Chuck PALAHNIUK
Berceuse
Traduit de l’américain par Freddy Michalski
(4ème de couverture)
Carl Streator est journaliste et mène une enquête sur le phénomène
de la mort subite du nourrisson. Au cours de ses recherches, il fait la
connaissance de John Nash, un ambulancier nécrophile, et se rend compte que les
parents des victimes ont tous lu à leur enfant une certaine berceuse tirée d’un
livre de poèmes dont il reste deux cents exemplaires dans tout le pays.
Au cours de ses investigations, Carl rencontre Helen Hoover Boyle,
agent immobilier spécialiste de maisons hantées ; elle lui apprend que la
berceuse est en réalité un sort maléfique tiré malencontreusement d’un livre de
sorcellerie, le livre des Ombres , qui contient tous les enchantements, bons ou
mauvais, accumulés au cours des siècles par les sorciers.
Carl et Helen, accompagnés d’un écolo radical et d’une mystique New
Age, traversent les Etats-Unis à la recherche de tous les exemplaires
existants, avec le secret espoir de trouver aussi le grimoire original du «
livre des Ombres ».
Mais à quoi bon tenter de résumer un roman de Chuck Palahnuik ?
Comme les autres Berceuse est une bombe à retardement, un livre rétroactif, un
nouveau tour de magie d’un auteur qui est en train de créer, en toute
discrétion, une des œuvres les plus originales et les plus radicales de la
littérature américaine de ce début de siècle.
Chuck Palahnuik est diplômé de l’université de l’Orégon. Il vit aux
environ de Portland entouré de ses chiens. Il est l’auteur de « Fight Club »,
roman culte récompensé en 1999 par « La Pacific Northwest Booksellers
Association » et adapté au cinéma.
Berceuse est son quatrième roman à paraître dans la noire
(1ere phrase :)
Le problème de tout récit, c’est que vous le racontez après
l’événement.
(Dernière phrase :)
Aujourd’hui, c’est ça, ma vie.
316 pages – Editions Gallimard – La Noire 2004 pour la traduction
française
(Aide mémoire perso :)
De Chuck Palahniuk, on retient pour
l’instant qu’il est l’auteur de Fight Club, ce roman de forcené schizo,
cartonnant les violences d’une société américaine au bord de la rupture. C’est
oublier ses autres romans : le non moins violent Survivant, le libidineux
Choke, le faux calme Monstres invisibles… A cette impressionnante succession de
romans remarquables s’ajoute le désormais fantastico-road movie Berceuse,
traduit par Fred Michalski.
Chaque lecture de Palahniuk est une
baffe esthétique, une leçon d’écriture magistrale. A l’instar de ces
contemporains, il a dépassé le cap de la satire sociale pour mieux saisir nos
faux-semblants, nos zones grises, les non-dits, les mirages. En cela, Palahniuk
est certainement à l’heure actuelle l’écrivain qui saisit le mieux l’instant F,
ce bref regard de folie que nous avons tous à un moment donné de notre vie,
celui qui peut nous faire basculer, mais avec Palahniuk, ses personnages ont
depuis longtemps sauté le pas. Chaque roman fait découvrir une facette du
talent de cet écrivain. Il n’a pas un style, mais plusieurs qu’il adapte à son
histoire et ses personnages. Des trucs narratifs précis qui en une phrase
dénoncent, critiquent, morcellent ; des bouts de phrases qui déconstruisent
complètement le récit mais jouent avec le lecteur, l’emportant dans un jeu
hallucinant et hallucinatoire.
Avec Berceuse, l’écrivain américain
poursuit sa déjà longue réflexion sur l’autodestruction de l’individu en
société. Détournant les clichés classiques du serial killer, l’auteur nous
emmène dans un road-movie ésotérique, une équipée sauvage à la recherche d’une
berceuse dont la récitation provoque chez les nourrissons une mort subite. Dans
ce roman, il n’y a pas une vie mais plusieurs qui s’entrecroisent, donnant
l’impression d’une toile géante qui communique sans cesse. La rumeur traîne,
s’amplifie et parasite nos sociétés d’extrême communication et dans ce
contexte, les mots tuent aussi lorsqu’ils sont utilisés à notre corps défendant
dans un geste de ras-le-bol.
Il y a plusieurs niveaux de lecture
dans ce roman : soit on le lit de manière quasi-linéaire et se découvre sous
nos yeux la trame classique d’un road-movie, soit on prend résolument les
chemins de traverse – et là on comprend toute l’importance de ces petits «
trucs narratifs » – et on plonge résolument dans une myriade d’histoires
alternatives, servies par des personnages à l’apparence anodine mais qui se
découvrent être de véritables squelettes cachés dans autant de placards.
Vous l’aurez donc compris, ce roman
est monstrueux et son auteur, un monstre d’écrivain.
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