dimanche 30 décembre 2018

samedi 29 décembre 2018

Billets

Une énigme pour Freud !



Une énigme pour Freud ! Pas de pulsion sexuelle, de pulsion de mâle, un être asexué à la tête très enflée par une prof possessive ,un être immergé dans un délire mental de gourou materné par une harpie maléfique ,un être victime de ses visions mondialistes , un psychopathe !

vendredi 28 décembre 2018

mercredi 26 décembre 2018

Dessins de presse


Dessins de presse

lundi 24 décembre 2018

Dessins de presse


Dessins de presse

Dessins de presse


Dessins de presse

Billets-Macron démission ?



Macron démission ?

Nous sommes au moins 45 % de Français à nous demander, depuis le 7 mai 2017 au soir, ce qui pourrait bien nous débarrasser de Macron, ce fléau infligé au peuple français par un putsch des « élites européennes » et élu grâce au manque de discernement d’une majorité des quelques électeurs qui s’étaient déplacés.
Mais il est illusoire de croire que le mouvement dit des gilets jaunes (GJ) puisse provoquer le départ de cet insupportable personnage à la légitimité justement contestée.
Le mouvement a pu sembler sympathique dans un premier temps : une rébellion populaire contre la taxe sur le diesel, l’impôt de trop, la petite goutte qui faisait déborder le vase d’une France qui a le triste record mondial des prélèvements fiscaux et d’un acharnement impitoyable contre le contribuable.
Or, il apparut vite que le gros de ces GJ estimait Macron « pas assez à gauche » ! Ils ne se sont pas indignés quand il a aboli leur taxe d’habitation, alourdissant celle des 20 % d’autres Français ciblés tout exprès pour compenser. Pire, ils ne contestent même pas cette taxe-carbone dont le but spécieux serait de « sauver la planète » – seulement le fait que Macron puise à présent aussi dans leurs poches à eux.
Autre exception française, com­me tout mouvement protestataire, les GJ ont vite été phagocytés par l’ultra-gauche anarchiste et casseuse de profession, dont la police avait ordre de respecter à tout prix « l’intégrité physique », syndrome Malek Oussekine oblige. Tandis que les télévisions nous servaient ad nauseam les Picketty, Philippot, Mélenchon et autres marxistes patentés, réclamant « le rétablissement de l’ISF pour les riches » et un nouveau Grenelle, sans jamais mentionner que « les vraiment riches » échappent déjà aux frontières et que ce qu’ils ne paient plus, ce sont les classes moyennes qui le paient à leur place sous forme d’IFI et de CSG renforcée. Et ce seront les mêmes classes moyennes qui devront payer pour les actes de vandalisme récents contre la propriété publique et privée et aussi pour la redistribution vers le Tiers-Monde qu’est vraiment la taxe écologiste.
Car les GJ ont eu satisfaction : Macron a renoncé à les ponctionner, eux, mais pas les autres !
C’est ce qui explique qu’en ce 4e samedi, à deux semaines de Noël, Paris était ville-fantôme, où les casseurs affrontaient la police à l’ouest, tandis que « la Marche pour le Climat » se déroulait à l’est !
Et non, cher Président Trump, les Français en majorité ne voient toujours pas où les Euro-fanatiques les mènent. Ils ne veulent pas savoir que la nouvelle Évaluation sur le Climat fournie par l’État profond américain (des fonctionnaires et « scientifiques » nommés par Obama) et payée par l’écolo-militant milliardaire Steyer est une imposture de plus. Ils veulent simplement que ce soit les autres qui paient pour leurs vertueux idéaux.
L’armée que Macron veut mettre sur pied « contre la Chine, la Russie et les États-Unis » serait en fait l’instrument pour mettre au pas ces « dépravés » (dit l’impérissable Paul Krugman) que sont les climato-sceptiques et les dissidents à l’intégration européenne.
Macron s’arroge le mérite de « ce 4e samedi cette fois sans victimes et aux dégâts limités » : facile quand les transports ne fonctionnent pas et que les gens restent chez eux puisque les commerces, cinémas et musées ont fermé ! Profitant du chaos pour agir en douce, il ne s’exprimera qu’après avoir signé, contre la France mais en conformité avec les forces européistes, l’infâme Pacte sur l’immigration de l’ONU, autre imposture mondialiste. Véritable pacte d’agression contre le peuple français puisqu’il vise à organiser à nos dépens l’immigration massive de 100 millions d’Africains en Europe.
Où sont les revendications des GJ devant ce coup de grâce donné à notre pays ? Ne serait-ce pas l’occasion de dépasser les égoïsmes personnels ?
« Macron démission » ? Si seulement ! Mais qui, à droite, pourrait l’emporter aujourd’hui ? La France est rongée par l’envie et le socialisme.
Comment faire comprendre à celui qui se voyait déjà empereur d’Europe qu’il a une feuille de route toute tracée pour au moins terminer son mandat ? Véritable égalité de tous devant l’impôt, fin des réglementations écologistes folles et surtout baisse drastique des dépenses obscènes de l’État.
« C’est l’Union européenne et moi ou le chaos », rugissait Macron il y a peu.
Pour le moment, nous les avons, lui, son UE et le chaos.
Source Les4vérités.com
Par JOSLAIN EVELYNE.

