Chuck PALAHNIUK
Le Festival de la couille et autres histoires vraies
Traduit de l’américain
par Bernard Blanc
(4ème de couverture)
On connaît Chuck
Palahniuk : ses héros illuminés, ses intrigues surréalistes, son exploration
d’un monde à la marge. Ses livres sont le reflet d’une réalité peu ragoûtante
qu’il étudie cliniquement. Un univers à la fois burlesque et macabre qui
renvoie à son histoire personnelle, aux épreuves qu’il a traversées et à son
goût pour les expériences incongrues.
Une partouze géante au
fin fond de l’Ouest américain, un combat de moissonneuses-batteuses, une
expédition en sous-marin nucléaire, un face-à-face improbable avec Marilyn
Manson : autant d’évocations d’une Amérique déjantée dont Chuck Palahniuk s’est
fait le chroniqueur.
Dans ce recueil
d’histoires vraies où se mêlent subversion, tendresse, humour décapant et
exhibitionnisme, il démontre combien la réalité peut dépasser l’imagination et
dévoile ainsi l’envers du décor de ses romans. Car c’est aussi de littérature
et du travail de l’écrivain qu’il s’agit. On ne ressort pas indemne de ce
voyage au bout du bizarre et de tragique.
Chuck Palahniuk,
quarante-deux ans vit à Portland dans l’Oregon. Il est notamment l’auteur de «
Fight Club » 1999, roman culte adapté au cinéma par David Fincher, et de «
Choke » (Denoël 2002).
(1ere phrase :)
Une jolie blonde
repousse sur l’arrière son chapeau de cowboy.
(Dernière phrase :)
Dale Shackleford a
fait appel de sa condamnation à mort.
298 pages – Editions
Denoël & d’Ailleur 2005 pour la traduction française
(Aide mémoire perso :)
Premier recueil non-fiction de
Palahniuk paru en français, "Le festival de la couille et autres histoires
vraies" fait partie de ces livres qui hantent longtemps le lecteur.
Enfin débarrassé de la médiocre
prestation de Freddy Michalsky aux manettes traductantes, le texte se distille
comme un alcool délicieusement fruité sous la houlette de Bernard Blanc. Un
changement bienvenue qui permettra aux nouveaux venus de découvrir un Palahniuk
au meilleur de sa forme, là où les connaisseurs se contenteront d’apprécier ces
tranches de vies douces amères, racontées tranquillement par un auteur
décidément majeur.
Si le Festival de la couille ne
concerne finalement qu’un seul texte [Testy Festy en anglais], le recueil
lui-même s’intitule assez explicitement Stranger than fiction. traduit
littéralement par "Plus étrange que la fiction", le titre a le mérite
d’être clair : les histoires compilées ici sont des oeuvres journalistiques.
Elles concernent donc des personnages, des situations et des contextes bien
réels. Et si cette vérité si chère à l’objectivité est quelque peu malmenée par
l’absurde, le tragique ou même l’héroïque, qui s’en plaindrait ?
A mi-chemin entre le récit
autobiographique et le compte rendu d’actualité, "Le festival de la
couille" n’a rien d’un brûlot nihiliste engagé, mais allie au contraire
pudeur et sobriété, pour un résultat étonnamment tendre à l’égard du genre humain.
Terrible constat pour ceux qui
pensaient tout connaître de leur ami Chuck. Le monsieur aime son prochain. Et
il le prouve magistralement en évoquant quelques spécimen aussi barrés que
lumineux, sans jugement ni catégorisation, sans moquerie ni exagération, avec
intelligence et parfois même une sincère dose d’admiration.
De l’admiration, il faut pourtant
gratter loin pour en trouver face à ce concours de
stock-car-moissonneuse-batteuses, où des machines agricoles relookées façon Mad
Max s’affrontent dans la boue, dans un immense hurlement de ferraille torturée,
pilotées par des allumés fidèles à un idéal sportif parfaitement inaccessible
au commun des mortels.
Du respect, il faut chercher
longtemps pour en concevoir face aux tarés fracassés par la vie qui se foutent
des peignées dans le cadre très structuré de la lutte gréco-romaine. Sport
méconnu et méprisé, peu médiatique et donc pauvre, pratiqué pourtant dans les
règles de l’art par des hommes et des femmes dont le courage et l’abnégation
laissent pantois un lecteur incrédule.
Quant aux bâtisseurs de châteaux
médiévaux, ils pourraient faire sourire. Mais pour peu qu’on découvre
l’hallucinante somme d’efforts que leur construction représente, quand on
comprend peu à peu que leurs propriétaires les ont bâtis de leurs mains, pierres
après pierres, sacrifiant parfois leur vie de famille au profit d’une passion
aussi payante que destructrice, on a bien du mal à ne pas avoir envie de leur
offrir un verre en leur tapant sur l’épaule.
Ils sont tous comme ça, les
personnages de Palahniuk. Allumés, grands-brûlés de l’existence, dingues et
attachants. Tous avec leurs délires, leurs passions, leurs soucis. Tous à des
milliers d’années lumières de nos vies, et pourtant si proches. Ce sont nos
voisins, nos banquiers, nos facteurs, nos agents d’assurance, ils tournent dans
leur monde en orbite désynchronisée, et nous ne pourrons jamais en voir les
deux faces. C’est comme ça et c’est tant mieux. Palahniuk leur donne la parole,
du plus humble au plus célèbre, avant de la prendre lui-même pour
s’auto-ridiculiser et rendre à l’obsessionnel ce qui appartient à
l’obsessionnel.
Notre monde est peut-être bien
malade, mais on y trouve encore une sacré humanité.
Merci, Monsieur, de nous la rendre
si lisible.
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