Comment le Portugal a gagné la lutte contre la drogue en ne la
menant pas
La politique concernant les drogues
menée par le Portugal est une alternative crédible au tout répressif.
Depuis plus de 100
ans, les États-Unis cherchent à interdire la consommation de drogues. Les
partisans de la prohibition affirment qu’en rendant illégales des substances
comme le cannabis, la cocaïne et l’héroïne, l’État peut significativement
réduire la criminalité liée à la drogue, combattre la toxicomanie et arrêter la
propagation des maladies liées à la consommation de stupéfiants.
Cette politique n’a
pas eu les effets escomptés. Michael Botticelli, directeur du Bureau de la
politique nationale de contrôle des drogues, a déclaré que la guerre contre les
drogues était constituée « d’échecs politiques et pratiques ».
Parmi les alternatives
à la guerre contre la drogue, il existe l’option de la dépénalisation des
drogues, c’est-à-dire l’assouplissement de l’application de la loi et sanctions
pour les infractions liées à la drogue, et la légalisation de toutes les drogues.
Oui, toutes les
drogues.
Le cobaye portugais
Ces options peuvent
sembler contre-productives, mais les données racontent une autre histoire. En
2001, le Portugal a choqué le monde en votant la dépénalisation de toutes les
drogues en réponse à un problème croissant d’héroïne.
Le trafic de drogue
demeure illégal, mais les consommateurs de drogues sont considérés comme des
malades plutôt que des criminels. Au lieu d’une arrestation et d’une
incarcération immédiate, les personnes prises avec moins de 10 jours
d’approvisionnement en drogues dures sont conduites devant un tribunal spécial
d’experts légaux, de psychologues et de travailleurs sociaux. Le but est
d’arriver à une solution qui s’occupe d’abord de la santé du patient, avec une
petite amende occasionnelle ou un travail d’intérêt général.
Quinze ans plus tard,
la catastrophe prédite par de nombreuses personnes est démentie par les
données. La consommation de drogues parmi les jeunes de 15 à 24 ans a
considérablement diminué et les décès dus à la drogue sont tombés de 80 en 2001
à 16 en 2012.
Avant 2001, près de
100 000 consommateurs de drogues étaient condamnés au Portugal. Dans les 10
premières années de l’adoption de la politique, ce nombre a été divisé par
deux. Aujourd’hui, le Portugal possède l’un des taux de consommation de drogues
les plus faibles de toute l’Europe.
Un taux de consommation de drogues très faible
Les gens quittent le
marché des drogues et cherchent un traitement. Le nombre de personnes
enregistrées en réhabilitation est passé de 6 000 en 1999 à plus de 24 000 en
2008. Le nombre de consommateurs d’héroïne qui se piquent est passé de 45% à
17%, ce qui est particulièrement important lorsque l’on parle de maladies liées
à la drogue : ainsi, les toxicomanes ne représentent plus que 20% des cas de
VIH dans le pays, une amélioration significative par rapport aux 56 précédents.
Ces résultats peuvent
être expliqués par des considérations économiques de base. À mesure que les
gens obtiennent de l’aide pour combattre leur addiction à la drogue, le nombre
d’utilisateurs, c’est-à-dire la demande de drogue, diminue. Lorsque la demande
baisse, les fournisseurs de drogue constatent que leur entreprise autrefois
lucrative ne porte plus ses fruits. Ils sortent donc du marché.
Redirection des ressources
Cela expliquerait
pourquoi une étude de 2010 dans le British
Journal of Criminology a révélé qu’après la dépénalisation, le Portugal
a observé une réduction significative de l’emprisonnement de prétendus
trafiquants de drogue, de 14 000 en 2000 à 5 000 en 2010. En fait, la
proportion de personnes incarcérées pour crimes commis sous l’influence de
stupéfiants ou pour nourrir leur addiction a chuté de 41% en 1999 à 21% en
2008.
En réorientant les
ressources précédemment allouées à l’arrestation et à la mise en prison de
toxicomanes, le Portugal a non seulement réprimé son problème de drogue, mais
il a créé une société plus saine. Alex Steven, président de la Société
internationale d’étude de la politique pharmaceutique, a déclaré : « La principale leçon à tirer, c’est que la
dépénalisation de la drogue ne conduit pas nécessairement à la catastrophe, Et
elle libère des ressources pour offrir des réponses plus efficaces aux
problèmes que la consommation de drogues engendre. »
Le résultat de la politique portugaise
Il y a quelque chose à
apprendre du traitement de la consommation de drogues comme une maladie
physique et mentale. Considérons les résultats de la politique portugaise par
rapport à l’approche américaine. Alors que les taux d’utilisation,
d’incarcération et de maladie au Portugal ont tous baissé, la consommation de
drogues aux États-Unis est demeurée relativement inchangée depuis une dizaine
d’années.
Chaque année, 1,5
million de personnes sont arrêtées et mises en examen pour des faits liés à la
drogue, dont 80% pour simple possession. La moitié de toutes les incarcérations
fédérales est reliée aux drogues.
Peu de gens pensent
que l’usage de drogues n’est pas un problème. Sans aucun doute, sa consommation
pose des problèmes pour la santé publique et détruit de nombreuses vies.
Cependant, lorsqu’on examine l’efficacité des politiques en matière de drogues,
le modèle américain n’est rien de moins qu’un échec total. Il est temps de
regarder les alternatives. Comme l’illustre le cas portugais, les politiques
dites «radicales» peuvent être parfaitement raisonnables.
Source contrepoints.org
Par Abigail R. Hall.
Un article de la Foundation for
economic education
fee.org
Fondée en 1946 par Leonard E. Read, la Foundation for Economic Education (FEE), présidée par Lawrence W. Reed, est l'une des plus anciennes organisations de défense et de promotion des "principes" de la liberté aux États-Unis : le caractère sacré de la propriété privée, la liberté individuelle, la primauté du droit, le libre marché, et la supériorité morale du choix individuel et de la responsabilité sur la coercition.
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