dimanche 30 avril 2023

Dessins de presse

 


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Billets


 

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samedi 29 avril 2023

Recettes Légumes-Fricassée d’asperges


Fricassée d’asperges

Préparation : 20 mn
Cuisson : 20 mn
Pour 4 personnes
8 grosses asperges
250 g de petits pois frais
1 petit chou-fleur
1 bouquet d’oseille
50 g de beurre salé
20 g de beurre
Fleur de sel
Poivre du moulin
1. Écossez les petits pois. Coupez l’extrémité dure des asperges. Rincez-les, puis faites-les cuire dans l’eau frémissante salée 10 minutes. Elles doivent rester croquantes. Égouttez-les sur un linge.
2. Rincez les feuilles d’oseille, équeutez-les, coupez-les en deux dans la longueur. Nettoyez le chou-fleur, détaillez-le en bouquets, puis réalisez des chips à l’aide d’une mandoline.
3. Enroulez chaque asperge dans plusieurs demi-feuilles d’oseille en les faisant se chevaucher.
4. Chauffez 50 g de beurre salé dans une sauteuse. Faites revenir les asperges 4 minutes en les retournant régulièrement. Les feuilles doivent prendre une coloration brune. Ajoutez les chips de chou-fleur, enrobez-le beurre chaud pendant 1 minute.
5. Faites cuire les petits pois dans 20 g de beurre et 4 cuillerées à soupe d’eau, 3 à 4 minutes à couvert. Ils doivent rester croquants.
6. Répartissez les légumes chauds sur des assiettes de service. Salez et poivrez. Servez sur le champ.

 

Recettes Légumes-Asperges aux amandes

 


Asperges aux amandes

Préparation : 10 mn
Cuisson : 15 mn
Pour 4 personnes
1 kg de pointes d’asperges vertes
Pour la sauce
2 cuillerées à soupe de crème fraîche à 15 % de matière grasse
4 cuillerées à soupe de lait concentré demi-écrémé non sucré
20 g de parmesan râpé
20 g d’amandes en poudre
Sel
Poivre du moulin
1. Épluchez les asperges et faites-les cuire à la vapeur pendant 10 minutes. Égouttez les et laissez-les refroidir.
2. Pendant ce temps, préparez la sauce. Versez la crème et le lait dans une casserole, ajoutez le parmesan et les amandes. Salez, poivrez et faites chauffer. Retirez du feu au premier frémissement.
3. Disposez les asperges dans un plat long, sur un torchon plié en quatre. Servez avec la sauce chaude.

Voici une recette toute simple pour changer des classiques asperges à la vinaigrette.

Conseil
La cuisson des asperges à la vapeur leur évite de se gorger d’eau.
Vous pouvez faire cuire les asperges avant et préparer la sauce au dernier moment.

Recettes Légumes-Cocotte de carottes, raisins et épices douces

 


Cocotte de carottes, raisins et épices douces 

Préparation : 15 mn 
Cuisson : 25 mn 
Pour 4 personnes 
300 g de carottes
1 bâton de cannelle
1 badiane (anis étoilé)
1 citron séché (vous le trouverez en épicerie fine)
40 g de cassonade
50 ml de vin blanc sec
60 g de raisins secs
Poivre
1. Lavez les carottes, puis épluchez-les. Coupez-les en rondelles 0.5 cm d’épaisseur. 
2. Dans une petite casserole, chauffez les épices (poivre, cannelle, badiane), le citron séché et la cassonade pendant 5 minutes. Versez le vin pour faire un sirop. Ajoutez les carottes, baissez le feu, incorporez les raisins et couvrez. Poursuivez la cuisson pendant 20 minutes. 
3. Remuez de temps en temps à l’aide d’une cuillère en bois. 
4. Ôtez les épices avant de servir.

Recettes: Légumes-Soupe de petits pois à la menthe


Soupe de petits pois à la menthe
 
Préparation : 30 mn 

Cuisson : 20 mn 
Réfrigération : 3 heures
Pour 6 personnes
1 kg de petits pois moyens ou fins surgelés, frais ou en conserve
1 bouquet de menthe fraîche
2 cubes de bouillon de volaille
25 cl de crème liquide à 15%
100 g d’allumettes de jambon
 

1. Mettez les cubes de bouillon dans une casserole avec 1 litre d’eau et ajoutez les petits pois ; faites-les cuire à l’eau frémissante pendant environ 20 minutes.
2. Égouttez en réservant le bouillon de cuisson et quelques petits pois pour la garniture.
3. Mixez (ou passez au moulin à légumes) les petits pois avec les feuilles de menthe et la crème.
4. Si le mélange paraît trop épais, ajoutez un peu de bouillon.
5. Pour servir glacé : mettez au réfrigérateur la veille ou 3 heures avant de servir. Décorez avec les petits pois réservés et 2 feuilles de menthe.
6. Pour servir chaud : ajoutez le jambon.