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jeudi 20 décembre 2018

Billets-Anselme Bellegarrigue, gloire oubliée de l’anarchisme


Anselme Bellegarrigue, gloire oubliée de l’anarchisme

Bellegarrigue peut être vu comme un précurseur de l’anarchisme individualiste américain contemporain.

Anselme Bellegarrigue, né en 1813 dans le Gers et mort approximativement à la fin du XIXe siècle, quelque part en Amérique centrale, est sans conteste l’un des hérauts de l’anarchisme naissant, qui fleure bon les senteurs épicées et les mets succulents du Sud-Ouest. Fils de négociant, Anselme fréquente dans son adolescence le Lycée d’Auch, puis fonde à Toulouse La Mosaïque du Midi, une bucolique et champêtre revue d’histoire locale (plus locale que d’histoire, d’ailleurs). Après quelques insuccès, il part en voyage, et visite, durant les années 1846-48, les Antilles, La Nouvelle-Orléans, puis plus au nord New York et Boston. Ses voyages ont une incidence majeure sur sa conviction, désormais chevillée au corps, des bienfaits de la démocratie, du gouvernement limité et même de la souveraineté individuelle pure et simple sur toute forme de dirigisme.

Anselme Bellegarrigue revient en France le 21 février 1848, à l’aube de la chute de la monarchie de Juillet. Le rôle qu’il exerça dans le cours de ces événements n’est pas connu avec précision. Ce qui, en revanche, est certain, c’est qu’il ne cessa pas de critiquer le cours que prit le mouvement révolutionnaire au lendemain du renversement de Louis-Philippe. On connait bien cet échange resté célèbre : un Gavroche en armes lui dit : « Cette fois, on ne nous la volera pas notre victoire ! ; Bellegarrigue lui rétorque alors : « Ah mon ami, la victoire, on vous l’a déjà volée ; n’avez-vous pas nommé un gouvernement provisoire ? »

Il fréquente alors la Société Républicaine Centrale, dite « Club Blanqui », du nom du socialiste « enfermé » Auguste Blanqui, frère de l’économiste Adolphe que nous apprécions beaucoup dans nos colonnes. Bellegarrigue exige une modification de la forme du gouvernement, l’introduction de la démocratie, l’avènement non seulement de la souveraineté du peuple, mais aussi de la souveraineté individuelle. Il accuse les partis politiques fantoches de la Seconde République d’avoir détourné la révolte populaire vers plus d’autorité et de centralisme, et les qualifie en conséquence du doux sobriquet de vermine des nations. Il dénie aux événements de 1848 le qualificatif de « Révolution », dans la mesure où, selon lui, « une Révolution doit etre la ruine non pas d’un gouvernement, mais du gouvernement ».

Sa proximité avec les blanquistes et autres socialistes non marxistes ne doit pas conduire à méprendre le lecteur d’aujourd’hui sur le compte de Bellegarrigue. C’est exclusivement la contestation de l’autorité, que ces mouvements incarnent par excellence, qui l’attire. Mais Bellegarrigue ne se prive pas, et c’est le moins que l’on puisse dire, de critiquer copieusement les mesures sociales que tous ces socialistes, utopistes, républicains, solidaristes, marxistes ou proto-marxistes, aspirent de leurs vœux. Car pour lui, au final, toute mesure gouvernementale quelle qu’elle soit, revient à l’esclavage des uns par les autres, à la lutte violente entre les hommes.

En 1848, Bellegarrigue publiait déjà Au fait ! Au fait ! Interprétation de l’idée démocratique. Il poursuivit ensuite avec Le Dieu des riches et le Dieu des pauvres, puis Jean Mouton et le percepteur ; puis La Civilisation ; puis enfin, et surtout, en 1850, L’Anarchie, journal de l’ordre, journal qu’il édita, publia et distribua lui-même. Deux numéros seulement parurent, par manque de lecteurs. Le troisième numéro, consacré à l’origine de la richesse, ne fut pas publié. Pour Sharif Gemie, L’Anarchie constitue le tout premier manifeste anarchiste au monde.

Le père fondateur de l’anarchisme individualiste
Avec Han Ryner et Georges Palante, Anselme Bellegarrigue peut être considéré comme l’un des pères fondateurs, sinon LE premier, le plus antécédent, des fondateurs de l’anarchisme ; lequel, à l’époque, ne contenait pas la dimension gauchiste, syndicaliste, qu’on lui connaît depuis la fin du XIXe siècle. L’anarchie, c’est l’état d’un peuple qui, voulant se gouverner par lui-même, manque de gouvernement précisément parce qu’il n’en veut plus.

Comme il l’écrit :
« Qui dit affirmation du peuple, dit liberté individuelle ;
Qui dit liberté individuelle, dit souveraineté de chacun ;
Qui dit souveraineté de chacun, dit égalité ;
Qui dit égalité, dit solidarité ou fraternité ;
Qui dit fraternité, dit ordre social ;
Donc qui dit anarchie, dit ordre social. »

Un gouvernement est fondé. C’est une construction sociale, éminemment artificielle, et en rien le fruit d’une évolution naturelle des sociétés. Or, dit Bellegarrigue, à l’instant même où le gouvernement est fondé, il a ses créatures, et, par suite, ses partisans ; et au même moment où il a ses partisans, il a aussi ses adversaires. La guerre civile s’explique donc, selon lui, par un gouvernement qui veut venir et qui se trouve face à un gouvernement qui ne veut pas s’en aller. Partisans et adversaires du gouvernement forment les germes d’une guerre civile qui, tôt ou tard, éclatera au sein de la société.
« Vous ne pouvez pas éviter la faveur qui fonde le privilège, qui provoque la division, qui crée l’antagonisme, qui détermine la guerre civile. »

Tout l’objet du combat de Bellegarrigue consistera donc à convaincre les citoyens de renoncer d’une part à être des partisans, et de l’autre des adversaires du gouvernement. Et par conséquent à les rendre indifférents au gouvernement. C’est ainsi que la paix pourra être établie.

