vendredi 27 mars 2020

Lectures Arnaldur INDRIDASON-L’Homme du lac



Arnaldur INDRIDASON

L’Homme du lac
Traduit de l’Islandais par Eric BOURY


(4ème de couverture)
En juin 2000, un tremblement de terre provoque un changement du niveau des eaux du lac de Kleifarvatn et découvre un squelette lesté par un émetteur radio portant des inscriptions en caractères cyrilliques à demi effacées. Le commissaire Erlendur et son équipe s’intéressent alors aux disparitions non élucidées dans les années 60, ce qui conduit l’enquête vers les ambassades des pays de l’ex-bloc communiste et les étudiants islandais des jeunesses socialistes boursiers en Allemagne de l’Est, pendant la guerre froide. Tous ces jeunes gens sont revenus du pays frère brisés par la découverte de l’absurdité d’un système qui, pour faire le bonheur du peuple, jugeait nécessaire de le surveiller constamment.


Erlendur, séduit par un indice peu commun, une Ford Falcon des années 60, et ému par l’amour fidèle d’une crémière abandonnée, s’obstinera à remonter la piste de l’homme du lac dont il finira par découvrir le terrible secret.


Indridasson nous raconte une magnifique histoire d’amour victime de la cruauté de l’histoire, sans jamais sombrer dans le pathos. L’écriture, tout en retenue, rend la tragédie d’autant plus poignante.


Arnaldur Indridason est né à Reykjavik en 1961, où il vit. Diplômé en histoire, il a été journaliste et critique de cinéma. Il est l’auteur de romans noirs, dont La Cité des Jarres (prix Clé de Verre 2002, prix Mystère de la Critique 2006), La Voix (Grand prix de littérature policière et Trophée 813, en 2007) et la Femme en vert 2003, (Gold Dagger 2005 GB et Grand Prix des lectrices de Elle policier 2007).


(Les personnages principaux :)
Erlendur, Elinborg, Sigurdur Oli, Valgerdur, Sindri, Eva Lind, Hannes, Lothar Weiser, Thomas, Emil, Ilona.


(1ere phrase :)
Elle resta longtemps immobile à scruter les ossements comme s’ils n’avaient pas dû se trouver là.
(Dernière phrase :)
-Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru, murmura Erlendur, et ses mots s’envolèrent par-delà le lac, emportés par le vent du nord.
348 pages – Editions Métailié juin 2004


(Aide mémoire perso :) 

C’est l’été en Islande. Le jour est interminable et le soleil ne se couche jamais complètement, contrairement à l’hiver où il est carrément absent. Suite à un tremblement de terre, le niveau du lac de Kleifarvatn a baissé et un squelette gisant au fond depuis quelques décennies est découvert. À son pied est attaché un émetteur radio d’origine russe qui devrait dater des années 60.

Avec L’homme du lac, on découvre un Arnaldur Indridason qui maîtrise de plus en plus la mise en scène et l’intégration d’une histoire particulière dans un contexte social. Il s’est attaqué cette fois à la guerre froide, à l’état d’extrême tension en Allemagne de l’est suite à la révolte de Hongrie dans les années 50. À la paranoïa d’une part et à l’oppression de l’autre, que certains élèves Islandais – la plupart peu enclin à suivre un code de conduite extrême pour le parti communiste – ont subi malgré eux.


En remontant dans le passé, en racontant une époque absurde, révolue mais pourtant bien ancrée dans la mémoire de certains, Indridason nous entraîne vers la découverte d’une identité, celle d’un inconnu repêché dans un lac. Si au départ cette identité n’a aucune importance, elle devient peu à peu le centre du roman. Là réside tout le talent de l’auteur.


Après La Cité des jarres, La Femme en vert et La Voix, les sujets changent, mais le thème cher à l’auteur reste le même: entreprendre une enquête dans le passé pour déterrer un drame et surtout retrouver les origines d’un disparu pour qu’il puisse «dormir» en paix. Par le biais de l’enquête menée par le commissaire Erlendur – un homme taciturne et solitaire, le parfait exemple de l’antihéros avec ses problèmes familiaux, son passé lui-même complexe, sa fille et son fils qu’il apprend tranquillement à connaître – on découvre tranquillement toute une époque, celle de la guerre froide et de ses retombées en Islande, précisément auprès des étudiants partis en Allemagne de l’est.


L’auteur semble utiliser le roman policier pour faire une critique de la société, de la difficulté qu’ont les Islandais à y vivre normalement, peut-être à cause de la dureté du climat. Notre intérêt ne cesse de croître pour ce récit complexe, ces personnages touchants. Une enquête menée lentement, qui réussit à nous habiter entièrement. On veut savoir, on veut découvrir, tout comme Erlendur, la nature exacte de cette mort inexpliquée. Pourtant, ces investigations ne se réaliseront pas sans une bonne dose de drame humain et son lot de souffrances, probablement la signature de l’auteur.

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