Variante :

Pour plus de goût, vous pouvez remplacer le jambon par des petits lardons fumés.

 

Recettes Légumes-Gratin dauphinois

 


Gratin dauphinois 
 
Préparation : 20 mn  
Cuisson : 2 heures  
Pour 6 personnes  
1.5 kg de pommes de terre Charlotte, Belle de Fontenay, Amandine…  
1 gousse d’ail  
1 noix de beurre  
200 cl de crème fraîche épaisse  
1 verre de lait  
150 g de fromage râpé  
Muscade  
Sel et poivre  
1. Préchauffez le four à 180 °C (th. 6).  
2. Epluchez les pommes de terre et coupez-les en rondelles fines.  
3. Pelez l’ail et frottez le plat (en terre de préférence), puis beurrez grossièrement.  
4. Déposez au fond une couche de pommes de terre ; salez, poivrez et parfumez de muscade. Recouvrez de crème et répétez l’opération jusqu’à épuisement des ingrédients. Arrosez d’un peu de lait.  
5. Parsemez la surface de fromage râpé et enfournez 2 heures environ jusqu’à ce que les pommes de terre soient tendres.  
6. Recouvrez de papier aluminium en cours de cuisson si le gratin dore trop vite.  
7. Servez dès la sortie du four.  

Variante :  
Faites précuire lentement les pommes de terre une vingtaine de minutes dans un mélange de lait, de crème et d’un peu de fromage… avant de mettre au fout 1 h 30. Le gratin dauphinois fait partie des recettes « mythiques » dont tout le monde a le secret.

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jeudi 27 avril 2023

Billets-Talons aiguilles

 


J'ai testé pour vous... les talons aiguilles

Les filles sont dingues de chaussures à talon, c’est une tradition. Alors diantre pourquoi, autour de moi je ne vois que des ballerines, des Converse, des chaussures plates ou des micro-plateaux tous ridicules qu’ils sont ? Les talons hauts font l’unanimité quand on parle chiffons, mais pourquoi ne sont-ils pas à nos pieds ?

Blouses, robes sexy, taille basse et décolletés à gogo, ne me font pas peur, mais les échasses, c’est un autre problème. Je constate en premier lieu qu’ils sont nommés talons « aiguilles ». Pas de quoi être mise en confiance puisque dans ma p'tite tête, j’ai l’image pathétique de moi-même avec deux grosses aiguilles sur lesquelles je peine à marcher sans avoir l’air d’une araignée. Sans compter la moquerie générale et universelle de la fille qui se casse la gueule et continue de déambuler comme si de rien n’était. Dur.
J’enfile donc 11 centimètre de dédain et de sensualité, et prépare ma sortie tapis rouges que en enfilant une paire de lunette, mouche de préférence (au cas où je subirai une honte monumentale, personne ne me reconnaitra).

Pieds escarpés depuis 2 minutes
Et que vois-je ? Les regards sont braqués sur moi. Les femmes me jalousent, lorgnant du coin de l’œil la chute fatale et les hommes se retournent sur une aussi belle démarche. Quant aux gays, ils admirent les souliers si convoités en cherchant à en deviner la marque, la saison et l’année.

Pieds escarpés depuis 5 minutes
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin et après 2 minutes 30 de séduction interminables, je me plante. Après un bref passage à la pharmacie pour les miraculeux pansements Compeed, je suis re-prête à cavaler. Ouf.

Pieds escarpés depuis 15 minutes
En fait, le problème avec les talons hauts, c’est qu’ils cambrent au max mon pied et du coup, ça tire... Je boite donc, très légèrement hein, de mon pied droit (le plus fort, c’est pour ça...), mais après tout certains boitent pour se donner un genre alors pourquoi pas ?!
Note à moi-même : penser à acheter un gros sautoir bling-bling serti de diamants et un dentier en or massif pour justifier la démarche.
A part ça, j’ai perdu 2 kilos dans chaque jambe depuis que je fait 11 cm de plus et ça, comme dit la chanson, c’est bon pour mon moral !

Pieds escarpés depuis 25 minutes
Alors que j’arrive à l’arrêt de bus, je vois avec horreur celui-ci passer devant la station, s’arrêter brièvement et repartir sans mes pieds et leur désespérée propriétaire. Je tente donc de le rattraper en courant-boitant, mais je trébuche lamentablement et l’intégralité de mon sac se répand sur le trottoir. Pas de M. Big pour m’aider à ramasser mes capotes et tampons, non, juste une petite vieille qui lève les yeux au ciel et passe à côté de moi en ricanant.


