Ischiojambiers des danseuses
Vous faites de la danse et vous avez mal juste
sous la fesse ? Cette douleur sourde peut avoir plusieurs origines :
tendinite, séquelle de lésion musculaire ou fracture de fatigue. Les
traitements sont très différents. Un avis médical et des explications
s’imposent.
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport.
Lors de l’élévation jambe tendue, vos muscles situés à l’arrière
des cuisses tirent fortement sur leur point d’accrochage au niveau du bassin.
En
regard du pli fessier, on trouve l’extrémité inférieure de l’os du bassin. Ce
pont osseux porte le nom d’ischion. À cet endroit, s’accrochent les muscles
situés à l’arrière de la cuisse, les ischiojambiers. Ces derniers sont mis en
tension, lorsque vous levez le membre inférieur en conservant le
genou tendu. Voilà qui ressemble à un mouvement de base de danse ! Du
coup, vous souffrez à tous les cours. Mais ce n’est pas tout ! Dans la vie
quotidienne, vous voilà désormais incapable de rester assise tranquillement.
L’appui prolongé sur vos ischions est très désagréable et vous vous dandinez en
permanence, à table et surtout en voiture !
- Tendinite ou claquage ?
À force
de tirailler sur ces tissus, ils finissent par se déchiqueter. Il peut s’agir
soit de la portion haute du muscle, soit du tendon, la cordelette qui relie ce
dernier à l’os. Dans le premier cas, c’est souvent la séquelle d’une petite
élongation passée inaperçue « à chaud » pendant la séance. Dans le second, ce
sont des microdéchirures progressives au sein des filaments tendineux. Quoi
qu’il en soit, vous souffrez désormais à cause d’une cicatrice anarchique et
fragile. Les fibres sont enchevêtrées, elles ne sont pas orientées dans l’axe
des contraintes mécaniques. Lors d’une traction un peu énergique, le magma
fibreux se déchire à la manière d’une gerçure hivernale. Le concept
thérapeutique passe par la « mécanisation » de la cicatrice. Il faut
assouplir et guider le tissu sans provoquer de récidive.
- « Mécaniser » pour soulager
La
technique de référence pour casser cet amoncellement inefficace de fibres, est
le « massage transverse profond » ou « MTP ».
Après mise en tension du muscle et du tendon, votre kinésithérapeute frotte
avec son doigt vigoureusement et perpendiculairement. Ça fait mal, mais c’est
efficace ! Désormais, une machine réalise des « super MTP », on
parle « d’ondes de choc ». Un pistolet équipé d’un percuteur vient
frapper 30 à 50 fois par seconde la structure à assouplir. Ce qui fait super
mal mais est efficace ! Pour réorienter les fibres dans l’axe des
contraintes, il est nécessaire de faire des étirements. Attention, pour éviter
la récidive, tout est question de progressivité ! Le mouvement aussi doit
être lent. Un geste rapide de type « sportif », brise les filaments
encore emmêlés. Un exercice effectué doucement assure une mise en précontrainte
des tissus et favorise l’alignement des fibres. La pratique progressive de la
danse et notamment le travail à la barre sont rapidement possibles. Des
contraintes bien dosées ne sont pas nuisibles. Bien au contraire, elles
participent au traitement. Plus rarement, l’inflammation s’est emballée au sein
de la cicatrice et la stimulation de la « mécanisation » se montre
inefficace voire délétère. Dans ces conditions, une infiltration se montre
souvent très efficace. Elle est effectuée à l’endroit précis, sous contrôle
radiologique, car le nerf sciatique n’est pas loin ! Elle apaise les
processus d’autodestruction tissulaire. Une quinzaine de jours plus tard, la
rééducation modelant en douceur, la réparation peut repartir sur des bases
saines !
- Et si c’était une fracture de fatigue !
Avant
d’attaquer avec les MTP, les ondes de choc et les étirements, il est vivement
recommandé d’éliminer une fracture de fatigue du bassin. En effet, l’os de
l’ischion est particulièrement sollicité chez la danseuse. Bien sûr, il
encaisse les tractions des ischiojambiers mais il subit aussi les sauts et les
appuis. À chaque petit traumatisme, il se produit une fissure osseuse
microscopique. Si la durée de repos est insuffisante, si les conditions de
récupération sont inadaptées, si les sollicitations mécaniques sont trop
intenses, les fissures se rejoignent et constituent une vraie fracture !
Cette fois, le traitement n’est pas du tout comparable à celui d’une tendinite
ou d’une séquelle d’élongation. L’os est un tissu rigide, la « mécanisation »
n’est pas une stratégie adaptée. Un peu d’immobilité locale est vivement
conseillée.
- Repos osseux et récupération générale !
Il faut
respecter la « règle de la non douleur ». Continuez les activités qui
ne vous font pas souffrir : renforcement musculaire léger des membres
supérieurs, abdominaux, gainage, natation avec pull-boy.
