Henry MILLER
Jours tranquilles à Clichy
Traduit de l’Américain par Brice Matthieussent
(4ème de couverture)
- Laissez-moi. Vous êtes un sale cochon. On entendit la porte claquer. Elle était partie.
- Voilà ta beauté scandinave, dis-je.
- Ouais, ouais, marmonnait Carl, marchant de long en large, tête baissée. C’est moche, c’est moche, répétait-il.
- Qu’est-ce qui est moche ? lui demandai-je. Ne sois pas ridicule.
Elle ne s’est jamais autant amusée de sa vie.
Il se mit à glousser comme un fou.
- Et si elle avait la chaude-pisse ? dit-il, et il courut du côté de la salle de bains. On l’entendait se gargarisez bruyamment.
- Ecoute, Joey, cria-t-il, tout en crachant, qu’est-ce que tu crois qui l’a fâchée comme ça ? Parce qu’on riait si fort ?
- Elles sont toutes comme ça, dit Corinne.
La pudeur.
- J’ai faim, reprit Carl. Allons nous asseoir et prendre un second repas. Peut-être qu’elle changera d’idée et reviendra. Il se murmura quelque chose à lui-même, puis il ajouta, comme s’il faisait le bilan :
- Ca n’a pas de sens.
Henry Miller, New York, mai 1940.
Récrit à Big Sur, mai 1956.
(1ere phrase :)
J’écris, la nuit tombe et les gens vont diner.
(Dernière phrase :)
Il marmonna quelque chose, puis ajouta, comme pour résumer la situation :
- Tout ça n’a pas de sens.
134 pages – Christian Bourgois Editeur 1991
(Aide mémoire perso :)
Jeunes écrivains fauchés en quête d'aventures, d'amour et de sexe, amoureux de la bohème et de ce Paris pittoresque d'avant-guerre, Joey, l'Américain, et Carl, le Tchèque, partagent tout : la chambre, les jours de dèche et les filles ! Celles qu'on rencontre, entre Montmartre et la place Blanche, au coin d'une ruelle dans un bar louche ou un dancing. Il y a Jeanne la nymphomane, Colette l'ingénue, Nys la perle précieuse, et tant d'autres. Filles de joie ou du désespoir qui illuminent les nuits de Paris, le temps d'une extase partagée, et disparaissent au petit matin. " Quand je repense à toute cette période où nous vivions ensemble à Clichy, j'ai le souvenir d'un petit séjour au paradis ", résume, nostalgique, Henry Miller.
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