mercredi 31 juillet 2019

Infos santé : Sport et Santé-Claquage du mollet



Claquage du mollet

Vous souffrez d’un claquage du mollet. Votre médecin a fait le diagnostic. Découvrez l’intérêt de l’auto-rééducation pour compléter vos séances de kinésithérapie.

Avec la collaboration de Cédric DUPUIS, kinésithérapeute du sport.

Bien qu’une récupération rapide vous tienne à cœur, vous n’avez peut-être pas le temps d’allez chez votre kinésithérapeute trois à quatre fois par semaine. Il est possible de limiter la fréquence des séances en réalisant de l’auto-rééducation à domicile.  Ce programme vous aide à retrouver un bon fonctionnement musculaire. Ainsi, en 6 à 8 semaines, votre mollet retrouve la force, la souplesse et l’élasticité pour courir, accélérer, sauter et même monter au filet !

  • Adopté le GREC ! Glace, repos, élévation, compression.
Glace
Si votre mollet est gonflé, glacez le au moins 3 fois 20 minutes par jour.  N’oubliez pas de protégez votre peau avec un linge, typiquement une serviette éponge.  Le froid ferme les vaisseaux et réduit les saignements.

Repos
Réduisez vos activités pour éviter d’avoir mal. Afin de détendre  le mollet, portez des chaussures à talons. Les femmes sont avantagées ! Les hommes peuvent choisir des «joggings» et même y ajouter des talonnettes. En cas de douleurs très intense à la marche, vous pouvez, pendant quelques jours, vous déplacer en «appui protégé».  Vous posez le talon et vos deux cannes anglaises simultanément.  Vous déroulez le pas puis vous poussez à la fois avec les béquilles et le pied.  L’immobilisation et l’absence d’appui sont contre-indiquées. Votre hématome pourrait former une croûte qui provoquerait des adhérences musculaires anarchiques sources de raideur, de douleur et de récidive. Sans compter que la stagnation du sang pourrait être à l’origine d’un caillot dans une veine, la fameuse phlébite !

Elévation
La rééducation ressemble à la plomberie ! Pour favoriser le drainage de l’hématome, mettez dès que possible votre cheville plus haute que votre hanche. La nuit, placez des livres sous les pieds de votre lit. Cette méthode est plus efficace que les oreillers sous le talon car la grosse veine située en avant du bassin ne fait pas de pli, elle ne perturbe le retour du sang.

Compression
Comprimez avec une bande circulaire la zone gonflée limite l’expansion de l’hématome. Néanmoins, il est plus efficace et moins dangereux pour la circulation d’enfiler des chaussettes de contention ou de « récupération ». Les premières exercent une pression décroissante de la cheville jusqu’à l’arrière du genou, les secondes du bas vers le haut du mollet. Toutes deux  favorisent le drainage de l’hématome. Attention, ces chaussettes ne sont utiles qu’en position debout car les veines sont dilatées par le poids du sang. Il faut les enlever la nuit pour ne pas écraser les petits vaisseaux sanguins.

  • Contractez, étirez votre muscle !
Le travail progressif du muscle est indispensable pour obtenir une belle cicatrice. Dans un premier temps, de simples contractions, pied dans le vide, créent des variations de pression qui contribuent au drainage de l’hématome. Plus tard, un travail contre résistance et des étirements doux sont les bienvenus. Conformément aux exercices proposés, il faut petit à petit augmenter la charge, l’amplitude et la vitesse du mouvement. Ces mises en tensions éveillent les jeunes cellules musculaires situées en périphérie du tissu lésé. Elles contribuent à la production de fibres élastiques au sein des nouvelles enveloppes du muscle.

Une sollicitation dosée et progressive contribue à la formation d’un tissu musculaire de qualité.

En l’absence de stimulation, peu de muscle se reconstitue, la cicatrice n’est que la croute et la fibrose provenant de l’hématome.  Elle colle et fait mal lors de la reprise d’activité. Rigide et cassante, elle est à l’origine de récidive. Attention néanmoins ! Si une activité croissante permet une adaptation et une «mécanisation» de la cicatrice, des mises en tension trop énergiques entretiennent la lésion. Allez-y peu à peu, aucun exercice ne doit être douloureux !

Dès les premiers jours
Exercice 1 : Couché sur le ventre, pied dans le vide, étendez puis ramenez la pointe du pied lentement. Profitez-en pour gagner en amplitude et mettre le mollet légèrement en tension. A l’inverse, réalisez également de petits mouvements plus rapides afin de stimuler le drainage de l’hématome.

 
Dessin Mathieu Pinet

Quelques jours plus tard, selon vos sensations
Exercice 2 : Assis, pied posés au sol. Montez et descendez lentement les talons. Dans cette position, genoux fléchis, les mollets sont peu tendus, on limite la mise en tension de la cicatrice. On travaille la force plus sereinement.

Dessin Mathieu Pinet

Pour accroitre les résistances, posez les mains ou un sac sur les cuisses. Vous pouvez aussi croiser les jambes et placez votre pied opposé sur le genou du côté blessé.
Pour chacun de ces exercices, faites 6 à 30 mouvements plusieurs fois par jour. Dès que vous y parvenez avec aisance augmentez la charge.

Exercice 3 : Allongez-vous sur le dos. Passez une écharpe sous votre pointe de pied. Tirez doucement et ramenez vos orteils vers votre visage, juste sous le seuil douloureux. Conservez la position 10 secondes puis réduisez la tension quelques instants. Renouvelez l’opération 2 à 5 fois. Effectuez cet enchaînement au moins 3 fois par jour.

 Dessin Mathieu Pinet

Dans les semaines qui suivent, selon vos sensations
Exercice 4 : Debout, en appui sur les 2 jambes, montez sur la pointe des pieds. Redescendez doucement. Commencez, en vous appuyant plus du coté sain. Au fil des jours, basculez votre poids de plus en plus du coté blessé. Deux à trois semaines plus tard, vous vous soulevez exclusivement avec le membre lésé. Vous pouvez passer aux exercices 5 et 6.

