Oser
prendre des risques
Comment puis-je
atteindre la confiance en moi si je veux toujours une main supérieure qui me
soutient ?
La confiance en soi peut souvent être d’une grande aide pour
atteindre le bien-être. Elle permet d’éprouver moins d’inquiétude, d’envisager
davantage de solutions aux problèmes que nous rencontrons, puisque nous nous
faisons alors confiance pour les expérimenter, et même de mieux réussir dans
les tentatives que nous choisissons. Avec elle, nous passons moins de temps à
nous en faire, et davantage à nous attaquer aux causes mêmes de nos soucis.
Ainsi, s’il est vrai qu’il ne s’agit pas tant de stress
d’origine externe que de nos propres réactions internes, alors la confiance en
soi est l’un de nos meilleurs outils anti-stress. Or le stress, et son hormone
le cortisol, présents de façon chronique, sont mauvais pour la santé, et
donc à éviter.
Plus facile à dire qu’à faire car, si je manque de confiance en
moi, alors, à l’inverse, je ressens davantage le stress et j’ai moins de
capacité à régler facilement mes problèmes, ce qui alimente ma faible confiance
en moi, générant ainsi un cercle vicieux, ou, comme le diraient les
anglophones, de catch 22 (ou
situation de double contrainte).
Difficile de prétendre pouvoir, en un court billet, donner la
recette miracle pour acquérir de la confiance en soi. Toutefois, il semble
qu’elle puisse être approchée par divers chemins, comme par exemple :
- voir dans toute situation une opportunité d’apprendre, comme le propose Dr Carol Dweck
- la niaque, addition de la passion et de la persévérance, comme le propose le Dr Angela Duckworth
- la volonté, comme le propose le Dr Roy Baumeister,
- appréhender le monde dans son abondance plutôt que dans sa rareté, comme le propose Raj Raghunathan.
Ce ne sont là bien entendu que quelques pistes n’ayant point
vocation à être La Voie de La Solution.
Il semble aussi illusoire d’espérer atteindre la confiance en
soi en faisant l’économie d’une question centrale : puis-je y parvenir
entièrement si je souhaite toujours une main supérieure qui me soutient ?
LE VÉLO SANS LES PETITES
ROULETTES LATÉRALES
Pour comprendre la question, prenons un exemple qui nous est à
tous familiers, l’apprentissage du vélo pour un petit enfant. D’abord, on
commence avec des roulettes latérales qui nous empêchent de tomber. Plus on va
vite, plus l’effet gyroscopique des grandes roues permet au vélo de se tenir
droit, sans l’aide des roulettes qui, alors, parfois, ne touchent même plus le
sol. Vient alors le grand moment.
Papa ou maman enlève les roulettes latérales et nous voici face
à l’un de nos moments à la fois le plus angoissant et le plus excitant, la
perspective de jouir de la vitesse et de la joie de la bicyclette sans ces
roulettes qui la restreignent. Se lance-t-on d’abord seul ? Non, rendons-nous
dans n’importe quel jardin public, et nous assisterons, avec le sourire aux
lèvres, à cette belle scène si familière, les premiers tours de pédale d’un
enfant sans les roulettes de sécurité. Plus souvent qu’à son tour, on remarque,
sur l’épaule de cet enfant, une main forte et rassurante, celle du parent qui
encourage cette tentative.
Pensons-y quelques secondes, le petit cycliste est alors face à
un dilemme : soit il ne va pas trop vite et cette main peut rester sur son
épaule, et il ne risque rien, soit il pédale pour de bon, et atteint la vitesse
qui rend le vélo si marrant ; mais alors la main sur son épaule ne peut plus
suivre, et il risque de tomber et de s’écorcher non seulement le genou et le
coude mais, pire encore, son amour propre. Ce risque est même garanti : c’est à
peu près sûr que, tôt ou tard, il va se ramasser. Et alors il se relèvera et
recommencera. À la fin, il saura faire du vélo, et peu de sensations sont plus
agréables que celle là.
Derrière cette scénette, nous avons vu le petit bond en avant
qui se produit quand nous laissons la confiance en soi prendre les commandes.
Or, dans nos vies actuelles, nous acceptons, et en fait
nous appelons souvent de nos voeux, d’avoir toujours une main
supérieure sur notre épaule supposée nous
empêcher de tomber : dans la maladie, le chômage, l’ignorance, la vieillesse,
et fondamentalement, pour nous protéger de tout risque. Notre société a évolué
jusqu’au point où, pour faire face à toute incertitude, nous n’enlevons plus
jamais les petites roulettes latérales. Plutôt que de le faire, nous exigeons
que le pouvoir, les autorités, c’est-à-dire une administration, des
politiciens, nous soutiennent en toutes circonstances, contre tout risque.
C’est parfois dommage, car dans chaque domaine, si l’on comptait
avant tout sur nous-mêmes, nous trouverions souvent de meilleures solutions,
nous offrant davantage de plénitude.
Pourquoi envisager sa santé ponctuellement, via un
médecin ou un médicament, alors qu’avec un bon gros effort de
recherche personnelle, nous pouvons prévenir la
plupart des maux ?
Pourquoi vivre dans la crainte de l’inactivité alors que,
si nous apprenons chaque jour de nouveaux savoir-faire, et nouons de nouveaux
contacts de qualité, nous pouvons franchement parvenir à avoir toujours quelque
chose à faire ? Pourquoi dépendre d’un monopole centralisé, un rien inhumain, pour l’école de nos enfants, alors
que nous pouvons la créer, ou explorer
toutes les options de la scolarité hors contrat ; alors que les ressources dans ce domaine, sur le
web, déjà riches, vont exploser sous peu ? Pourquoi souhaiter une
retraite qui menace de fondre comme neige au soleil et
une maison de repos, alors que les possibilités de partage, avec la famille,
des amis, des inconnus partageant nos passions, et une activité plus longue,
que l’on adore, ont la possibilité de rendre nos vieux jours bien plus
excitants qu’on ne le pense ?
Nous pourrions continuer sans fin ce questionnement, mais c’est
sans intérêt, car ce sont là en fait une infinité de questions entièrement
personnelles, sur la façon dont chacun, comme bon lui semble, pourrait être le
meilleur, tout en ayant une vie la plus satisfaisante possible.
À chaque instant de notre vie nous revivons ce dilemme des
petites roues latérales : est-ce que je veux garder la main des autorités sur
mon épaule, et ne pas atteindre la plénitude de ce que je suis en train de
vivre, ou bien est-ce que je veux laisser s’épanouir mon assurance, même s’il
doit m’en coûter des écorchures ?
Si je veux pleinement atteindre ma confiance en moi, alors
dois-je laisser un État-providence être impliqué dans chaque aspect de ma vie ?
La réponse s’impose d’elle même.
Source contrepoints.org
Par Charles Boyer.
Ancien président de l'association
liberaux.org et membre de l'équipe Contrepoints, C. Boyer est aussi un coureur
de fond fin diététicien, amateur de bonnes bières et de gros cubes
(automobiles).
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