Cœur de sportive
Mesdames, votre cœur n’est pas celui d’un
homme ! Ses maladies et ses performances ne sont pas identiques. Votre bilan
médico-sportif et votre entraînement doivent être différents !
Explications et conseils !
Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
Docteur Laurent UZAN, cardiologue du sport.
Votre
mari, vos copains courent plus vite que vous … et sans effort
particuliers ! Sur les stades comme dans les entreprises vous souffrez
d’injustices ! Heureusement, cette supériorité apparente cache quelques
faiblesses !
- Le cœur des femmes est moins sensible !
Mesdames,
vous présentez deux fois moins de «cardiomyopathie hypertrophique». Cette
malformation correspond à un épaississement du muscle cardiaque. A
l’effort, elle est parfois responsable de crampes du cœur gravissimes !
Vos valves, les soupapes qui séparent les différents compartiments du cœur,
s’abîme 2 fois moins souvent. Jusqu’à la ménopause, vous faites 3 à 4
fois moins de crise cardiaque que les hommes. Il faut remercier vos
hormones sexuelles qui assouplissent vos artères et limitent l’accumulation de
mauvais cholestérol. De façon logique, pour 100 morts subites pendant le sport,
on trouve 90 hommes et 10 femmes. Cependant, vous dilapidez vos privilèges
quand vous fumez ! Votre risque redevient comparable à celui des hommes
quand vous associez tabac et pilule ! Dommage ! Après la ménopause,
vers 54 ans en moyenne, la production d’hormone féminine protectrice s’arrête
et le risque d’infarctus augmente. Il rattrape rapidement celui des hommes. Une
femme et un homme de 70 ans ont la même probabilité d’être victime de cet
accident cardiaque grave. Ainsi, les maladies cardiovasculaires restent la
première cause de mortalité féminine. Heureusement, tout au long de votre vie,
comme chez l’homme, le sport divise par 2 à 3 le risque d’infarctus ! A
partir de 4 heures par semaine d’entraînement, la fréquence des morts subites à
l’exercice diminue. Selon une étude menée par le Docteur JOUVEN, elle est
identique chez les sédentaires et celles qui pratiquent entre 2 et 4 heures
chaque semaine. Elle augmente lorsque la durée de l’activité sportive
hebdomadaire est inférieure à 2 heures. Dans ces circonstances, il semble
que, par manque d’habitude, la sollicitation cardiovasculaire stresse plus le
cœur qu’elle ne le renforce !
Le cœur des femmes est protégé par leurs
hormones. Une épreuve d’effort est conseillée après la ménopause.
- Un bilan médico-sportif féminisé
Jusqu’à
50 ans, votre aptitude cardiovasculaire est confirmée par une visite médicale
annuelle. Elle inclut notamment un interrogatoire rigoureux recherchant des
symptômes évocateurs de maladies cardiaques. Les signes habituels sont les
pertes de connaissance, les malaises, les palpitations ou les douleurs
dans la poitrine. Cependant, mesdames, vous ressentez les choses parfois
différemment : irradiations dans le cou ou les bras, brûlures
d’estomac, nausées, vomissements, difficultés respiratoires, faiblesse
musculaire. Ces manifestations survenant à l’effort sont également intrigantes
pour le cardiologue du sport ! L’examen comprend un électrocardiogramme de
repos lors du premier bilan puis tous les 2 ans en cas de compétition. Cet
examen tente de détecter des malformations du cœur et des anomalies dans la
transmission électrique de l’ordre de contraction. Alors que l’épreuve d’effort
est conseillée après 40 ans chez le sportif, chez la femme, elle ne se révèle nécessaire
qu’après la ménopause, au-delà de 55 ans. Elle consiste à monter sur un vélo
immobile et à pédaler progressivement jusqu’au maximum de vos possibilités.
Simultanément, un électrocardiogramme surveille l’activité électrique de votre
cœur. Il recherche des indices de mauvaise oxygénation par obstruction
partielle des artères entourant le muscle cardiaque.
Parcours de l'onde électrique et phases de la contraction cardiaque - effets sur l'électrocardiogramme
- Un moteur moins puissant …
La
puissance de votre cœur, la fameuse « VO2 max » ou
« consommation maximum d’oxygène »est plus faible que celle des
hommes. En moyenne, vous atteignez votre fréquence cardiaque maximum en courant
à des vitesses 10 à 15% inférieures. Chez les athlètes masculins de haut niveau
cette allure correspond à 24 km/h contre 21 km/h pour leur homologue du «sexe
lent». De surcroît, votre petit moteur est contraint de « tourner plus
vite » ! Vous présentez un rythme cardiaque maximum un peu plus
élevé, classiquement (225 – âge en années) contre (220 –âge en années) pour les
hommes. Plusieurs paramètres justifient ces constatations. Votre cœur est plus
petit et grossit moins avec l’entraînement. En effet, en l’absence d’hormones
mâles anabolisantes, la construction des protéines et des muscles est
moins stimulé. Pour les mêmes raisons mais également à cause des règles, vous
avez moins de globules rouges circulant dans votre sang : 14 grammes en
moyenne pour 100 millilitres contre 15 chez un homme. Vous manquez de
transporteurs d’oxygènes entre vos poumons et vos muscles ! Vous brûlez
moins d’énergie ! Mesdames, vous sacrifiez aussi la performance à la
beauté ! En effet, vos jolies courbes féminines s’expliquent par une
adiposité un peu plus élevée que les celles des hommes. 25% de votre corps est
constitué de graisse contre 15% en moyenne chez l’homme. Au final, en filant la
métaphore automobile, j’aurai l’audace de vous expliquer que le poids de la
carrosserie augmente alors que celui du petit moteur musculaire diminue
d’autant ! Le rapport poids puissance en pâtit, la vitesse maximum
aussi !
