Découvrez pourquoi la monnaie actuelle est malsaine
Regardez le système financier avec
les yeux de l’inventeur de Bitcoin, Satoshi Nakamoto : vous allez comprendre
pourquoi la monnaie imposée par les États n’inspire pas confiance.
Entrez
un instant dans la peau de Satoshi Nakamoto, l’inventeur de Bitcoin et
voyez donc le système bancaire et monétaire avec ses yeux, vous comprendrez
alors pourquoi Bitcoin est une innovation cruciale.
Notre monnaie de tous les jours
est déjà bien virtuelle.
D’après les statistiques de la banque centrale européenne
(la BCE), l’Euro est produit électroniquement à plus de 90% par un
simple jeu d’écriture comptable… et pour les 10%
restant, avec du papier, un peu d’encre et une bonne grosse imprimante
rotative. Ainsi la planche à billets est progressivement remplacée par des
ordinateurs à billets encore plus efficaces.
Pour
autant, ce n’est certainement pas cet aspect digital de la monnaie qui est de
nature à effaroucher notre Satoshi, enfin pas directement. En revanche savoir
qui a le droit de se servir d’un ordinateur à billets et selon quelles règles
voilà qui a de quoi retenir toute son attention.
Qui émet la monnaie ?
Eh bien, a priori, ni vous, ni moi, en tout cas pas le
citoyen lambda. S’il s’y essaie en autodidacte, ça risque d’être très mal vu.
Le fait de falsifier la monnaie ayant cours légal (article 442-1 du Code
pénal) ou d’émettre une autre monnaie que celle
ayant cours légal (article 442-4 du Code pénal)
est considéré comme un crime, puni dans le premier cas par une peine de 30 ans
de prison et 450 000€ d’amende et dans le second cas par 5 ans de prison et 75
000€ d’amende. Plutôt sévère comme sanction !
Surtout si on tourne quelques pages de ce code surprenant
et qu’on y découvre que «
le fait de soumettre une personne à des tortures ou à des actes de barbarie
[n’]est puni [que] de quinze ans de réclusion criminelle » article 222-1
du Code pénal, idem pour le viol, article
222-23 du Code pénal. De là à affirmer qu’il est
moins grave de torturer ou de violer quelqu’un que d’imprimer des faux billets…
il fallait être législateur pour en avoir l’audace ! Les lois du législateur
sont impénétrables, le citoyen en revanche…
Mais trêve de digressions. La gestion de l’émission
monétaire (Euro, Dollar, Yen etc.) est l’apanage, d’une part des banques
centrales (BCE, FED, BoJ etc.) et d’autre part, ce qui est moins connu, des
banques commerciales (Crédit Agricole, BNP, Dexia etc.) qui créent aussi de la
monnaie en pratiquant ce qu’on appelle un système de réserves
fractionnaires, à savoir qu’elles prêtent davantage
de monnaie à leurs clients qu’elles n’en ont en réserve, selon des modalités
strictement définies par nos bienveillants législateurs, cela va de soi.
Fiat Money
Les
anglo-saxons appellent ces monnaies, Euro, Dollar et toutes les monnaies
étatiques en général, des monnaies fiat. Le mot Fiat venant du latin et
signifiant : « qu’il en soit ainsi ».
En effet ce sont des monnaies dont l’acceptation à un cours officiel est
imposée par la loi à tous les citoyens d’une zone géographique donnée. On dit
de ces monnaies fiat qu’elles ont un cours légal et forcé.
En France c’est le Code pénal (article R642-3 du
Code pénal), qui rend obligatoire sur le sol
français l’acceptation des euros à leur cours officiel tout en interdisant
l’acceptation, la détention ou l’utilisation de toute autre monnaie que la
monnaie officielle (article R642-2 du Code pénal).
Ce qu’il
faut retenir de tout ceci, c’est que la valeur des monnaies fiat, contrairement
à celle des monnaies métalliques qu’elles sont venues remplacer, ne dépend plus
de la rareté naturelle du support avec lequel elles sont produites, ni d’une
quelconque promesse de convertibilité en or, ou autre chose, mais uniquement de
la loi et par conséquence de la sagesse et de l’intégrité de ceux qui
l’écrivent et la font respecter.
Le débat
est donc ouvert à propos de la sagesse et de l’intégrité de nos banquiers
centraux et de tous ceux en charge de la politique monétaire.
Si l’Histoire doit nous servir de
guide
Le concept de monnaie à cours légal et forcé n’est pas
nouveau, la première expérience de monnaie fiat
remonte au XIIIème siècle. Elle est attribuée à Kubilai Khan, petit-fils de
Gengis Khan, qui le premier avait compris l’immense pouvoir que confère le
monopole monétaire à celui qui le détient. Malheureusement cette première
expérience se solda par un premier fiasco, cette monnaie perdant en moins de 30
ans 80% de sa valeur.
