Les
douleurs du talon
On connaît deux causes à la douleur au talon.
La plus courante est l'aponévrosite
plantaire
L’autre est l'épine de Lenoir = épine
calcanéenne.
L'aponévrosite plantaire = fasciite plantaire
Le fascia ou aponévrose plantaire est une membrane
fibreuse épaisse du même type que les tendons et les ligaments. Il s'attache à
une tubérosité située sous la surface du calcanéum (os du talon) où il est
plutôt étroit et épais. Il s'amincit et s’élargit vers l'avant du pied où il
est rattaché de chaque côté de chacune des phalanges proximales des
orteils.
Le fascia plantaire agit comme une bande de caoutchouc entre le talon et
l’avant-pied, formant la voûte plantaire; si votre bande est courte, la voûte
est prononcée (pieds creux), et si votre bande est longue, la voûte est peu
marquée (pieds plats).
Il se situe directement sous la peau de la plante du pied et sert à
maintenir l'arche plantaire, du talon jusqu'aux orteils. Il est aidé dans cette
tâche par les courts muscles plantaires et par les longs muscles de la jambe
dont les terminaisons s'entrecroisent à la plante du pied à la manière de deux
mains qui s'entrecroisent. Lors de la marche lors de la poussée des orteils,
l'hyper extension des articulations métatarso-phalangiennes produit une tension
du fascia plantaire et assiste à la résupination du pied. Le fascia plantaire a
pour fonction d'abaisser les têtes métatarsiennes et de supporter et stabiliser
l'arche plantaire lors de la marche. Ainsi, à chaque pas, de l'élévation du
talon à la poussée finale des orteils, le fascia plantaire est en
tension.
L'aponévrosite ou fasciite
plantaire est une inflammation douloureuse de ce fascia.
La douleur due à l'aponévrosite :
- L'aponévrosite se caractérise généralement par de la douleur au talon, souvent du côté interne. Parfois cette douleur se présente sur toute la longueur du fascia ou près de ses origines sur les orteils. Elle peut aussi toucher les insertions des muscles intrinsèques du pied (court fléchisseur des orteils, abducteur du gros orteil, abducteur du petit orteil).
- La douleur se manifeste souvent au sortir du lit ou après une longue période d'inactivité. Elle diminue graduellement lors de la marche (sans nécessairement disparaître).
- La douleur peut être ressentie autant sur terrain mou que sur terrain dur.
- La palpation du talon au point d'insertion de l'aponévrose plantaire peut provoquer des douleurs, particulièrement si celle-ci est étirée, par exemple par une flexion dorsale des orteils.
Ces caractéristiques permettent de distinguer l'aponévrosite de :
l'atrophie du coussin graisseux du talon, une atteinte de la bourse
sous-cutanée plantaire, une compression d'une branche médiale du nerf tibial ou
du nerf de l'abducteur du petit orteil, une maladie de Dupuytren ou une
fracture de stress du calcanéum.
Qui est touché ?
La fasciite est relativement fréquente : environ 10% des coureurs à pied et
environ le même pourcentage de la population en général. Elle est plus courante
après la quarantaine.
Les causes :
- Cette douleur peut être due à une excroissance de l’épine calcanéenne, ou épine de Lenoir, si elle est suffisamment volumineuse pour que la pression locale comprime les tissus et cause de la douleur.
- Dans certains cas, la fasciite est attribuable à un traumatisme particulier comme le fait de glisser, d’atterrir brusquement sur le talon ou d'augmenter très rapidement son niveau d'entraînement. Lorsque c'est le cas, une réaction inflammatoire est présente. On attribue alors la cause de la fasciite plantaire à un processus inflammatoire.
