Connaissez-vous vraiment
l’anarchie ?
« Le libéral est un anarchiste qui
défend la propriété. » Pascal Salin
« Le moment est proche, où le
monde comprendra enfin que les gouvernements sont des institutions inutiles,
funestes et au plus haut point immorales, qu’un homme qui se respecte ne doit
pas soutenir et qu’il ne doit pas exploiter à son profit. Et quand ces hommes
auront compris cela, ils cesseront de collaborer à l’œuvre des gouvernements en
leur fournissant des soldats et de l’argent. Alors tombera de lui-même le
mensonge qui tient les hommes en esclavage. » Léon Tolstoï
Du feu, du sang, des larmes, une absence totale de
règles, une violence absolue et implacable, un effondrement civilisationnel…
Vous l’aurez compris : aujourd’hui je voudrais
vous parler de l’anarchie… Sauf que tout ce que je viens de vous énumérer
précédemment n’est pas une description de l’anarchie, contrairement à ce que
vous pouvez entendre partout et en permanence. Mais alors, qu’est-ce donc que
l’anarchie ?
Je vais modestement tenter de répondre à cette
question.
Tout d’abord, je me dois de définir ce mot : anarchie
et de vous en présenter un autre : anomie – afin de clarifier mon propos.
L’anarchie (littéralement en grec « absence de commandement
/ hiérarchie« ) est le
terme qui devrait être utilisé pour définir une situation sociale où il
n’existe pas de hiérarchie ou d’autorité, aucun homme ne pouvant avoir un droit
sur un autre, ses propres droits étant bornés aux droits naturels d’autrui.
La description alarmiste que vous avez
trouvée plus haut dans mon introduction correspond en fait à l’anomie (littéralement
en grec « absence de loi » ),
qui est une situation sociale où les règles et normes juridiques se
désintègrent, entraînant, comme vous pouvez l’imaginer, tous les désordres
violents possibles et imaginables. Une société anomique est tout à fait
possible avec une hiérarchie ou une autorité supérieure d’ailleurs, car cette
autorité peut utiliser la coercition légale, la « loi du plus
fort » pour imposer des lois iniques sans le consentement préalable
des citoyens.
Maintenant que j’ai défini ces deux
termes, vous comprenez donc que l’idée, sans cesse ressassée, d’une anarchie
dont la résultante serait l’effondrement et la violence est non-sens.
Les politiciens, les médias à leur service (les subventions ont du bon…) et
surtout les « crony capitalists », véritables
marionnettistes, n’ont aucun intérêt à une perte de contrôle sur les
institutions et donc indirectement sur vous. Leur objectif est d’augmenter leur
pouvoir et pour cela ils vous répètent inlassablement, convergence des
médiocres oblige pour protéger leurs rentes, que l’anarchie sera dévastatrice,
que vous y perdrez tout, que sa finalité sera le néant.
La réalité est en fait bien différente.
« L’anarchie, ce n’est pas
d’avoir aucune règle, c’est de n’avoir aucun maître qui vous contraigne à obéir
à des règles non consenties. » Kent
McManigal
En fait, il serait temps, mes chères lectrices, mes
chers lecteurs, mes chers visiteurs éphémères, de vous rendre compte que
l’anarchie est tout autour de vous, à chaque instant de votre vie, sans que
vous vous en rendiez compte, sans la voir ; pour faire de l’humour en cette
période de pré-sortie du prochain Star Wars, je dirais que l’anarchie est comme
la Force. Afin de mieux vous l’expliquer, je vais commencer ma démonstration
par un exemple :
Un jeune homme (ou femme) décide un jour, sans
contrainte d’une autorité quelconque, de devenir boulanger (le boulanger, cela
parle à tous les français, mais vous pouvez remplacer boulanger par d’autres
professions). Cette personne se forme, ouvre sa boutique (non sans barrières et
régulations étatiques, mais passons…). Il vous propose un produit, du pain, à
un prix libre. Vous, consommateur, allez librement sans autorité supérieure ou
coercition, acheter votre pain chez ce boulanger. Entre vous, aucune
hiérarchie, aucune contrainte non plus ni aucune violence : libre contrat,
à savoir le prix affiché contre le pain. Seule la satisfaction de votre besoin
vous incitera à retourner chez ce boulanger, sinon vous irez chez un
concurrent, que ce soit du fait d’une médiocre qualité, d’un mauvais accueil ou
d’un prix trop élevé. Acheter votre pain est en fait un acte anarchique.
Tout acte librement consenti, sans coercition ni
autorité supérieure, est un acte anarchique.