Dévaluations et crises que connaîtront de nombreuses
monnaies papier tout au long de l’histoire : sur les 786 principales
monnaies papier émises au cours des derniers siècles
(exceptées les très nombreuses monnaies chinoises d’avant 1935), 609 ont
disparu soit 77% des monnaies étudiées, leur durée de vie n’ayant été en
moyenne que de 17 ans. Quant aux 177 monnaies encore en circulation
aujourd’hui, leur moyenne d’âge est de 37 ans. Ainsi il n’est pas improbable du
tout de connaître plusieurs monnaies fiat au cours d’une vie, pour ma part j’en
suis à 2, mes parents à 3. Les monnaies fiat se font et se défont, je vous
laisse faire votre propre compte.
L’inflation est le principal fléau de la monnaie papier,
dans 19% des cas la monnaie est brutalement détruite par des épisodes
d’hyperinflation. Mais même lorsqu’elles ne sont pas détruites, des monnaies
pourtant anciennes et respectables, garanties par de puissants États, sont
drastiquement et systématiquement affectées par l’inflation. La livre sterling
(Pound Sterling GBP), la plus ancienne
monnaie fiduciaire ayant cours (320 ans d’existence) a perdu 92% de sa
valeur depuis 1971, idem pour le Dollar américain (USD) qui au cours de ses 222 ans d’existence a perdu 97% de
sa valeur, dont 83% de dépréciation depuis 1971
seulement !.
Cette
funeste tendance de la monnaie fiat à perdre sa valeur a d’ailleurs été
parfaitement analysée par de nombreux grands esprits. Voltaire disait déjà en
son temps :
« Une monnaie papier, basée sur la seule
confiance dans le gouvernement qui l’imprime, finit toujours par retourner à sa
valeur intrinsèque, c’est-à-dire zéro. »
De même
que le Général de Gaulle affirmait :
« Parier contre l’or revient à parier sur les
gouvernements. Celui qui parie sur les gouvernements et leur papier monnaie
parie contre 6 000 années d’histoire de l’humanité. »
Bien
entendu on peut espérer que cette fois-ci ce soit différent, que les erreurs du
passé aient été assimilées, que désormais de solides institutions encadrent
fermement la production et la circulation monétaire et que youpi, tout soit
bien géré ! C’est possible en effet, néanmoins quand on s’intéresse à l’Euro,
on est aussi en droit d’avoir de sérieux doutes.
L’Eurosystème
L’Euro comme toutes les monnaies fiat naît d’une volonté
politique, celle d’établir une monnaie unique entre les différents États
membres d’une union économique et monétaire (UEM). C’est le traité de
Maastricht de 1992 qui définit les règles fondamentales à l’introduction de
l’Euro, dictant notamment les conditions que les États membres doivent remplir
pour adopter l’Euro.
Ces conditions portent le doux nom de « critères
de convergence » et sont incluses depuis 1997 dans
ce qu’on appelle le « Pacte de stabilité et de croissance ». Ces critères supposent notamment le respect d’une
certaine discipline budgétaire. Discipline, bien entendu, qu’ont promis de
respecter, la main sur le cœur, tous les représentants des États signataires du
traité.
Néanmoins, si malgré ses promesses les plus sincères, un
État membre venait à ne pas respecter ses engagements budgétaires, le pacte de
stabilité prévoit le déclenchement d’une procédure de déficit excessif à son encontre. L’État membre devant alors corriger ses
déficits dans une échéance impartie, faute de quoi il est passible de
sanctions.
Eh bien accrochez-vous : Sur les 27 États membres
de l’Union européenne, 24 font actuellement l’objet d’une procédure pour
déficit excessif (dont 15 des 17 Etats ayant adopté l’euro) ! Ça a quand même quelque chose d’effrayant de penser
que sur 27 États membres, 24 ne respectent pas leur engagements !
Ajoutez à cela qu’à l’échelle nationale notre État
Français dépense systématiquement plus qu’il ne gagne depuis 40 ans ! Que le
dernier budget équilibré remonte à 1974, ce qui nous fait un total de 40
années consécutives de déficit public ! Et vous
commencerez peut être à ressentir les premiers frissons d’effroi quant aux
capacités de nos autorités administratives à gérer sainement la monnaie
qu’elles nous imposent.
Mais le plus grand danger, la principale source
d’angoisse de Satoshi, réside dans le fait que ce système concentre entre
quelques mains seulement un pouvoir incommensurable. Le conseil des
gouverneurs, l’organe de décision suprême de la
BCE, dont très probablement vous ne connaissez ni le visage, ni le nom d’aucun
de ses membres, excepté peut-être celui de son président Mario Draghi, définit
et met en œuvre la politique monétaire européenne.
