Ma vie d’expat’
in London
Le témoignage de Nicolas :
« Les plaintes, les grèves, les jérémiades, les arrangements politiques,
les taxes à n’en plus comprendre l’utilité ; si c’est ça être Français, je
préfère être un sujet de sa majesté. »
Une petite présentation ?
Je suis
Nicolas, 42 ans, célibataire. Je suis né à Paris, et y ai vécu pendant 40 ans.
Je peux me considérer comme un « vrai » Parisien puisque ma famille
en est originaire depuis 4 générations. J’ai déménagé à Londres il y a
deux ans.
Que faites-vous comme métier dans ce
pays ? Pouvez-vous raconter brièvement votre parcours professionnel ?
Je suis
photographe de profession. Je suis spécialisé dans la photographie culinaire,
les cosmétiques et la joaillerie. J’ai été diplômé d’Icart Photo en 1995.
J’ai
énormément voyagé : personnellement, mais aussi pour des catalogues, des
agences de publicité ou des clients. Je fais le tour du monde une à deux fois
par an.
Pourquoi être parti ?
Sur le
plan humain, l’idée de quitter Paris me taraudait déjà depuis plusieurs
années : l’agressivité latente, le pessimisme ambiant, l’incivilité des
Parisiens ont fait que je ne reconnaissais plus « ma ville », celle
dans laquelle j’ai toujours vécu. En fait j’avais la sensation que je n’y
trouvais plus ma place car je suis de nature optimiste et je me sentais
« tiré par le bas » par mes contemporains, qu’ils soient amis ou
collègues.
Sur le
plan financier, mes revenus avaient augmenté de 25% en 3 ans et en même temps,
mes impôts de 300%.
J’ai alors
commencé à regarder d’autres pays alentours (chose que je n’avais jamais faite
auparavant) et je me suis rendu compte que j’étais surtaxé en France (47% de
charges contre 12% en Grande-Bretagne).
Pourquoi ce pays ?
Je
travaillais déjà en Grande-Bretagne épisodiquement, de nombreux amis vivent à
Londres et je parle anglais couramment.
Je suis à
2h de Paris en Eurostar. J’ai rencontré un comptable ici à Londres qui m’a
finalement décidé à partir de Paris.
Avez-vous eu des doutes ? Comment
les avez-vous gérés ?
Quelques
doutes au début, notamment sur le coût de la vie, l’intégration. Ces doutes ont
été balayés dès les premières semaines car Londres est faite d’une
multi-ethnicité tellement vaste que l’intégration est quasi immédiate.
Même si le
coût de la vie quotidienne est 20% plus élevé qu’à Paris, la qualité de vie la
dépasse de 200%.
Parlez-nous de votre quotidien :
comment s’organise une journée, en quoi est-ce différent de la France, de ce
que vous connaissiez ?
Tout
d’abord, Londres est une ville dans laquelle on se sent en sécurité. Il y a des
vols évidemment, mais on se sent « safe » au quotidien.
Le
changement, il est dès le matin : Londres est une ville où tout le monde
se respecte, on se salue dans la rue, on se sourit, on se dit bonjour et au
revoir… Et avec le cœur ! Je rentre de Miami et je peux vous affirmer que
le service est ici d’une sincérité remarquable.
Au jour le
jour, il est très facile de prendre un rendez-vous professionnel, de louer un
appartement de payer sa TVA ou son téléphone.
Les gens
sont à l’écoute et serviables. Les boutiques sont ouvertes 7 jours sur 7 et le
caissier de chez Mark & Spencer (Monoprix local) vous fera une petite
blague si vous lui souriez.
Un bilan aujourd’hui : que
vous a apporté l’expatriation ?
Cette
« douceur de vivre » est fondamentale pour le bien-être et le
moral au quotidien.
La société
britannique, comme les sociétés anglo-saxonnes sont des sociétés de mérite. On
ne jalouse pas l’autre, on l’envie ; les différences sont une force. Pour
résumer, les gens sont GENTILS !
Sur un
plan économique, si je fais le calcul toutes taxes confondues (charges, impôts,
taxes diverses..) je paie le cinquième de ce que je paierais en France.
Est-ce que vous vous sentez
encore Français ? Pourquoi ?
J’aime
profondément ma langue maternelle, et à ce titre elle comporte beaucoup plus de
subtilités, de concepts et d’abstractions, contrairement à l’anglais qui est
une langue de commerce, simple, factuelle, beaucoup moins nuancée. En revanche,
je ne sais pas si je me sens encore Français. J’avoue que je ne reconnais plus
mon pays ni ceux qui nous gouvernent.
Les
plaintes, les grèves, les jérémiades, les arrangements politiques, les taxes à
n’en plus comprendre l’utilité ; si c’est ça être Français, je préfère
être un sujet de Sa Majesté.
Autre chose à dire ?
Oui, si
j’avais su, je serais parti plus tôt.
Et à la
question : « mais il pleut plus à Londres qu’à Paris »
c’est faux : 650mm/an à Paris contre 588 à Londres. Mais surtout,
ici, on s’en fout !
Photo : London By: August Brill – CC
BY 2.0
Source contrepoints.org
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