Il ajoute que si l’État est une fiction, l’intérêt général, quant à lui, n’existe pas : cette affirmation classique est martelée avec force par Bellegarrigue. La seule vérité naturelle, démontrée à la fois matériellement par le fruit de l’histoire et moralement par l’usage de la raison, c’est le moi.

« Mon intérêt est égal à celui de qui que ce soit ; je ne puis devoir que ce qui m’est dû ; on ne peut me rendre qu’en proportion de ce que je donne, mais je ne dois rien à qui ne me donne rien ; donc, je ne dois rien à la raison collective, soit le gouvernement, car le gouvernement ne me donne rien, et il peut d’autant moins me donner qu’il n’a que ce qu’il me prend. »

La société est un phénomène naturel, qui est la conséquence inévitable et forcée de l’agrégation des individus. L’intérêt collectif en découle : il est une déduction providentielle et fatale de l’agrégation des intérêts privés. L’intérêt collectif ne peut donc être complet qu’autant que l’intérêt privé reste entier.

C’est le droit individuel qui pèse sur le droit collectif ; j’ai le même intérêt que la communauté à avoir une route et à respirer l’air sain, toutefois j’abattrais ma forêt et je garderais mon champ si la communauté ne m’indemnisait pas, mais comme son intérêt est de m’indemniser, le mien est de céder, tel est l’intérêt collectif qui ressort de la nature des choses.

L’intérêt général, au sens de Rousseau, est donc pour lui porteur d’une menace terrible pour toute liberté individuelle. C’est pour l’essentiel par sa capacité de nuisance qu’il le définit :
Lorsque enfin vous appelez intérêt collectif celui que vous invoquez pour m’empêcher de gagner ma vie au grand jour, de la manière qui me plaît le mieux et sous le contrôle de tout le monde, je déclare que je ne vous comprends pas, ou, mieux, que je vous comprends trop.

Selon Bellegarrigue non seulement il n’y a pas, mais il ne peut pas y avoir de contrat social, d’abord parce que la société n’est pas un artifice, un fait scientifique, une combinaison de la mécanique ; la société est un phénomène providentiel et indestructible ; les hommes sont en société par nature. L’état de nature est déjà l’état de société ; il est donc absurde de vouloir constituer, par un contrat, ce qui est constitué de soi.

Le premier, et de manière aussi claire et sans nuance, Bellegarrigue fait du pouvoir l’ennemi à abattre. Tant dans l’ordre social que dans l’ordre politique. Tous les partis aspirent, par construction, à atteindre le pouvoir, et par conséquent l’essence même du pouvoir est la source de la politique. Or tout pouvoir est l’ennemi du peuple car le pouvoir est toujours le pouvoir, c’est-à-dire le signe irréfragable de l’abdication de la souveraineté des individus. Quiconque a le pouvoir est donc immédiatement dangereux. Les partis, lorsqu’on les dépouille de ce prestige patriotique dont ils s’environnent pour attraper les sots, n’est tout simplement qu’un assemblage d’ambitieux vulgaires, faisant la chasse aux emplois. Mais le peuple est berné par le jeu du pouvoir et des élections. Tout change parce que rien ne change, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Mais si, a contrario, le peuple s’occupait exclusivement de ses intérêts matériels, de son commerce, de ses affaires, et s’il couvrait de son indifférence ou même de son mépris cette basse stratégie qu’on appelle la politique, les partis, tout à coup isolés, cesseraient de s’agiter ; le sentiment de leur impuissance glacerait leur audace.

Ils sécheraient sur pied, s’égraineraient peu à peu dans le sein du peuple, s’évanouiraient enfin et le gouvernement qui n’existe que par l’opposition, qui ne s’alimente que des querelles que les partis lui suscitent, qui n’a sa raison d’être que dans les partis, qui, en un mot, ne fait depuis cinquante ans que se défendre et qui, s’il ne se défendait plus, cesserait d’être, le gouvernement, dis- je, pourrirait comme un corps mort ; il se dissoudrait de lui-même, et la liberté serait fondée.

