Tendinite d’Achille
Vous vous entraînez assidument, vous courez
beaucoup, vous préparez des compétitions, cette blessure handicapante
menace ! Voici les explications et les conseils pour l’éviter et la
soigner.
Docteur Stéphane CASCUA, médecine et traumatologie
du sport.
Le
tendon d’Achille relie le muscle du mollet à l’os du talon, le calcanéum.
Lorsque le muscle se raccourcit, il transmet la force et étend la cheville. A
chacune de vos foulées, il est mis à contribution lors de la phase de
propulsion. Il est encore plus sollicité au moment de l’amortissement. Dans ces
conditions, le talon s’écrase au sol et le muscle tire dans l’autre sens
pour ralentir le mouvement. Le tendon est écartelé. Ce mécanisme de freinage
est omniprésent en course et absent en vélo. Voilà qui explique pourquoi la
tendinite d’Achille est fréquente chez les marathoniens et quasi inexistante
chez les cyclistes.
- Une tendinite d’Achille, c’est quoi ?
Cette
cordelette malmenée lors du freinage de chaque foulée est constituée de fibres
microscopiques en spirales. Lorsque les contraintes sont excessives, certaines
se déchirent. Quand le temps de récupération entre les entraînements est
insuffisant, ces petites lésions se rejoignent, perturbent la mécanique du
tendon et deviennent douloureuses. Les globules blancs arrivent pour
évacuer les déchets. Cette première étape de l’inflammation se montre bénéfique
et stimule la reconstruction tissulaire. Parfois, elle devient excessive et le
processus s’emballe : nos cellules de nettoyage grignotent aussi les
fibres saines. Rapidement, une cicatrice se constitue. Le plus souvent,
notamment en cas de repos complet, elle ressemble à un magma fragile. C’est à
ce moment que la tendinite devient vraiment gênante. Les fibres orientées dans
tous les sens n’assument pas les contraintes mécaniques et l’édifice se
craquèle, un peu comme vos gerçures hivernales quand vous souriez. A ce stade,
il n’existe plus d’inflammation. Au contraire, la cicatrice n’évolue plus
et reste cassante. Un traitement s’impose.
- Comment savoir si c’est grave ?
Le
rythme de la douleur tendineuse est associé à différents stades de gravité. Ils
ont été décrits par un médecin nommé BLAZINA. Initialement, vous avez mal après
votre séance de sport. L’inflammation s’enclenche à l’arrêt de l’effort pour
nettoyer les déchets provenant des microfissures. Voilà qui stimule les
processus de reconstruction. Quand les lésions sont plus avancées, de petites
cicatrices anarchiques sont responsables d’adhérences entre le tendon et les
tissus environnant. Vous souffrez quand vous vous remettez en mouvement,
le matin au saut du lit ou en début d’entraînement. Ce dérouillage se révèle
plutôt bénéfique. Au stade suivant, vous avez mal tout au long de
l’activité et même au repos. Chaque foulée détruit quelques fibres
tendineuses saines. Votre tendinite s’aggrave.
- Quels médicaments contre la tendinite d’Achille ?
Le plus
souvent les anti-inflammatoires ne sont pas utiles car l’inflammation nuisible
est rare en cas de tendinite. De fait, dans le monde médical, ce mot a été
remplacé par « tendinopathie » car le suffixe «pathie» veut
dire maladie alors que « ite » signifie inflammation. En pratique, on
ne prescrit une cure d’anti-inflammatoire qu’au tout premier stade de la lésion
lorsque les processus de nettoyage dépassent leur mission première et agresse
les fibres saines. On peut réitérer ponctuellement si un entraînement ou des
techniques rééducatives se sont révélées trop intense. A l’inverse, on
conseille des produits favorisant l’assouplissement des vieilles cicatrices. La
silice joue un rôle clé en reliant les fibres entre elles et en restaurant une
cohésion élastique à la structure. Elle peut être ingérée par la bouche ou
appliquée localement puisque le tendon est vraiment juste sous la peau. La
marque DISSOLVUROL propose les 2 options : des gouttes et un gel.
- La kinésithérapie : un passage obligé
En phase
d’irritation, la glace est un excellent anti-inflammatoire. Très vite, il faut
guider la cicatrisation du tendon. Etirements et travail de freinage orientent
les fibres dans l’axe des contraintes. Comme vous le constatez, ce sont aussi
les mouvements qui ont blessé votre tendon ! Il s’agit véritablement d’un
réentraînement tissulaire ! Mais celui-là a une vertu essentielle : il est
progressif. Au stade de la grosse cicatrice anarchique, il faut casser le magma
fibreux. Les ultra-sons y contribuent … un peu ! Les MTP ou «massages
transversaux profonds» sont beaucoup plus efficaces. Ils réactivent aussi les
processus de guérison en recréant des microlésions. Votre kinésithérapeute
frotte perpendiculairement au tendon mis en tension. Les «ondes de choc»
peuvent être considérées comme des super MTP. Ce gros pistolet frappe sur votre
tendon 5 à 15 fois par seconde pendant 3 à 4 minutes. Ces 2 méthodes sont
douloureuses mais c’est pour la bonne cause ! A l’issue étirements et travail
de freinage progressifs réalignent les fibres. Si le laser chirurgical coupe
les tissus, le laser médical assouplit les cicatrices. Il est indolore et
peut-être utilisé en cas de tendinite d’Achille.