 Dessin Mathieu Pinet

Exercice 5 : Il s’agit d’un mouvement voisin de l’exercice 4 mais vos mains sont en appui sur un mur et vos talons en sont écartés. De fait, vous réalisez le geste sur une plus grande amplitude et la descente du talon s’associe à un étirement de votre mollet. Restez en position basse une dizaine de secondes puis remontez doucement. Pour progressez, appuyez vous de plus en plus sur le membre blessé et éloignez peu à peu vos pieds du mur.

Dessin Mathieu Pinet
 
Exercice 6 : Assis en bord de chaise, réalisez un mouvement «élastique».  Effectuez des montées de genoux. Décollez puis reposez vos pointes de pied. Travaillez l’amorti et la relance. Vous renouez en douceur avec la mécanique du saut.

Dessin Mathieu Pinet

  • Réentraînez votre muscle et gardez la forme !
Marchez : Abandonnez vos béquilles dès que possible. Réduisez petit à petit la hauteur de vos talons. Limez un peu chaque jour vos talonnettes en liège. Augmentez au fur et à mesure la durée et la vitesse de vos trajets. Dans les escaliers, commencez par monter pied à plat puis laissez progressivement votre talon dans le vide.

Pédalez. Sur vélo de salle, vous dosez très aisément votre effort. Votre poids repose sur la selle. Votre cheville bouge très peu, le mollet travaille de façon statique. L’absence de mise en tension permet d’entretenir l’endurance de vos muscles et de votre cœur. Rapidement, vous pouvez «écraser» le talon pour créer un peu en tension votre mollet. Plus tard, pédalez en danseuse pour mettre du poids sur vos pieds et retrouver un geste voisin de la course.

Nagez, faites de l’aquajogging. Dès que vous pouvez déambuler pied à plat, allez à la piscine. Nagez ! Le crawl ne tire pas sur le mollet. La brasse permet un mouvement drainant sans la contrainte du poids de corps. Au début, ne poussez pas lors du demi-tour sur le mur. Attention à la crampe ! Ne forcez pas trop et prenez quelques gorgées de boisson de l’effort toutes les 10 minutes. Accroché à deux frites d’aquagym, courez sans appui dans l’eau. Plus tard, avec l’aide d’Archimède, sautillez dans l’eau. Réduisez peu à peu la profondeur pour accroître la charge.

Trottinez, courez, sautez. Un bon mois après le traumatisme, chaussez vos joggings. Pour quelques entraînements, remettez une petite talonnette … des deux côtés pour éviter les douleurs vertébrales. Echauffez-vous au moins dix minutes en marchant de plus en plus vite, ne vous étirez pas.  Continuez en alternant marche et trottinement. Augmentez peu à peu la durée et la vitesse de la course. Faites vos assouplissements en fin de séance. Après 6 semaines, débutez les accélérations progressives. Intégrez quelques déplacements latéraux plus toniques. A 2 mois environ, vous pouvez souvent courir, sprinter, sauter ! La compétition est possible ! Vous avez oublié votre mollet !

  • Un claquage du mollet, c’est quoi ?
Un claquage du mollet est une déchirure musculaire. Il porte également le nom de «tennis -Leg». C’est une blessure typique du tennisman quadragénaire, mal échauffé ou fatigué qui tente de récupérer un amorti ! En fait, elle survient aussi lors de la course, des accélérations et des sauts. Dans ces circonstances, le talon part vers le sol suivi du tendon d’Achille et des membranes musculaires. Les fibres se contractent vigoureusement et remontent. La zone de jonction se déchire ! Des vaisseaux sont déchiquetés et il se produit un saignement souvent à l’origine d’un volumineux hématome.

Lors de ce mouvement traumatique, le tendon d’Achille est lui aussi écartelé !  Il peut  rompre ! Attention, le traitement ne passe pas par une rééducation précoce et comporte souvent une intervention chirurgicale. Le diagnostic doit être précis !


Source SantéSportMag

Infos santé : Sport et Santé-Elongation, claquage et déchirure musculaires


Elongation, claquage et déchirure musculaires

La lésion « musculaire » est omniprésente chez le sportif. Les lésions intrinsèques, c’est-à-dire propres à la structure du muscle, représentent 30 % des lésions sportives. Les comprendre, les prévenir et les traiter deviennent une nécessité.

Par Nicolas FAURE, kinésithérapeute

Plusieurs classifications de lésions dites « musculaires » ont vu le jour avec l’utilisation des termes « élongation », « claquage » et « déchirure ». La définition des lésions « musculaires » a évolué en passant de l’atteinte pure de la fibre musculaire à un décollement de celle-ci, avec son tissu aponévrotique. Le tissu aponévrotique est une structure dense et fibreuse. Il permet d’organiser l’architecture du muscle, comme un tissu de soutien. Par comparaison avec une feuille d’arbre : les fibres musculaires seraient la partie verte de la feuille, et les nervures seraient les cloisons aponévrotiques où se rattachent les fibres. Ainsi on est passé de la lésion « musculaire » à la lésion musculo-aponévrotique (LMA).

  • Qu’ont permis les progrès en imagerie médicale ?
La conception du muscle en lui-même a évolué grâce aux avancées en échographie et en IRM. Dorénavant, les recherches s’intéressent à la fibre musculaire et aux structures conjonctives (cloisons aponévrotiques centrales ou périphériques) ainsi qu’au lien qui les unit : les protéines de liaison. Les protéines de liaison sont des molécules de taille importante qui constituent le point d’attache entre le muscle et l’aponévrose. À ce jour, les lésions se situent dans trois localisations : la lésion musculoaponévrotique centrale ou celle périphérique dans le cas où la fibre musculaire se détache de sa cloison centrale ou périphérique, et la lésion myotendineuse qui atteint la fibre et le tendon.

