De leur voiture à leur
cercueil, nos élus vous saluent bien
Députés et élus ont bien des
facilités pour dépenser votre argent. Voici comment.
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Nous
avons vu que rien ne rend plus heureux nos dirigeants que de disposer de votre
argent pour organiser la société comme ils l’entendent : placements,
retraites… tout doit y passer. Eux, par contre, s’abstiennent de jouer selon
les règles qu’ils établissent spécialement pour vous.
Je vous
propose donc, aujourd’hui, de poursuivre notre tour d’horizon des dernières
évolutions législatives et réglementaires, ce qui va nous amener à inaugurer
une nouvelle rubrique.
AUTO-MOTO : VOUS REPRENDREZ BIEN UNE PETITE
LOUCHE D’IMPÔTS ?
Emmanuel Macron, alors candidat à la présidence de la
République, avait laissé entendre qu’il était contre l’abaissement
de la vitesse de circulation à 80 km/h sur les
routes secondaires. Depuis, le gouvernement d’Emmanuel Macron a indiqué qu’il
comptait entériner cette limitation sur les routes secondaire à double sens qui
ne sont pas séparées par un rail ou par un muret, avec effet au
1er juillet.
Ainsi,
le Premier ministre Édouard Philippe a-t-il adopté, début janvier, la posture
du héros épris de rectitude morale pour justifier cette mesure qui permettrait
de sauver jusqu’à « 450 vies par an ».
Officiellement,
aucun rapport avec une hausse des rentrées d’argent frais consécutives au
probable surcroît d’amendes à venir, dans la lignée du déploiement des
mitrailleuses à PV que sont les voitures-radars banalisées. Soyez-en sûr, ces
mesures sont pensées pour votre bien.
Depuis, le gouvernement s’est décidé à publier le rapport
sur les tests de la baisse de la vitesse à 80km/h qui ont été menés entre juillet 2015 et juin 2016.
Le problème, comme le rapporte BFM TV, c’est que « le rapport du Cerema ne livre
aucun détail sur l’évolution du nombre de décès et de blessés sur ces trois
tronçons, ni sur les causes d’éventuels accidents pendant la période de
l’expérimentation ».
Ajoutez
à cela qu’Emmanuel Macron (le candidat) avait laissé entendre qu’il
n’augmenterait que la taxation du diesel (afin de « réduire massivement la pollution liée aux particules
fines ») et pas celle de l’essence, pour finalement augmenter dès
le 1er janvier 2018 la fiscalité des deux types de carburants… et vous
commencez à avoir de quoi remplir un tombereau de carabistouilles de campagne
électorale.
Mais,
bien sûr, ces hausses d’impôts frapperont l’ensemble de la population, peu
importe que vous soyez un politicien ou un contribuable lambda.
À moins
qu’Arnaud Montebourg et ses confrères ne prennent le volant que lorsqu’il
s’agit de faire de la communication, par exemple pour mieux convaincre les
électeurs que le gouvernement se démène en vue de mener à bien le
« redressement productif » de la France.
Il est
vrai que des impôts sont nécessaires… surtout si l’on veut continuer à
gaspiller de l’argent public.
GABEGIE : L’ « ARGENT PUBLIC »,
DÉPENSÉ AVEC TOUJOURS PLUS DE PARCIMONIE
Le 6
décembre dernier, Édouard Philippe a profité de votre argent pour s’offrir un
vol privé dont le coût est estimé entre 350 000 et 480 000 €.
Peut-être
l’avion privé utilisé par le Premier ministre disposait-il d’une technologie
permettant de « réduire massivement
la pollution liée aux particules fines », comme le voudrait notre
bon président. Et puis, sans doute, Édouard Philippe devait-il se rendre à une
réunion urgente du type colloque sur le manspreading avec
Marlène Schiappa…
Je
préfère ne pas creuser le sujet de peur d’être déçu ou agacé. D’ailleurs, pour
vous parler franchement, j’en viens parfois même à me demander s’il ne faudrait
pas que je m’offre quelques séances de méditation afin de pouvoir continuer à
rédiger cette chronique dans de bonnes conditions.
