Ake EDWARDSON
Ombre et soleil
Traduit du Suédois par Anna Gibson
(4ème de couverture)
Octobre 1999. Alors que la Suède plonge lentement dans les ténèbres de l’hiver, le commissaire Erik Winter est sous le soleil d’Espagne, au chevet de son père mourant qu’il a refusé de voir pendant des années. Sa vie est à l’aube de grands chamboulements : le voilà à son tour futur père, Angéla s’est installée chez lui, et il va bientôt avoir quarante ans…
Un double meurtre particulièrement atroce, commis à quelques pas de son appartement, l’attend à son retour à Göteborg. Angéla reçoit des appels anonymes, qui se multiplient à l’approche du Nouvel An. A mesure que le profil du meurtrier se précise, Winter, le chasseur, est à son tour chassé, par un prédateur à la détermination sans faille.
Cette troisième enquête d’Erik Winter met en scène une société délabrée, où des adolescents malmenés luttent face à des adultes perdus, capables des plus diaboliques dérapages.
Un monde à la fois sauvage et usé, cruel et ordinaire, traité à demi-mots, avec toute l’ambiguïté corrosive qui caractérise Edwardson.
Après « Danse avec l’ange » et « Un cri si lointain », Ake Edwardson, grâce à une écriture très personnelle, fait une fois encore la démonstration de son talent exceptionnel.
(Les personnages principaux :)
Erik Winter, Angéla, Patrick.
(1ere phrase :)
Il avait commencé à pleuvoir.
(Dernière phrase :)
Il attendit quelques instants, puis il retourna à la cuisine et posa le verre sur le plan de travail.
478 pages – Editions Jean-Claude Lattès 1999 (2004, pour la traduction française)
(Aide mémoire perso :)
La mode policière est à l’exotisme froid ces temps-ci. La lenteur de l’enquête, ponctuée par les longues introspections de personnages souvent fatigués, déchirés, à commencer par Erik Winter, le jeune commissaire, bel homme, élégant et subtil, aimant préparer longuement des plats méditerranéens en écoutant John Coltrane, plutôt un flic bon genre au service d’une Göteborg sidérée par sa violence, ou comme le pasteur Hanne Ostergaard, qui accompagne psychologiquement les hommes du commissariat. Ce qui fait la force de ces romans tient tout entier dans son sens de l’ellipse. Tout n’est pas dit, les dialogues sont souvent à mi-mots, interrompus, les réflexions inachevées, les fils de l’intrigue sont rarement totalement dénoués, comme de façon exemplaire dans le troisième opus traduit en français, Ombre et soleil. Jamais Erik Winter, tel un Hercule Poirot costumé chez Armani, ne rassemble les protagonistes pour leur expliquer leur fait. Et il me semble que réside là une des clefs de la littérature policière que je voudrais tout entier définir par cette aptitude à dire l’incohérence par l’art de l’ellipse.
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