  • Quels sont les mécanismes responsables de la lésion musculoaponévrotique ?
Deux mécanismes dans la lésion musculoaponévrotique sont reconnus : l’overstretching et le travail excentrique. Le mouvement d’overstretching constitue un étirement maximal et rapide du muscle. Dans le cas d’une lésion, l’étirement dépasse les capacités d’allongement du muscle. On parle de capacité viscoélastique. Un muscle ne peut pas s’allonger au-delà de sa capacité, sinon il « casse ». Le point de rupture se situe au point d’intimité myoaponévrotique. Le travail excentrique est un mouvement de freinage dans lequel une contraction est effectuée en même temps qu’un étirement progressif. Ce geste vient déclencher un cycle de destruction/construction des protéines de liaison. Prenons l’exemple de la lésion des ischio-jambiers chez le sprinteur : le mécanisme lésionnel n’est pas l’étirement maximal des ischio-jambiers mais leur contraction musculaire intense en excentrique durant l’effort.


  • Que faire après une lésion myoaponévrotique ?
Durant les deux premiers jours, vous devez mettre en place le protocole RICE : repos, froid (Ice), compression, élévation. Le froid s’applique par l’intermédiaire d’un pack, d’une vessie de glace ou bien d’une poche de petits pois congelés. Entre la peau et le froid, n’oubliez pas d’interposer un linge pour ne pas vous brûler l’épiderme. Puis laissez agir 10-15 minutes ! Passé ce délai, la température locale ne diminue plus de manière significative. Vous pouvez enlever la glace. L’utilisation du froid est à renouveler plusieurs fois dans la journée. La cryothérapie gazeuse n’est pas recommandée dans le cas d’une lésion musculo-aponévrotique parce que l’hypothermie vient léser les cellules satellites ou « de MAURO », ces dernières étant à l’origine de la reconstruction de la fibre musculaire. Après une lésion musculo-aponévrotique, pensez aussi à comprimer la zone lésée à l’aide de bandes, afin de limiter l’étendue de l’inflammation. Ne pressez pas trop fort pour ne pas diminuer la vascularisation sur la zone lésée ! Sinon, vous risquez d’entraîner un retard de cicatrisation. Enfin, toute compression est à proscrire la nuit ! Le sommeil joue un rôle dans la cicatrisation musculaire. À l’heure actuelle, des études montrent l’intérêt de certaines hormones de croissance dans la multiplication des cellules « mères » des nouvelles fibres musculaires : les cellules satellites. Il se trouve que ces hormones circulent en plus grande quantité dans la phase de sommeil profond de 23h à 2h du matin et de 12h à 15 h. Ainsi, optimiser ce phénomène, consiste à se coucher avant minuit et à faire de courtes siestes la journée. Pour lutter contre la douleur, vous pouvez utiliser des antalgiques. En revanche, les anti-inflammatoires non stéroïdiens interviendraient de façon délétère dans la cicatrisation. Dans les heures suivant la lésion, un nettoyage des éléments nécrosés est assuré par des cellules inflammatoires nommées « macrophages ». La qualité de la cicatrisation musculaire est dépendante de la mise en jeu de cette réaction inflammatoire. Gardez en tête que vasculariser et mobiliser sont les éléments clés d’une bonne cicatrisation musculaire ! La première semaine, vous devrez irriguer abondamment la zone lésée par des massages, de l’électrothérapie (courant par capillarisation) et des contractions musculaires infra-douloureuses. La mobilisation précoce permet de favoriser la résorption de l’œdème, une prolifération de capillaires sanguins et une organisation parallèle des nouvelles fibres musculaires. Mobiliser précocement permet ainsi d’obtenir une cicatrice musculaire de bonne qualité ! Une mobilisation, passive dans un premier temps, évoluera vers un travail actif, avec la reprise du vélo le quatrième jour et de jogging aux alentours du dixième jour. Dès le troisième jour, vous ajouterez une mobilisation active en traction, par le travail excentrique. Ce dernier est un travail freinateur. Lors d’un shoot au football, les muscles ischio-jambiers, situés en arrière de la cuisse, viennent freiner l’extension du genou pour protéger l’articulation. Les ischio-jambiers permettent ainsi de fléchir le genou et d’emmener la hanche en extension. Des études affirment que le régime de contraction excentrique localisé autour de la lésion agit sur les protéines de liaison. En travaillant de cette manière, vous détruirez ces protéines de liaison afin de reconstruire ces mêmes molécules en qualité et quantité plus importantes. Vous  augmenterez ainsi la résistance des points d’attaches entre la fibre musculaire et l’aponévrose. L’autre argument en faveur du travail excentrique est le recul du point de rupture viscoélastique, c’est-à-dire que le muscle aura une capacité plus importante à supporter un étirement maximal. Le renforcement excentrique s’organisera dès le troisième jour avec une séance par jour pendant trois jours, pour ensuite passer à une séance tous les 2-3 jours. Sur une lésion myoaponévrotique, vous devrez être attentif au respect de la non-douleur pendant et après le travail excentrique. Les séances débuteront à vitesse lente avec des charges progressives, pour finir avec des charges plus lourdes à vitesse rapide. Actuellement, des études récentes sur le taux de blessure musculaire dans des clubs de football, montrent le bénéfice du travail excentrique en pré-saison. « Mieux vaut prévenir que guérir ! »

  • Le travail excentrique intervient à 3 niveaux sur la structure myoaponévrotique :
-Sur la fibre musculaire directement, en augmentant le nombre de sarcomères. Le sarcomère est le tissu contractile du muscle.
- Sur le tissu aponévrotique. Le travail excentrique vient augmenter la résistance à l’étirement de ce tissu.
- Sur la jonction myoaponévrotique. Cette jonction correspond aux protéines de liaison. Elles sont produites en quantité plus importante et de meilleure qualité, ce qui rend la jonction myoaponévrotique plus forte. Dû à ces trois actions, le travail excentrique peut provoquer l’apparition de douleurs musculaires d’apparition retardée. Elles sont présentes lorsque le travail excentrique est trop fort ou fait de manière trop prolongée. Les douleurs musculaires sont maximales au bout de 48h. La symptomatologie est décrite par une raideur des douleurs et une diminution de la force. Elles disparaissent spontanément après une semaine.



Source SantéSportMag

Infos santé : Sport et Santé-Quel sport pour votre enfant ?


Quel sport pour votre enfant ?

À la rentrée, vous vous posez cette éternelle question. Pour multiplier les bénéfices physiques, psychologiques et intellectuels, SantéSportMagazine vous aide à faire des choix.