- Un moteur plus résistant et plus économique !
Cette
différence de niveau entre hommes et femmes s’émousse quand la distance
augmente ! Les records mondiaux l’illustrent bien. L’écart est d’environ
12% pour le 1500 et le 10 000 mètres. Il tombe à 9% au marathon et
s’effondre à 5% à l’occasion du 100 kilomètres. Mesdames vos hormones féminines
vous confèrent une souplesse plus importante. Les membranes musculaires, les
aponévroses, se laissent distendre plus aisément, vous faites moins de micro
déchirures musculaires, vous êtes moins sensibles aux courbatures. Vos muscles
s’abîment moins, ils fonctionnent plus longtemps correctement ! Votre
climat hormonal favorise également l’utilisation des graisses. A intensité
identique vous brûlez plus de lipides que les hommes. C’est à 52% de votre
fréquence cardiaque maximum que votre consommation d’acide gras diminue au
profit du glucose contre 45% chez les hommes. Vous économisez d’autant votre
sucre musculaire ou « glycogène » et vous tenez plus longtemps !
Certains mentionnent aussi un meilleur contrôle de la déshydratation et de la
température corporelle. Mesdames, vous évacuez la chaleur produite par la
contraction musculaire plus par ouverture des vaisseaux situés dans la
peau que par sudation. A l’effort, les femmes ont tendance à rougir rapidement
alors que les hommes transpirent. Vous êtes moins trapu donc plus longiligne
vos collègues masculin. De fait, votre surface cutanée est plus
importante et la « vasodilatation périphérique » est efficace pour
vous refroidir ! Pour le même exercice, l’homme perd de l’eau et des
minéraux. Sa température corporelle s’élève plus nettement. Voilà qui limite
parfois sa tolérance aux activités très prolongées !
- Adaptez votre entraînement
Avant la
ménopause, votre cœur est protégé … sauf quand vous cumulez tabac et
pilule ! Arrêtez de fumer ! Vos points faibles sont le manque
de muscle, l’usure des cartilages, le risque d’ostéoporose et de chute l’âge
venu ! Quitte à limiter un peu le travail cardiovasculaire, optez
pour des entraînements variés sollicitant aussi votre squelette et votre
équilibre. Ne vous contentez pas de natation, d’aquagym ou de vélo !
Courez, faites du tennis, dansez, participez à des cours collectifs où
s’associent, travail du cœur, réceptions et renforcement musculaire !
Après la ménopause, augmentez un peu les sports d’endurance pour préserver
votre cœur. L’idéal est de pratiquer plus de 4 heures par semaine. Les os et
les articulations fragilisées doivent être plus subtilement sollicitées et
entretenues. La randonnée, la marche active, le footing, la danse et le tennis
sont encore les bienvenus. Pour limiter le risque de fracture de fatigue, la
somme des activités à impact ne doit pas dépasser 6 heures hebdomadaire.
Afin d’éviter l’aggravation de votre arthrose, limitez-vous à 30 à 40 km de
footing par semaine. Vélo, natation, aquagym et cardiotraining sur appareil
complètent le travail cardiovasculaire. Tout au long de votre vie de sportive,
optimisez encore votre thermorégulation. Puisque vous transpirez peu, pensez à
vous asperger. Mouillez votre maillot, notamment en compétition ! L’eau
versée s’évaporera en utilisant la chaleur du sang passant dans votre peau.
Vous serez encore plus à l’aise ! Enfin, le suivi quotidien de sportives,
m’amène à un dernier conseil ! Attention aux séances mixtes ou en couple.
Vous cherchez à maintenir le rythme ! Vous êtes dans toujours un peu dans
le « rouge » ! Insidieusement, vous surentraînez, vous vous
épuisez ! Suivez monsieur lors de sa séance de récupération! Au cours des
longues sorties, mettez-lui un sac à dos. Dosez le handicap jusqu’à ce qu’il
reste à vos côtés sans trépigner ! Pendant les séances de
fractionné, laissez le faire des « allers-retours» … un peu comme un
épagneul breton ! Les amoureux passionnés de vélo peuvent investir dans un
tandem, c’est très sympa ! Dans d’autres circonstances, entraînez-vous à
votre rythme éventuellement accompagnée d’une copine de votre niveau !
Source SantéSportMag
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