Le
problème, c’est qu’il faudrait que j’abonde de ma poche et qu’au prix de la
séance avec un coach privé, je préfère pour le moment m’en passer…
Heureusement, un espoir se fait jour : me faire élire député !
La Croix
rapporte les propos du député LREM Pacôme Rupin :
« La méditation est recommandée pour les
responsables politiques. […] Un travail sur notre intériorité peut nous aider à
prendre du recul et à mieux gérer des situations tendues. »
Après
tout, les contribuables britanniques offrent ce type de prestation à leurs
parlementaires depuis 2004, alors pourquoi nos représentants n’y auraient-ils
pas droit eux aussi, surtout si cela leur permet d’être moins stressés dans
leur activité professionnelle ?
À propos
de vos élus à l’Assemblée, j’espère que vous avez pensé à leur envoyer un
message de soutien après la réforme de leurs frais d’obsèques, et de ce ceux
des membres de leur famille.
ET MÊME DEVANT LA MORT, LES DÉPUTÉS NE SONT PAS COMME
LES AUTRES
Le plus
croustillant, c’est que nos élus croulent à ce point sous les privilèges
que Le Figaroprécise qu’il s’agit
d’ « un avantage parlementaire peu
connu du grand public et parfois des députés et sénateurs eux-mêmes » !
Car
cette allocation funéraire n’est pas spécifique aux députés. Prévue par les
règlements des deux chambres parlementaires, elle couvre le décès des députés
et des sénateurs qui viendraient à trépasser au cours de leur mandat… ou après
celui-ci… ainsi que le décès de leur conjoint… et de leurs enfants à charge.
Le 14
mars, le bureau de l’Assemblée nationale a décidé de réduire le montant de
cette allocation funéraire. Son homologue au Palais du Luxembourg n’a pas réagi
à ce jour.
Espérons
au moins que si elles sont décidées, les séances de méditation à venir
permettront à nos députés de mourir détendus et l’esprit libre.
Parenthèse :
si vous trouvez que ces mesures relèvent du gaspillage, sachez que Jacques
Attali risque de hurler à l’amalgame. L’ancien conseiller d’État considère en
effet que le gaspillage, c’est avant tout quand l’être humain quitte la planète
bleue pour aller voir ce qui se passe un peu plus loin que chez lui…
Au
final, en dépit du fait que nos dirigeants et nos élus se servent de notre
argent comme s’ils tapaient dans un bol de punch à la garden party de l’Élysée,
ils ne parviennent pas à dépenser autant qu’il le faudrait pour que la France
maintienne son rang dans la compétition internationale de jetée d’argent par
les fenêtres.
Comme
les recettes fiscales de 2017 sont supérieures à ce qui avait été prévu – quoi
qu’insuffisantes pour couvrir les dépenses de l’État – il s’est naturellement
trouvé des députés de la majorité pour demander au gouvernement de redistribuer
cette « cagnotte fiscale ».
Même si
le président et le gouvernement ont une fâcheuse tendance à confondre baisse
des dépenses et ralentissement de leur hausse, l’exécutif a heureusement coupé
court aux aspirations de ces apprentis pyromanes. À l’Élysée et à Matignon,
l’heure est plutôt à l’innovation fiscale et sociale, comme nous le verrons
très bientôt.
Source contrepoints.org
Par Nicolas Perrin.
Nicolas Perrin est l'auteur de l'ouvrage de référence
« Investir sur le marché de l’Or – Comprendre pour agir ». Diplômé de l’IEP de
Strasbourg, du Collège d’Europe et de l’Université d’Aix-Marseille, il est
conseiller en gestion de patrimoine indépendant.
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