Par le Docteur Stéphane CACASCUA, médecin du sport.

La maîtrise du poids est un paramètre clé de la santé de votre enfant. Le sport constitue une stratégie efficace mais insuffisante. De nombreuses études sociologiques, notamment celle menée par BURKE, montrent que la surcharge pondérale est corrélée aux heures passées devant la télévision et l’ordinateur. Elles sont associées à du grignotage mais surtout à un déficit d’activité physique tout au long de la journée. Si 2 à 3 entraînements par semaine contribuent à la dépense énergétique hebdomadaire, ils se révèlent moins efficace qu’un mode de vie dynamique. Alors, limitez les écrans, encouragez les trajets à pied, le roller, le skate, les jeux au square, les parties de ballon avec les copains. Bien sûr, complétez en l’inscrivant au sport. C’est aussi un excellent placement « santé » à long terme. WAREHAM met en évidence que le niveau d’activité physique pendant l’enfance est associé à un taux de graisse corporelle plus faible chez l’adulte. N’omettez pas un point crucial. Optimisez le contenu de l’assiette, des placards et du frigo ! Mettez-y autant de légumes que de féculents. Éliminez les chips, les sodas et les bonbons. Réservez-les à l’anniversaire entre copains ! À l’âge où le cerveau bénéficie de toutes les aptitudes pour apprendre, emmenez votre enfant à « l’école du goût ». Faites-lui découvrir toutes les saveurs et peaufinez sa perception de la satiété !

  • Du plaisir !
Lorsqu’une maman me demande : « Quel sport me conseillez-vous pour mon enfant ? », j’aime répondre « Celui qui lui plaît !‑». La joie de pratiquer se montre indispensable pour assurer un maximum d’assiduité et de continuité ! Cependant, il va sans dire que « le plaisir, ça s’apprend ; le plaisir, ça se découvre ». Beaucoup de garçons veulent faire du foot… Ils peuvent accéder au bonheur de bouger en faisant connaissance puis en se formant à d’autres sports plus originaux ! Il faut les y inciter et insister… au moins cette année ! Vous changerez à la rentrée prochaine si la mayonnaise n’a pas pris ! De toute façon, ces acquis psychomoteurs auront « musclé » le cerveau de votre enfant. Nous en reparlerons ! Les études associant bienêtre de l’enfant et pratique sportive sont très nombreuses. BROSNAHAN montre que cette sensation augmente avec le nombre d’heures hebdomadaires. Il met en évidence qu’une activité modérée réduit les conduites à risque et la prise de substances toxiques. En revanche, ces dernières s’accroissent en cas de pratiques compétitives et intensives, supérieures à 8 heures par semaine. Chez les jeunes sportifs de haut niveau impliqués dans une unique discipline, TOFLER et BUTTERBAUGH constatent une souffrance psychologique par excès de «pression» ainsi qu’une érosion de l’estime de soi en cas d’échecs répétés.

  • Du physique !
Tout particulièrement en période de croissance, le sport renforce et guide la formation de l’appareil locomoteur. Les contractions musculaires stabilisent et orientent le mouvement. Elles moulent les articulations. L’insuffisance d’activité dans l’enfance favorise le mauvais emboîtement de la rotule dans le fémur. La course et les sauts impactent les os qui, en réaction, augmentent leur densité en calcium. Ils sont plus solides. Les nageurs de haut niveau passent 4 heures par jour en apesanteur. Ils ont des os plus vulnérables que les sédentaires ! L’excès de microtraumatismes finit par fissurer l’os en croissance, on parle d’ « ostéochondrose ». Le jeune sportif souffre parfois du tibia, au point d’accrochage du gros muscle de la cuisse, le quadriceps. C’est la maladie d’OSGOOD-SCHLATTER, la plus célèbre des ostéochondroses. Voilà qui vous met en évidence qu’un juste équilibre s’impose et que l’hyperspécialisation précoce n’a aucun intérêt pour la santé de votre enfant… au contraire ! Le cœur de l’adulte profite aussi de l’activité physique pendant l’enfance. De façon indirecte, TELAMA met en évidence que le sport durant l’enfance augmente les chances de continuer à bouger à la maturité. De manière plus directe et selon le rapport de l’INSERM, certaines études montrent que les aptitudes physiques pendant l’enfance sont inversement corrélées à l’hypertension artérielle et à l’excès de cholestérol. Remarquez également que les habitudes sportives des parents favorisent la poursuite de l’exercice des enfants à l’âge adulte. Une bonne raison pour aller trottiner, pédaler ou nager avec eux !

  • Du cérébral !
Les sports techniques cultivent la mémoire, point d’appui de la réflexion et de l’intelligence. Dans les disciplines dites fermées, où les mouvements ne dépendent pas d’adversaires, il faut se souvenir parfaitement d’un geste ou d’un enchaînement compliqué. Dans les activités ouvertes, il faut analyser rapidement le comportement du concurrent et programmer au plus vite une réaction adaptée… Nous sommes très proches de la définition de l’intelligence. Quand le sport est collectif, la prise d’information devient encore plus complexe. La réponse motrice pertinente tient compte de la psychologie des individus et des groupes. Voilà qui nous rapproche de la notion de quotient émotionnel. Faire un peu de compétition enseigne la gestion du stress. Savoir se motiver sans perdre ses moyens, c’est le subtil compromis indispensable à la performance. Grâce à d’inévitables mauvais résultats, votre enfant apprend à relativiser puis à rebondir devant l’échec ! Tous ces processus mentaux sont transférables dans le cadre des apprentissages scolaires ou du développement intellectuel et personnel. La diversité des pratiques enrichit le patrimoine psychomoteur et offre à l’adulte la possibilité de choisir et de varier les sports. Il peut s’adapter au changement de mode de vie, aux opportunités ou aux blessures. Il peut plus aisément poursuivre l’exercice physique à l’âge où son impact préventif est maximum.