Pieds soulagés sous l’arrêt de bus depuis 7 minutes
Comme l’indique le faux GPS qui dit jamais la bonne heure sous la station, mon prochain bus arrive dans 4 minutes. Je détends donc mes pieds et tente de camoufler avec du fond de teint les marques de lanières trop serrées de mes petons boudinés-gonflés par la chaleur !
Au moment de remettre mes chaussures, malheur. Ca rentre paaas. Je me sens comme Javotte ou Anastasie, qui veulent faire rentrer coûte que coûte leur pied géant, quitte à le plier dans la pantoufle de vair.
Penser à trouver une technique de régime qui fait perdre des pieds. Bah quoi ?

Je suis dans mon cher bus, confortablement accrochée à la poignée du plafond qui ne m’empêche malheureusement pas de trébucher à chaque arrêt un peu trop brusque et chaque virage. Mais j’arrive enfin à destination.

Chez moi, j’enfile illico des spatiates, même si ça fait plus "Astérix chez les romains" que "Scarlett la Starlette en vacances à Hollywood", à chacun son combat. Puis, j’ai rêvé de la vieille pub mentos, où la fille casse un de ses talons et décide de casser le deuxième, parce que mentos c’est trop fresh, et donc c’est pas grave d’avoir niqué sa paire de pompes, en plat c’est bien aussi. La veinarde... Mes talons à moi sont toujours là (à ce prix là, j’aime mieux me casser un bras) mais si on me demande : « je les garde pour les grandes occasions », les soirées galantes par exemple. Mais attention, je les mets seulement si le mec vient me chercher en voiture... Faut pas rêver non plus !

mercredi 26 avril 2023

Dessins de presse

 


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mardi 25 avril 2023

Billets-L’inaptocratie

 


L’inaptocratie

« Inaptocratie : un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d'un nombre de producteurs en diminution continuelle. »

Origines de l'inaptocratie
Deux principes empiriques régissant les organisations humaines (et donc la politique), les principes de Peter et de Dilbert, peuvent expliquer l'évolution des gouvernants vers l'inaptocratie :

  • principe de Peter : « tout employé tend à s'élever à son niveau d'incompétence » (et donc, « avec le temps, tout poste sera occupé par un incompétent incapable d'en assumer la responsabilité ») ;

  • principe de Dilbert (plus pessimiste) : « les gens les moins compétents sont systématiquement affectés aux postes où ils risquent de causer le moins de dégâts : l'encadrement ».

La démocratie, également, favorise non pas la compétence des dirigeants, mais leur habileté à séduire l'électeur médian en lui faisant des promesses démagogiques.
En outre, il faut distinguer les hommes politiques, qui ont un pouvoir apparent, des membres de la fonction publique, qui ont le pouvoir effectif. Comme le rappelle Mencius Moldbug, l'État peut être assimilé à une entreprise qui n'a pas de finalité claire, et dont les "employés" (faute de concurrence et à cause de l'impuissance des "actionnaires"-citoyens) en viennent à servir non pas les individus, mais eux-mêmes. C'est une oligarchie de fonctionnaires qui détient alors le pouvoir réel ; de l'extérieur, leur action semblera relever de l'inaptocratie, car leur compétence se limitera à permettre au système de perdurer tel qu'il est, afin de continuer à favoriser leur caste.

Citations
  • La France est en train de devenir une Ineptocracie. (Charles Gave, 2012)

  • Cela porte un nom : le déclin... Nous sommes un continent en déclin et nous deviendrons les colonies des pays émergents. Je n’ai aucune raison d’être optimiste devant de telles attitudes de la part de ceux qui nous gouvernent. (...) La bêtise explique beaucoup de choses. (Claude Allègre, 27/12/2012)

  • Le marché de la stupidité humaine recoupe pour une très large part un autre marché : le marché politique. (Thierry Falissard)

  • Je crois que si on pouvait transformer la connerie en énergie, nous n'aurions plus aucun problème d'approvisionnement. (Jean-Pierre Petit)

  • Abruti : personne omniprésente dans les domaines de la spéculation intellectuelle, également très active dans les voies de l'activité morale. Crétin : membre d'une dynastie régnante dans les lettres et dans la vie. Imbécile : membre d'une grande et puissante tribu, dont l'influence dans les affaires humaines a toujours été prééminente. (Ambrose Bierce)

  • Une personne stupide est plus dangereuse qu'un bandit. (Carlo Maria Cipolla)

  • Quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 %, il y en a 3 % avec moi et 3 % contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse. (Georges Frêche) 

Billets-Pourquoi les médiocres ont pris le pouvoir

 


POURQUOI LES MÉDIOCRES ONT PRIS LE POUVOIR

Le philosophe québécois Alain Deneault fustige un monde où, avec la transformation des métiers en « travail », le « moyen » est devenu la norme. Interview.

