Hypocondriaques
13 % des Français sont angoissés à l’idée
d’être malade ou de le devenir, même sans en présenter les symptômes. Pour
d'autres cette anxiété bascule dans l'hypocondrie, une pathologie qui se
soigne.
D’après une récente
étude Ifop/Capital Image, un dixième des Français sont angoissés à l’idée
d’être malade ou de le devenir, et ce sans avoir de symptômes. En
conséquence, près des trois quarts de ces personnes vont rechercher de
l’information sur Internet et 61 % vont en discuter avec leurs proches. Ceux-ci
vont également consulter leur médecin (59 %), voire plusieurs médecins.
Mais
dans certains cas, l'angoisse est un véritable syndrome :
"l’hypocondrie". La première image qui vient à l’esprit lorsque
l’on parle de cet état est sans doute celle du malade imaginaire de Molière.
« Mais en réalité, l’hypocondrie est tout à fait sérieuse et bien plus
complexe qu’elle n’y paraît », confie le Pr Antoine
Pelissolo, psychiatre à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) contacté
par la rédaction de pourquoidocteur.
Pourquoidocteur : A
quoi reconnaît-on un patient hypocondriaque ?
Pr Antoine Pelissolo : On parle d'un problème d'hypocondrie lorsque la personne
n'arrive pas à se rassurer sur son état de santé. A la différence des anxieux,
les hypocondriaques ne parviennent pas à apaiser les inquiétudes qu'ils ont en
eux, même après une ou plusieurs visites chez le médecin. De plus, même lorsque
leurs symptômes ne correspondent pas à des recherches sur Internet et qu'ils
sont en bonne santé, les doutes persistent et reviennent très vite. C'est une
forme d'anxiété dans laquelle le patient craint toujours d'être malade ou
contaminé par les autres.
Pourquoidocteur : Tous
les hypocondriaques passent-ils leur vie chez le médecin ?
Pr Antoine
Pelissolo : Non pas forcément. Car certains
hypocondriaques sont à peu près certains que les résultats de leurs examens
médicaux vont être négatifs. Pour eux, cela peut faire repousser le dépistage,
même lorsqu'il est nécessaire. Dans ce cas, c'est très problématique. Et chez
ces patients, l'hypocondrie, ou l'anxiété, est associée à une phobie, celle des
maladies et la peur de les attraper. C'est aussi une des raisons pour laquelle
le patient ne sort pas, il préfère vivre reclus chez lui. Chez ces cas
extrêmes, l'hypocondrie est inhibitrice, et maintient le patient dans une
attitude passive, loin de tous les cabinets médicaux.
Pourquoidocteur : Comment
les médecins-ils doivent réagir face à un patient hypocondriaque ?
Pr Antoine Pelissolo : Pour les médecins
généralistes, c'est toujours très compliqué. Personnellement, je leur conseille
d'orienter ces patients vers une thérapie psychologique, psychologue ou
psychiatre. Parce que bien souvent le problème est psychologique chez ces
malades. Si le patient est réfractaire, il faut insister. C'est en abordant les
questions de fond que l'on peut guérir un hypocondriaque. Parfois, la cause de
la pathologie peut remonter très loin dans le passé (exemple, un proche malade
durant l'enfance).
Pourquoidocteur : Est-ce
une pathologie qui se soigne facilement ?
Pr Antoine Pelissolo : Quand on met en place une thérapie, en général, on obtient
de bon résultats chez les hypocondriaques. Mais ça demande un fort
investissement de la part du patient. Plus on intervient vite, plus la durée de
la guérison est courte. Concernant les médicaments, ils ne sont pas indiqués
dans la cadre d'une hypocondrie. Si un médecin en prescrit, c'est qu'il y a une
autre pathologie derrière. Soit une dépression, voir même des phobies !
Source pourquoidocteur.fr
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