samedi 30 novembre 2019

Photos-Robert Capa

Robert Capa


Robert Capa à Paris, 1952 photographie de Ruth Orkin

1913 - Andrei Friedmann naît à Budapest, le 22 octobre.

1931 - Il est exilé de Budapest à la suite de ses activités politiques d’étudiant contestataire de gauche.
A l’automne, il se rend à Berlin, où il s’inscrit à la Deutsche Hochschule für Politik comme étudiant en journalisme.
A la fin de l’année, il apprend que ses parents, dont l’entreprise de confection est durement touchée par la crise, ne pourront plus subvenir à ses besoins.

1932 – Une de ses relations hongroises l’aide à trouver du travail comme garçon de courses et assistant de laboratoire à la Delphot, une importante agence de photo berlinoise. Le directeur, Simon Guttmann, reconnaît rapidement son talent, lui prête un appareil photo et l’envoie couvrir un événement local d’intérêt mineur.
Il saisit sa première chance lorsque Guttmann l’envoie à Copenhague photographier Léon Trotski s’adressant à des étudiants danois.

 
Léon Troski à Copenhague, 1932 

Léon Troski à Copenhague, 1932 

1933 – Il s’enfuit de Berlin après l’incendie du Reichstag et la prise des pleins pouvoirs par Hitler (février 1927), se rend à Vienne puis obtient l’autorisation de rentrer à Budapest. Il passe un été chez ses parents et effectue quelques menus travaux de photographe.
En septembre, il part pour Paris, où il espère se faire un nom comme journaliste de presse. En fait, il connaît la misère.

1934 – Rencontre de Gerda Taro, une jeune Allemande qui devient sa compagne et bientôt son agent. Il commence à lui enseigner les rudiments de la photographie.

1935 – Il se rend en Espagne lors de diverses missions photo-journalistiques que lui obtient Simon Guttmann.

1936 – Il invente le personnage de Robert Capa, journaliste américain fascinant à qui tout réussit. Pour impressionner les éditeurs américains, Gerda Taro vend des photos de lui signées Robert Capa. La ruse est bientôt découverte, et il prend définitivement ce nom.
Il couvre les journées mouvementées qui accompagnent l’élection du Front populaire, dirigé par le socialiste Léon Blum.
La guerre civile espagnole éclate en juillet. En août, il se rend en Espagne avec Gerda Taro pour couvrir la résistance du gouvernement espagnol aux rebelles fascistes. Il effectue en deuxième voyage en novembre pour photographier la résistance de Madrid.

1937 – Capa visite divers fronts en Espagne, seul ou en compagnie de Gerda Taro, qui devient elle-même journaliste indépendante. En juillet, tandis qu’il reste à Paris pour affaires, Gerda couvre les combats de Brunete, à l’ouest de Madrid. Dans la confusion de la retraite qui s’ensuit, elle est tuée par un tank républicain. Capa, qui espérait l’épouser, demeurera inconsolable.

Gerda Taro et Robert Capa

1938 – Il passe six mois en Chine avec le cinéaste Joris Ivens, pour un travail documentaire sur la résistance chinoise à l’invasion japonaise.

1939 – Capa couvre la chute de Barcelone.
La guerre d’Espagne terminée, il photographie les soldats républicains défaits et en exil dans les camps d’internement français.
Il réalise divers reportages en France, dont un, très élaboré, sur le tour de France.
Après la déclaration de guerre, en septembre, il s’embarque pour New York, où il réalisera divers reportages pour le magazine Life.

1940 – Capa passe plusieurs mois au Mexique afin de couvrir, pour Life, les campagnes électorales et l’élection présidentielle.

1941 – Il traverse l’Atlantique dans un convoi qui transporte des avions américains en Angleterre et réalise divers reportages sur l’effort de guerre allié en Grande-Bretagne.

1943 – De mars à mai, Capa est en Afrique du Nord. En juillet et août, il suit les Alliés en Sicile, et, jusqu’à la fin de l’année, il couvre les combats en Italie continentale, qui aboutiront à la libération de Naples.

1944 – En janvier, Capa participe au débarquement allié à Anzio, au sud de Rome.
Le 6 juin, il débarque avec la première vague de soldats américains à Omaha Beach, en Normandie.
Il accompagne les armées américaine et française jusqu’à la libération de Paris (25 août).
En décembre, il couvre la bataille de la Bulge, dans les Ardennes.

1945 – Parachuté en Allemagne avec les troupes américaines, Capa photographie au jour le jour la prise de Leipzig, de Nuremberg et de Berlin. En juin, il rencontre Ingrid Bergman, à Paris. C’est le début d’une liaison qui durera deux ans.