Vous vous rendez compte à présent que la majeure
partie de vos actions quotidiennes sont donc totalement anarchiques. L’anarchie
est un ordre social fondé sur la liberté de contrats et la libre association
entre individus.
En fait, l’objectif des hommes de l’État est de
réduire au maximum cette anarchie en essayant d’obtenir
votre consentement, et pour cela ils se devaient de modifier le sens de ce
terme et de prélever sur toutes vos transactions une commission, comme le
ferait toute mafia. S’ils ne l’obtiennent pas, cela passera par la force. En
plus de nier nos droits naturels, nous voilà transportés en plein dans 1984, en plein novlangue : l’anomie a disparu de tout débat et a été
remplacée par l’anarchie … (M. Orwell, je vous salue).
Mais l’anarchie n’existe pas que dans nos
actions quotidiennes : l’anarchie existe au niveau des États. En effet, les
États ont-ils une autorité supérieure ? Il suffit d’une analyse assez rapide
pour vous rendre compte que l’ONU ne constitue pas une autorité, donc que les
États sont en totale situation d’anarchie sur le plan international. Le réel
problème de l’anarchie étatique internationale est le suivant : les États
possèdent des moyens bien trop importants de destruction et n’envisagent donc
que la guerre comme moyen légitime de résolution des conflits, là où les
individus prévoient en général des médiations, ne disposant pas de la même
capacité de destruction. J’y reviendrais, je pense dans un autre billet pour ne
pas trop allonger celui-ci (je peux déjà vous diriger vers cet article de
Gustave de Molinari sur la production de la sécurité) mais soyons clair, aucun
individu ou même groupe d’individus ne peut posséder la force de frappe des
USA, de la Russie ou de la Chine contemporaine.
Vous comprenez donc qu’une société anarchique ne
serait a minima pas plus violente que notre société actuelle, a maxima bien
moins violente de par l’organisation différente des services de sécurité.
« Le libéral est un
anarchiste qui défend la propriété. » Pascal Salin
Un dernier point avant de conclure : il ne
peut exister d’anarchie sans droits naturels et donc sans droit de propriété.
Ici, je vais faire bondir tous les « camarades de l’internationale »
mais désolé, mesdames et messieurs, vous êtes dans l’erreur la plus totale,
erreur que Proudhon avait eu l’honnêteté intellectuelle de reconnaitre,
permettant d’ailleurs l’émergence de l’anarcho-capitalisme. Le souci du
communisme est que la propriété des biens est partagée. Il faut donc bien que
le partage soit décidé par quelqu’un ou par une entité, qui est dirigée par
quelqu’un in
fine, ou par le groupe
avec des règles établies à l’avance au détriment des droits naturels des
individus. Comment alors peuvent-ils empêcher le développement de la propriété
privée ou de la liberté contractuelle chez autrui sans user de violence ? Pas
très respectueux des droits de l’Homme tout cela (voir le billet sur la DDH à
ce sujet) et au final, ils en arriveraient à maintenir une structure
correspondant à l’État :
« Les anarchistes
de « gauche » sont pris dans un paradoxe, car ils désirent lutter
simultanément contre le capitalisme, ce qu’ils font habituellement, et contre
l’État. Mais dans un monde sans État, ils ne peuvent empêcher le développement
des droits de propriété privée ni la liberté contractuelle de fonder l’ordre
social. » Bertrand Lemennicier
Pour conclure ce long billet, je résumerai tout cela
par la formule suivante : l’anarchie est dans tous nos actes non imposés par
une autorité supérieure. Elle est l’ensemble de nos actions mutuelles et
librement consenties. Empêche-t-elle la mutualisation ? Non, vous pouvez très
bien volontairement consentir à mutualiser avec d’autres personnes pour
acquérir des biens, accéder à des services… Est-elle idéale et sans
violence ? Non, il ne faut pas être naïf.
Toutefois, une étude de l’histoire nous révèle
rapidement que les plus grands fossoyeurs de l’humanité ont toujours été les
États. Aucun individu isolé, aucune compagnie privée n’a possédé ou possède
actuellement la capacité de nuisance d’un État. Quelle société privée possède
des armes capables d’annihiler une grande partie de l’humanité (bombe atomique,
armes chimiques et bactériologiques etc.) ?
Je sais que cela fait beaucoup de citations, mais je
vais laisser le mot de la fin à Mises :
« Les pires maux
qu’ait eu à endurer l’humanité ont été infligés par de mauvais gouvernements.
L’État peut être, et a souvent été dans le cours de l’histoire, la principale
source de dommages et de désastres. » Ludwig von Mises
Photo : anarchie credits cat
branchman (licence creative commons)
Source contrepoints.org
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