L’os des enfants est en croissance. Il est
fragile. En cas de torsion articulaire, c’est souvent lui qui cède. Un
diagnostic précis est nécessaire. Un traitement spécifique s’impose pour éviter
les séquelles.
Votre
fils vient de se fouler la cheville. Son pied n’est pas gonflé pourtant il a
mal et peine à l’appui. C’est sûrement un « décollement épiphysaire »
ou «fracture de l’os en croissance».
- Un enfant n’est pas un « petit adulte » ?
Un
ligament est une cordelette fibreuse reliant un os à un autre os. Il enjambe
une articulation, limite et contrôle son mouvement. Quand cette dernière
bascule violemment, la chaîne os / ligament / os est brusquement mise en
tension. Chez l’adulte, les structures osseuses sont mâtures et solides. Au
cours de ce traumatisme, c’est le ligament qui se déchire : c’est
l’entorse ! Chez l’enfant, l’os grandit. Les zones de croissances se
situent à proximité des articulations. On parle d’épiphyse. Elles sont
formées de cartilage et sont fragiles. Elles constituent le point faible de la
chaîne os / ligament / os. Elles se brisent ou se tordent. C’est le
décollement épiphysaire !
- Comment reconnaître une fracture de l’enfant maquillée en entorse ?
Prenons
l’exemple le plus fréquent, celui de la cheville. Le jeune sportif a
souvent de 11 à 15 ans. Le traumatisme est identique à celui d’une
entorse. L’articulation bascule et la voûte plantaire s’oriente du côté du pied
opposé. La douleur est vive, l’impotence est marquée mais la cheville n’est pas
très gonflée. Son aspect est faussement rassurant. Étonnamment quand le médecin
appui sur les ligaments, notre blessé ne ressent pas de douleur. S’il se
décale un peu plus haut, juste au-dessus de la bosse osseuse appelée malléole
externe, ça fait très mal ! C’est une fracture de l’enfant ! La
radiographie peut aussi induire en erreur. Le plus souvent, l’os est normal de
couleur blanche et on voit juste un gros trait noir correspondant à la
zone de croissance. Mais attention, la fracture passe à travers
cette structure cartilagineuse et elle est invisible à la radio !
L’OS DE L’ENFANT EST EN CROISSANCE. IL EST PLUS
FRAGILE QUE LES LIGAMENTS. C’EST LUI QUI CÈDE EN CAS
D’ « ENTORSE »
- Le traitement est différent !
Dans le
cas d’une entorse de l’adulte, le ligament est lésé. La cicatrisation de ce
tissu souple s’accommode souvent d’une réduction des mouvements ce que permet
une simple chevillière. En revanche, en cas de fracture de l’enfant, l’os est
une structure rigide. Sa consolidation nécessite une plus grande immobilité. Le
plus souvent une bottine en résine est plus appropriée. Cette conduite à tenir
se révèle d’autant plus pertinente qu’un enfant plein de dynamisme a très
fréquemment tendance à se débarrasser d’une chevillière amovible ! En
fonction des douleurs, l’appui peut être limité quelques jours et des cannes
anglaises sont nécessaires. Très vite, notre jeune sportif peut marcher avec sa
résine parfois complétée d’une « chaussure à plâtre », munie de
velcro et disponible en pharmacie. L’immobilisation est plus courte que pour un
os adulte. En effet, si cette zone de croissance est plus fragile, elle est
aussi plus active et consolide plus rapidement. En théorie, la résine doit être
conservée 2 à 3 semaines. A l’issue, contrairement à l’idée reçue, de la
kinésithérapie est nécessaire. Bien sûr, l’enfant s’enraidit moins que
l’adulte. Cependant, il ne peut pas passer directement d’une immobilité stricte
à des sauts au pied d’un panier de basket. Un peu de progressivité
s’impose. Avant de reprendre le sport, il doit récupérer de la force et de la
coordination afin d’éviter les récidives.
Source SantéSportMag
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