Le vote, l’exercice du suffrage universel, n’est pas une garantie, mais est au contraire la cession pure et simple de la souveraineté. Là encore, le sens de la formule de Bellegarrigue fait mouche :
Le peuple a tous les droits imaginables ; je m’attribue, pour ma part, tous les droits, même celui de me brûler la cervelle ou de m’aller jeter dans la rivière ; mais, outre que le droit à ma propre destruction est placé en dehors du calme de la loi naturelle et cesse de s’appeler un droit en devenant une anomalie du droit, un désespoir, cette exaltation anormale que, pour aider le raisonnement, j’appellerai encore un droit, celui-ci ne saurait, dans aucun cas, me donner la faculté de faire partager à mes semblables le sort qu’il me convient personnellement de subir. En est-il ainsi à l’égard du droit de voter ? Non. Dans ce cas, le sort du votant entraîne le sort de celui qui s’abstient. (…) Je ne vois pas, par exemple, comment ni pourquoi les trois millions de Français qui ne votent jamais sont passibles de l’oppression légale ou arbitraire que fait peser sur le pays un gouvernement fabriqué par les sept millions d’électeurs votants. Je ne vois pas, en un mot, comment il arrive qu’un gouvernement que je n’ai pas fait, que je n’ai pas voulu faire, que je ne consentirai jamais à faire, vient me demander obéissance et argent, sous prétexte qu’il y est autorisé par ses auteurs.

Bellegarrigue place l’avenir dans la réserve, dans l’abstention et l’inertie civique, et enfin dans l’activité économique, bref dans tout ce qui n’est pas politique. Dans tout ce qui est même la négation de la politique.

Pour être libre, voyez-vous, il n’y a qu’à vouloir. La liberté, que l’on nous a sottement appris à attendre comme un présent des hommes, la liberté est en nous, la liberté c’est nous. Ce n’est ni par fusils, ni par barricades, ni par agitations, ni par fatigues, ni par clubs, ni par scrutins qu’il faut procéder pour l’atteindre, car tout cela n’est que du dévergondage. Or, la liberté est honnête et on ne l’obtient que par la réserve, la sérénité et la décence.

Un précurseur de Molinari et d’Ayn Rand ?
Si les liens de parenté entre la pensée d’Anselme Bellegarrigue et les deux autres pères de l’anarchisme français sont évidents (Han Ryner et plus encore Georges Palante, en particulier dans La Sensibilité individualiste), il est souvent mentionné que Bellegarrigue serait aussi et plus encore, en quelque sorte, un précurseur de l’anarcho-capitalisme par le truchement de Gustave de Molinari, et de la pensée objectiviste d’Ayn Rand. Ce point mérite discussion et ne paraît pas si évident que cela.

Anselme Bellegarrigue est un quasi contemporain de l’économiste belge Gustave de Molinari. En premier lieu, il apparait assez clairement que les sujets d’analyse de Molinari et ceux de Bellegarrigue se recoupent assez peu. Molinari a essentiellement écrit sur les règles naturelles d’organisation du marché, sur les moyens pour les ouvriers d’agir sur la marché du travail (les bourses), sur les sphères « non marchandes » comme la religion, l’éducation, et enfin sur la place et le rôle de l’État.
Ces sujets sont plutôt éloignés des préoccupations portées par l’anarchiste français. Bien évidemment il y a des points de convergence, en particulier les thèses liées à la sensibilisation et à l’éducation des masses et des ouvriers, thème extrêmement cher à Molinari et que l’on retrouve, par l’action des journaux qu’il a animés, chez Bellegarrigue. Tous deux défendent avec ardeur des points qu’ils jugent essentiels au développement harmonieux des relations entre les individus. En premier lieu, la liberté d’expression. Ils estiment tous deux que toutes les opinions doivent pouvoir s’exprimer, et que le progrès des sciences en tous domaines est à ce prix. Ensuite, le droit d’association des travailleurs : la possibilité d’association des individus est une des clefs fondamentales de l’équilibre des sociétés mais, dans ce cadre, celle des travailleurs, confrontés au pouvoir du capital, revêt une importance toute particulière.
Si Bellegarrigue n’est pas très prolixe sur ce point, Molinari aura de longs développements sur les bourses du travail, qui selon lui reflèteraient mieux l’offre et la demande d’emplois que ne le fera jamais une administration autoritaire. Enfin, la nécessité de former les individus. Pour que la liberté puisse s’exprimer pleinement, il ne suffit pas de la décréter, encore faut-il que les individus soient capables d’assumer seuls et librement leurs propres affaires. Il est donc tout à fait essentiel de former progressivement les gens.

On fait aussi par ailleurs de Bellegarrigue le précurseur d’Ayn Rand et de son objectivisme. Il est bien clair que la pensée de Rand comprend une dimension individualiste extrême qui n’est pas sans rappeler notre penseur. Sans toutefois détailler ce point outre mesure, car cela sortirait du format de cet article, il apparaît tout de même assez artificiel de souligner une quelconque filiation entre Bellegarrigue et Rand. La pensée objectiviste, magistralement développée dans l’ouvrage qu’Alain Laurent a récemment consacré à Ayn Rand, ne se résume en effet pas aux développements plus rudimentaires de Bellegarrigue. Il comprend de nombreuses autres dimensions, résumées de manière éclairante par Ayn Rand elle-même dans une chronique de 1962 au Los Angeles Times : une métaphysique (la réalité existe en tant qu’absolu) ; une épistémologie (la raison est le seul moyen qu’a l’homme pour percevoir la réalité ; une éthique (l’homme est une fin pour lui-même, et non un moyen pour les autres) et enfin une politique (le capitalisme de laissez-faire).