1946 – Capa devient citoyen américain. Il passe plusieurs mois à Hollywood, où il écrit ses Mémoires de guerre (dont il voulait s’inspirer pour réaliser un film) et s’initie aux métiers de producteur et de metteur en scène. Finalement, il décide qu’il n’aime pas le monde du cinéma et quitte Hollywood.
Plus tard, cette année-là, il passe deux mois en Turquie, où il travaille à un film documentaire.

1947 – Avec ses amis Henri Cartier-Bresson, David Seymour, George Rodger et William Vandivert, Capra fonde Magnum, une agence de photo en coopérative. Il voyage durant un mois en URSS avec son ami John Steinbeck, et se rend aussi en Tchécoslovaquie et à Budapest.

1948/1950 – Trois voyages en Israël. Lors du premier, il photographie la déclaration d’indépendance de l’Etat d’Israël et couvre les combats qui s’ensuivent. Lors des deux voyages suivants, il s’attache surtout à décrire les difficultés des réfugiés qui arrivent dans le pays.

1949 – En Hongrie, en Pologne et en Tchécoslovaquie avec T. H. White.

1950/1953 – A Paris, il exerce les fonctions de président de Magnum, consacrant beaucoup de temps au développement de l’agence ainsi qu’au recrutement et à la carrière de jeunes photographes. Etroitement lié au metteur en scène John Huston, au romancier Irwin Shaw et au journaliste Art Buchwald, il mène la belle vie : après-midi sur les champs de courses, nuits dans les night-clubs avec de jolies femmes, ski en Suisse durant les vacances. Non seulement il fait de la photo mais il écrit d’amusants articles sur ses voyages en Norvège, à Deauville, à Biarritz et dans les stations de ski alpin ainsi que sur un week-end passé avec la famille royale des Pays-Bas.
A la suite d’une information erronée selon laquelle il serait communiste, le gouvernement américain lui retire son passeport pour plusieurs mois, en 1953, ce qui l’empêche de voyager pour son travail. Cette année-là, il souffre aussi beaucoup du dos et doit être hospitalisé.

1954 – En avril, Capa passe plusieurs semaines au Japon en tant qu’invité du groupe de presse Mainichi, qui lance un nouveau magazine photo. Capa s’intéresse surtout aux enfants japonais.
Il arrive à Hanoi vers le 9 mai, en mission pour le magazine Life, afin de couvrir durant un mois la guerre d’Indochine. Le 25 mai, il accompagne depuis Nam Dinh un convoi français en mission dans le delta du fleuve Rouge. Lors d’une halte, Capa s’écarte en compagnie d’un détachement dans un champ en bordure de la route. Il saute sur une mine.

1955Life et l’Overseas Press Club créent une distinction annuelle récompensant « une photo exceptionnelle, réalisée à l’étranger, ayant exigé du courage et de l’initiative », le Robert Capa Award.

1974 – Animé par la volonté de faire vivre l’œuvre de Robert Capa et d’autres photographes de presse, le frère de Robert, Cornell Capa, lui-même photographe de presse, fonde à New York l’International Center for Photography.

France 1936-1939
A son arrivée à Paris, à l’automne 1934, Andréi Friedmann – qui ne prit le nom de Robert Capa qu’en 1935 – espérait s’imposer comme photographe de presse. Au lieu de cela, il connut la misère, atténuée néanmoins par la camaraderie qui régnait parmi les réfugiés hongrois et allemands de Montparnasse. Il fit bientôt la connaissance de Gerda Taro, une jeune Allemande qui devint sa compagne et son agent. De plus en plus séduit par Paris, il s’intégra à la Ville lumière et à ses habitants au point que Christopher Isherwood écrivait en 1939 qu’il était « plus français que les Français ».
Durant le printemps et l’été 1936, Capa photographia les manifestations et les défilés mouvementés qui marquèrent l’élection de la coalition de progressistes, de socialistes et de communistes qui, sous le nom de Front populaire, s’était constituée pour lutter contre la menace fasciste. Sa réputation naquit de ces journées.
Lorsqu’il ne s’occupait pas des troubles sociaux, Capa tournait son appareil vers des sujets divers, tels les anciens combattants blessés à la Première Guerre les « Gueules cassées »ou le concours Lépine. Le corpus de son œuvre de cette époque constitue un tableau original et personnel de la vie parisienne à la fin des années 30.