« Rangez ces ouvrages compliqués, les livres comptables feront l’affaire. Ne soyez ni fier, ni spirituel, ni même à l’aise, vous risqueriez de paraître arrogant. Atténuez vos passions, elles font peur. Surtout, aucune bonne idée, la déchiqueteuse en est pleine. Ce regard perçant qui inquiète, dilatez-le, et décontractez vos lèvres – il faut penser mou et le montrer, parler de son moi en le réduisant à peu de chose : on doit pouvoir vous caser. Les temps ont changé (…) : les médiocres ont pris le pouvoir. » Voilà qui est dit. Alain Deneault n’est pas du genre à mâcher ses mots. Docteur en philosophie et enseignant en sciences politiques à l’université de Montréal, auteur de nombreux ouvrages sur les paradis fiscaux et l’industrie minière, le penseur québécois s’attaque cette fois-ci dans La Médiocratie (Lux Éditeur) à la « révolution anesthésiante » par laquelle le « moyen » est devenu la norme, le « médiocre » a été érigé en modèle. Entretien.

Le Point.fr : Qu’entendez-vous par « médiocratie » ? Quelle différence avec la « médiocrité » ?

Alain Deneault : « Médiocrité » est en français le substantif désignant ce qui est moyen. « Moyenneté » ne se dit pas. Mais quelque chose distingue bien les deux termes. La moyenne renvoie à une abstraction – on parlera de revenus moyens, de compétences moyennes… – tandis que la « médiocrité » désigne cette moyenne-là en acte. Or il ne s’agit pas d’un livre sur la médiocrité, ni d’un essai moraliste ou moralisant, mais une tentative de comprendre une tendance, une dynamique sociale qui contraignent à une production moyenne. C’est la « médiocratie », le stade moyen hissé au rang d’autorité. Elle fonde un ordre dans lequel la moyenne n’est plus une élaboration abstraite permettant de concevoir synthétiquement un état de choses, mais une norme impérieuse qu’il s’agit d’incarner. Si nous sommes honnêtes, on est tous un jour ou l’autre moyens en quelque chose – on ne peut pas toujours être au maximum de nos capacités ! Le problème, c’est que l’on nous contraigne à l’être en toute chose.

Quand la médiocrité est-elle passée à l’acte ? Depuis quand les médiocres ont-ils pris le pouvoir ?

C’est arrivé progressivement. La division et l’industrialisation du travail – manuel et intellectuel – ont largement contribué à l’avènement du pouvoir médiocre. Au XIXe siècle, le « métier » devient « emploi ». Le travail, désormais standardisé, réduit à une activité moyenne avec des critères précis et inflexibles, s’en trouve dépourvu de sens. Ainsi, on peut passer dix heures par jour à confectionner des repas à la chaîne sans pour autant être capable de se préparer à manger chez soi, poser des boulons sur une automobile sans savoir réparer sa propre voiture ou bien vendre des livres et des journaux qu’on ne prend plus le temps de lire soi-même. La fierté du travail bien fait a donc tendance à disparaître. Marx l’explique d’ailleurs très bien dans son Introduction générale à la critique de l’économie politique lorsqu’il analyse que « l’indifférence à l’égard du travail particulier correspond à une forme de société dans laquelle les individus passent avec facilité d’un travail à un autre, et dans laquelle le genre déterminé du travail leur paraît fortuit et par conséquent indifférent. » On passe d’un travail à l’autre comme s’il ne s’agissait que d’un moyen de subsistance. La prestation devient moyenne, le résultat tout autant et les gens parfaitement interchangeables. Auparavant, chez La Bruyère, par exemple, le « médiocre » apparaissait souvent sous la forme d’un rusé, qui se faufile parmi des gens méritants et compétents. À sa suite, quoiqu’extrêmement différents, des auteurs comme Marx, Max Weber, Hans-Magnus Enzensberger ou Laurence Peter font état d’une évolution : le médiocre devient le référent de tout un système.

Un système qui exige avant tout de « jouer le jeu ». Selon vous, cette expression courante pourrait bien être le slogan de la « médiocratie ». Qu’entendez-vous par là ?

Cette expression désormais courante est elle-même assez représentative du problème puisque pauvre sémantiquement. Elle comporte deux fois le même mot sous deux formes différentes. Mais, sous ses dehors ludiques, inoffensifs et enfantins, son sens est bien plus grave. Le jeu serait d’abord un ensemble de règles non écrites et de procédures usuelles quoique informelles auxquelles on doit se prêter si on compte arriver à ses fins. Cela passe essentiellement par certains rituels qui ne sont pas obligatoires, mais marquent un rapport de loyauté à un corps, au réseau. Mais le revers de ces mondanités – soirées, déjeuners, ronds de jambe et renvois d’ascenseur – est violent. On tue symboliquement pour punir un manque d’allégeance au réseau, dans des contextes qui laissent aux plus forts une grande place à l’arbitraire. En fin de compte, cela génère, sans que l’on y prenne garde, des institutions et des organisations corrompues au sens fort, au sens où les représentants d’institutions perdent souvent de vue ce qui les fonde en propre, au profit d’enjeux qui n’ont rien à voir avec leur bien-fondé social et historique. Et la médiocratie gagne du terrain.

