samedi 31 août 2019

Arts: Street art-C215

C215


De Paris à Istanbul, C215 peuple les rues de visages anonymes peints à la bombe et au pochoir. Christian Guémy, de son vrai nom, confie qu’il avait besoin de réhumaniser nos villes, d’y réintroduire des émotions. «Pourquoi avec des visages ? C’est une raison intime. Après m'être séparé de la mère de ma fille, j’avais besoin de leur montrer que je pensais à eux. Alors, j’ai commencé à peindre leurs visages dans leur quartier» raconte l’artiste.


Graff posé à New Delhi, Inde (DR)

Puis il a continué ailleurs, avec d’autres visages : un sans-abri à Brooklyn, une femme voilée d’un sari à New Dehli. Des visages qui appartiennent toujours au quartier où ils sont peints. «Je réalise toujours une offre contextuelle. Il faut qu’il y ait une unité entre l’œuvre et le lieu où elle s’insère afin que le public puisse s’y reconnaître. C’est une forme de politesse» insiste le grapheur. Son travail prend aussi en compte l’esthétique propre de la ville.


Graff posé à Brooklyn, New York City, Etats-Unis (DR)

«La ville préexiste à mon travail. Il ne fait que s’ajouter, il la complète. C’est un art de l’altération, en perpétuelle évolution» s’enthousiasme l’artiste. D’ailleurs il considère que le véritable propriétaire de son œuvre est la rue : une fois peints, ses visages sont détériorés par le temps, où subissent des ajouts par d’autres grapheurs. «Le street art, ce n’est pas l’art dans la rue, mais l’art de la rue» résume-t-il.


Graff posé à Vitry, France (DR)

Élevé par ses grands-parents après le décès de sa mère quand il avait 6 ans, il a grandi en région parisienne, dans un milieu qu’il juge «très populaire». Adolescent, comme beaucoup de banlieusards, il traîne dans la rue, et s’essaie au graffiti. La mode est alors au block style, des grosses lettres peintes sur les murs. Mais il arrête vite, trouvant cette méthode «trop artificielle, pas assez naturelle». Néanmoins son enfance populaire influence ses œuvres, les visages qu’il peint sont ceux de mendiants, de réfugiés, d’enfants ou de personnes âgées.


Graff posé à Moscou, Russie (DR)

Il faut attendre 2006 pour qu’il retourne au street art, à l'âge de 32 ans. Entre temps il a usé ses pantalons sur les bancs de la fac, à Paris : il passe avec succès une maîtrise d’histoire, un master d’histoire de l’architecture, et un autre d’histoire de l’art. Ces années lui ont permis d’acquérir un bagage culturel qui selon lui le distingue des autres. «Il y a graffeur et graffeur» répète-t-il plusieurs fois en souriant. Ses années d’étude lui permettent surtout de trouver des sources d’inspiration auprès de deux maîtres : Le Caravage pour l’école classique et Ernest Pignon-Ernest pour l’art urbain.


Visage d'enfant peint sur un mur de Sao Paulo, Brésil (DR)

S’il se livre facilement, le grapheur garde quelques zones d’ombres. Comme pour l’origine de son nom d’artiste, C215. «Ca remonte à 2006, quand j’ai publié deux recueils de poêmes et que j’ai du trouver un nom» élude-t-il. Mais le C, c’est pour Christian ? «Oui, peut-être. En fait non. Je sais pas trop. Je vais pas te donner une raison, j’en donne une nouvelle à chaque fois qu’on me le demande, et j’ai pas envie de te mener en bateau. C215, c’est une anecdote de ma vie, une pièce. Ca représente un truc froid, mécanique, une référence dans ma vie» lâche l’artiste, gêné par la question.


Graff de C 215 posé au Vatican, Italie (DR)

Quelle pièce ? On n’en saura pas plus. Cette anecdote ne suffit pas à le décrire. Christian Guémy est parfois insaisissable, parfois très franc. C’est surement un timide qui aime les autres et leur contact. Et l’art est une façon de les toucher. «Ce qui me fait le plus plaisir, c’est quand une mère de famille immigrée et un fils de bonne famille s’arrêtent devant mon travail» aime à rappeler Christian.

Il s’installe à Vitry en 2006 et se sert de ses rues comme une galerie à ciel ouvert. Il multiplie les voyages à l’étranger pour découvrir de nouvelles villes, et s’essayer à de nouveaux terrains de jeu. Sa notoriété grandit et le graffeur perce sur le marché de l’art. 


Graff de C 215 posé à Dakar, Sénégal (DR)

Il réalise des œuvres sur bois et sur toile qui s’inspirent de son travail dans la rue. Elles se retrouvent rapidement présentes dans des galeries du monde entier, dont la célèbre Opera Gallery de Paris. Une de ses oeuvres vient d'être cédée pour 23 000 euros chez Artcurial : un graphe sur une boite aux lettres jaune de la Poste. Et maintenant ? «J’ai plein de projets avec des mairies, des écoles, mais aussi des envies de voyages…» confie C215. Nos rues, en tous cas, vont continuer à se couvrir de visages.


Une oeuvre de C215 graffée à Essaouira, au Maroc. (DR)












vendredi 30 août 2019

Arts: Street art-Hyuro

Hyuro



Originaire d'Argentine, l'artiste vit en Espagne, plus précisément à Valence où sa rencontre avec une figure phare du street art va bouleverser sa vie. Outre l'admiration qu'elle voue pour le travail de l'artiste Escif, ce dernier va la convaincre de passer de la peinture sur toile à la réalisation de fresques en milieu urbain. A l'instar d'Escif, les œuvres de Hyuro se caractérisent par la finesse de leur exécution et leur sobriété.