Tour de France, Pleyben, 1939

Espagne 1936-1939
En juillet 1936, une alliance de monarchistes et de fascistes conduite par le generalissimo Francisco Franco déclencha une guerre civile afin de renverser le gouvernement espagnol légitimement élu, composé des républicains et des partis de gauche. Lors de son premier voyage en Espagne pour couvrir la guerre, Capa (accompagné de Gerda Taro, à qui il avait appris le métier) photographia des engagements militaires au sud et dans les provinces de Catalogne et d’Aragon, au nord-est.
Au début de novembre 1936, les troupes fascistes menacèrent Madrid, qui ne dut sont salut qu’à l’arrivée massive de volontaires étrangers, les Brigades internationales. Lorsque le journal français Regard publia les premières images de Capa sur le siège de Madrid, on put lire en couverture que ces photos de la « capitale crucifiée » étaient prodigieuses. Capa (seul ou avec Gerda) fit plusieurs voyage en Espagne et séjourna dans le Madrid des obus et des bombes. « Cette guerre n’épargne personne, écrivait-il. Les femmes restent à l’arrière, mais la mort, qui frappe du ciel sans discernement, les retrouve ».
Au début d’octobre 1938, à son retour de Chine, Capa s’installa à Barcelone, alors victime des bombardements des armées fascistes qui progressaient rapidement. Certaines de ses photos les plus émouvantes montrent l’exode des Catalans vers la frontière française, en janvier 1939. Madrid tint jusqu’au mois de mars, date de sa chute, qui consacra la victoire fasciste.


Gerda Taro, Cordoba, 1936


 Après un raid aérien foule à la porte de la morgue, Valence, Mai 1937

Sodats républicains, entre Argelès-sur-Mer et  Le Barcarès, mars 1939


Proximité de Cerro Muriano (front de Cordoue), 5 septembre 1936

Chine 1938
Le Japon envahit la Chine en juillet 1937 dans l’espoir de voir reconnue officiellement sa souveraineté en Mandchourie. Cette invasion força Tchang Kaï-Chek à s’allier à ses ennemis mortels, les communistes. Nombreux étaient ceux, Capa inclus, qui considéraient la guerre en Chine comme un front oriental dans la lutte mondiale contre le fascisme – la guerre civile espagnole en étant le front occidental. Plusieurs de ses photos de Chine rappellent celles d’Espagne, comme pour démontrer que la guerre ramène les peuples au plus petit dénominateur commun, celui de la violence et de la souffrance.
Au début d’avril 1938, peu après son arrivée en chine en compagnie du cinéaste Joris Ivens, Capa photographia la bataille de Tai’erzhuang, saluée comme la première défaite jamais subie par l’armée japonaise. Capa séjourna ensuite quelque temps dans la capitale provisoire, Hankou, alors soumise à de sévères bombardements. Certaines des photos les plus impressionnantes de toute sa carrière, pour leurs qualités tant émotionnelles que plastiques, sont des reportages consacrés aux raids aériens japonais.
Ayant accompagné Ivens à Xi’an et à Guangzhou (Canton), Capa photographia l’inondation dévastatrice consécutive à l’ordre donné par Tchang Kaï-chek de dynamiter les digues du fleuve Jaune à proximité de Zhengzhou (Tcheng-tcheou) afin de stopper l’avance japonaise. Capa eût aimé rendre visite à Mao Tsé-toung dans la position avancée qu’il tenait à Yan’an, mais le gouvernement de Tchang Kaï-chek contrecarra toutes ses démarches. Capa quitta la Chine en septembre 1938, peu avant que Hankou ne tombât aux mains des Japonais.

 

Enfant soldat, Hankou, Chine, mars 1938

Mexique 1940
A son retour à New York, en octobre 1939, Capa se vit confier par le magazine Life des dizaines de reportages plutôt insignifiants sur des sujets de société où d’actualité. Cela allait de la campagne électorale, en Floride, du sénateur Robert Taft pour la présidence des Etats-Unis à une fête traditionnelle à Owosso, dans le Michigan. Capa photographia une chasse à l’élan, au nord du Nouveau-Mexique, fit un reportage sur une virée bien arrosée à Hot Springs, que le boss politique de Memphis avait organisée pour un millier de ses « bons amis », et montra les bars malfamés fréquentés le samedi soir par les métallos de l’Indiana. Au printemps 1942, il avait parcouru les Etats-Unis de part en part, mais, pour un homme qui avait brillamment couvert la guerre d’Espagne et l’invasion de la Chine par le Japon, de tels reportages n’étaient ni très flatteurs ni très stimulants.
Il fut donc soulagé lorsque Life l’envoya passer six mois au Mexique afin d’y suivre, au jour le jour, la campagne et les élections présidentielles locales. De bonne heure, le matin de l’élection, le 7 juillet, Capa se rendit à un bureau de vote afin de photographier les inévitables bagarres qui allaient avoir lieu pour le contrôle de l’urne. Cet après-midi-là, Capa couvrait une énorme manifestation du parti d’opposition lorsque des supporters fanatiques du parti au pouvoir (qui gagna l’élection) ouvrirent le feu sur la foule. Les affrontements se poursuivirent tout l’après-midi et toute la soirée. A la fin de la journée, trente personnes au moins avaient trouvé la mort et plusieurs centaines avaient été blessées. Et c’était pourtant les élections les plus paisibles que le Mexique eût connues !