- La plupart du temps, il est impossible de trouver des cellules inflammatoires au site de la lésion (on parle alors de tendinose). Il est probable que la fasciite plantaire soit le résultat de microtraumatismes accentuant le processus normal du vieillissement de l’aponévrose plantaire. Cette dégénérescence se fait progressivement, sans qu'intervienne un processus de guérison suffisant pour palier aux blessures du tissu collagène. Lors de la mise en charge sur l'aponévrose, celle-ci se tend et provoque des douleurs mécaniques au site de lésion. Les fibres de collagène perdent leur caractère ondulatoire responsable d'une certaine élasticité du tissu. De plus ces fibres, s'atrophient et se désorganisent. La maturité du tissu collagène est aussi perturbée, ce qui le rend encore plus vulnérable. Le tissu dégénéré devient plus friable. Par contre, la substance entre ces fibres s'hypertrophie et tend à se calcifier ce qui rend l'aponévrose plus épaisse. Cet épaississement de l'aponévrose plantaire est visible par échographie ou par IRM.
Les facteurs de risques :
- Un pied plat (pied pronateur) ou l'aplatissement d'une arche plantaire, souvent normale, en raison des muscles du mollet trop court. Cet aplatissement du pied produit une augmentation de la tension dans le fascia plantaire à la marche ou à la mise en charge. Lors de la marche, la rétraction des muscles du mollet produit à la fois une augmentation de la pronation du pied accompagnée d'une éversion du calcanéum et à une augmentation de la flexion dorsale de la première articulation métatarsophalangienne. La flexion dorsale étire le fascia plantaire, particulièrement si le pied reste en pronation lors de la fin de la poussée des orteils. De plus, lors de la marche avec le pied en pronation, l'avant pied devient plus instable en raison du déblocage de l'articulation médiotarsienne. L'effort musculaire supplémentaire des muscles intrinsèques du pied pour compenser cette instabilité augmente le stress sur les insertions sur le calcanéum de ces muscles, ce qui accroît les risque de tendinopathie.
- Le pied creux diminue les capacités du pied à dissiper les forces tensiles lors des activités de mise en charge comme la marche ou la course à pied.
- Un mauvais alignement en rotation des membres inférieurs.
- Les faiblesses et les rétractions des muscles fléchisseurs plantaires ou des muscles intrinsèques du pied.
- Une inégalité de longueur des membres inférieurs.
- L'obésité qui surcharge les structures du pied.
- Une mauvaise chaussure d'entraînement, des erreurs dans les techniques sportives ou dans la progression, le volume ou l'environnement de l'entraînement.
Le traitement
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les infiltrations aux corticoïdes sont les deux médications les plus souvent prescrites et s'avèrent efficaces surtout dans les cas de fasciite avec phénomène inflammatoire clair. Une complication possible de l'infiltration aux corticoïdes est une rupture possible (le plus souvent partiel) du fascia plantaire. Cependant, cette rupture guéri généralement assez facilement. Une alternative possible à l'infiltration (mais sans doute moins efficace) consiste à l'iontophorèse à la dexaméthasone. Il semblerait que les risques de rupture des tissus fibreux soient peu élevés avec cette dernière méthode.
- Les ports d'orthèse plantaire (semelles sur mesure), de "taping" ou de souliers de dimension appropriée, avec renforts anti-pronateurs et de nombreux œillets, ont été suggérés pour éviter la pronation ou pour offrir un support à toute la surface plantaire de façon à réduire les stress sur le fascia plantaire.
- Les modifications appropriées aux facteurs de risques environnementaux sont à effectuer le plus tôt possible pour augmenter les chances de succès du traitement conservateur.
- Le plus grand consensus de traitement consiste à la nécessité de redonner force et flexibilité aux tissus concernés, soit les fléchisseurs plantaires, l'aponévrose plantaire et les muscles intrinsèques et extrinsèques du pied, incluant les fléchisseurs plantaires et les inverseurs. Les exercices, non seulement aident à lutter contre les facteurs de risque et les séquelles de la fasciite plantaire, mais aident aussi probablement à inverser le processus dégénératif propre à la tendinose. En général les exercices d'étirement suffisent à regagner la mobilité normale des tissus mais des orthèses de nuit qui offrent un étirement prolongé des muscles du mollet et du fascia plantaire sont parfois suggérées face à une fasciite récalcitrante. Cependant ces orthèses sont souvent mal tolérées.
