possibilité qu’il ouvre la porte à des hausses des cotisations futures.
Surtout, personne ne voit en quoi ce système bureaucratique de chèques à allouer pourrait mettre un terme aux méthodes délétères et contre-productives des syndicats les plus radicalisés.

UN SYSTÈME ÉDUCATIF EN PERTE DE VITESSE
La suppression de la réforme Belkacem a été une décision unanimement saluée. Les mesures prises lors de cette rentrée vont également dans le bon sens, et c’est sans doute dans le domaine de l’éducation que le gouvernement Macron semble le moins velléitaire et le moins brouillon.

À noter d’ailleurs que le ministre de l’Éducation, J.M.Blanquer, est l’un des très rares ministres issus du monde de l’entreprise ! Cette nomination semble particulièrement judicieuse au regard de la trajectoire de notre pays dans des classements internationaux comme PISA…

Toutefois, rien ne semble prévu jusqu’à présent en matière d’enseignement de l’économie, domaine sur lequel les classements comparatifs européens positionnent les Français à une place très médiocre.

L’orientation quasi marxiste des contenus dans le secondaire ainsi qu’à l’université de lettres ou encore dans les écoles de journalisme (VA 12/16) constitue un danger pour la pluralité des idées et pour le bon fonctionnement de la démocratie. Selon le prix Nobel d’économie Edmund Phelps, cette inculture économique constitue un frein à la croissance.

Il est particulièrement dangereux en effet que seuls Keynes, Marx et Piketty soient aux programmes, et que les exercices tournent autour d’articles issus d’Alternatives Économiques.

Le fait que 9 candidats à la présidentielle de 2017 sur 11 proposaient un programme étatique, voire communiste, est une conséquence directe de ce lavage de cerveau subi à l’école depuis des décennies. Or rien pour le moment n’est engagé ni prévu pour nettoyer l’Éducation nationale de son idéologie.

DES MÉDIAS MAJORITAIREMENT ANTI-LIBÉRAUX
À la fois conséquence et acteur du gavage idéologique au Lycée et à l’Université, la grande majorité des médias représentent eux aussi un danger pour l’avenir de l’hexagone.

En désinformant systématiquement les citoyens dans le but de les tenir éloignés des solutions non étatiques, les médias tout comme l’Éducation nationale interdisent de fait toute réforme libérale.

Il est certes paradoxal de demander à un gouvernement social-démocrate (ou majoritairement socialiste) comme celui de Macron/Philippe de casser une filière qui l’a nourri. Pour autant, la quasi absence de contre-pouvoir médiatique est un problème majeur. La France se classe au 39ème rang en termes d’indépendance de la presse (RSF 2017).

Pour le moment, rien n’est fait dans ce sens par le gouvernement Macron. Au contraire, à peine élu, le Président lui-même a émis le souhait de choisir les médias qui allaient couvrir ses déplacements et son actualité, ce qui n’est rien d’autre qu’une tentative d’accroître cette mainmise sur les moyens d’information !

EN CONCLUSION
Il faut admettre que le gouvernement actuel est habité d’une plus grande ambition et d’un plus grand courage que le gouvernement précédent (ce qui n’est pas difficile il est vrai).

Toutefois, à l’aune des réformes engagées et de celles qui ne le sont pas, force est de constater que le gouvernement Macron/Philippe ne brille ni par sa cohérence, ni par son envergure. Surtout, en refusant de s’attaquer au train de vie de l’État et à l’abus de pression fiscale, le gouvernement se prive des deux leviers les plus importants.
Ses atermoiements concernant les impôts, les taxes, la CSG, et sa scandaleuse surtaxe confirment son incapacité à sortir du carcan socialiste basé sur toujours plus d’impôt. Et ce n’est pas la petite réforme du droit du travail qui, bien que positive, changera quoi que ce soit à elle toute seule.

Un certain espoir est permis toutefois côté Éducation nationale. Mais rien ne semble possible à court terme ni sur le plan des inégalités privé/public ni sur l’indépendance des médias.


Source contrepoints.org
Par Claude Robert.


Claude Robert est consultant international en organisation, et auteur du site satirique « Eradiquons le politiquement correct français »