Italie 1943-1944
Il est paradoxal qu’un homme qualifié en 1939 de « plus grand photographe de guerre du monde » ait dû attendre 1943 pour être enfin envoyé sur le théâtre des opérations. En 1941, il avait passé plusieurs mois dans un quartier populaire de Londres ravagé par les bombardements ; en 1942, il était revenu à Londres. Ce n’est qu’en mars 1943 qu’on l’envoya enfin en Afrique du Nord comme photographe-correspondant de guerre – à ce titre, seul ressortissant d’une nation ennemie accrédité auprès de l’armée américaine.
L’été 1943, Capa photographia la conquête de la Sicile par les Alliés. Au début, il partagea une Jeep avec John Hersey, qui allait recevoir le prix Pulitzer pour son roman A Bell for Adano (Une cloche pour Adano). A l’extérieur de la ville en hauteur de Troina, que les Allemands avaient minutieusement fortifiée, Capa retrouva Herbert Matthews, un vieil ami d’Espagne. Ils couvrirent tous deux le siège de la ville, qui dura une semaine et leur rappela une autre expérience commune : le siège de Teruel, elle aussi située au sommet d’une colline. Dans l’un et l’autre cas, les deux hommes pénétrèrent dans la ville avec la première patrouille, et lorsque Capa photographia un homme hébété portant sa fille blessée, il pensa sans doute à une photo analogue prise à Teruel.
De Sicile, Capa alla en Italie continentale, où les Alliés progressaient vers le nord, de Sorrente à Naples. Dans cette ville, il photographia les obsèques de vingt lycéens exécutés par les Allemands pour avoir volé des armes destinées aux résistants. Capra écrivit à propos des photos des mères endeuillées : « Ce furent les plus authentiques de toutes les photos de la victoire [alliée] que j’aie prises.



Troina, Sicile, 4 ou 5 août 1943
   
France 1944
Le 6 juin 1944, Capa photographia le débarquement des troupes alliées sur les plages de Normandie désignée par le nom de code d’ «Omaha Beach». Il prit pied sur le rivage avec la première vague d’assaut, un peu avant l’aube, et photographia la progression des GI sur la plage solidement défendue. « Les balles perforaient l’eau tout autour de moi et je me jetai vers l’obstacle métallique le plus proche, écrivit-il. Il était encore très tôt et il ne faisait pas assez clair pour prendre de bonnes photos, mais le temps gris et l’eau sombre rendaient très efficaces les petits hommes qui prenaient en défaut les plans anti-évasion tout à fait surréalistes de l’état-major de Hitler. » Tous les négatifs de Capa, sauf onze, furent gâchés dans la chambre noire du bureau de Time Inc., à Londres, par un opérateur pressé qui avait réglé trop haut la température de séchage. Lorsque Life publia les photos, une légende perfide expliqua que « l’immense excitation du moment avait fait trembler la main du photographe Robert Capa et avait brouillé ses photos ».
Avec Ernest Hemingway, Capa accompagna les forces blindées américaines depuis la Normandie jusque dans la banlieue de Paris. Il se joignit alors, le 25 août 1944, à la division blindée française qui menait l’offensive pour la libération de Paris. Accueilli avec force étreintes et coupes de champagne sur les lieux qu’il fréquentait avant la guerre, Capa prit aussitôt ses quartiers à l’hôtel Lancaster, qui allait demeurer sa base opérationnelle jusqu’à la fin de sa vie.


Saint-Sauveur-le-Vicomte, 16 juin 1944


Le Vercors, 24 mars 1944


Débarquement, Omaha Beach, 6 juin 1944


Paris, 26 août 1944

Allemagne 1945
A la fin du mois de mars 1945, Capa fut parachuté en Allemagne avec les troupes américaines. Il eut la chance d’atterrir dans un champ alors que les Allemands abattaient de nombreux soldats dont le parachute s’était accroché à de hautes branches d’arbres. D’autres furent tués dans la chute de leur planeur dont ils avaient perdu le contrôle. Les Américains ne tardèrent pas à débusquer dans une exploitation agricole en flammes un détachement de soldats allemands ainsi que plusieurs familles de civils. Les soldats allemands se battirent d’arrache-pied avant d’admettre leur défaite. Capra devait écrire à ce sujet qu’ils « prétendirent tous ensuite avoir un cousin à Philadelphie. Ce que j’aime chez les Français, c’est qu’eux, au moins, il n’ont pas de cousin à Philadelphie ».
Quelques semaines plus tard, Capa rejoignit l’armée américaine qui entrait dans Leipzig, la ville natale de Gerda Taro. Il s’apprêtait à photographier un jeune caporal et sa mitrailleuse sur un balcon d’immeuble lorsqu’une balle d’un tireur isolé toucha le jeune soldat, le tuant sur le coup. Capa devait toujours par la suite l’évoquer comme « le dernier mort » de la guerre.