Si pour Bellegarrigue la nature de l’homme lui impose de faire société, phénomène éminemment artificiel, et que faire société ne signifie en rien faire allégeance à un pouvoir tutélaire et accapareur des libertés individuelles, pour Rand, en revanche, tout provient de la réalité qui s’impose à l’individu, qui existe indépendamment de la conscience de l’individu, et à laquelle il n’accède que par l’effort de la conscience. La conscience, pour s’exercer, a besoin d’un code, d’une valeur cardinale vers laquelle elle tend : c’est la vie, le fait de se maintenir en vie, qui constitue cette valeur suprême. Et c’est à ce prix que l’homme pourra toucher au bonheur. Comme on le voit dans ces quelques lignes, les thèses de Rand n’ont qu’un lien assez éloigné avec la pensée de Bellegarrigue. Je renvoie pour de plus amples précisions aux chapitres de l’ouvrage d’Alain Laurent visés en note ci-dessous.

S’il fallait trouver un voisinage plus immédiat à la pensée de Bellegarrigue, et outre ses frères siamois Ryner et Palante, il faudrait plutôt se tourner à mon sens d’une part vers Max Stirner, et d’autre part vers Benjamin Tucker. Chez Stirner tout d’abord, il y a d’innombrables accents et formules que Bellegarrigue aurait pu faire siennes : « L’État est le maître de mon esprit, il veut que je crois en lui et il m’impose un credo, le credo de la légalité » ; « L’État est le maître de mon esprit, il veut que je crois en lui et il m’impose un credo, le credo de la légalité » ; « L’État est l’ennemi, le meurtrier de l’individu, l’association en est la fille et l’auxiliaire ; le premier est un esprit, qui veut être adoré en esprit et en vérité, la seconde est mon oeuvre, elle est née de moiL’État est le maître de mon esprit, il veut que je crois en lui et m’impose un credo, le credo de la légalité. Il exerce sur moi une influence morale, il règne sur mon esprit, il proscrit mon moi pour se substituer à lui comme mon vrai moi. » Il proclame que les religions et les idéologies se fondent avant tout sur des superstitions. Il rejette aussi bien le libéralisme politique qui implique, selon lui, une soumission à l’État, que le socialisme qui subordonne l’individu à la société.

Stirner comme Bellegarrigue sont des partisans chevronnés de l’individualisme et de l’égoïsme. Mais si Stirner oppose l’association libre à la société par essence coercitive, Bellegarrigue, on l’a vu, oppose pour l’essentiel la société, libre dans l’état de nature, à l’État, Léviathan qui place les individus sous son joug.

Mais pour l’essentiel les points de comparaison s’arrêtent là. Posant le Moi en absolu, Stirner refuse la notion de droit naturel, qu’il juge chimérique. Il fait dériver la propriété non pas d’un droit, mais de la force. Rien n’est plus étranger à la pensée de Bellegarrigue. C’est qu’à bien des égards Stirner fait partie des « Hégeliens de gauche », qui est une des branches fondatrices du socialisme contemporain, concurrente d’une part du socialisme utopique d’Owen, Fourier ou Cabet, et d’autre part du socialisme scientifique marxiste. S’il place la liberté et l’individu comme des absolus, ce n’est pas au profit d’une réhabilitation de la société civile et des rapports humains naturels, fondés sur la liberté, la propriété et la responsabilité, mais au profit d’une anomie égotiste assumée. Quitte à trouver à Stirner une filiation, il faudrait plutôt à mon sens partir d’Étienne de la Boétie et prolonger, de façon magistrale, avec Nietzsche, que la chercher chez Bellegarrigue.

Reste enfin Benjamin Tucker. C’est dans son périodique anarchiste La liberté que celui-ci a formalisé ses principales thèses. On peut déjà observer ainsi, avec Bellegarrigue, une parenté de supports de publication. Tucker et ses amis rejettent l’autorité coercitive, la législation subie, la notion de contrat social. Pour Tucker, les anarchistes doivent être considérés comme des « démocrates jeffersoniens impavides ». En cette phase combinant Jefferson et Thoreau, il veut dire ainsi que « le meilleur gouvernement est celui qui gouverne le moins, et que celui qui gouverne le moins n’existe pas ». On croirait lire du Bellegarrigue dans le texte.

Tucker critique vertement le capitalisme d’État et la bourgeoisie d’État, comme Bellegarrigue le fera dans L’Anarchie, journal de l’ordre. Tucker comme Bellegarrigue insistent sur le fait que tous les monopoles, fussent-ils privés, ne peuvent perdurer qu’avec le soutien de l’État. Les deux en concluent que, plutôt que de renforcer l’autorité comme le préconisent les marxistes, il faut à l’inverse l’évacuer du jeu économique et laisser se déployer le principe qui lui est le plus hostile, celui de la liberté.Tucker résume cela de manière éclairante : « les seuls qui croient vraiment au laissez-faire sont les anarchistes » dit-il.

C’est en ce sens selon nous que Bellegarrigue peut être vu comme un précurseur, moins de l’objectivisme ou de l’anarcho-capitalisme, que de l’anarchisme individualiste américain contemporain.


Source contrepoints.org


Billets-Attentats au Bataclan : la fusillade vue de l’intérieur


Attentats au Bataclan : la fusillade vue de l’intérieur

Julien Pearce, journaliste d’Europe 1 était présent dans la salle de concert du Bataclan, dans le 11e arrondissement de Paris, lors de la dramatique fusillade orchestrée par les terroristes vendredi 13 novembre au soir.