La figure qui incarne le mieux, selon vous, la médiocratie serait celle de l’expert. Or on aurait tendance à penser que celui-ci tire justement la société vers le haut. N’est-ce pas paradoxal ?

Le théoricien Edward Saïd a traité de front ce paradoxe en distinguant bien l’expert de l’intellectuel. L’expert, dans la configuration contemporaine, c’est trop souvent celui qui travaille de façon paramétrée, et qui déguise en connaissance des discours d’intérêts. Il est le représentant de pouvoirs qui l’embauchent portant les habits du scientifique désintéressé. L’intellectuel, au contraire, se penche sur des problématiques parce qu’il s’y intéresse en tant que telles, sans commanditaire particulier. L’expert ne se contente pas de donner son savoir à des gens afin qu’ils aient tous les outils pour délibérer : il érige une position idéologique en référent objectif, en savoir. À l’université, c’est une vraie question que doivent désormais se poser les étudiants : veulent-ils devenir des experts ou des intellectuels ? Si tant est que l’université, de plus en plus subventionnée par les firmes privées, soit encore capable de rendre possible ce choix. L’expertise consiste de plus en plus souvent à vendre son cerveau à des acteurs qui en tirent profit.

C’est-à-dire ?

Aujourd’hui, tant s’en faut, les étudiants ne sont plus à l’université uniquement pour acquérir un savoir en tant qu’il a une pertinence sociale. Ils passent nettement pour une marchandise eux-mêmes. L’institution se cache de moins en moins du fait qu’elle vend ce qu’elle fait d’eux aux entreprises privées et autres institutions qui la financent. Ce ne sont pas tant les groupes privés qui financent l’université que l’État qui leur livre l’université comme un pôle de recherche et de développement subventionné. À l’automne 2011, Guy Breton, le recteur de l’université de Montréal, affirmait que « les cerveaux doivent correspondre aux besoins des entreprises », ces mêmes entreprises (bancaires, pharmaceutiques, industrielles, gazières ou médiatiques) qui siègent au conseil d’administration de l’université. On se retrouve face à un isolement de la pensée critique. C’est l’autre versant du problème : on n’a jamais eu autant besoin de sociologues, de philosophes, de littéraires pour décrypter tel ou tel phénomène. Dès lors que les acteurs de ces sphères s’enferment dans des mondes hermétiques, ultra-spécialisés, on se trouve socialement privés de ce dont on a grand besoin : des recherches et une pensée dégagées des contraintes de la professionnalisation.

À l’origine de la médiocratie, vous évoquez la montée en puissance de la « gouvernance ». De quoi s’agit-il ?

Il s’agit du versant politique de la médiocratie. Dans les années 1980, les technocrates de Margaret Thatcher ont repris le corpus de la « gouvernance », d’abord développé dans la théorie de l’entreprise privée, pour subordonner l’État à la culture du secteur privé. Sous le couvert d’une meilleure gestion des institutions publiques, il s’agissait d’appliquer à l’État les méthodes de gestion des entreprises privées, supposées plus efficaces. Dans un régime de gouvernance, la gestion a pris la place de la pensée politique. Tout le vocabulaire traditionnel est renversé, on dit gouvernance pour politique, acceptabilité sociale pour volonté populaire, partenaire pour citoyen… On fait désormais du problem solving en recherchant une solution immédiate et technique pour répondre à un problème immédiat. Cette disqualification de la politique exclut toute réflexion fondée sur des principes, toute vision large articulée autour de la chose publique. C’est l’avancée du désert managérial : un ministère québécois a récemment embauché un « architecte en gouvernance d’entreprises ministérielles » qui devait « maîtriser l’approche client » et se savoir « propriétaire de processus ». Je doute que l’on se comprenne vraiment dans ces milieux. Il est dramatique qu’en nous privant de notre patrimoine lexical politique on efface peu à peu les idées et les grands principes qui nous permettaient de nous orienter publiquement. En ce sens, le terme « gouvernance » est représentatif d’une époque qui préfère les notions vides de sens, qui sont autant de participes présents substantivés : « migrance », « survivance », « militance »…

Si elle est liée, comme vous le dites, à l’économie de marché, comment résister à la « médiocratie » ?

Je ne vais pas faire du problem solving : il n’y a pas de réponse administrative et pragmatique. Mais il existe malgré tout de nombreux moyens de lutter contre cet état ambiant qui ne nous porte pas vers le haut. Résister d’abord au sens de résister au buffet, à la somme de petits avantages qui rendent mesquin. Revenir à des concepts forts pour penser les choses, ne pas laisser la langue pauvre du management nous fondre dessus, s’emparer de sa subjectivité, et retourner comme un objet de la pensée cette langue corruptrice.

Entretien avec Victoria Gairin, Le Point, 16 octore 2016, mise à jour le 5 septembre 2019.