Proche de Wesel, Allemagne, 24 mars 1945

 

GI tué par un sniper allemand Leipzig, Allemagne, 18 avril 1945



Nuremberg, Allemagne, 20 avril 1945


Soldat américain victorieux, couverture de LIFE, 14 mai 1945

Europe de l’est 1947-1949
Bien que l’URSS fût alors fermée à la plupart des photographes occidentaux, Capa eut l’occasion d’y accompagner son ami John Steinbeck, dont les romans étaient portés aux nues par les autorités soviétiques comme une expression du réalisme socialiste. Durand l’été 1947, ils passèrent un mois derrière le rideau de fer, visitant Moscou, Stalingrad, la Géorgie et l’Ukraine. Dans le livre auquel il collabora avec Steinbeck, Capa, pince-sans-rire, gémissait : « Je ne suis pas content du tout. Les cent quatre-vingt-dix millions de Russes sont contre moi. Ils ne tiennent pas de meetings turbulents au coin des rues, ne pratiquent pas l’amour libre en public, et leur apparence est des plus banales. Ce sont des gens très bien-pensants, probes, travailleurs, ennuyeux comme la pluie pour un photographe. On dirait bien aussi qu’ils vivent à la russe et détestent être photographiés. Mes quatre appareils photo, habitués aux guerres et aux révolutions, sont écœurés et, chaque fois que j’appuis sur le déclic, quelque chose va de travers. »
Capa se rendit ensuite en Slovaquie, dans les Carpates.
Au cours de l’année 1949, Capa fit des photos en Hongrie, en Pologne et en Tchécoslovaquie avec l’écrivain Theodore H. White. Il n’avait pu se résoudre, à la fin de la guerre, à photographier les atrocités commises dans les camps de concentration nazis. Mais, lors de ce voyage, il visita enfin Auschwitz, dont il photographia les barbelés de l’extérieur.

Israël 1948-1950
Capa, dont plusieurs membres de la famille avaient été exterminés dans les camps de concentration nazis, se trouvait à Tel-Aviv pour la déclaration officielle de la création de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948. Il y demeura environ six semaines pour couvrir la guerre du nouvel Etat contre ses voisins arabes. Il écrivit que l’armée israélienne lui faisait beaucoup penser à l’armée républicaine espagnole : « Même enthousiasme, mêmes différences politiques, profesionnelles et d’âge. »
Capa fit un reportage sur l’ouverture vers Jérusalem d’une voie d’approvisionnement d’urgence dont la construction s’acheva la veille même d’une trêve de quatre semaines, le 11 juin. Lorsque des Israéliens d’extrême droite menacèrent de rompre ce cessez-le-feu en tentant de débarquer un chargement d’armes à Tel-Aviv, le 22 juin, les autorités israéliennes firent tirer sur leur bateau, l’Altalena, et sur les partisans qui essayaient d’apporter les caisses d’armes jusque sur la grande plage de la ville. Capa fut légèrement blessé par balle en photographiant l’incident, et il se jura de ne plus jamais risquer sa vie pour couvrir un combat.
Lors de ses deux voyages suivants en Israël, en 1949 et 1950, Capa s’attacha surtout aux difficultés des réfugiés qui, arrivant dans le pays, se voyaient internés dans d’immenses camps en attendant qu’on pût leur trouver un toit et un emploi.


L'indépendance d'Israël, Haifa, 14 mai 1948

Près de Gedera, sud de Tel Aviv, 14 mai 1950


Camp d'intégration pour les nouveaux arrivants, Haifa, 1949

Les amis
Il semble qu’il suffisait de boire un verre avec Capa, de jouer avec lui au poker ou de l’accompagner sur un champ de courses pour que, au nom de ces quelques heures passées ensemble, on pût se considérer comme son ami. Geraldine Fitzgerald se rappelle que «Capa était extrêmement chaleureux. Il y avait quelque chose d’euphorique en lui dont on avait l’impression qu’il voulait nous le faire partager… Il avait toujours l’air de terriblement s’amuser, et c’était communicatif. »
Il avait une pléiade d’amis, photographes et journalistes pour la plupart, et avaient autant la bougeotte que lui. Chaque fois qu’ils se retrouvaient, où que ce fût, leur amitié interrompue se renouait, ne fût-ce que pour quelques instants. Capa donnait l’impression d’avoir des amis partout. Dès qu’il arrivait quelques part, il passait quelques coups de fil et, aussitôt, une petite fête s’organisait.

A Paris, le cercle de ses amis intimes était essentiellement constitué d’expatriés américains : Ernest Hemingway, John Steinbeck, Irwin Shaw, le journaliste Art Buchwald, le scénariste Peter Viertel et les réalisateurs John Huston et Anatole Litvak. Pablo Picasso et Françoise Gilot comptaient également parmi ses proches amis. Et à tous ceux-là s’ajoutait la grande famille des photographe de chez Magnum. Chacun d’eux faisait partie du brillant et séduisant monde de Capa.