Source SantéSportMag

mardi 30 juillet 2019

Recettes de Saison Été-Confiture de figues à la noisette


Confiture de figues à la noisette

Préparation : 20 mn
Macération : 1 h 30
Cuisson : 15 mn
Pour 1 pot de 375 g (ou plusieurs petits pots)
2 kg de figues
400 g de sucre cristal
50 g de noisettes en poudre
5 cuillerées à soupe de sirop de noisette
1. Coupez les figues en deux, prélevez leur pulpe à l’aide d’une cuillère et déposez-la dans un grand bol.
2. Ajoutez le sucre, le sirop et les noisettes en poudre. Mélangez et laissez macérer au frais pendant 1 h 30.
3. Versez la préparation dans un faitout et portez à ébullition.
4. Poursuivez ensuite la cuisson 10 minutes. Versez dans des petits pots, préalablement ébouillantés et séchés, et laissez refroidir. Conservez au frais.

Recettes de Saison Eté-Reines-Claudes à l’eau-de-vie


Reines-Claudes à l’eau-de-vie

Préparation : 20 mn
Macération : 2 mois
Conservation : 12 mois
Pour 1 kg
1 kg de prunes reines-claudes
1 litre d’eau-de-vie de fruits à 45°
250 g de sucre en morceaux
1. Choisissez des prunes bien mûres et parfaitement saines. Rincez et essuyez-les, puis piquez-les à trois endroits avec une grosse aiguille. Dans une bassine à confiture, portez 50 cl d’eau à ébullition avec le sucre. Laissez bouillir 2 minutes puis ajoutez les prunes.
2. Tournez la bassine dans un mouvement de va-et-vient afin que les prunes s’enrobent d’une pellicule de sirop.
3. A l’aide d’une écumoire, transvasez-les dans un large bocal préalablement ébouillanté et séché. Laissez refroidir puis recouvrez les prunes d’eau-de-vie. Bouchez.
4. Au bout de 15 jours, les prunes ont absorbé de l’alcool. Ajoutez alors de l’eau-de-vie pour remettre à niveau. Les fruits doivent toujours être entièrement recouverts. Bouchez à nouveau et patientez encore 1 mois et demi avant de consommer.

Recettes de Saison Été-Crème de cassis


Crème de cassis

Préparation : 10 mn
Macération : 48 heures
Conservation : 12 mois
Pour 2 litres
750 g de cassis bien mûrs
1 litre de vin rouge (beaujolais)
Sucre en poudre
1. Rincez et égouttez les cassis. Mettez-les dans une terrine, de préférence en grès. Écrasez les fruits avec un pilon en bois. Arrosez de vin rouge. Couvrez la préparation d’un linge, puis laissez-la macérer pendant 48 heures.
2. Filtrez le vin avec les cassis à travers un tamis fin ou dans un torchon sans presser les fruits. Mesurez le jus obtenu. Comptez le même poids de sucre.
3. Versez le jus et le sucre dans un faitout émaillé. Portez à ébullition à feu doux en remuant.
4. Faites alors bouillir environ 5 minutes à feu vif.
5. Retirez du feu et laissez tiédir jusqu’à 40 °C. Filtrez puis mettez en bouteilles. Bouchez hermétiquement et conservez dans un endroit frais à l’abri de la lumière.

samedi 27 juillet 2019

Billets-Vague populiste : un signal d’alarme


Vague populiste : un signal d’alarme

Les citoyens européens sont en colère contre les mutations économiques et sociales qui traversent le continent. Mais c’est aux partis traditionnels de répondre à leurs préoccupations, et non aux populistes.

Partout en Europe, des gens voient leur vie affectée par des changements qu’ils n’ont pas souhaités, pour lesquels ils n’ont pas voté et dont ils ne veulent pas. Dans leurs villes les plus prospères, la ligne d’horizon est modifiée par des tours métalliques qui surgissent à la place d’anciens jardins ou pubs, et dans leurs villes les plus pauvres des détritus jonchent des rues aux magasins fermés.

Les campagnes sont rongées par l’expansion des banlieues ou divisées entre zones d’agriculture industrielle et concentrations de riches propriétés. Des éléments de notre environnement qui semblaient éternels ne sont soudain plus là. De grandes entreprises dont nos pays s’enorgueillissaient à juste titre disparaissent ou sont rachetées par des groupes étrangers. Des établissements anciennement réputés sont privatisés, rebaptisés, et perdent de leur prestige.

De nouveaux venus s’installent sans y avoir été invités, parlant des langues différentes et pratiquant des religions différentes. Eux aussi sont mécontents de voir les usines et les bureaux fermer, et leurs enfants incapables de trouver un emploi ou un logement. Les Etats eux-mêmes sont touchés, menaçant d’imploser ou de se morceler. Rien d’étonnant donc si des citoyens, pour peu que ce mot signifie encore quelque chose, lèvent les bras au ciel en disant : “Qui a voulu tout ça ?” Voilà l’image qu’offre notre continent aujourd’hui, mais à quelques détails près il offrait la même hier, voire avant-hier. Quand l’Europe n’est pas ravagée par une guerre, elle est en proie au mécontentement, minée par la colère, assaillie de récriminations, et elle constitue un terrain propice aux partis populistes de droite comme de gauche.

Dans un passé pas si lointain, il n’existait pas de structure transnationale à part entière comme l’Union européenne pour attirer la colère populiste. Mais la situation actuelle, où les partis rebelles de beaucoup de pays vont probablement envoyer un gros contingent d’élus antieuropéens à Bruxelles, n’est pas fondamentalement nouvelle. Les “nouveaux” partis ne sont pas nouveaux en Europe. Il suffit de se remémorer ceux d’Oswald Mosley [homme politique britannique, fondateur de l’Union britannique fasciste en 1932], Pierre Poujade et Jörg Haider pour voir que le populisme d’aujourd’hui est moins pernicieux que celui d’hier.

D’abord, ces partis sont tellement différents les uns des autres qu’on peut douter de leur capacité à travailler ensemble. Certains d’entre eux sont résolument opposés à l’UE, d’autres préfèrent la réformer plutôt que l’abolir ou la quitter. Un ou deux sont franchement néofascistes, d’autres ont renié, et ce avec plus ou moins de conviction, leurs origines d’extrême droite, et d’autres encore viennent de la gauche de l’éventail politique.