Au micro de France Télévisions, il témoigne des tragiques événements et de l’effroi :
« Ça faisait quarante minutes à peu près que le concert avait débuté. Il y avait énormément de monde dans la salle. C’était quasiment plein. Et au milieu d’une chanson, on a entendu des détonations qui venaient de derrière. On a entendu des cris. J’ai tourné la tête. Et là j’ai vu plusieurs individus qui portaient des kalachnikovs, qui nous visaient et qui tiraient de manière totalement aléatoire sur la foule. Ils avaient le visage découvert. Celui que j’ai vu en particulier était habillé tout de noir. Son visage m’a paru très jeune : la vingtaine.

Alors immédiatement tout le monde s’est couché sur le sol. C’est un réflexe dans ce genre de situation, j’imagine. Il y avait tellement de monde que je me suis retrouvé avec une ou deux personnes sur moi, ce qui m’a probablement sauvé la vie, d’une certaine manière.

On a attendu une sorte d’accalmie, un moment où tous ont rechargé leurs armes en même temps, et on s’est réfugié à droite de la scène où il y avait une sorte de petit local technique, qui était plongé dans le noir. Il y avait déjà une dizaine de personnes à l’intérieur totalement terrifiées. Ce local ne menait nulle part : il n’y avait pas de sortie, il n’y avait pas d’issue. On venait de quitter un piège pour un autre, d’une certaine manière, même si on était moins exposés. Donc on a attendu encore quelques minutes à l’intérieur. Les tirs continuaient évidemment. On ne comprenait pas exactement ce qu’il se passait.

Ils étaient de nouveau en train de recharger leurs armes. C’est à ce moment-là qu’une dizaine de personnes et moi-même avons décidé de courir sur la scène, parce que de l’autre côté se trouvait la seule issue de secours qui donnait sur une rue.

Instinctivement, j’ai tourné la tête quand j’étais au milieu de la scène : j’ai vu ces hommes qui recommençaient à tirer, qui continuaient à tirer, qui exécutaient froidement les gens sur le sol, et qui me regardaient aussi courir.

À ce moment-là j’ai attrapé une demoiselle qui était montée sur la scène et qui était grièvement blessée : elle avait reçu deux balles, au niveau du fessier et au niveau de la cuisse gauche. Elle saignait beaucoup et était en train de perdre connaissance. Je l’ai attrapée, l’ai mise sur mes épaules et on a couru dans la rue. »

Le bilan est lourd : plus de quatre-vingts personnes sont mortes sur place, dont les quatre assaillants.

Photo: Le Bataclan – Crédit photo : Jxandreani via Flickr (CC BY 2.0)

Source contrepoints.org


mardi 18 décembre 2018

jeudi 13 décembre 2018

mardi 11 décembre 2018

Dessins de presse


Dessins de presse

lundi 10 décembre 2018

samedi 8 décembre 2018

Billets-Gilets jaunes : le week-end où tout peut bascule


Gilets jaunes : le week-end où tout peut basculer

Si la capitale s’attend à vivre ce samedi 8 décembre 2018 une de ses journées les plus chaudes depuis des décennies, la province est également à surveiller.

La France s’éveille. Beaucoup de regards sont tournés vers elle. Ce samedi 8 décembre 2018 pourrait bien être une de ces dates que retiennent les livres d’histoire. Nul ne peut prédire comment tourneront les multiples manifestations prévues aujourd’hui sur le territoire français mais divers indices laissent à penser que l’escalade entamée voici plusieurs semaines ne prendra pas fin ce week-end. L’évolution du mouvement des Gilets jaunes ressemble en effet à une courbe de Gauss qui n’a pas encore atteint son apogée.

Pour rappel, tout a commencé avec une simple pétition lancée sur Internet fin mai, laquelle réclamait une baisse des taxes sur le carburant. Très vite appuyée par des centaines de milliers de personnes, atteignant même le million de signataires, elle fut suivie par un appel à bloquer le pays le samedi 17 novembre, lancé par deux chauffeurs routiers. Preuve de la popularité des idées antifiscales, il fut relayé partout sur la toile au point de devenir viral.

Résultat : le samedi 17 novembre 2018 marqua le début d’un large mouvement populaire d’une nature encore inconnue jusque-là. Non soutenu par les syndicats, il mobilisa plus de 287 000 citoyens, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Déjà, des troubles se produisirent. Plus de cent individus dégradèrent la préfecture de Troyes. Des cocktails Molotov furent jetés en direction des forces de l’ordre sur l’A4. La journée de protestation déboucha sur 282 interpellations, 409 blessés et un mort.

UN MOUVEMENT EN EXPANSION
Surtout, elle n’en resta pas là. Les blocages se poursuivirent en semaine. Une flambée de violence embrasa l’île de la Réunion, où fut décrété un couvre-feu et où l’armée dut intervenir. L’exécutif, qui avait signalé depuis une dizaine de jours, par la voix du Président Macron et celle du Premier ministre Philippe, qu’il ne reviendrait pas sur l’augmentation des taxes sur le carburant quel que soit le succès de la manifestation, tint parole. La presse continua à relayer, comme elle l’avait fait précédemment, l’idée que les Gilets jaunes étaient des extrémistes de droite, quod non.