Ernest Hemingway et son fils Gregory, Sun Valley Idaho, 1941

Picasso et son fils Claude, Golfe-Juan, 1948                


Picasso et Françoise Gilot, Vallauris, 1949 

Matisse, Cimiez (Nice), 1949
  

Matisse, Cimiez (Nice), 1949

Europe de l’ouest 1946-1954
A la fin des années 40 et au début des années 50, Capa vécut à Paris, où il occupa les fonctions de président de l’agence Magnum, consacrant beaucoup de temps à gérer l’agence ainsi qu’à recruter et à encourager de jeunes photographes. Il menait la belle vie, passant ses après-midi sur les champs de courses, ses nuits dans les night-clubs avec de jolies femmes et ses vacances sur les pistes de ski en Suisse. Il écrivit pour le magazine Holiday d’amusants articles sur ses voyages dans des endroits aussi divers que la Norvège, Deauville, Biarritz et les stations de sports d’hiver, articles illustrés, bien entendu, de ses propres photos.
Irwin Shaw disait, non sans ironie, que la règle de conduite de Capa était de rester « bon vivant » même dans les pires situations. « Ce qui veut dire ne jamais avoir l’air abattu, être toujours partant pour la prochaine guerre ou le prochain bar, quelle que soit l’heure et même si la guerre n’a rien de drôle ; ce qui veut dire toujours relancer au poker, perdre six mois de salaire et payer la tournée suivante, prêter sans discernement et emprunter en faisant des façons, ne sortir qu’avec de très belles femmes, de préférence celles dont on parle dans les journaux ; ce qui veut dire toujours savoir où l’on peut acheter une bouteille même dans une ville où l’alcool est prohibé et connaître l’endroit où l’on fera un bon repas même par temps de disette. »

Japon 1954
Lorsque Capa vivait à Paris dans les années 30, deux de ses meilleurs amis étaient de jeunes cinéastes japonais alors débutants, Hiroshi Kawazoe et Seiichi Inouye. Grâce à eux, il avait travaillé brièvement pour le bureau de Paris du groupe de presse Mainichi, en 1935-1936. Kawazoe et Inouye rentrèrent au Japon à la déclaration de la guerre, mais ils renouèrent des relations avec Capa après 1945. En 1954, ils intercédèrent auprès du groupe Mainichi pour qu’on l’invitât à séjourner six semaines au Japon, où il ferait des photos pour un nouveau magazine. Il arriva à la mi-avril et visita Tokyo, Kyoto, Nara, Osaka, Kobé et Amagasaki. Partout, il s’intéressa avant tout aux enfants, mais aussi aux geishas ainsi qu’à un défilé du 1er mai organisé par la gauche, à Tokyo.
Un grand nombre des photos prises par Capa lors de ce voyage sont imprégnées du plaisir que lui procuraient la beauté et la grâce du Japon traditionnel, et rappellent les gravures japonaises. D’autres photos jettent sur ces caractéristiques les notes discordantes d’influences occidentales.

Indochine 1954
En 1946, les nationalistes et les communistes vietnamiens (Viêt-minh) avaient déclaré la guerre au colonisateur français. Le conflit atteignit son paroxysme en 1954, lorsque 50 000 soldats vietnamiens encerclèrent la garnison française de Diên Biên Phu, forte de 13 000 hommes. N’ayant passé au Japon que la moitié des six semaines prévues, Capa accepta de remplacer pour un mois le photographe de Life au Vietnam. Un jour ou deux avant son arrivée à Hanoi, le 7 mai, Diên Biên Phu tomba aux mains du Viêt-minh. Capa se rendit alors à Luang Prapang, au nord du Laos, lorsque le Viêt-minh annonça qu’il allait relâcher 750 soldats français malades ou blessés parmi les milliers qui avaient été faits prisonniers à Diên Biên Phu. Après son retour à Hanoi, Capa entreprit un reportage sur la situation militaire dans le delta du fleuve Rouge, où le Viêt-minh intensifiait son activité. Le 25 mai, il accompagna une mission française chargée d’évacuer et de raser deux fortins entre Nam Dinh et Thai Binh. Lors d’une halte du convoi, alors qu’il s’était écarté avec quelques soldats dans un champ bordant la route, Capa marcha sur une mine antipersonnel et fut tué.


Nam Dinh, 21 mai 1954

Sur la route de Nam Dinh à Thai Binh, 25 mai 1954


Sur la route de Nam Dinh à Thai Binh. C’est la dernière photo que prit Capra avant d’être tué par une mine 25 mai 1954

Photos-Robert Capa

Robert Capa

Son crédo de photographe : s'approcher toujours plus de ses sujets. France Culture a retracé le parcours de cet aventurier, cofondateur de l'agence Magnum, devenu mythique.