Le temps de consolidation osseuse est de 3 mois ! Seules les 3 dernières
semaines autorisent un retour très progressif à la danse. Peu à peu, les
élévations jambes tendues sont réintroduites prudemment. Avec l’aide de votre
médecin, cette période est l’occasion de faire une prise de sang et un bilan
diététique. Vous n’êtes pas sans savoir que vos os de danseuse sont souvent
anormalement fragiles. Vous manquez fréquemment d’hormones sexuelles et de
nutriments pour stimuler la construction de votre squelette. L’extrême minceur
imposée et les heures d’entraînement sont à l’origine d’un stress physiologique
qui bloque la fonction de reproduction. Vos règles deviennent
irrégulières ; s’espacent puis disparaissent. Vous êtes en
« ménopause précoce » et l’ostéoporose menace ! Afin de
protéger les individus, l’évolution a probablement bloqué la possibilité de
procréer en cas de grande migration provoquant une dépense énergétique majeure
dans un contexte de disette. Des études récentes montrent tout simplement que
les cycles féminins s’altèrent dès que l’apport en calories devient inférieur à
la dépense énergétique. En pratique, votre médecin du sport mettra probablement
en évidence des carences, notamment en vitamine D. Et les corrigera ! Il
vous invitera à manger de façon plus équilibrée… et plus copieuse. Il vous
adressera peut-être à un gynécologue en cas de dérèglement de votre fonction
ovarienne ! Tout cela pour soigner votre fracture de fatigue… mais aussi pour
prendre en charge bien des dérèglements biologiques dont votre blessure n’aura
été que le révélateur. Finalement, cette lésion vous aura été bien utile !
- L’IRM est l’examen le plus efficace !
Pour
assurer le diagnostic de cette douleur de fesses en faisant la différence entre
tendinite, séquelle d’élongation et fracture de fatigue, l’IRM est l’examen le
plus efficace. Plusieurs raisons justifient ce constat. Il faut observer des
structures osseuses, musculaires et tendineuses. La radiographie est conçue
pour étudier les os et l’échographie les tissus mous. L’IRM permet de grouper
l’analyse. Même pour rechercher une fracture de fatigue, la radio est
insuffisante. En effet, au début, la fissure est si petite qu’elle est
invisible. Il faudrait attendre la constitution d’un cal volumineux, des
semaines plus tard, pour faire le diagnostic a
posteriori. En revanche, à l’IRM, on constate très précocement
l’apparition d’une grande quantité d’os dans l’ischion. Ce volumineux
« œdème intra osseux » signe une authentique fracture !
L’échographie ne convient pas non plus pour analyser les muscles et les tendons
du bassin. En effet, ces structures sont si profondes que les ultrasons
utilisés par cet appareil ne les atteignent que très difficilement. En
revanche, le comportement magnétique de ces tissus et enregistré par l’IRM
reste inchangé.
- Attention aux étirements !
Lorsque
vous présentez cette douleur, vous êtes nombreuses à insister sur les
étirements. Vous avez l’impression qu’ils vous soulagent ! C’est vrai… en
partie ! En effet, votre cicatrice ou votre lésion osseuse est entourée
d’une contracture. Elle se veut protectrice mais elle est surtout
douloureuse ! Grâce au stretching, elle cède. Le muscle se relâche, reçoit
du sang et souffre moins. Malheureusement, le plus souvent, votre comportement
aggrave votre blessure. Vous allez trop loin ! Vous tiraillez, vous
irritez vraiment la cicatrice qui n’est plus protégée par la contracture. La
rééducation est plus douce et plus progressive ! Les étirements sont
habituellement bénéfiques car ils sont à l’origine d’une sollicitation tissulaire
source d’adaptation. En cas d’excès, cette sollicitation tourne à l’agression
et provoque des lésions !
- La Zumba® est devenue un des sports à la mode en France.
La
Zumba® est un programme d’aérobie où les mouvements de fitness sont remplacés
par des chorégraphies rythmées par de la musique latine, orientale,
brésilienne… comme de la salsa, de la samba, du flamenco mais aussi du hip-hop
ou du reggaetone. Pour Dora De Paula, la Zumba® n’est ni un cours de
gymnastique ni un entraînement de fitness mais un genre de réunion pour faire
la fête, se défouler, crier et se muscler. La Zumba® est un très bon moyen de
perdre du poids. Elle permet de travailler le cardio, de muscler les jambes,
les fessiers ainsi que les bras. Il s’agit d’un sport très rythmé et physique
dans lequel il est important « de respecter les étapes d’échauffement et
d’étirements pour pouvoir intensifier la pratique au cours de la séance. L’équipement
est sommaire mais important : une bonne paire de chaussures, une tenue
légère et une bouteille d’eau pour s’hydrater régulièrement ». Les
différentes déclinaisons de la Zumba® permettent à tout le monde de pouvoir la
pratiquer. La Zumbatomic®a été développée pour les enfants à partir de 4 ans.
La Zumba Gold® associe mouvements et rythmes adaptés aux besoins des seniors
ainsi qu’aux débutants. La Zumba Toning® est pratiquée avec des petits poids
pour insister sur la musculation. Enfin, l’Aqua Zumba® est, comme son nom
l’indique, pratiquée dans l’eau.
Source SantéSportMag
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