Source  <https://www.luxediteur.com/pourquoi-les-mediocres-ont-pris-le-pouvoir/>

Billets-Emmanuel Macron victime de sa légèreté

 

Emmanuel Macron lors de la conférence de presse donnée à Kiev le 16 juin 2022. | Ludovic Marin / Pool / AFP

Emmanuel Macron victime de sa légèreté

Il avait tout pour lui mais, par désinvolture, il a gâché sa propre réélection et celle de sa majorité. Après avoir chamboulé le jeu électoral droite-gauche de la Ve République, Emmanuel Macron a cassé son propre jouet.

En 2017, Emmanuel Macron avait brouillé les cartes et changé les règles d'un jeu qu'on pensait figé à jamais. Consubstantiel à la Ve République, l'affrontement droite-gauche fut, en quelques mois, balayé. Un jeu de quilles, un désordre inédit d'où sortit, goguenard, un gamin, entre Rastignac et Tintin, qui raflait la mise sans coup férir. Cinq ans après, le désordre est toujours là; il s'est même accru. Mais le désordre s'est vengé de celui qui l'a créé. Par désinvolture, le président mord la poussière.

Le candidat Cerfa

Reprenons les faits de cette double campagne ratée.

Mauvais calcul? Vanité? Orgueil? Désintérêt? Mépris? Condescendance? Maladresse? Parmi les mots qui viennent à l'esprit pour qualifier la double campagne –ou non-campagne– d'Emmanuel Macron, ce sont peut-être ceux de légèreté ou de désinvolture qui conviennent le mieux.

Cinq ans à l'Élysée? Un tel séjour change un homme. Sans doute ne voit-il plus le monde comme il le faudrait. Submergé de dossiers, peut-être écoute-t-il un peu moins les ronchons et davantage les flatteurs. Au palais, on s'isole. Réduite en notes et statistiques, la perception de la réalité s'émousse et il ne reste plus guère de temps pour la proximité. Emmanuel Macron a oublié ce qu'était une campagne.

Au candidat inventif, disruptif, combattif, volontaire et optimiste de 2017 a succédé un habitué des lieux, prêt à renouveler son bail en signant un formulaire Cerfa, et quelque peu surpris –on n'ose dire ennuyé– qu'on lui demande de faire campagne.

Le débat, pris de haut

Car il fallait prendre cette campagne à bras le corps, se mettre en scène, flatter le cul des vaches, arpenter les rues, bouffer des rillettes et boire des canons, trouver magnifique le reblochon et sublime la betterave, s'inviter à Pôle emploi, accepter un collier de fleurs ultramarin, observer une chaîne de montage, faire du people, pousser un caddie dans un supermarché. Certes, le président avait arpenté la France pendant cinq ans; mais ces «miles» ne sont jamais portés au crédit du candidat.

Qu'a-t-il bien pu se passer dans le cerveau élyséen? Une conjoncture incroyablement favorable le portait. Certes, la présidence de l'Union européenne obligeait Emmanuel Macron. Mais la «fin» de la crise sanitaire offrait un espace de liberté retrouvée. Puis la Russie envahissait l'Ukraine, faisant du chef des armées un chef de guerre. La percée dans les sondages fut immédiate.

Alors, par l'enchaînement des événements, le candidat disparut. Sans doute a-t-il cru revivre les circonstances heureuses de 2017, avec le renoncement de François Hollande et l'échec industriel de François Fillon. Mais, enfin, où était-il écrit que l'on gagne sur un coup de dés, par discrétion, par évitement, presque par effraction?

Pourquoi débattre avec ceux qui ne lui arrivaient pas à la cheville? C'était se voir trop beau, trop grand, trop tôt.

Et, évidemment, plus que jamais, il fallait débattre. Après un quinquennat où l'affrontement fut fréquent, ses adversaires, comme l'électorat, l'attendaient dans l'arène. Macron, redoutable débatteur, n'avait rien à craindre: sa connaissance des sujets et l'expérience de la fonction lui donnaient un avantage évident. La constitution de la Ve République, qui réduit –réduisait– l'opposition à de la figuration, fige et caricature les échanges.

Le besoin de débat était légitime. Bien sûr, un pugilat à douze eût été absurde lorsqu'un débat à trois ou quatre était envisageable, et même utile. Le président-candidat refusa et se contenta du service institutionnel minimum dans l'entre-deux-tours. L'audace de 2017 avait fui, grippée par l'embourgeoisement de 2022.

Président partout, candidat nulle part

Un embourgeoisement et une manière de suffisance aussi. Bien, vite, aucune candidature ne parut en mesure de contester sa victoire. Dès lors, pourquoi débattre avec ceux qui ne lui arrivaient pas à la cheville? C'était se voir trop beau, trop grand, trop tôt. Le président méprisait, se dérobait: ses adversaires ne se privèrent pas de le lui reprocher. Et l'opinion acquiesça qui, bien vite, oublia l'Ukraine pour ne s'intéresser qu'au plein de diesel. Macron distribua des chèques cadeaux qui ne calmèrent aucune inquiétude ni aucun ressentiment.

