La rupture du tendon d’Achille
En sautant, vous avez ressenti un grand clac
sous le mollet. C’est une rupture du tendon d’Achille. Votre chirurgien vous a
conseillé une opération mais la consultation a été un peu rapide. Reprenons
sereinement.
Par le Docteur Stéphane CACASCUA, médecin du
sport, avec la collaboration du Docteur PAILLARD, chirurgien du sport.
L e
tendon d’Achille est une cordelette fibreuse reliant le muscle du mollet au
calcanéum, l’os du talon. Il est violemment mis en tension lors des impulsions.
Le pied s’écrase et le muscle du mollet tire dans l’autre sens pour amortir la
réception et relancer le mouvement. Le tendon d’Achille est écartelé ! Il
arrive qu’il cède brusquement. Bien sûr, l’existence de microfissures et de
tendinite favorisent la rupture mais elle peut également survenir sur un tendon
totalement sain et indolore !
- Le mollet se rétracte, une opération est conseillée
Afin de
nous aider à conserver notre posture, le mollet, comme tous les muscles de
notre corps, est légèrement contracté au repos. On parle du « tonus musculaire
». Quand le tendon d’Achille se déchire, le mollet se rétracte et emmène avec
lui un bout du tendon. Les deux extrémités sont désormais séparées, la
cicatrisation est impossible. Une intervention chirurgicale est vivement
conseillée pour rapprocher les deux fragments et les recoudre l’un à l’autre.
Afin que la suture ne se distende pas, il faut même immobiliser votre cheville
le talon remonté et le pied basculé vers le bas.
- Défilé de haute couture
Les
techniques chirurgicales sont nombreuses. Les procédés de suture sont
complexes. Retenez qu’il existe deux catégories d’intervention. La première,
dite « conventionnelle », ouvre la peau en regard de la rupture. Ainsi, elle
facilite le geste technique de réparation et la qualité de la suture ; les
récidives sont rares, de l’ordre de 2 %. En revanche, la cicatrice abîme la
peau juste à côté du tendon, à un endroit où elle est naturellement fine et
fragile. Dans notre expérience, on assiste à des difficultés de cicatrisation
cutanée dans 3 % des cas. Selon certaines études ces complications sont
retrouvées 1 fois sur 10. La seconde technique chirurgicale est dite «
percutanée ». Le chirurgien n’effectue que quatre trous à travers la peau
au-dessus et en dessous de la lésion. Il n’aborde pas directement la zone de
rupture. Par deux fois, il passe un fil dans le tendon de haut en bas en
franchissant le secteur de la déchirure. À l’aide de harpon, il tracte le
tendon et remet bien au contact les extrémités éloignées. La peau est préservée
mais le tendon n’est pas directement suturé au niveau de la lésion. Les
complications de re-ruptures est légèrement plus important et s’élève à plus de
5 %.
- Six semaines d’immobilisation
Il
existe de nombreux protocole de post-opératoire, nous allons vous décrire l’un
des plus classiques. Au sortir de l’intervention, vous êtes immobilisé avec une
botte en résine, le pied tombant pendant trois semaines. Ainsi, le tendon
suturé est position courte et bien relâché, la zone suturée n’est pas en
contrainte et prend le temps de cicatriser. Vous n’avez pas le droit d’appuyer
car il est interdit de pousser sur votre pied ; la contraction de votre mollet
mettrait en tension le tendon d’Achille. À l’issue, la « résine pied tombant »
est enlevée et remplacée par une « résine pied à angle droit » pendant à
nouveau trois semaines. Après avoir retiré cette deuxième botte, vous augmentez
peu à peu les contraintes sur votre tendon. Vous reprenez progressivement la
marche. Pendant encore trois semaines, vous utilisez des béquilles et des
talonnettes. Avec les premières, vous vous propulsez de moins en moins et la
contraction du mollet prend petit à petit le relais. Les secondes sont limées
jour après jour et le tendon est peu à peu remis en tension.
- De la kiné bien dosée !
