Petite histoire de la désinformation
Vladimir Volkoff était
un auteur prolifique, surtout de romans historiques et policiers. Fils immigré
de Russes chassés par la Révolution de 1917, après un début de carrière dans
l’Armée (en Algérie, qu’il dut quitter avec douleur), puis dans l’enseignement,
ce licencié en lettres classiques et docteur en philosophie, se lance dans
l’écriture, où il connaîtra un certain succès.
Pour ma part, je
m’intéresserai ici à deux de ses essais, à commencer par cette « Petite
histoire de la désinformation », publiée en 1999. Un ouvrage qui lui a
donné ensuite l’idée de lancer une collection, aux Éditions du Rocher, autour
de ce même thème (et à laquelle j’ai failli collaborer avant qu’il ne
disparaisse), dont il n’aura hélas eu le temps que de faire publier deux ou
trois contributions.
Une approche vivante et dynamique
J’ai eu beaucoup de
plaisir, lorsque ce livre est sorti, à le lire. Fourmillant d’exemples,
d’anecdotes, de faits historiques et d’illustrations empruntées au quotidien,
il y propose une approche vivante et dynamique de ce qu’est la désinformation
et quelles en sont les grandes ficelles.
« Une petite
histoire » dans la mesure où il faudrait des milliers d’ouvrages pour
retracer véritablement l’Histoire de la désinformation, ou tout au moins un
ouvrage très épais pour en narrer les grandes étapes historiques. Ici,
l’approche est bien plus ludique et destinée à un grand public.
Vladimir Volkoff,
l’ancien militaire de carrière, devenu spécialiste du sujet (il fut initié à la
doctrine du Renseignement, Action, Protection), commence par mettre les choses
au clair en précisant ce que la désinformation n’est pas, la distinguant de la
propagande, la publicité ou l’intoxication, notamment, qui ont d’autres visées.
Ce qui lui permet de proposer la définition de la désinformation, que voici :
« Il
me semble que la désinformation suppose trois éléments :
-
une manipulation de l’opinion publique, sinon ce serait de l’intoxication ;
-
des moyens détournés, sinon ce serait de la propagande ;
-
des fins politiques, internes ou externes, sinon ce serait de la
publicité. »
« La
désinformation est (donc) une manipulation de l’opinion publique à des fins
politiques, avec une information traitée par des moyens détournés. »
Une analyse des mécanismes de la désinformation
Voilà pour le point de
départ. Ensuite, à travers une quinzaine de petits chapitres, à chaque fois
illustrés par de multiples courts exemples passionnants empruntés à l’Histoire,
partant du « bouche à oreille »,
en passant par le « c’est vrai puisque je
l’ai lu » (et même chose pour « parce
que je l’ai vu »), « la
désinformation (qui) s’organise »
(l’URSS, la Chine communiste, le KGB, la Gestapo, notamment, mais aussi
diverses opérations militaires), ou encore par les manuels scolaires,
dictionnaires, etc., Vladimir Volkoff démonte les mécanismes classiques de la
désinformation.
Dans un chapitre plus
général, l’auteur explique en effet en détail « comment
c’est conçu », puis dans un suivant « comment
ça se pratique », pour ensuite en détailler chaque élément
particulier dans les chapitres suivants, qui apportent autant d’exemples
concrets.
Ce qui en fait un
ouvrage à la fois passionnant et très facile à lire. Très pédagogique, mais
jamais ennuyeux. Vladimir Volkoff sait magnifiquement bien capter l’attention
de son lecteur, qui comme pour un bon roman n’a pas envie de lâcher le livre.
Je le relierai d’ailleurs volontiers à l’occasion. Et je le conseille vivement
à ceux qui veulent s’instruire de ce qu’est exactement la désinformation et
comment elle fonctionne, tout en passant un bon moment de détente.
Source contrepoints.org (Par Johan Rivalland)
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