Ses adversaires couraient de plateau en plateau et leur omniprésence rappelait à tout instant son absence.

Où était-il? Dans son palais. À Bruxelles. Loin. Il se déguisa en Zelensky. Peut-être s'ennuyait-il. Cette élection? Une formalité, mais un pensum aussi.

Il partit enfin dans l'arène, puisqu'il le fallait. Dans des débats publics, que ses adversaires dénoncèrent comme préparés (eux-mêmes se gardant bien d'en faire) et qui ne l'étaient pas tout à fait. Il s'en sortit honorablement. Mais les médias, vexés eux aussi de son refus du pugilat télévisé, n'en retenaient que les points négatifs.

C'était comme une punition dont on ignorait l'origine, une manière de défi: vous voterez pour moi malgré tout.

Peu importait, c'était déjà plié.

La folle campagne de 2017 était loin. Cinq ans après, plus rien ne surprenait et même l'enthousiasme des supporters semblait surjoué. Absents des réseaux sociaux, où les fans de Zemmour et Mélenchon faisaient le spectacle, les macronistes n'avaient que du désarroi à offrir.

La retraite à 65 ans, une punition sans explications

Pour affaiblir le camp de la droite, Macron dégaina une retraite à 65 ans. C'était un chiffon rouge, un cadeau fait à ses adversaires qui s'en emparèrent comme d'un totem.

Il en resta là.

65 ans, et puis plus rien. Dans une campagne, les propositions doivent se cogner, se frictionner, se frotter à l'adversaire comme à la population, évoluer, disparaître ou percer. 65 ans: pour qui? Pourquoi? On l'ignorait. C'était comme une punition dont on ignorait l'origine, une manière de défi: vous voterez pour moi malgré tout.

La victoire suivit, plus large qu'attendue. Mais peut-on tirer gloire d'obtenir 58% des voix face à la présidente du Rassemblement national? De ce deuxième tour, au fond étriqué, il ne tira nulle leçon.

Des législatives gagnées d'avance

Pis: il récidiva. En choisissant un gouvernement où la compétence des ministres masquait mal leur faiblesse politique et, plus encore, l'impossibilité pour le président de faire bouger les lignes. Le voyant affaibli, ses adversaires ne lui firent pas le cadeau d'un ralliement, d'autant plus qu'ils savaient la faible valeur d'un maroquin avant les élections législatives.

Que l'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, l'électorat n'avait qu'une seule boussole: sa détestation d'Emmanuel Macron.

Par nature, ou par mimétisme, Élisabeth Borne ne fit pas davantage campagne que le président. Les parlementaires de Renaissance partaient au front, sans enthousiasme et sans soutien. Macron leur fit l'aumône de quelques brefs discours, trop alarmistes pour être crédibles.

Fait-on campagne sur le tarmac lorsqu'il n'y a plus d'huile d'arachide ni de moutarde en rayons? Quel ennui cette campagne et quelle tristesse que ces préoccupations si terre à terre! De toutes façons, tous le disaient, les législatives ne sont là que pour donner une majorité au président élu. Une formalité!

La détestation comme bulletin de vote

Léger, absent, désinvolte: Macron a cru qu'il pourrait gagner à Kiev ou à Bruxelles. Se croyant irrésistible comme en 2017, il a ignoré la haine, tenace, que sa personnalité suscite. Au point de faire de chacun de ces quatre tours un référendum progressif contre lui. Que l'on s'en réjouisse ou qu'on le déplore, l'électorat n'avait qu'une seule boussole: sa détestation d'Emmanuel Macron. Après sa victoire en 2017, il avait déclaré vouloir tout faire pour que l'électorat n'ait «plus aucune raison de voter pour les extrêmes». En juin 2022, l'extrême gauche et l'extrême droite sont les principaux partis d'opposition. Et, fait majeur, le RN passe devant Les Républicains. L'échec est total.

Il serait injuste de faire de Macron le seul responsable de ce nouveau bouleversement. Entamée il y a trois décennies, la progression du Front national continue et il n'a pu, comme ses prédécesseurs, l'entraver. Observable dans la plupart des mouvements sociaux, la radicalisation de la gauche a désormais un relais politique majeur, celui de la gauche d'opposition, qui a avalé la gauche de gouvernement. L'abstention progresse inexorablement et la voie «raisonnable» du centre n'enthousiasme plus guère.

Demain, peut-être, le président trouvera une coalition inédite, «à l'allemande», qui mettrait fin à notre passion du fait majoritaire. Et il pourrait, d'une pirouette, y voir une adéquation avec sa volonté de rassemblement. Mais pour quel projet? Comme ses supporters, chez qui la déception est à la hauteur de l'occasion gâchée, Emmanuel Macron sait que cet échec est avant tout le sien. C'est l'échec d'un enfant gâté de la démocratie qui a trop cru en sa bonne étoile et refusé la violence d'une campagne électorale avant de la recevoir en boomerang.

