Pour être déçu faut avoir eu envie
Voilà, les élections
approchent et on va avoir un nouveau roi élu. Pardon, un président de la
République (avec un grand R). Les espoirs de voir l’actuel mis dehors semble
faire oublier tout ce que son adversaire à de pourri au sein de son programme,
libéral économique sans borne, tout comme l’autre, mais peut être en moins
brutal.
D’ailleurs, le débat
entre ces deux prétendants aura permis de voir que leur vision du monde n’est
pas si différente. L’immigration est un grave problème pour les deux (faut bien
draguer l’électeur de la haine quand même pour gagner), l’économie ne peut
être que libérale et sans limites, la patrie est plus importante que tout, bref
on nous met le drapeau tricolore sous le nez et on nous demande de pas se
moucher dedans.
Bien entendu, il
s’agit de redire l’essentiel : quelque soit le prétendant qui posera son
cul sur le trône élyséen, nous n’obtiendrons rien sans nous mobiliser, sans
être dans la logique d’un changement de société par la rue, la grève, la
solidarité et l’entraide. Croire que de voter pour l’un ou pour l’autre change
réellement quoique ce soit (si ce n’est le plaisir de virer l’actuel qui nous
agace, mais n’est ce pas son rôle d’épouvantail ?) est une douce illusion
entretenue par la société du spectacle semblant donner le choix. Mais au final,
n’est on pas tout simplement en train de choisir le bourgeois qui nous
commandera ?
Dans le monde, que ce
soit en Syrie, au Mali, en Egypte, en Tunisie, au Bahreïn, en Russie, en
Ukraine, en Espagne, au Portugal, en Grèce, etc… Des voix se lèvent pour un
autre possible, un monde sans capitalisme par exemple. Si nous, ici, nous nous
contentons de simplement glisser quelques grammes de papier dans une urne pour
changer les choses, nous ne valons pas grand-chose, et il est temps de cesser
de parler de « nation de droits de l’homme » et autres grandes idées.
Voilà, je vais le dire
sereinement, mais pour moi quelque soit le résultat, je ne serai pas déçu. Car
je ne souhaite ni l’un, ni l’autre tant les deux incarnent une forme de
gouvernance qui me débecte. La force pour l’un, l’infantilisation pour l’autre.
Loin, si loin, de l’émancipation autogestionnaire, anti-patriarcale,
antisexiste, anti-homophobe. Loin de la démocratie directe, de
l’autodétermination. Belliciste dans l’âme, les deux nous parlent d’aller faire
la guerre « pour la paix », comme toujours. Incompatible avec un
antimilitarisme assumé. Athée, je suis et reste, anticlérical aussi, et les
deux flirtent avec le religieux trop souvent.
Donc voilà, je ne
serai pas déçu, mais toujours dans la lutte, quelque soit le vainqueur, quelque
soit le vaincu. Seule alternative à notre réelle libération de l’aliénation du
travail, pour une société d’entraide, anarchiste, décroissante et solidaire.
Pour être déçu il faut
avoir eu envie. Bien résumé non ?
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