Entorse de la cheville
En courant, vous avez mis le pied sur une
racine, votre cheville s’est tordue ! Vous pensez : « C’est une simple entorse
! ». Attention, dans ce type de traumatisme, de nombreuses blessures peuvent se
produire. En cas de négligence, les délais de reprise s’allongent et les
séquelles menacent !
Par le docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport
Une
entorse de cheville correspond à la lésion des ligaments reliant le péroné et
l’arrière du pied. Selon la gravité, ces cordelettes fibreuses sont étirées,
distendues ou déchirées. Habituellement, le traitement inclut une attelle en U
fixée par du Velcro et de la kinésithérapie. En effet, s’il faut éviter
d’agresser ces tissus abîmés, leur élasticité naturelle impose de conserver un
peu de mobilité pour orienter la cicatrisation des fibres dans l’axe des
contraintes. On parle de « mécanisation ». Attention, d’autres blessures ne
répondent pas à ce type de prise en charge !
- Une fracture du péroné ?
En cas
de bascule de la cheville, c’est la chaîne « os-ligament-os » qui est mise en
tension. Parfois, c’est l’os qui se brise ! Ces fractures surviennent plus
volontiers chez l’enfant et le senior. Dans le premier cas, c’est la zone de
croissance qui cède. Dans le second, l’os s’est décalcifié et est devenu plus
fragile. En cas de gonflement important, d’impotence, la radiographie permet de
préciser le diagnostic. Pour favoriser la consolidation osseuse, une structure
rigide, une immobilisation plus stricte à l’aide d’une résine est la bienvenue.
De temps à autre, la cheville a tourné autant que basculé, la fracture suit un
parcours en spirale. Elle est instable et risque de se déplacer. Une opération
permet de fixer la lésion avec une plaque et des vis. Parfois, il ne s’agit que
d’une petite écaille osseuse provenant du point d’accrochage du ligament. Une
telle lésion est l’équivalent d’une entorse grave.
- Un os arraché par un tendon ?
Le
muscle qui tente d’éviter l’entorse est situé derrière le péroné. Il est
prolongé par un tendon, un cordon fibreux, qui vient s’accrocher à la face
externe du pied. Plus exactement, il s’insère à la base de la baguette osseuse
prolongeant le 5e orteil. Lorsque le pied se tord, les muscles péroniers se
contractent puissamment pour tenter de redresser la cheville. La traction est
parfois si vigoureuse que le point d’insertion osseux s’arrache ! Là encore,
cette lésion osseuse impose une immobilisation stricte par résine. Cette fois,
il est d’usage de ne pas donner l’appui au cours des premières semaines. En
effet, le fragment osseux brisé est accroché à un tendon et à un muscle dont la
contraction pourrait provoquer son déplacement. Attention, de temps à autre, la
fracture se situe à distance de l’insertion des péroniers, plus près du 5e
orteil. On parle de « fracture de Jones ». À ce niveau, l’os reçoit peu de
sang, les vaisseaux sont peu nombreux et la consolidation laborieuse et
incertaine. Il est fréquent de proposer une intervention au cours de laquelle
le chirurgien met une plaque ou une vis. À l’inverse, si la lésion n’est qu’une
petite écaille osseuse, elle correspond souvent à une entorse de l’articulation
voisine. Dans ces circonstances, un strapping et une rééducation précoce sont
suffisants.
- Une luxation tendineuse ?
Ces
mêmes tendons « péroniers latéraux » peuvent aussi se luxer, sortir de la
gouttière dans laquelle ils coulissent en déchirant la gaine fibreuse qui les
entoure. En effet, ils font poulie en arrière de la partie basse et volumineuse
du péroné, la malléole externe, puis repartent en avant. Quand la cheville part
en torsion, ces muscles se contractent pour essayer de la redresser. Si la mise
en tension est violente, si le couloir osseux n’est pas très creusé, ils
prennent la corde et se luxent. Le plus souvent, les tendons rejoignent
spontanément leur emplacement. De fait le diagnostic est souvent difficile mais
la perception d’un double claquement est néanmoins caractéristique. Si cette
lésion est confirmée par une échographie ou une I.R.M., un traitement rigoureux
s’impose. Une botte en résine moulant bien l’arrière du péroné est envisageable
pendant 6 semaines. Cependant, une réparation chirurgicale est souvent proposée
pour refaire le canal fibreux et éviter la récidive.
- Une autre entorse de cheville ?
Il
arrive que le pied bascule dans le sens inverse à l’entorse habituelle, comme
s’il s’effondrait du côté du gros orteil. Dans ces circonstances, le ligament
situé sous le tibia peut être abîmé.
C’est
l’entorse du ligament latéral interne. Il a une forme d’éventail et soutient la
voûte plantaire au passage du pas. Pour cette raison, sa lésion rend
douloureuse le déroulé du pas. C’est beaucoup moins vrai en cas d’entorse
externe. Aussi, il est souvent opportun de soulager l’appui quelques jours
grâce à l’utilisation de béquilles. Une bottine rigide en résine est indiquée
plus souvent qu’en cas d’entorse externe. Au cours de ce traumatisme,
l’astragale, l’os de la cheville pris en pince entre le tibia et le péroné,
pousse ce dernier. Il déchire les ligaments et les membranes reliant les 2 os
de la jambe entre eux. On parle d’ « entorse du ligament péronéotibial et de la
membrane interosseuse ». Dans ces circonstances, marcher provoque l’écartement
de ces 2 os, la lésion ne peut pas cicatriser. Là encore une résine, sans
appui, pendant plusieurs jours est nécessaire.
- Une entorse du pied ?
Tous les
petits os du pied sont reliés par de multiples ligaments. Au cours de ces
torsions, ils sont parfois étirés. Si la marche est douloureuse, le sportif
peut s’aider de béquilles quelques jours. Même s’il existe un petit arrachement
osseux en écaille, un petit strapping circulaire entourant le pied est souvent
suffisant. Bien sûr, l’orthèse en U est inutile. Sauf si cette blessure est
accompagnée d’une entorse externe de cheville. En effet, fréquemment, il arrive
que toute la chaîne ligamentaire soit violemment mise en tension lors du
traumatisme. Notez que bon nombre des blessures évoquées dans cet article
n’exclut pas une entorse. Ainsi, ces lésions ne sont pas toujours des «
diagnostics différents », elles constituent souvent des « diagnostics
associés ».
- Comment faire la différence ?
Vous
l’avez compris, si vous vous « tordez la cheville », ce n’est pas forcément une
entorse de cheville. Consultez votre médecin du sport ! En vous interrogeant,
il précisera le mécanisme du traumatisme et vos sensations. En regardant votre
articulation, il notera l’emplacement des gonflements et des ecchymoses.
Il testera vos muscles et vos tendons. Il mobilisera en douceur toutes vos
articulations. Il palpera méthodiquement tous les endroits suspects. Si
nécessaire, en fonction de ces éléments, il choisira et prescrira l’examen le
plus adapté : radio, échographie ou I.R.M. De cette enquête, il déduira la
nature exacte des lésions. Bref, il fera un diagnostic précis ! C’est
indispensable pour mettre en place le traitement le plus adapté. C’est crucial
pour reprendre le sport au plus vite et sans séquelles !
Source SantéSportMag
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