  • Une déliquescence du débat
Les politiciens des partis traditionnels se plaisent à souligner que, pendant qu’ils ont la lourde charge d’appliquer de nécessaires mais douloureuses mesures d’austérité, de coopérer avec le grand capital et de veiller au bon fonctionnement de l’UE, les partis populistes raflent les suffrages. La réalité est plus complexe.

Les gens ne voient pas d’un bon œil ce qui est en train de se produire dans leur pays et sur leur continent. Plutôt que de répondre clairement à leurs inquiétudes, les politiciens traditionnels tendent à les esquiver. Les partis marginaux jouent un autre jeu, proposant des politiques simples, voire simplistes, comme celle visant à mettre un terme à l’immigration ou à déclarer une guerre ouverte aux entreprises. Des sornettes d’un côté, de l’indignation de l’autre.

Il ne peut que s’ensuivre une déliquescence du débat politique, une perte de nuances et d’intelligence. Pourtant, on peut considérer avec optimisme l’actuelle vague populiste. C’est à la fois une incitation à corriger le tir et un signal d’alarme. L’influence, au sein des institutions européennes et nationales, de dirigeants d’entreprise qui se rémunèrent trop, qui se désintéressent du coût social de leurs initiatives et qui amplifient les inégalités a pris trop d’importance. Le processus de démantèlement de l’Etat providence doit être inversé.

Il faut mettre un terme au saccage de nos villes et de nos campagnes. L’accroissement de la précarité est un scandale. Et l’homogénéisation de la culture, du mode d’alimentation, des campagnes, des villes et des rues commerçantes de l’Europe, un véritable cauchemar. Ça ne devrait pas être au Front national français de signaler tous ces problèmes. La tâche incombe au centre de l’éventail politique, et non à ses extrémités.

Dessin de Horsch, Allemagne.
Source Courrier International

mercredi 24 juillet 2019

Billets-Comment tuer un lanceur d’alerte ?


Comment tuer un lanceur d’alerte ?

Quelle est la peine capitale pour un lanceur d’alerte en démocratie ? La mort sociale.

LANCEUR D’ALERTE : PRINCIPE DE RÉALITÉ
Lorsqu’un citoyen pointe une dérive de l’État dans un pays qui bat pavillon démocratique, ce n’est pas la simple fable d’un pot de terre et d’un pot de fer qui débute, c’est l’histoire d’une mise au pilori violente par tous les moyens qui s’enclenche.

Le citoyen – impudent comme imprudent – se révèle être traité comme le serait l’ennemi public numéro un d’une Nation. Le citoyen lambda ne dispose pas de moyens équitables tels que l’accès prime time aux médias de masse pour se défendre. Il n’a souvent pas les moyens financiers d’engager une armada d’avocats pour mener un combat qui sera (de toute façon) disproportionné.

LA LIBERTÉ À GÉOMÉTRIE VARIABLE
Dans des affaires comme celles de Snowden, d’Assange, de Chelsea Elizabeth Manning, née Bradley Edward Manning (l’informatrice de WikiLeaks qui sera finalement graciée par Barak Obama) les « démocraties » prises la main dans le sac d’abus inacceptables ont invariablement lancé sans coup férir la machine à broyer socialement !

Faut-il rappeler que lorsque l’affaire Snowden éclate, l’État américain ignorera tous les fondements de la création même de l’Amérique et ses croyances. Tout du moins s’autorisera-t-il quelques écarts d’interprétation au regard du préambule de constitution des États-Unis adoptée par la Convention le 17 septembre 1787 :
Nous, le peuple des États-Unis, en vue de former une union plus parfaite, d’établir la justice, d’assurer la paix intérieure, de pourvoir à la défense commune, de développer la prospérité générale et d’assurer les bienfaits de la liberté à nous-mêmes et à notre postérité, nous ordonnons et établissons la présente Constitution pour les États-Unis d’Amérique.

« Assurer les bienfaits de la liberté »… Après les révélations du lanceur d’alerte, l’histoire se souviendra des prises de position tièdement outragées de nombreuses gouvernances « démocratiques » comme l’Angleterre et la France ! On peut le comprendre, quand on sait que ces mêmes gouvernances « démocratiques » collaboraient dans différents programmes d’espionnage de masse de leur propre population

On se souviendra également de la posture de Barak Obama responsable de l’administration fautive et décriée : la National Security Agency (NSA). Il concédera que le programme d’espionnage mis en œuvre après le 11 septembre 2001 s’était fait à grande échelle et sans véritables garde-fous, n’hésitant pas à déclarer :
Les critiques ont raison de dire que sans garde-fous appropriés, ce genre de programme pourrait être utilisé pour obtenir davantage de renseignements sur nos vies privées, et ouvrir la voie à des programmes de collecte plus indiscrets.

Un discours configuré pour le grand public, mais peu en rapport avec celui moins connu d’un officiel du Pentagone qui avait fait part quelque temps plus tôt de ses bienveillants sentiments à l’égard d’Edward Snowden et du sort qui lui convenait le mieux : « I would love to put a bullet in his head ! », ce qui se traduit aimablement par « J’aimerai bien lui mettre une balle dans la tête ! » !

Derrière les discours officiels reconnaissant le bien-fondé des critiques. Derrière les promesses d’enquêtes approfondies, il y avait une réalité beaucoup plus sombre. Le citoyen américain devait-il comprendre que s’il refusait de se faire complice d’une transgression inacceptable en la portant à connaissance de ses compatriotes il deviendrait une cible à abattre « d’une balle dans la tête » ?

LA PEINE CAPITALE POUR UN LANCEUR D’ALERTE EN DÉMOCRATIE : LA MORT SOCIALE
Les lanceurs d’alerte, ces héros des temps technologiques – quel que soit le courage que les citoyens et citoyennes leur attribuent dans une large majorité – ont pour bon nombre socialement tout risqué et tout perdu. Leur vie a été mise en hypothèque, leur mort sociale programmée, leur mort physique aura parfois été envisagée. Le plus déplorable étant que cette situation n’intervient ni dans des dictatures, ni dans des pays autoritaires ou totalitaires, mais dans des pays supposés garantir leur droit inaliénable à dire ! Quelle déroute !