Conséquence du dédain politique et de l’insulte médiatique, le pays se mobilisa à nouveau le samedi 24 novembre, de manière plus virulente cette fois. Sur les Champs Élysées, il y eut des barrages dressés et des heurts entre police et manifestants. Soixante-neuf personnes furent interpellées dans la capitale, 157 dans toute la France. Le gouvernement tenta une fois de plus d’associer les troubles à l’extrême-droite (alors qu’ils provenaient essentiellement de l’extrême-gauche et d’individus inconnus des services de police) ; cela n’entacha pas le soutien populaire au mouvement (71 % selon l’Ifop, 84 % selon Odoxa). Plutôt qu’un essoufflement, ce fut un renforcement des gilets jaunes qui résulta des premiers affrontements entre peuple et pouvoir.

Parmi les professionnels de la politique, d’aucuns virent une aubaine dans ce qu’ils pensaient être une jacquerie, mais les Gilets jaunes ne furent point dupes des tentatives de récupération et de manipulation dont ils étaient l’objet. Ils ne se laissèrent pas diviser par les appels du pouvoir à se structurer et repoussèrent les avances de Marine Le Pen (Rassemblement National) et de Jean-Luc Mélenchon (France Insoumise). Les syndicats restèrent également hors-jeu. Le monde médiatique, lui aussi victime de la colère populaire, découvrit, à sa plus grande stupeur, preuve de sa déconnexion avec le réel, que les corps intermédiaires ne jouissaient plus de la moindre considération au sein de la population. Cela fleurait bon la crise de régime.

L’IMPUISSANCE POLITIQUE
Entre-temps, le Président Macron était sorti de sa réserve en s’exprimant le mardi 27 novembre dans une allocution télévisuelle du plus triste effet : il ne répondait en rien à la détresse financière des Gilets jaunes et s’entêtait dans une politique écologique bien éloignée des préoccupations quotidiennes des Français. Il était évident que, face à un tel mépris, face à une telle sourde oreille, la colère hausserait d’un ton.

Cela ne manqua pas. La radicalisation des Gilets jaunes put s’observer le samedi 1er décembre 2018 à divers endroits de France, au premier rang desquels Paris. Paris où, au mépris des consignes des autorités, les manifestants affrontèrent de longues heures durant les CRS, s’emparant de l’Arc de Triomphe et repoussant plusieurs assauts policiers. Paris où 112 véhicules et six bâtiments furent incendiés. Paris où de nombreux commerces furent vandalisés et pillés. Paris où un fusil d’assaut fut volé aux forces de l’ordre. Paris où les caméras de télévision gravèrent dans la mémoire collective les images d’une authentique insurrection. La province n’était pas en reste. Des échauffourées s’observèrent à Marseille, Toulouse, Dijon et Bordeaux. Au Puy-en-Velay, des manifestants assiégèrent la préfecture et y boutèrent le feu (70 blessés, dont 18 policiers). À Bordeaux, près de 200 insurgés tentèrent de prendre d’assaut la mairie. Rien qu’à Paris, on arrêta 412 individus ; 133 personnes furent blessées, dont 23 parmi les forces de l’ordre. Les chiffres de Toulouse doivent également être mentionnés afin de bien saisir les contours de la révolte : 58 blessés, dont 48 parmi les forces de l’ordre.

Du bout des lèvres, les médias mainstream osèrent reconnaître que la situation était quasi-insurrectionnelle mais, depuis l’Argentine où se tenait le sommet du G20, Emmanuel Macron ne sembla guère s’en émouvoir. Dans une allocution qui avait des allures du « rien » consigné par Louis XVI dans son journal au soir du 14 juillet 1789, il parla de longues minutes d’écologie avant de condamner les violences en France, refusant de s’étendre sur le sujet. Une humiliation de plus pour les insurgés. Comment expliquer ce comportement insensé ?

Méconnaissance de la gravité de la situation ? Croyance aveugle en les thèses écologistes ? Volonté de renvoyer une image de président fort ? Toujours est-il que cette prise de parole renforça la haine dont il faisait l’objet, pourtant déjà incommensurable.

La France se réveilla avec une sacrée gueule de bois. La presse s’émut du vandalisme qui avait souillé Paris ; les réseaux sociaux relayèrent avec virulence les exactions des forces de l’ordre. Les tirs de flashball à hauteur d’homme, qui furent confirmés a posteriori par des CRS, donnèrent lieu à l’impressionnante image d’un retraité pacifique, la joue arrachée par une balle, ou à de multiples vidéos d’individus aux yeux pochés et traumatisés. Ils débouchèrent également sur le décès accidentel d’une octogénaire touchée au visage par une grenade lacrymogène alors qu’elle fermait les volets de son appartement. Plusieurs vidéos circulant sur la toile montrèrent des CRS qui agressaient des personnes âgées, qui passaient à tabac des Gilets jaunes au sol et mains en l’air, qui arrêtaient certains de leurs collègues infiltrés, qui étaient accusés par des Gilets jaunes de casser du mobilier urbain sous un déguisement civil ou qui brutalisaient un journaliste.

AUX ARMES CITOYENS !
Les jours suivants virent la contestation sociale s’accroître. Le 2 décembre, des centaines d’ambulanciers manifestèrent devant l’Assemblée nationale. Les lycéens embrayèrent et envahirent les rues à leur tour. Routiers et agriculteurs se joignirent à la grogne générale. Lors de sa visite à la préfecture du Puy-en-Velay le 4 décembre, le Président Macron fut hué et même poursuivi sur plusieurs centaines de mètres par des citoyens.