- Les agents physiques comme les ultrasons, la cryothérapie, l'électroanalgésie ou l'iontophorèse à l'iodure de potassium peuvent être utiles pour faciliter les exercices d'étirement. Cependant chacune de ces techniques démontrent peu d'efficacité lorsqu'employées seules. L'ASTM et la thérapie par ondes extracorporelles peuvent aider à renverser le processus dégénératif mais ces techniques devraient toujours faire partie d'un plan de traitement comprenant des exercices de renforcement, d'assouplissement et des techniques de gestion de la douleur.
L'épine de Lenoir = épine calcanéenne
Qu'est-ce que c'est ?
Cette épine est une excroissance osseuse en forme de lame aplatie au point
d'insertion de l'aponévrose plantaire sur l'os du talon (calcanéum). Elle est
le résultat d'une inflammation de l'aponévrose plantaire. Une traction trop
grande sur le fascia plantaire peut créer des microtraumatismes et des
déchirures à son point d'insertion à l'os du talon. Une réaction inflammatoire
s'installe, causant une fasciite plantaire. L'inflammation chronique du fascia
plantaire entraîne le développement de cellules osseuses formant une petite
épine dans la direction de la traction exercée, c'est-à-dire vers le bout du
pied. C'est ce qu'on appelle l'épine de Lenoir.
Les signes et symptômes
La douleur est le principal
signe qui amène la personne à consulter. Contrairement à ce qu'on pourrait
penser, ce n'est pas l'épine osseuse qui cause la douleur mais les petites
déchirures causées par une pression excessive exercée sur le fascia plantaire à
son point d'attache à l'os du talon. Plusieurs personnes peuvent avoir une
épine de Lenoir sans pour autant présenter de symptôme ou encore ressentir de
douleur.
La personne peut ressentir une douleur aiguë ou avoir une sensation de
déchirure au talon particulièrement le matin au lever ou après avoir été au
repos pendant une certaine période de temps. La douleur diminue ou disparaît
avec la marche ce qui procure une fausse sensation de soulagement puisqu'elle
aura tendance à réapparaître lors d'une marche prolongée ou après une période
de repos. Avec le temps, la douleur peut devenir lancinante et irradier vers
l'arrière de la jambe ou sous l'arche du pied.
La douleur peut aussi se présenter sous forme de pincement, localisée à la
partie antérieure et interne du talon (soit 5 cm du rebord arrière du talon).
Elle peut être déclenchée par la palpation du talon ou l'étirement du fascia
plantaire, par exemple en position debout sur la pointe des pieds (l'étirement
maximal du fascia crée alors un stress à son point d'insertion à l'os du
talon).
Les causes
L'épine de Lenoir se trouve souvent chez les personnes âgées ou les
personnes obèses, chez qui le coussin plantaire est diminué ou encore chez les
personnes ayant des problèmes biomécaniques des pieds tels que les pieds creux
ou plats ou encore chez qui on peut noter un mauvais alignement des talons.
Divers autres facteurs sont susceptibles d'être à l'origine du développement de
l'épine de Lenoir.
- La marche ou la station debout prolongée sur des surfaces dures ;
- La pratique régulière de sports qui sollicitent les articulations du pied, telles que la marche, la course, le saut ;
- Le port de chaussures qui supportent mal le talon (semelles et talons trop minces, durs, contreforts trop mous qui ne permettent pas de bien stabiliser les talons lors de la marche ou en station debout) ;
- Le port de souliers à talons hauts qui avec le temps vont créer une tension dans les muscles des mollets.
Les examens diagnostics
L'histoire du problème de santé et l'évaluation des pieds et de la
douleur permettent de recueillir les informations pertinentes.