N’est-ce pas là un plaidoyer en faveur de l’anonymat ?
Qu’est-ce qui est le plus prudent aujourd’hui dans nos « démocraties » informatisées pour un citoyen soucieux de défendre des droits humains fondamentaux et le collectif ? Risquer la mort sociale ou opter pour l’anonymat pour agir ?

QUAND LES DÉMOCRATIES FONT LA LEÇON AUX DICTATURES
Les gouvernances de « démocraties » qui ont opté pour de telles pratiques peuvent se targuer d’avoir accru la perte de confiance du citoyen dans le politique. Elles ont perdu toute crédibilité lorsqu’elles dénoncent à cor et à cri les dérives des régimes autoritaires qui leur sont devenus, dans certaines situations – dont celles évoquées – les sœurs siamoises ! Les dictatures ayant le « mérite » d’agir violemment et sans discrétion contre toutes formes de contestation à des pratiques illégitimes.

  • Que n’aurait-on dit il y a encore quelques années en France – pays des droits de l’homme – d’un État souhaitant mettre en place un algorithme – configuré de façon opaque – de surveillance de la population ?

  • Que n’aurait-on dit d’un algorithme visant à définir et trier le bien du mal, un outil supposé distinguer le bon et le mauvais citoyen potentiel selon des critères inconnus définis par quelques hommes ?

  • Que n’aurait-on dit des pratiques d’un tel pays souhaitant se doter d’un tel algorithme entre les mains d’une simple autorité administrative ?

Nous aurions probablement crié collectivement au scandale et à l’infamie ! Nous nous serions – peut-être – rappelés des sages paroles de George Orwell : « La dictature peut s’installer sans bruit ! »
Les temps ont changé ! Cet algorithme est en cours de déploiement depuis le début du mois d’octobre 2017 dans un pays qui s’est fait bien silencieux. Ce pays c’est le mien, c’est le vôtre, c’est le nôtre. Ce pays c’est la France !

Une société qui tolère le mal en devient la complice.
 Eugênio de Araújo Sales


Source contrepoints.org
Par Yannick Chatelain.

Yannick Chatelain est professeur associé et enseignant-chercheur à Grenoble École de Management. Diplômé de Grenoble École de Management, titulaire d’un Doctorat Business of Administration à l’université de Newcastle-Upon-Tyne, ses travaux portent sur Internet, le contrôle social, la contre-organisation sociétale et la liberté d’expression. Expert du Digital, spécialiste du hacking et de la communauté hacker, il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le digital marketing, le hacking et la cybercriminalité. Son dernier ouvrage (2016) « Big data ou BIG CATA? L’effet Snowden », est paru aux éditions Kawa.

Billets-Shinkansen japonais contre TGV français


Shinkansen japonais contre TGV français

Intitulé « Excellence 2020 », le nouveau projet d'entreprise de la SNCF entend faire de la compagnie la « référence mondiale » par « l'excellence du service rendu » d'ici 5 ans. Pour mesurer le chemin à parcourir, nous nous sommes rendus dans un pays où les trains ont plutôt bonne réputation, le Japon.
Il y a des réseaux ferroviaires étrangers avec lesquels la SNCF ne demande qu'à être comparée. L’Espagne, par exemple. 79 morts dans l’accident d’un train grande vitesse le 24 juillet 2013 à Saint-Jacques-de-Compostelle... Ou bien le Royaume-Uni. Beaucoup de lignes vétustes, pas de réseau grande vitesse, une privatisation très mal menée dans les années 1980... Avec l’Allemagne, c'est moins flatteur, les ICE étant tout sauf ridicules face à nos TGV.
Et puis il y a la comparaison à éviter, le cas présumé « particulier » sur lesquels les dirigeants de la SNCF passent le plus rapidement possible : le Japon. Retour d’expérience lors du trajet Osaka-Hiroshima, et comparaison entre notre TGV et son homologue japonais, le Shinkansen.

  • Acheter les billets
Dans les deux pays, c’est réalisable en ligne, au guichet ou sur des automates. Pas de compostage obligatoire au Japon. Mais au fait, à quoi sert-il encore en France, quand tous les billets portent une date et un numéro de siège ?

  • En gare
Sur les axes les plus fréquentés, les Shinkansen se succèdent toutes les dix minutes. Comme les Osaka-Hiroshima (ou les Osaka-Tokyo, etc.) partent toujours du même quai, les voyageurs habitués se dirigent automatiquement vers le bon endroit. Il y a énormément de monde dans les gares Japan Railways, mais pas de cohue. Selon les voyageurs interrogés, les escalators ne sont jamais en panne.

  • Les tarifs
Le Japon a la réputation d’être un pays cher. Surprise, les tarifs du Shinkansen sont à peu près en ligne avec ceux du TGV. Le trajet Osaka-Hiroshima fait 280 km et prend 1 h 30 environ (quelques minutes en plus ou en moins en fonction de la génération de trains choisis : Sakura, Mizuho ou les Nozomi dernier cri). Cela correspondrait en France à un Paris-Nancy, soit 315 km et 1 h 30 environ. Pour le 7 mai 2014, réservation demandée la veille, la SNCF proposait des billets en seconde Paris-Nancy allant de 56 € à 75 €. Le Shinkansen Osaka-Hiroshima coûte 68 € sans réservation et 72 € avec réservation. Match nul.
Grande différence avec la SNCF, les prix au Japon ne varient jamais. Que vous preniez le train deux mois à l’avance ou au dernier moment, vous payez toujours le même tarif. Un peu comme en France… il y a vingt ans. La réservation, par ailleurs, est une vraie réservation : elle vous garantit un siège. Japan Railways ignore les concepts étranges de « surréservation » et de réservation avec « place non attribuée ». Des voyageurs ayant payé plein tarif assis dans le couloir ? Inimaginable dans un Shinkansen.

