Traduit du Suédois par Anna Gibson
(4ème de couverture)
Fin août 2001, dans la forêt aux abords d’Ystad, la police fait une atroce découverte : deux mains jointes comme pour la prière reposent près d’une bible aux pages griffonnées d’annotations. Ce crime intervient après une série d’incidents macabres, notamment l’immolation d’animaux par le feu. Le commissaire Wallander est inquiet. Ces actes révoltants seraient-ils le prélude à d’autres sacrifices, humains cette fois, et de plus vaste envergure ? Linda Wallander arrive à Ystad, impatiente d’endosser l’uniforme de la police. Contre l’avis de son père, dont elle partage déjà l’anticonformisme et l’irascibilité, elle se lance dans une enquête parallèle, qui l’entraîne vers une secte religieuse fanatique, résolue à punir le monde de ses pêchés. Linda va bientôt le regretter…
Après avoir connu un immense succès avec son héros Kurt Wallander, Henning Menkell entame avec Linda un chapitre nouveau et excitant de la littérature policière.
Henning Mankell, né en 1948, partage sa vie entre le Mozambique et la Suéde. Ecrivain multiforme, auteur de théâtre, d’ouvrages pour la jeunesse, d’essais et de comtes philosophiques, et lauréat de nombreux prix littéraires, il est célèbre dans le monde entier pour sa série d’enquêtes policières menées par l’inspecteur Wallander.
(Les personnages principaux :)
Kurt Wallander, Martinsson, Ann-Britt Höglund, Svedberg, Linda Wallander, le Zebre, Anna.
(1ere phrase :)
Les pensées fusaient dans son cerveau telles des gerbes d’aiguilles chauffées à blanc.
(Dernière phrase :)
L’automne scanien entrait lentement en hiver.
440 pages – Editions Seuil 2002 septembre 2005 pour la traduction française
(Aide mémoire perso :)
On attendait avec impatience la parution française de ce roman de Henning Mankell, sorti en Suède depuis 2002, et mettant en scène Linda Wallander, la fille du célèbre commissaire, entrant elle-même dans la brigade d'Ystad. La "confrontation" promettait des étincelles, les aficionados ne seront pas déçus...
Le récit s'ouvre, en guise de prologue, sur le suicide collectif, le massacre de la secte du Temple du Peuple, à Guyana en 1978. Une extermination massive de plus de mille personnes, hommes, femmes, enfants, un évènement réel qui permet à Mankell d'entrer dans la fiction en faisant apparaître un survivant à ce carnage.
Retour à Ystad, août 2001. Un cinglé sadique s'amuse à enflammer des cygnes pour le plaisir fugace de les voir, dans la nuit noire, s'envoler dans les flammes. Linda Wallander, quant à elle, vient de terminer sa formation à l'école de police de Stockholm et est de retour à Ystad où elle doit bientôt prendre ses nouvelles fonctions d'aspirante. Elle habite provisoirement chez son père et ces deux-là se tapent un peu sur le système... Linda, impatiente d'entamer sa carrière, passe le temps en renouant des liens avec ses anciennes amies d'enfance.
C'est alors qu'on découvre, au fond d'une forêt, une macabre mise en scène qui va mettre en émoi tout le commissariat : une tête coupée, accompagnée de deux mains aux doigts entremêlés sur une bible griffonnée. La police est sur les dents, Kurt Wallander en première ligne. Quant à Linda, l'inquiétude lui vient suite à la disparition inexpliquée d'une de ses amies...
Henning Mankell prend son temps, il n'est pas un habitué des rythmes frénétiques chers à certains, mais plutôt du crescendo organisé. Toute la première partie de ce roman s'attache plutôt à la psychologie des personnages et aux retrouvailles entre Linda et son père. L'auteur montre, avec une grande acuité et beaucoup de délicatesse, les zones d'ombres des âmes torturées, les sentiments qui unissent père et fille, les incompréhensions aussi, les questionnements ; ils se ressemblent tant dans leurs différences... Linda découvre son père :
"Je le soupçonne d'être un type profondément sentimental, qui rêve en secret de petits rendez-vous romantiques et qui déteste, au fond de lui, la réalité incompréhensible et brutale qui l'entoure."
Alors l'intrigue se développe et apparaît le cœur de ce roman et sa raison d'être. Henning Mankell s'interroge sur les sectes fanatiques, faisant le distinguo entre les escrocs, les gourous de pacotille et ceux, ô combien plus dangereux, qui ont vraiment la foi, leur foi, même teintée de folie.
L'auteur décrit le parcours d'un homme perdu, ne trouvant pas sa place dans une société mercantile, à la recherche d'un épanouissement personnel, qui va dériver, au hasard des rencontres, et se forger une image de messie rédempteur. Sa "croyance" prend ses fondements dans la bible et la chrétienté, qu'il adapte à sa folie, à sa quête de valeurs fondamentales. L'homme n'est pas fou pourtant. Il croit, il détient la vérité, sa vérité, ce qui est bien pire.
Henning Mankell analyse cette descente aux enfers (ou cette montée au ciel...) avec la même finesse dont il fait preuve pour décortiquer les rapports père-file. Il s'interroge, et par là même son lecteur, sur les tenants de cette dérive religieuse, rappelant au passage qu'aucune "église" n'est à l'abri de tels fanatismes ou intégrismes. Un rappel brûlant à l'actualité.
Reste une intrigue à la construction irréprochable, servie par un style qui fait merveille, des personnages d'une profondeur et d'une épaisseur jamais en défaut.
Un vrai grand roman !
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