- Semelles et talonnettes pour détendre votre tendon
Une
talonnette permet de remonter le talon. Le tendon d’Achille se détend
légèrement. Même si vous ne souffrez que d’un côté, il faut les placer dans les
deux chaussures, sous les semelles de propreté, afin de ne pas vous retrouver
bancal. Elles doivent être de hauteur modérée pour que le talon reste bien
stabilisé par le contrefort. Trop haute, elles vous inclineraient vers l’avant
et votre corps serait comme suspendu à vos tendons d’Achille ; le remède
deviendrait nuisible ! Elles peuvent être amortissantes pour limiter
l’impact mécanique des vibrations. Les talonnettes de SORBOTHANE
regroupent ces caractéristiques. Une paire de semelle réalisée par un podologue
du sport est parfois utile. Elle corrige un pied creux, tendu comme un arc, qui
tire sur votre tendon. Elle limite les tiraillements latéraux sur le tendon en
cas de bascule du talon comme on la rencontre lors des pronations et
supinations excessives.
- Le sport fait parti du traitement !
Vous
l’avez compris la rééducation contribue à assouplir les vieilles cicatrices et
à réentraîner le tendon ! Il en est de même du sport ! Encore faut-il
qu’il soit bien dosé : la sollicitation doit contribuer à l’adaptation
tissulaire sans provoquer de lésion. La douleur est bonne conseillère. Elle est
tolérable pendant quelques minutes à l’échauffement et une sensibilité est
possible quelques heures après la séance. En aucun cas, elle ne doit persister
et encore moins augmenter pendant l’exercice. Commencez par les activités peu
sollicitantes pour votre tendon, laissez vous guider par vos sensations et
augmentez peu à peu les contraintes. Avec la natation et l’aquajogging sans
appui, votre tendon est au repos. Sur vélo, aucun freinage agressif que du
travail en poussée. Même chose sur elliptique mais vous ajoutez le poids du
corps. Avec le stepper talon dans le vide ou le vélo en danseuse, vous
réintroduisez du freinage lent. En sautillant dans l’eau, le tendon est à
nouveau sollicité de façon élastique mais Archimède vous aide et le mouvement
est plus lent. Diminuez peu à peu la profondeur ! Passez au
trottinement. Ce peut-être un peu de tapis au sein de votre séance de
cardiotraining en salle. Vous pouvez opter pour un footing de durée croissante
avant votre entrainement de vélo. A moins que ce ne soit un petit jogging pour
aller à la piscine. Peu à peu, augmentez le temps de course, réduisez
celui de l’activité complémentaire. Accélérez progressivement, introduisez du
relief et des variations de vitesse puis du fractionné plus structuré. Sautez,
bondissez sans douleur ! Vous êtes guéri !
- Le repos n’est pas systématique : gérez vos douleurs
Douleurs après les
entraînements : réduisez la durée et la vitesse de vos entraînements,
pensez au vélo et à la natation. Tentez de mettre une petite talonnette,
étirez-vous après les séances … un peu, pas trop. Cette stratégie pourrait
s’avérer suffisante.
Douleurs cédant à
l’échauffement. Vous pouvez continuer votre séance. Arrêtez si la
douleur réapparait. Là encore, réduisez votre charge de travail. Pédalez et
nagez pour compléter votre programme. Prenez rendez-vous avec votre
médecin pour initier un traitement et faire de la rééducation.
Douleurs persistantes à
l’effort. Arrêtez de courir ! Afin de garder la forme, allez
à la piscine et faites du vélo, évitez les gros braquets et ne vous mettez pas
en danseuse. Consultez rapidement votre médecin du sport.
- Parfois, ce n’est pas une tendinite
Les
douleurs à l’arrière de la cheville ne sont pas toujours des tendinites
d’Achille. Quelques fois, il s’agit d’une grosse ampoule entre l’os et la peau
provoquée par le frottement du contrefort. On parle de «bourse inflammée» ou «bursite». Tout particulièrement chez le coureur
de fond, il faut rechercher une fracture
de fatigue du calcanéum, l’os du talon. De temps à autre,
notamment chez le footballeur, l’os de la cheville, l’astragale, est pincé en
arrière, entre le tibia et le calcanéum. On parle de «syndrome du carrefour postérieur».
Quelques
fois, ce sont des tendinites atypiques au traitement bien différent. En cas de péri-tendinite les fibres
sont indemnes mais la gaine entourant le tendon est irritée par les frictions
contre la tige d’une chaussure montante. Cette lésion survient surtout chez les
randonneurs ou les militaires. Vous pouvez aussi souffrir au niveau du point
d’accrochage du tendon sur l’os du talon, on parle de tendinite d’insertion. Si cette lésion est
associée à des douleurs de la colonne, il s’agit parfois d’un rhumatisme.
Si vous êtes bon vivant, votre tendinite peut être provoquée par des amas de cholestérol ou des cristaux
d’acide urique qui
fissurent les fibres.
Le
diagnostic de «tendinite d’Achille» n’est pas aussi facile qu’il n’y
paraît. Il nécessite un examen rigoureux. Pour le confirmer ou évaluer
l’ «ampleur des dégâts» votre médecin peut vous prescrire une prise de
sang ou des images : radio, échographie et parfois IRM.
Source SantéSportMag
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