Son passage de la toile à la rue est également synonyme de profonds changements au sein de sa démarche artistique. Dès son arrivée en Espagne, Hyuro choisit de laisser de côté l'art strictement décoratif en privilégiant le fond à la forme. Même si son style se veut évolutif, l'artiste s'applique à rester dans des teintes sombres afin de sensibiliser davantage le public au message véhiculé.

A travers ses réalisations, Hyuro évoque des sujets qui la touchent directement telles que ses peurs et inquiétudes. Des maux universels que l'artiste illustre à l'aide de personnages évoluant à mi-chemin entre un monde réel et onirique. Quant à la réalisation de l'œuvre en elle-même, Hyuro laisse peu de place à l'improvisation, des croquis sont réalisés en amont afin de limiter le temps d’exécution ainsi que la marge d'erreur lorsqu'elle se retrouve en face du mur. L'artiste ne donne d'ailleurs aucun nom à ses œuvres qu'elle se contente simplement de numéroter, une manière de laisser libre le choix de l'interprétation à tout spectateur.

Outre l'admiration qu'elle voue à son mentor Escif, Hyuro a eu l'occasion de signer avec lui de nombreuses fresques. Une complémentarité évidente qui ressort dans chacune de leurs collaborations, où les univers se rejoignent avec perfection en démultipliant la force des thématiques abordées.
Difficile alors de ne pas voir en Hyuro, le pendant féminin d'Escif dont la poésie et l'onirisme ont su donner au street art espagnol ses lettres de noblesse.












Hyuro & Escif 


Hyuro & Escif 


Hyuro & Escif 

Art : Street Art


Street Art
Mouvement artistique révolutionnaire

Le « Street art » est l'art, développé sous une multitude de formes, dans des endroits publics ou dans la rue. Le terme englobe la pratique du graffiti, du graffiti au pochoir, de la projection vidéo, de la création d'affiche, du pastel sur rues et trottoirs. Le terme « street art » est habituellement utilisé pour distinguer une forme d'art d'un acte de vandalisme.

La valeur subversive du « street art » est très puissante et les motivations qui poussent les artistes à afficher leur art dans la rue sont des plus variées. Parfois par activisme, parfois pour signifier un mécontentement face à un fait de société ou tout simplement pour passer un message percutant, le « street art » est un peu la tribune libre des artistes contemporains. Il s'agit d'un médium de communication très puissant qui vise un large public puisque facilement accessible et visible.


Certains artistes de la rue voient le « street art » comme un large espace vierge pour réaliser leurs œuvres alors que d'autres adoptent cette forme d'art dans le but de retrouver les émotions fortes qui émanent des risques encourus par la réalisation de projets sur la propriété privée ou publique (arrestations, contraventions, etc.).

Les techniques utilisées sont variées et de diverses proportions. Bien qu'on ait pu observer les graffitis au cours des dernières décennies, suite aux guerres ou aux soulèvements populaires par exemple, le mouvement a prit son véritable sens vers la fin des années 1970, en Europe. Initialement, le « street art » regroupait particulièrement les artistes graffeurs et était associé à la culture « punk ». Ces artistes utilisaient la peinture en aérosol principalement. Cependant, petit à petit, diverses techniques plus élaborées sont venues se greffer à l'art de la rue. À ce jour, on peut surtout observer l'utilisation de l'aérosol, mais aussi de pochoirs, d'autocollants, de mosaïques composées de petites tuiles et de projections vidéo.


Pastels et toiles peintes à l'huile sont aussi souvent utilisés comme techniques dans le « street art ». La différence avec ces derniers réside dans le fait que la toile doit être, par exemple, exposée dans un lieu public, sans nécessairement avoir obtenu d'autorisation au préalable et réalisée de la façon la plus subversive possible.

 

Le « street art » demeure une étiquette souvent utilisée par les artistes qui refusent de se fondre à la masse, qui veulent détonner en affichant leurs visions politiques, ce qui les blessent, ce qui les répugnent ou les font réagir, sans toutefois être associés à une forme d'art, un mouvement, un groupe particulier. Les artistes de la rue sont en somme ces réfractaires qui désirent performer sans autorisation, sans consentement préalable, sans tabous et sans limites. On peut observer le « street art » partout au monde, puisque ce dernier n'a pas de frontières, pas de sexe, pas de délimitation établie. C'est ce qui en fait sa grande originalité et sa popularité de plus en plus vaste. 



Certains pays et certaines villes possèdent par contre de puissantes législations contre ce type d'art. Ainsi, un « street artist » peut se retrouver parfois avec de lourdes contraventions, voire même des peines d'emprisonnement dans certains cas.

Il s'agit là sans doute d'un grand facteur de motivation pour certains.

mardi 27 août 2019

Arts : Street art-Pichi & Avo

Pichi & Avo



Entre Street Art et Dieux Grecs, une superbe création réalisée sur des containers par le duo Pichi & Avo, dans le cadre du festival street art North West Walls en Belgique. Une magnifique œuvre qui mélange avec beaucoup de talent l’esthétique de la Grèce antique avec le style explosif du street art moderne. 







Arts: Street art-Alexandre Farto-Vhils

Alexandre Farto-Vhils


Au lieu de peindre avec de la peinture ou du matériel pour graffeur, cet artiste s'attaque plutôt à la couche épaisse de peinture des murs pour l'enlever et créer de fantastiques portraits.

On doit ces réalisations street art du plus bel effet à l'artiste portugais établit à Londres Alexandre Farto, plus connu sous le nom de Vhils. A l'inverse des artistes "street art" habituels, il soustrait la couche de peinture des façades pour créer des sortes de pochoirs où se dessinent les traits de ses personnages. Bluffant !