Cela
signifie que ce groupe de 22 banquiers centraux est en mesure de prendre, à sa
discrétion, des décisions portant sur des montants monétaires considérables,
(des milliers de milliards d’euros !), et dont les effets (inflation, bulles
spéculatives…) se répercuteront ensuite sur tous les citoyens européens, sans
bien entendu, que ces derniers n’aient été consultés au préalable.
À titre d’exemple on peut citer la mise en place en
décembre 2011 et février 2012 de deux mesures dites pudiquement « non
conventionnelles » (VLTRO), destinées à
prêter à des banques en difficulté des montants astronomiques : 1018 milliards
d’euros. La mise en place en mai 2010 d’un programme d’achat (indirect)
d’obligations d’État (Grecques, Espagnoles etc.) nommée SMP (Securities Market
Program) qui s’est élevé à 210 milliards d’euros en deux ans et continue
maintenant sous un autre nom OMT (Opérations monétaires sur titres).
Enfin
comment ne pas parler du programme actuel d’assouplissement quantitatif de la
BCE, (Quantitative Easing, QE pour les anglophones) qui apporte actuellement 60
milliards d’euros par mois de liquidités sur les marchés et qui vient compléter
les opérations extraordinaires (merveilleuses, fabuleuses…) de refinancement
des banques nommées cette fois T-LTRO et dont la dernière édition a été
souscrite à hauteur de 98 milliards d’euros par les banques au taux d’ami de
0,05%.
Il
pleut, au gré de la météo des dieux de la BCE, des milliards d’euros sur les
marchés financiers. Le CAC 40 est luxuriant, mais ça reste quand même très
localisé, jusqu’à présent pas une goutte n’est tombée sur mon compte en banque.
A-t-on oublié Montesquieu ?
« Tout homme qui a du pouvoir est porté à en
abuser »
A-t-on
pour but de satisfaire l’ambition de Mayer Amshel Rothschild (1743-1812) :
« Donnez-moi le contrôle sur la monnaie d’une
nation et je n’aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois. »
Telle
est l’angoisse de Satoshi Nakamoto !
Entendons-nous
bien, il ne s’agit pas de dire qu’un organisme privé ferait mieux qu’un
organisme public ou vice versa, ce n’est pas le sujet.
Le
problème réside dans la concentration excessive des pouvoirs. Cette capacité
qu’a un petit comité de décider qui a le droit de disposer de la monnaie créée,
selon quelles modalités, d’en imposer le cours forcé et légal aux citoyens,
d’interdire toute concurrence à son monopole sous peine d’emprisonnement, c’est
cela le plus grand danger du système !
Alors
comment fait-on pour se prémunir de ces abus, comment se dote-t-on d’une
monnaie saine ?
Les alternatives à ce système
Cet
article étant déjà assez long, nous conclurons en citant de nouveau
Montesquieu :
« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il
faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. »
Appliquée
à la monnaie, la solution historique consiste à limiter le pouvoir des
émetteurs en recourant à des supports monétaires naturellement rares tels les
métaux précieux. Par ailleurs, il est également urgent de repenser le rôle des
citoyens, non pas en sujets captifs d’un système et d’une monnaie imposée par
des technocrates non élus, mais en tant qu’arbitres et acteurs du système.
Il faut
donc rompre avec le monopole bancaire de l’émission monétaire et enfin donner
le droit aux citoyens de choisir librement parmi des monnaies complémentaires
celle qu’ils jugent la mieux gérée, la mieux adaptée à leurs besoins et la plus
proche de leurs valeurs. C’est seulement de la sorte que chaque citoyen pourra
peser sur la politique monétaire de son pays et rester maître de son argent.
Notons
pour conclure que l’innovation technologique Bitcoin s’inscrit parfaitement
dans cette logique, il s’agit du premier protocole permettant une gestion et un
contrôle communautaire, à grande échelle, de la monnaie. Bitcoin est la
première monnaie open-source et participative de l’histoire ! Voilà un
fantastique contre-pouvoir monétaire à la portée de chaque citoyen du globe.
Certains grincent des dents, mais on peut adorer. Merci Satoshi !
Source contrepoints.org
Photo Money Laundering – Euros By: Images Money – CC
BY 2.0
Par Benoît Huguet.
Fondateur et responsable d'édition de BitConseil.fr.
Après 3 années passées en Argentine à goûter aux joies quotidiennes d'un
gouvernement corrompu et d'une inflation à deux chiffres, il découvre Bitcoin
en novembre 2012 et développe depuis une véritable passion pour les monnaies
pair à pair, la comptabilité par Blockchain et l'économie du partage.
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