  • La ponctualité
Aïe… Sur une année, les retards cumulés des TGV français représentent 550 à 600 jours, sachant que seuls les retards supérieurs à 5 minutes sont comptabilisés. Les retards annuels cumulés de tous les Shinkansen se comptent en minutes, voire en secondes les très bonnes années (alors que les Shinkansen sont beaucoup plus nombreux que les TGV). Les Shinkansen sont toujours ponctuels. Quelques minutes avant le départ, les voyageurs japonais ont l'habitude de se ranger sur le quai en suivant des marques au sol qui indiquent l’endroit où se trouveront les portes. Au moment et à l’endroit prévu, à quelques secondes près, le train s’arrête et les portes s’ouvrent.

  • Les guides japonais de voyage en France mettent en garde leurs lecteurs, qui imaginent à peine qu’un train grande vitesse puisse être en retard.
La SNCF rappelle souvent que les Shinkansen roulent sur des lignes dédiées, ce qui les préserve des aléas du reste du réseau. Il est vrai que des TGV sont souvent bloqués par des Corail ou des trains de banlieue. Ils sont aussi régulièrement en panne, ou victimes de « cas de force majeure ». Précisons que le jour où Japan Railways devra se trouver des excuses, la compagnie n’aura pas à réfléchir longtemps. La terre tremble toutes les semaines au Japon et le pays essuie des typhons chaque été, à travers lesquels les Shinkansen passent sans heurt. Le violent séisme du 5 mai 2014, par exemple, n’a occasionné aucune perturbation. Depuis son entrée en service en 1964, même pendant les pires tremblements de terre, aucun Shinkansen n’a été gravement accidenté. Un seul a déraillé en 2004, sans faire de victime.
Les cheminots français présentent souvent la privatisation comme les prémices du chaos ferroviaire absolu. Il faut donc préciser que Japan Railways n’est pas une compagnie publique. C’est un ensemble de six sociétés privées subventionnées (plus une pour le fret). Elles ont créé en 1987, quand le gouvernement japonais a démantelé l’équivalent japonais de la SNCF, la Japanese National Railways.

  • Remboursement en cas de retard
Comme il n’y a pas de retard au Japon, il n’y a pas de remboursement. Le système français reste donc incomparable : remboursement partiel, au bout de trois mois, en bons de voyage, sauf en cas de force majeure, etc.


  • Le confort
Les Shinkansen sont des trains à un seul étage, de plain-pied avec le quai. L'accès à bord est plus facile que dans les TGV à un étage, qui ont des marches. Les voitures sont plus spacieuses que celles des TGV. Comme les Shinkansen roulent sur un réseau à part, les ingénieurs ont pu s'affranchir des contraintes des réseaux anciens. Ils ont vu grand. Les wagons comportent cinq rangées de sièges en seconde. Ils sont un peu moins larges que ceux des TGV (45 cm contre 43,5 cm en seconde), mais le confort est comparable. Du moins à l'arrêt ! Pendant le trajet, c'est une autre histoire. Le Shinkansen vibre et tangue nettement moins qu'un TGV, alors qu'il roule aussi vite. Le silence est impressionnant. Comme les lignes à grande vitesse traversent des zones densément peuplées, Japan Railways met tout en œuvre pour limiter le bruit au maximum, même à plus de 300 km/h.
Astuce appréciable, tous les sièges sont dotés de dossier réversible. Les passagers peuvent donc s'aménager des carrés à volonté, et voyager ou non dans le sens de la marche. Le couloir central est huit centimètres plus large : 48 cm contre 56 cm. Cela semble négligeable, mais on se croise plus facilement dans un Shinkansen que dans un TGV. Il y a un espace fumeur fermé et bien ventilé dans le couloir. Les toilettes sont environ 30 % plus spacieuses que celles du TGV (avec des éviers séparés). L'ensemble est d'une propreté irréprochable. Selon les Japonais interrogés – mais nos lecteurs français les croiront-ils tant c'est énorme ? – il y a toujours de l'eau au robinet ainsi que du papier dans les toilettes.

  • La restauration à bord
Il n’y a pas de wagon-restaurant dans les Shinkansen. Un petit chariot passe dans les voitures. Il a une offre limitée (café, biscuit) mais on trouve dans toutes les gares des boutiques qui vendent des plateaux-repas abordables et délicieux, les ekiben (4 € à 15 €). En France, la SNCF n’a jamais trouvé de formule satisfaisante pour son wagon-restaurant. Lourdement déficitaire, il tire les prix des billets vers le haut, dans la mesure où il prend la place d’une cinquantaine de sièges, au bas mot. Que vous vous résigniez ou non à faire la queue pour un sandwich dans un TGV, vous payez le restaurant en achetant un billet…

  • Relations avec les usagers
Le personnel de Japan Railways est réputé serviable, ce qui ne surprend guère dans un pays où la courtoisie est de règle. La ponctualité parfaite des trains et la simplicité des tarifs réduisent aussi les occasions de heurt avec les agents. Disons quand même que le spectacle, fréquent en France, de deux contrôleurs discutant sur un quai, indifférents aux voyageurs surchargés de bagages, est inconcevable au Japon.

  • Conclusion
Le TGV ne peut soutenir la comparaison avec le Shinkansen. C’est un autre train. Configuration du réseau, habitude de travail, tout n’est pas transposable. La SNCF pourrait néanmoins s’inspirer de Japan Railways sur certains points. Plus de simplicité dans les tarifs : les variations continuelles finissent par lasser les voyageurs. Davantage de boutiques de restauration en gare : la place ne manque pas et les besoins sont évidents. Faut-il maintenir le wagon-restaurant ? Les voyageurs des trains Corail s’en passent... Attribuer un quai à un train précis, pour faire gagner du temps aux habitués serait bienvenu. La SNCF y vient, mais très lentement.
La ponctualité est un chantier d’une toute autre ampleur, engageant des questions complexes de travaux, de planning, de budget, de relations sociales, etc. Elles ne peuvent se régler du jour au lendemain.  

Un premier pas serait, tout simplement, que la SNCF regarde la réalité en face. « Excellence 2020 » n’en prend pas le chemin. Par rapport aux standards japonais, la compagnie française délivre des prestations nettement inférieures. « La référence mondiale » par « l'excellence du service rendu » en 5 ans ? Comme disent les Japonais : « gambatte », bon courage.