 
Robert Capa durant la bataille de Seégovie, au printemps 1937. Photo : Gerda Taro

« Si ta photo n'est pas bonne, c'est que tu n'étais pas assez près »... Ainsi parlait Robert Capa. Américain d'origine hongroise, l'homme est entré dans l'histoire : avec son style très personnel et son parcours aussi romanesque qu'un conte moderne, il fut l'un des pères du photojournalisme. C'est cette épopée-là que retrace l'émission, à travers ­récits, musiques d'époque et témoignages — dont celui d'Henri Cartier-Bresson. Le sujet est riche : on y ap­prend, par exemple, que Capa, reporter de terrain mais aussi très mondain, fut le premier artisan de sa propre légen­de. Il commença par adopter un pseudonyme digne du cinéma américain : le regard charbonneux, les cheveux gominés et une allure folle, le photographe troqua son nom d'Endre Erno Friedmann pour un patronyme proche de celui du réalisateur Frank Capra — la variante « Capa » qui signifie... ­ « requin » en hongrois.

Personnalité hors norme. Trajectoire aussi. Le présentateur Matthieu Garrigou-Lagrange nous en rappelle ici quelques épisodes clés : manifestations du Front populaire en 1936, guerre ­d'Espagne la même année... Un milicien s'effondre devant son objectif, mortellement touché par une balle ; l'image fait le tour du monde et assoit sa notoriété. Robert Capa part ensuite couvrir le débarquement sur la plage d'Omaha Beach : 6 juin 1944, six heures passées sous les bombes et les balles... Il brave sa peur sans la renier — « J'essayai de me convaincre que le débarquement serait un jeu d'enfant et que tous ces racontars sur le mur imprenable n'étaient que de la propagande allemande. » Il est le seul à en ramener des photos. Mais une erreur au laboratoire ne permet de sauver qu'une dizaine de clichés légèrement flous, légendés « slightly out of focus » (« un peu flou ») — termes qu'il reprendra plus tard comme titre de son autobiographie, publiée en 1947.

Si l'émission fait mouche, c'est qu'elle parvient à dépasser le simple portrait ; elle agit comme un révélateur. A travers les analyses de divers spécialistes, Matthieu Garrigou-Lagrange s'attache surtout à cerner le sens d'une vie et d'une œuvre. Que retiendra-t-on de Capa ? Qu'outre son talent il était profondément joueur. Pas étonnant que ses aventures et son charisme aient inspiré les romanciers, Ernest Hemingway (Pour qui sonne le glas), Romain Gary (Les Racines du ciel), Patrick Modiano (Chien de printemps) ; ou les cinéastes (il servit de modèle pour le héros de ­Fenêtre sur cour ou d'Un envoyé très ­spécial, interprété par Clark Gable).

Aujourd'hui encore, le personnage fascine : Michael Mann adapte le roman de Susana Fortes En attendant Robert Capa, Yvan Attal se penche sur l'expérience israélienne du photographe, et Pierce Brosnan produit un portrait du reporter de guerre qui fonda l'agence Magnum, aux côtés, notamment, de Cartier-Bresson. Ce dernier disait de lui : « Capa est un aventurier avec une éthique. » Toujours au plus près de l'image... Le 25 mai 1954, en Indochine, Robert Capa marcha sur une mine. Début du mythe.

Robert Capa et Gerda Taro
Source Carole Lefrançois (Télérama)