Toutefois, l'épine de Lenoir est visible seulement à la radiographie. La
radiographie permet aussi de déterminer la présence d'autres pathologies
susceptibles de causer une douleur au talon qu'elles soient liées aux os du
pied, aux articulations et aux tissus environnants.
Le traitement
Dans la plupart des cas le traitement vise à soulager la douleur et à
éliminer la pression sur l'épine osseuse.
- Suspendre ou ajuster les activités physiques provisoirement tout en se laissant guider par la douleur ressentie ; reprendre les activités progressivement ;
- Appliquer de la glace sur le talon pendant 15 minutes (sac de glace émiettée, petits pois surgelés) plusieurs fois par jour et après toute activité pour réduire l'inflammation ; durant l'application de glace, bien protéger la peau avec une serviette afin d'éviter les engelures ;
- Masser le dessous du pied avec du froid et faire des exercices d'étirement (20 à 30 secondes chaque pied) pour assouplir le fascia plantaire ; procéder doucement et progressivement tout en évitant de créer ou d'augmenter la douleur ;
- Porter un coussinet pour le talon (dans un matériau qui absorbe les chocs) pour réduire l'impact du talon contre le sol et la pression sur le fascia plantaire. Ces coussinets ne sont pas toujours efficaces, surtout si le problème est d'origine biomécanique ;
- Porter des chaussures de marche avec une semelle épaisse et un talon bien rembourré.
Prévention
- Faire des exercices d'étirement et de mobilisation pour assouplir le pied et le rendre moins vulnérable ;
- Porter des chaussures adaptées aux types d'activités : elles doivent donner un support et avoir des semelles qui absorbent les chocs ;
- Porter des pantoufles qui supportent le pied surtout lors des premiers pas au lever du lit ; éviter de porter des pantoufles durant la journée, de marcher pieds nus sur des surfaces dures ou seulement avec des bas ;
- Modifier les habitudes et postures de travail ; éviter de se tenir debout pendant de longues périodes ou de marcher trop souvent sur des surfaces dures ou inégales ;
- Faire des trempettes dans de l'eau tiède et salée le soir pour détendre les pieds ;
- Faire des exercices d'étirement et de mobilisation pour assouplir le pied et le rendre moins vulnérable avant et après les exercices (marche, course) ;
- Respecter les besoins de repos et de détente du corps et être à l'écoute des signes d'inconfort et de toute douleur ; cesser une activité dès qu'une douleur apparaît ;
- Maintenir un poids santé et surveiller son alimentation.
Des exercices pour vos pieds
Quelques exercices peuvent être faits pour prévenir les blessures,
renforcer les petits muscles des pieds et soutenir le fascia plantaire. Pour
avoir de bons résultats, il est important de les pratiquer régulièrement et
graduellement. Les mouvements, toujours doux et lents, ne doivent jamais être
douloureux.
Exercices assis
- Mettre un mouchoir en papier par terre et le ramasser avec les orteils; reprendre le mouvement à quelques reprises.
- Faire rouler une bouteille, un rouleau à pâte ou une balle de tennis sous la voûte plantaire. À mesure que la douleur s'estompe, rouler une balle de golf directement sous le talon.
- Passer une serviette en boucle autour du bout du pied, jambe allongée, appliquer une tension en ramenant le pied vers soi et par la suite, relâcher.
Exercice debout
- Se tenir debout, à environ deux pieds face au mur.
- Placer la paume des mains contre le mur.
- Faire un pas vers l'arrière avec un pied de façon à ce que la jambe soit tendue vers l'arrière et le pied en appui sur le sol au niveau des orteils, l'autre jambe est fléchie vers l'avant, garder cette position pendant 30 à 60 secondes.
- Fléchir le genou afin qu'il soit aligné avec le deuxième orteil de façon à ressentir un étirement au niveau du tendon d'Achille. Maintenir cette position pendant 30 à 60 secondes.
- Répéter les deux mouvements à quelques reprises.
merci pour ces informations bien utiles...
RépondreSupprimerMerci pour vos infos
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