vendredi 19 juin 2020

Infos santé : Sport et Santé-Ischiojambiers des danseuses


Ischiojambiers des danseuses

Vous faites de la danse et vous avez mal juste sous la fesse ? Cette douleur sourde peut avoir plusieurs origines : tendinite, séquelle de lésion musculaire ou fracture de fatigue.  Les traitements sont très différents. Un avis médical et des explications s’imposent.

Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.

Lors de l’élévation jambe tendue, vos muscles situés à l’arrière des cuisses tirent fortement sur leur point d’accrochage au niveau du bassin.
En regard du pli fessier, on trouve l’extrémité inférieure de l’os du bassin. Ce pont osseux porte le nom d’ischion. À cet endroit, s’accrochent les muscles situés à l’arrière de la cuisse, les ischiojambiers. Ces derniers sont mis en tension, lorsque vous levez le membre inférieur en conservant le genou tendu. Voilà qui ressemble à un mouvement de base de danse ! Du coup, vous souffrez à tous les cours. Mais ce n’est pas tout ! Dans la vie quotidienne, vous voilà désormais incapable de rester assise tranquillement. L’appui prolongé sur vos ischions est très désagréable et vous vous dandinez en permanence, à table et surtout en voiture !


  • Tendinite ou claquage ?
À force de tirailler sur ces tissus, ils finissent par se déchiqueter. Il peut s’agir soit de la portion haute du muscle, soit du tendon, la cordelette qui relie ce dernier à l’os. Dans le premier cas, c’est souvent la séquelle d’une petite élongation passée inaperçue « à chaud » pendant la séance. Dans le second, ce sont des microdéchirures progressives au sein des filaments tendineux. Quoi qu’il en soit, vous souffrez désormais à cause d’une cicatrice anarchique et fragile. Les fibres sont enchevêtrées, elles ne sont pas orientées dans l’axe des contraintes mécaniques. Lors d’une traction un peu énergique, le magma fibreux se déchire à la manière d’une gerçure hivernale. Le concept thérapeutique passe par la « mécanisation » de la cicatrice. Il faut assouplir et guider le tissu sans provoquer de récidive.

  • « Mécaniser » pour soulager
La technique de référence pour casser cet amoncellement inefficace de fibres, est le « massage transverse profond » ou « MTP ». Après mise en tension du muscle et du tendon, votre kinésithérapeute frotte avec son doigt vigoureusement et perpendiculairement. Ça fait mal, mais c’est efficace ! Désormais, une machine réalise des « super MTP », on parle « d’ondes  de choc ». Un pistolet équipé d’un percuteur vient frapper 30 à 50 fois par seconde la structure à assouplir. Ce qui fait super mal mais est efficace ! Pour réorienter les fibres dans l’axe des contraintes, il est nécessaire de faire des étirements. Attention, pour éviter la récidive, tout est question de progressivité ! Le mouvement aussi doit être lent. Un geste rapide de type « sportif », brise les filaments encore emmêlés. Un exercice effectué doucement assure une mise en précontrainte des tissus et favorise l’alignement des fibres. La pratique progressive de la danse et notamment le travail à la barre sont rapidement possibles. Des contraintes bien dosées ne sont pas nuisibles. Bien au contraire, elles participent au traitement. Plus rarement, l’inflammation s’est emballée au sein de la cicatrice et la stimulation de la « mécanisation » se montre inefficace voire délétère. Dans ces conditions, une infiltration se montre souvent très efficace. Elle est effectuée à l’endroit précis, sous contrôle radiologique, car le nerf sciatique n’est pas loin ! Elle apaise les processus d’autodestruction tissulaire. Une quinzaine de jours plus tard, la rééducation modelant en douceur, la réparation peut repartir sur des bases saines !

  • Et si c’était une fracture de fatigue !
Avant d’attaquer avec les MTP, les ondes de choc et les étirements, il est vivement recommandé d’éliminer une fracture de fatigue du bassin. En effet, l’os de l’ischion est particulièrement sollicité chez la danseuse. Bien sûr, il encaisse les tractions des ischiojambiers mais il subit aussi les sauts et les appuis. À chaque petit traumatisme, il se produit une fissure osseuse microscopique. Si la durée de repos est insuffisante, si les conditions de récupération sont inadaptées, si les sollicitations mécaniques sont trop intenses, les fissures se rejoignent et constituent une vraie fracture ! Cette fois, le traitement n’est pas du tout comparable à celui d’une tendinite ou d’une séquelle d’élongation. L’os est un tissu rigide, la « mécanisation » n’est pas une stratégie adaptée. Un peu d’immobilité locale est vivement conseillée.