mercredi 27 novembre 2019

Recettes Desserts-Mille-feuilles de crêpes


Mille-feuilles de crêpes

Préparation : 25 mn
Repos de la pâte : 30 mn
Réfrigération : 1 heure
Pour 8 crêpes
Pour la garniture 
6 jaunes d’œufs
100 g de sucre en poudre
30 g de farine
½ litre de lait demi-écrémé
1 cuillerée à café de vanille liquide
Pour la pâte
125 g de farine
2 œufs
25 cl de lait
20 g de beurre fondu
20 g de beurre pour la cuisson
1 pincée de sel
Préparation des crêpes
1. Versez la farine et le sel dans un saladier et creusez un puits.
2. Dans un autre bol, fouettez les œufs, le lait et le beurre fondu, puis versez dans le puits de farine. Fouettez à nouveau pour obtenir une pâte fluide.
3. Laissez reposer 30 minutes.
4. Mettez le beurre à fondre dans la poêle et versez l’excédent dans un petit bol. Essuyez le surplus avec un papier absorbant.
5. Quand la poêle est bien chaude, versez rapidement une petite louche de pâte et tournez la poêle en tous sens pour bien répartir la pâte sur toute la surface de la poêle. Dosez bien la quantité de pâte dans votre louche : si vous avez trop de pâte votre crêpe sera trop épaisse, mais si vous n’en avez pas assez, elle sera pleine de trous !
6. Quand la surface de la crêpe devient sèche et qu’elle a doré en dessous, au bout de 2 minutes environ, il est temps de la retourner. Faites-la sauter si vous êtes habile ou bien retournez-la à la spatule. Laissez cuire 1 minute sur l’autre face.
7. Déposez vos crêpes au fur et à mesure sur une assiette pour former une pile. Si vous voulez les garder au chaud, recouvrez l’assiette de papier d’aluminium et déposez l’assiette sur une casserole avec un peu d’eau à ébullition.
Préparation de la garniture
8. Dans un saladier, fouettez les jaunes d’œufs et le sucre pendant 2 minutes pour que le mélange blanchisse. Ajoutez la farine et fouettez à nouveau.
9. Versez le lait dans une casserole et mettez sur le feu. Dès les premiers signes d’ébullition, sortez la casserole du feu et versez peu à peu la première moitié de lait bouillant sur les œufs battus en fouettant. Versez plus rapidement la seconde moitié. Transvasez la crème dans la casserole et mettez à cuire à feu doux 2 minutes environ sans cesser de remuer. Versez dans un saladier, ajoutez la vanille, fouettez et laissez refroidir pour que la crème soit bien ferme.
10. Étalez une crêpe sur un plat, recouvrez d’une fine couche de crème, puis d’une crêpe. Continuez jusqu’à épuisement des ingrédients. Placez au réfrigérateur 1 heure avant de servir.

Bien que la garniture soit celle de nos mille-feuilles classiques, cette recette est ultra moelleuse.
Variante
Faites fondre 150 g de chocolat au bain-marie et ajoutez-le à la crème pâtissière encore chaude, mélangez bien et mettez à refroidir.
Un truc
En terminant la réalisation de la crème pâtissière, ajoutez 3 blancs d’œufs battus fermement avec 1 cuillerée à soupe de sucre glace : c’est pas mal du tout…


Recettes Sans Gluten-Crème catalane citron et anis




Crème catalane citron et anis

Préparation : 15 mn
Cuisson : 15 mn
Pour 4 personnes
750 ml de lait
80 g de sucre semoule
2 jaunes d’œuf
1 œuf entier
2 cuillerées à soupe de Maïzena
1 zeste de citron non traité
1 fleur d’anis étoilé*
4 cuillerées à soupe rases de sucre roux
1. Portez le lait à ébullition dans une casserole. Râpez le zeste du citron. Hors du feu ajoutez le zeste du citron et l’anis étoilé. Laissez refroidir.
2. Dans une autre casserole, battez les jaunes d’œuf et l’œuf entier avec le sucre semoule jusqu’à ce que le mélange blanchisse. Ajoutez ensuite la Maïzena et mélangez à nouveau afin d’obtenir une pâte liquide, fluide et homogène.
3. Filtrez le lait à l’aide d’une passoire et mélangez-le à la pâte. Faites épaissir le mélange sur feu doux sans cesser de remuer. Versez la crème dans des ramequins ou des cassolettes allant au four. Réservez au frais pendant 1 à 2 h.
4. Avant de servir les crèmes, saupoudrez chaque crème d’une cuillerée à soupe de sucre roux et faites chauffer sous le grill du four bien chaud 200° C (th.7), 3 à 5 minutes.

Conseil
(*) Vérifiez l’absence de gluten auprès des fabricants. 


Recettes Sans Gluten-Crème au chocolat et au gingembre




Crème au chocolat et au gingembre

Préparation : 20 mn
Cuisson : 25 mn
Pour 8 personnes
200 g de chocolat noir*
50 cl de lait
1 cuillerée à café de gingembre râpé*
25 cl de crème liquide
1 œuf
2 jaunes d’œuf
30 g de sucre en poudre
1 cuillerée à soupe de Maïzena
20 g de fruits confits*
1. Préchauffez le four à 180 °C (th. 6).
2. Dans une casserole à feu doux, faites fondre le chocolat avec le lait. Puis, retirez du feu avant d’ajouter le gingembre et la crème. Mélangez et réservez.
3. Dans un saladier, battez l’œuf, les jaunes d’œuf, le sucre et la Maïzena afin d’obtenir un mélange onctueux. Versez ensuite le lait au chocolat et mélangez bien.
4. Répartissez la crème dans 8 ramequins. Placez-les dans un plat à gratin. Remplissez ce plat d’eau jusqu’à 1 cm en dessous du bord des ramequins.
5. Enfournez à mi-hauteur et laissez cuire 25 minutes. Laissez refroidir et réservez au réfrigérateur. Servez frais avec quelques fruits confits en guise de décoration.

Conseil
(*) Vérifiez l’absence de gluten auprès des fabricants.