Dès que
vous êtes débarrassé de votre immobilisation vous commencez la rééducation. Au
cours des trois semaines qui suivent le kinésithérapeute se contente de massage
pour assouplir la cicatrice et décoller la peau. Lorsque vous marchez
normalement, il attaque le renforcement du mollet. Initialement, il ne
travaille que la poussée. Le freinage n’est repris que plus tard et très
progressivement, en commençant par des charges très inférieures à celle du
poids du corps. Il est vivement conseillé de ne pas insister sur les
étirements. En effet, l’allongement du tendon d’Achille constitue la principale
complication mécanique de sa rupture opérée. Cette distension se révèle
particulièrement délétère pour le sportif. L’amplitude de contraction du mollet
parvient à peine à tendre le tendon. La traction sur le talon est très faible,
la propulsion, la course et les sauts sont sérieusement altérés ! La
rééducation permet de doser progressivement l’accroissement des contraintes sur
le tendon. Chaque étape validée peut être exploitée au cours des séances
d’entretien physique et de sport.
- Sur le chemin du sport !
Là
encore, les délais de reprise du sport varient selon les chirurgiens mais les
étapes sont toujours identiques. Nous vous proposons une version habituelle. À
2 mois et demi de l’intervention, dès que vous marchez normalement, vous pouvez
reprendre la conduite automobile et le travail. Attention dans les escaliers !
Montez et descendez lentement en posant tout le pied sur la marche, n’écrasez
pas les talons. Il vous est désormais possible de pédaler en douceur sur petits
braquets. À vélo, la cheville reste quasiment fixe, le mollet ne réalise aucun
travail de freinage agressif pour le tendon, il se contente de pousser. Vers 3
mois, allez à la piscine. Soyez vigilant dans les vestiaires glissants. Pour
vous rendre dans l’eau, descendez l’échelle prudemment, face au bassin, en
posant les talons sur les échelons. Commencez par le crawl. Quelques séances
plus tard, essayez la brasse. Ne poussez pas lors des demi-tours ! À 4 mois,
montez sur un elliptique et intensifiez le vélo. Mettez plus de résistance et 2
semaines après, passez en danseuse. Au-delà de 5 mois, accélérez sur
l’elliptique et ajoutez du stepper. Sur cet appareil, mettez progressivement
les talons dans le vide et écrasez les talons. Vous vous rapprochez peu à peu
des contraintes de la course. À la piscine, sautillez sur 2 jambes puis sur une
seule. Allégé de la poussée d’Archimède, votre tendon retrouve des contraintes
élastiques. Il réapprend à se mettre en tension et à restituer l’énergie.
Diminuez petit à petit la profondeur de l’eau. Parallèlement, dans le bassin,
renouez avec les déplacements latéraux ou les frappes. À partir de 6 mois, vous
reprenez tranquillement la course. Au début, il s’agit de trottiner quelques
minutes et d’enchaîner avec du vélo ou du cardiotraining pour affûter sa forme.
En 4 semaines vous faites de vrais footings de 45 min à la limite de
l’essoufflement. Au-delà de 7 mois, la dernière étape de la réhabilitation est
consacrée aux accélérations et au travail des appuis. Après 8 mois, vous
sprintez et vous sautez, vous reprenez votre sport à 100 %.
- Ne confondez pas avec un claquage !
Vingt à
trente pour cent des ruptures du tendon d’Achille ne sont pas diagnostiquées en
urgences ! Le plus souvent, elles sont confondues avec un claquage du mollet !
Le diagnostic est d’autant plus difficile que le profil des sportifs victimes
de ces deux blessures est voisin. Il s’agit soit de jeunes athlètes de haut
niveau mettant en forte contrainte leur organisme soit de seniors actifs dont
l’appareil locomoteur est déjà fragilisé. Le claquage n’impose ni intervention
ni immobilisation. Pris en charge de cette façon, une rupture du tendon
d’Achille ne cicatrise jamais, il persiste un gros trou ou magma filandreux
inefficace. Les opérations tardives sont bien plus complexes. Elles nécessitent
souvent de greffer un autre tendon ou de la membrane musculaire ! Alors soyez
vigilant ! Si vous avez été victime d’un claquage, vous parvenez à vous
soulever sur la pointe du pied. Vous avez même tendance à marcher de cette
manière pour rapprocher les fibres musculaires et réduire les douleurs. Si vous
souffrez d’une rupture du tendon d’Achille, vous pouvez tendre la cheville
quand vous êtes allongé grâce aux petits muscles. En revanche, dès que vous
êtes en appui sur une jambe, il vous est strictement impossible de monter sur
la pointe du pied car le gros muscle du mollet est indispensable pour
ascensionner le poids de votre corps. Au moindre doute, consultez rapidement
votre médecin du sport.
Source SantéSportMag
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