Source : Slate.fr Jean-Marc Proust — Édité par Thomas Messias 

Billets-Réduire la taille de l’État pour lutter contre la corruption


Réduire la taille de l’État pour lutter contre la corruption

En diminuant la taille de l’État régulateur, on diminue les occasions de corruption ainsi que la réglementation résultant de la corruption.
  
Le Québec et le reste du Canada ont fait face à plusieurs scandales de corruption ces dernières années. La plupart du temps, la réponse consiste à nommer une autorité supplémentaire.

Lutter contre la corruption avec plus d’inspections
C’est ce que le gouvernement du Québec vient de faire en annonçant la création d’un poste d’inspecteur général et d’une Autorité des marchés publics, en plus de demander à la vérificatrice générale d’enquêter sur l’attribution des contrats publics au MTQ.
Il ne fait aucun doute qu’une vérification plus serrée serait utile et permettra de déceler d’autre cas de corruption. Cependant, il s’agit toujours de répression et pas vraiment de prévention.

La solution durable pour réduire la corruption est de réduire la taille de l’État et créer davantage de concurrence.

Lutter contre la corruption avec moins d’État
La recherche économique démontre que la taille de l’État va de pair avec la corruption. En particulier, la réglementation économique est liée à la corruption. La relation va dans les deux sens : une réglementation excessive de l’économie donne lieu à la corruption et la corruption peut inciter un gouvernement à réglementer davantage l’économie, en favorisant une entreprise ou un secteur aux dépens des autres, ou aux dépens des citoyens. L’intervention de l’État peut par exemple avantager une entreprise en lui octroyant un contrat ou en tolérant qu’elle contourne la réglementation.

  • L’exemple de l’État régulateur des pays scandinaves
Les pays scandinaves sont parfois cités comme contre-exemples. Ce sont des pays qui ont la réputation d’avoir des États de taille importante, mais peu de corruption. Toutefois, la taille de l’État régulateur, qui y est relativement petite, explique la particularité scandinave. Bien que les impôts soient élevés et que les dépenses de l’État représentent une part considérable de leur économie, les entreprises ont relativement peu de formalités administratives à suivre, d’autorisations à demander et de règlements à respecter. Lorsque l’analyse est réalisée à partir de cette mesure, ce contre-exemple n’est en plus un.

  • Augmenter la concurrence
La corruption n’est donc pas une fatalité. En diminuant la taille de l’État régulateur, on diminue les occasions de corruption ainsi que la réglementation résultant de la corruption. Une autre politique efficace pour mitiger la corruption est d’avoir recours à une concurrence accrue.

Par exemple, dans le cas des marchés publics, une plus grande concurrence entre les entreprises soumissionnaires est un des remèdes à la corruption recommandés par l’OCDE. En effet, moins nombreux sont les concurrents à se disputer un marché public et plus il est facile pour le donneur d’ordre d’en écarter certains, ou pour les soumissionnaires de se mettre d’accord pour truquer l’appel d’offres.

En abrogeant les règles qui limitent le nombre de participants, comme les appels d’offres précisant une technologie ou une certification particulières, et en libéralisant le marché par des accords de libre-échange comme celui en cours de ratification entre le Canada et l’Union européenne, on augmente le nombre de soumissionnaires potentiels et le nombre de personnes qui surveillent de près les résultats.

La concurrence ne concerne pas seulement les entreprises. Les représentants de l’État peuvent aussi être soumis à une concurrence vertueuse. En effet, la corruption est possible lorsqu’un seul représentant de l’État, ou un seul organisme, peut offrir une autorisation ou un permis, une situation comparable à celle d’un monopole. Si plusieurs organismes publics ont la possibilité d’offrir la même autorisation et si les utilisateurs ont la possibilité d’aller voir celui de leur choix, la corruption devient beaucoup plus difficile puisque les représentants de l’État corrompus sont alors mis en concurrence avec ceux qui sont intègres.

Cette solution est parfois employée pour réduire la corruption dans les services policiers. Si les criminels doivent soudoyer de multiples services de police, ayant chacun juridiction sur leurs activités criminelles, la taille des pots-de-vin peut, à certaines conditions, réduire progressivement jusqu’à disparaître complètement.

L’analyse économique permet de comprendre les incitations qui mènent à la corruption et les politiques qui peuvent la combattre. La taille de l’État et l’étendue de sa réglementation, ainsi que la concurrence, ont un effet direct sur celle-ci. Cette leçon ne date d’ailleurs pas d’hier, puisque l’historien et sénateur romain Tacite avait déjà noté il y a deux millénaires que « plus l’État est corrompu, plus il y a de lois ».


Photo : The shrinking man by arne hendriks–Creative Commons

Source contrepoints.org