Parallèlement, et c’est peut-être là le plus grave pour le pouvoir, le mécontentement gagna les rangs des forces de l’ordre. Déjà le soir du 1er décembre, sur le plateau de BFM TV, des représentants des syndicats policiers s’étaient plaints à demi-mot de ce que leurs collègues avaient dû subir pour défendre les conséquences de l’arrogance du chef de l’État ; ils avaient également évoqué le découragement qui pointait au sein des troupes. Les jours qui suivirent, des CRS s’épanchèrent dans les médias. Certains avaient été mobilisés de 6 à 22 heures, sans recevoir à manger ou à boire, sans recevoir non plus de consignes particulières sur la façon de contenir les Gilets jaunes. Beaucoup furent frappés par la violence qui leur fut opposée, sans précédent ; quelques-uns se risquèrent même à parler de scènes de guerre. Le Premier ministre eut beau les remercier et le Président leur promettre une prime, le syndicat de police Vigi n’en appela pas moins à une grève illimitée à partir du samedi 8 décembre 2018, date prévue pour le quatrième samedi de manifestation, ou le « quatrième acte » ainsi que l’appellent les Gilets jaunes. Dans son communiqué, Vigi ne pratique pas la langue de bois : « Notre hiérarchie va encore nous envoyer prendre des coups à sa place et à la place du gouvernement. Nous savons que nous aurons des blessés et nous craignons d’avoir des morts parmi nous. »

Tel est bien le nœud du problème : des insurgés le promettaient déjà samedi dernier (voyez par exemple le live de Rémy Buisine, à la 54e minute), et ce fut confirmé dans la presse de cette semaine, l’hostilité d’une frange des Gilets jaunes à l’égard du pouvoir, et plus particulièrement d’Emmanuel Macron, est devenue telle que d’aucuns sont prêts à prendre les armes ce samedi. D’ailleurs, d’après un sondage de l’institut Harris, 15 % des Français approuvent que des Gilets jaunes recourent à la violence. L’Élysée a affirmé redouter que des individus viennent à Paris pour tuer.

Et c’est ainsi qu’à l’amertume des policiers s’ajoute une menace redoutable sur les institutions de la République, une menace d’autant plus redoutable qu’il ressort des images et des témoignages que les forces de l’ordre furent déjà proches du point de rupture samedi dernier. À Paris, après une heure et demi de lutte à peine, les CRS n’avaient plus de grenades assourdissantes, ni de munitions pour leurs flashballs. Au total, plus de 13 500 grenades furent tirées, tant et si bien que, ces derniers jours, un grand travail de réapprovisionnement dut avoir lieu au sein des unités d’intervention.

UNE PERTE DE CONTRÔLE DU POUVOIR RÉGALIEN
Si la capitale s’attend à vivre ce samedi 8 décembre 2018 une de ses journées les plus chaudes depuis des décennies, la province est également à surveiller. Le fait que le pouvoir ait rapatrié à Paris de nombreux CRS afin de défendre les institutions (8 000 hommes seront mobilisés à Paris, pour 81 000 dans le reste du pays) découvre d’autant des villes où la colère pourrait s’exprimer de façon violente. S’il y eut, samedi dernier, 48 blessés parmi les forces de l’ordre présentes à Toulouse, ce fut avant tout parce qu’il s’agissait d’hommes et de femmes non formés pour ce type d’intervention et mal équipés. Il est donc dans l’ordre du possible que l’État français, tout en réussissant à survivre à Paris grâce à l’aide policière, voie des villes ou des départements échapper à son contrôle.

La Présidence, prenant peu à peu conscience de la gravité de la situation, est revenue mercredi sur l’augmentation de la taxe à l’origine de la révolte, de façon confuse et maladroite. C’était trop tard : le mouvement des Gilets jaunes avait été trop humilié au cours des dernières semaines pour se contenter d’une si maigre victoire. La hausse de la taxe était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase, mais celui-ci demeurait plein. Aussi entendit-on un Gilet jaune (et pas le moindre, puisqu’il s’agit d’un des deux routiers à l’origine de l’appel à bloquer le pays le 17 novembre) inviter ses frères de lutte à une marche sur l’Élysée en plein direct sur BFM TV. Car, oui, il faut l’écrire, là où les politiciens parlent de « factieux » et les médias de « casseurs », les intéressés se voient comme des révolutionnaires.

Ces derniers jours, divers responsables politiques et gouvernementaux ont appelé les citoyens au calme et à la responsabilité. D’autres ont préféré jouer les opportunistes ; c’est ainsi que le député et leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, empêtré dans des affaires judiciaires, a encouragé l’insurrection populaire. Le mouvement des Gilets jaunes, globalement pacifique, n’en surveillera pas moins d’un œil attentif les manifestations qui blondiront les villes de France ce samedi : il a pu remarquer, à son plus grand désarroi, que le régime en place ne commençait à écouter ses citoyens que lorsque ceux-ci devenaient violents.

Source contrepoints.org
Par Oliver Rach.

Oliver Rach, juriste de formation, est un Liégeois touche-à-tout, attentif à la transformation de sa ville, féru de politique nationale, épris d’histoire et passionné par les arts narratifs.

Dessins de presse


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