  • Repos osseux et récupération générale !
Il faut respecter la « règle de la non douleur ». Continuez les activités qui ne vous font pas souffrir : renforcement musculaire léger des membres supérieurs, abdominaux, gainage, natation avec pull-boy. Le temps de consolidation osseuse est de 3 mois ! Seules les 3 dernières semaines autorisent un retour très progressif à la danse. Peu à peu, les élévations jambes tendues sont réintroduites prudemment. Avec l’aide de votre médecin, cette période est l’occasion de faire une prise de sang et un bilan diététique. Vous n’êtes pas sans savoir que vos os de danseuse sont souvent anormalement fragiles. Vous manquez fréquemment d’hormones sexuelles et de nutriments pour stimuler la construction de votre squelette. L’extrême minceur imposée et les heures d’entraînement sont à l’origine d’un stress physiologique qui bloque la fonction de reproduction. Vos règles deviennent irrégulières ; s’espacent puis disparaissent. Vous êtes en « ménopause  précoce » et l’ostéoporose menace ! Afin de protéger les individus, l’évolution a probablement bloqué la possibilité de procréer en cas de grande migration provoquant une dépense énergétique majeure dans un contexte de disette. Des études récentes montrent tout simplement que les cycles féminins s’altèrent dès que l’apport en calories devient inférieur à la dépense énergétique. En pratique, votre médecin du sport mettra probablement en évidence des carences, notamment en vitamine D. Et les corrigera ! Il vous invitera à manger de façon plus équilibrée… et plus copieuse. Il vous adressera peut-être à un gynécologue en cas de dérèglement de votre fonction ovarienne ! Tout cela pour soigner votre fracture de fatigue… mais aussi pour prendre en charge bien des dérèglements biologiques dont votre blessure n’aura été que le révélateur. Finalement, cette lésion vous aura été bien utile !
 
  • L’IRM est l’examen le plus efficace !
Pour assurer le diagnostic de cette douleur de fesses en faisant la différence entre tendinite, séquelle d’élongation et fracture de fatigue, l’IRM est l’examen le plus efficace. Plusieurs raisons justifient ce constat. Il faut observer des structures osseuses, musculaires et tendineuses. La radiographie est conçue pour étudier les os et l’échographie les tissus mous. L’IRM permet de grouper l’analyse. Même pour rechercher une fracture de fatigue, la radio est insuffisante. En effet, au début, la fissure est si petite qu’elle est invisible. Il faudrait attendre la constitution d’un cal volumineux, des semaines plus tard, pour faire le diagnostic a posteriori. En revanche, à l’IRM, on constate très précocement l’apparition d’une grande quantité d’os dans l’ischion. Ce volumineux  « œdème intra osseux » signe une authentique fracture ! L’échographie ne convient pas non plus pour analyser les muscles et les tendons du bassin. En effet, ces structures sont si profondes que les ultrasons utilisés par cet appareil ne les atteignent que très difficilement. En revanche, le comportement magnétique de ces tissus et enregistré par l’IRM reste inchangé.

  • Attention aux étirements !
Lorsque vous présentez cette douleur, vous êtes nombreuses à insister sur les étirements. Vous avez l’impression qu’ils vous soulagent ! C’est vrai… en partie ! En effet, votre cicatrice ou votre lésion osseuse est entourée d’une contracture. Elle se veut protectrice mais elle est surtout douloureuse ! Grâce au stretching, elle cède. Le muscle se relâche, reçoit du sang et souffre moins. Malheureusement, le plus souvent, votre comportement aggrave votre blessure. Vous allez trop loin ! Vous tiraillez, vous irritez vraiment la cicatrice qui n’est plus protégée par la contracture. La rééducation est plus douce et plus progressive ! Les étirements sont habituellement bénéfiques car ils sont à l’origine d’une sollicitation tissulaire source d’adaptation. En cas d’excès, cette sollicitation tourne à l’agression et provoque des lésions !

  • La Zumba® est devenue un des sports à la mode en France.
La Zumba® est un programme d’aérobie où les mouvements de fitness sont remplacés par des chorégraphies rythmées par de la musique latine, orientale, brésilienne… comme de la salsa, de la samba, du flamenco mais aussi du hip-hop ou du reggaetone. Pour Dora De Paula, la Zumba® n’est ni un cours de gymnastique ni un entraînement de fitness mais un genre de réunion pour faire la fête, se défouler, crier et se muscler. La Zumba® est un très bon moyen de perdre du poids. Elle permet de travailler le cardio, de muscler les jambes, les fessiers ainsi que les bras. Il s’agit d’un sport très rythmé et physique dans lequel il est important « de respecter les étapes d’échauffement et d’étirements pour pouvoir intensifier la pratique au cours de la séance. L’équipement est sommaire mais important : une bonne paire de chaussures, une tenue légère et une bouteille d’eau pour s’hydrater régulièrement ». Les différentes déclinaisons de la Zumba® permettent à tout le monde de pouvoir la pratiquer. La Zumbatomic®a été développée pour les enfants à partir de 4 ans. La Zumba Gold® associe mouvements et rythmes adaptés aux besoins des seniors ainsi qu’aux débutants. La Zumba Toning® est pratiquée avec des petits poids pour insister sur la musculation. Enfin, l’Aqua Zumba® est, comme son nom l’indique, pratiquée dans l’eau.


Source SantéSportMag

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