Macron : l’ENArchie au pouvoir ?
Macron est le modèle achevé de
l’énarque, sorti à l’Inspection des finances, le corps de fonctionnaires le
plus important de l’État par le poids qu’il a pris dans la vie économique de la
nation, par les désastres qu’ils entraînent et les avantages qu’ils en tirent.
Nous vous engageons à lire Révolution le livre d’Emmanuel
Macron. Un très bon travail d’énarque. 260
pages au terme desquelles on se demande toujours comment réaliser son
programme. Mais l’on pleure sur l’évocation de sa grand-mère et on sait qu’il
est contre la suppression de l’ENA.
Il a su
copier les politiciens de la IIIème et IVème république, pour lesquels un bon
programme doit présenter les objectifs comme la solution… mais sans dire
comment.
Pour
ceux que séduit l’attrait du neuf, ils se demandent si nous ne mettons pas à la
tête de notre pays un membre éminent de la tribu qui, jusqu’à présent, a su si
bien les rançonner.
Macron
est en effet le modèle achevé de l’énarque, sorti à l’Inspection des finances,
le corps de fonctionnaires le plus important de l’État par le poids qu’il a
pris dans la vie économique de la nation, par les désastres qu’ils entraînent
et les avantages qu’ils en tirent.
Il y a eu certes de grands Inspecteurs, comme Bernard
Lathière, un père fondateur d’Airbus. Mais, dans Le Dossier noir de l’ENA
publié lors du soixantenaire de cette école, nous faisions le point sur les 200
milliards d’euros perdus par la promotion
Titanic, nom de baptême du Canard
enchaîné pour réunir Michel Albert,
Jean-Michel Bloch-Lainé, Georges Bonin, Jean Dromer, Jean-Yves Haberer sorti
major de l’ENA, etc., tous inspecteurs.
La catastrophe des énarques dans
le secteur bancaire
Plus
grave, comme le public l’ignore, le secteur bancaire, dominé par les
inspecteurs des finances, est celui dont la performance a été la plus
désastreuse de tous les secteurs économiques français : taux de croissance
négatifs alors que toute la banque internationale s’envolait et que les autres
secteurs de services français, notamment l’assurance, voyaient une progression
soutenue.
Aucun
média n’en a bien entendu parlé.
Il
s’agit ici moins d’attaquer des personnes qu’un système idiot qui sélectionne
sur l’art de la parole les éléments les plus vifs à répondre d’une génération
pour en faire, à 25 ans, des rentiers et des profiteurs.
En
sortant dans un grand corps, c’est un emploi à vie comme tout fonctionnaire,
mais aussi pouvoir passer à volonté du secteur public au secteur privé,
beaucoup plus lucratif que la fonction publique où sont bloqués leurs camarades
de l’ENA non sortis dans les grands corps. Avec, en plus, pour l’Inspection, la
possibilité d’alterner entre privé et public, quasiment à volonté, du jour au
lendemain.
Qu’a
fait Emmanuel Macron pour corriger ce système ? Seulement, en profiter ?
Pourtant,
avec ses camarades de la promotion Léopold Senghor, il signait « l’ENA[2. Extraits courts, placés entre…] ne forme pas ses élèves, elle les classe … l’esprit
critique n’est pas de mise. Dans la rédaction des copies, le copier-coller
remplace l’analyse, l’élève se contentant d’adopter la Doxa en vogue dans
l’administration… Principale cause d’immobilisme du système, la sortie directe
des élèves dans les grands corps de l’État n’est pas remise en cause. »
Et la promotion de proposer la suppression de l’accès direct aux grands corps
(Conseil d’État, Cour des comptes, Inspection générale des finances) et de
conclure : « nous n’acceptons pas pour notre
compte que l’ENA dispense une scolarité au rabais, qui n’est que l’alibi d’un
concours de beauté organisé par les divers corps de l’État venant chercher la
confirmation annuelle de leur propre prestige : « miroir, mon beau miroir,
dis-moi qui est le plus beau ». ».
Il nous
dit qu’il ne fermera pas l’ENA mais qu’attend-il pour exiger 10 années
d’expérience concrète avant d’entrer dans les Grands Corps ? Il éviterait de
voir des inspecteurs des finances honorables comme Jean-Maxime Lévêque,
incarcéré (et finalement disculpé) parce qu’ayant toujours été au sommet de
l’État, il n’avait jamais eu à traiter de la pratique journalière et s’était
fait « ramasser » comme un bleu quand il a pris la tête d’une petite société
financière.
Jusqu’à présent, Macron nous a simplement démontré qu’il
avait su exploiter les avantages de Bercy, la citadelle des Inspecteurs, non seulement logement,
bureaux, cantine des hauts fonctionnaires, amphithéâtre Pierre Mendès-France
mais aussi, possiblement, comme l’ont publié deux journalistes, le budget de
son ministère pour lancer sa campagne.
Il est
vrai qu’il est remarquablement soutenu non seulement par les médias et Bercy
mais, idéal ou intérêt, par les grandes fortunes avec LVMH, Altice (SFR),
Pierre Bergé, etc.
Une
coalition en face de laquelle le peuple des petits entrepreneurs ne fait pas le
poids. À moins que lors du vote, la France profonde, celle de nos ancêtres les
Gaulois, ne se réveille.
Source contrepoints.org
Par Bernard Zimmern.
Bernard Zimmern est ancien élève de l'École
polytechnique (promotion 1949) et de l'ENA (promotion Albert Thomas 1955).
Après 6 ans chez Renault, 10 ans comme directeur du département R&D de la
CEGOS, il crée une société pour développer ses inventions de compresseurs
rotatifs, émigre aux États-Unis en 1983 où il découvre le rôle capital des
think-tanks dans la croissance et la défense de la Société Civile et, comme
beaucoup d’entrepreneurs américains, investit une grande partie de la petite
fortune qu’ont rapporté ses inventions pour créer en France en 1985 l’un des
premiers think tank sans financement d’État, l’iFRAP, reconnue fondation
d’utilité publique en 2009 et un institut de recherche en 2005, l’IRDEME, pour
développer une discipline économique quasiment ignorée en France : la
démographie des entreprises. En septembre 2012, il lance "Emploi
2017" un site de réflexion sur la création d'emplois. Il y propose une
analyse des leviers politiques et fiscaux qui entravent ou favoriseraient
l'Emploi.
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