Le dernier camp de la mort
« Le
dernier camp de la mort » se fonde sur une documentation abondante. Les
auteurs étudient le camp de Neuengamme, ainsi que l’histoire du Cap Arcona et
la tragédie de ces hommes qui y ont péri.
Grands connaisseurs de la Seconde Guerre mondiale, à laquelle
ils ont consacré de nombreux livres, Pierre Vallaud et Mathilde Aycard publient
une étude sur un drame méconnu du conflit : la tragédie du Cap Arcona (3 mai 1945) qui coûta la vie à
plus de 7 000 personnes. Tous les ingrédients tragiques de cette guerre sont
réunis pour en faire un moment particulièrement douloureux. Le paquebot est
coulé par erreur par la RAF dans les eaux de la Baltique, entraînant avec lui
ses passagers qui sont des anciens détenus de camp.
Tout commence avec le camp de concentration de Neuengamme qui
voit passer 100 000 détenus et qui totalise 60 000 morts. C’est l’un des camps
où la mortalité est la plus forte, de par les mauvais traitements, les
épidémies et les expériences médicales qui y sont menées. Nombreux sont les
opposants politiques et les ennemis du Reich nazi à y avoir été envoyés. Le
camp est situé à proximité de Hambourg, non loin de la baie de Lübeck.
Le 30 avril 1945, Hitler se suicide dans son bunker.
Les
marches de la mort
La guerre ne s’arrête pas pour autant et les derniers fanatiques
du régime continuent de se battre. Les armées soviétiques approchent, Berlin
est pris le 2 mai. À l’ouest, ce sont les Alliés qui avancent également. La vie
des camps aurait pu s’arrêter là, sauf que les SS décident d’éliminer les
derniers prisonniers et de détruire les traces de ces lieux de mort. C’est ce
qui se produit avec les internés de Neuengamme qui sont envoyés dans des
marches forcées, les fameuses marches de la mort, où beaucoup périrent.
Les derniers prisonniers sont regroupés par les SS dans l’ancien
paquebot de luxe le Cap Arcona qui
mouillait en baie de Lübeck. Celui-ci a été le fleuron de la marine allemande
dans les années 1920, ayant vogué dans l’Atlantique et transporté à son bord
des passagers illustres. C’est l’un des plus gros paquebots de l’époque,
supérieur au Titanic. 7 000 personnes
sont donc regroupées dans le bateau.
Le 3 mai, une escadrille de la Royal Air Force passe dans le
ciel de la baie et bombarde le navire, sans doute mal renseignée par la nature
réelle du bateau et ignorante du fait que des prisonniers y ont été entassés.
Le navire coule en quelques minutes. Ceux qui arrivent à en réchapper et à
rejoindre la côte sont fusillés par les SS ; certains sont malgré tout
récupérés par des navires anglais.
Le dernier camp de la mort
se fonde sur une documentation abondante. Les auteurs étudient le camp de
Neuengamme, ainsi que l’histoire du Cap Arcona et la tragédie de ces hommes qui
y ont péri. Du fait de la coupure de l’Allemagne et du bombardement par la RAF,
cette tragédie était restée assez méconnue. Avec ce livre richement documenté,
les morts sortent de l’oubli.
- Pierre Vallaud et Mathilde Aycard, Le dernier camp de la mort : La tragédie du Cap Arcona, 3 mai 1945, Tallandier, janvier 2017, 297 pages.
Source contrepoints.org
Par Jean-Baptiste Noé.
Jean-Baptiste Noé est historien et écrivain. Il est rédacteur
pour la revue de géopolitique Conflits et chroniqueur à l'Opinion.
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