“Downtown New York”
Photo : Henri Cartier-Bresson (1947)
Un homme est assis à
même le sol dans une ruelle sombre, seul face à un chat. Henri Cartier-Bresson
a intitulé cette photographie « Downtown New York » (centre de New
York). Il aurait pu la titrer « une ruelle sombre de New York » ou « une
âme perdue dans New-York ». Or, il a choisi une autre légende qui nous
oblige à voir dans cette scène une évocation de la ville et un symbole. Et
c’est ainsi qu’il faut lire ce portrait. Le photographe propose ici sa vision
de New York et, de la sorte, délivre un point de vue subjectif, un commentaire
personnel, loin des images touristiques habituelles sur la « grosse
pomme ». Nous allons ainsi voir comment, à travers l’évocation du
gigantisme de la ville et la solitude d’un homme, Cartier-Bresson brosse un
portrait critique de la société moderne.
Le sujet évoqué est
donc New-York. Pour illustrer ce paysage urbain, le photographe a choisi un
format portrait. Ce cadrage a au moins deux incidences. D’une part de
littéralement « dresser un portrait » de la ville, de montrer pour
ainsi dire son vrai visage. D’autre part de mettre en valeur les lignes
verticales de la composition qui répondent au format vertical de la
photographie. L’espace ainsi délimité est entièrement dominé par les
verticales, dessinées notamment par les arrêtes des murs et les masses sombres
qui occupent presque les deux-tiers de l’image. Cette verticalité omniprésente
évoque bien évidemment la hauteur des buildings, véritable symbole de « la
ville debout ». Elle connote aussi son dynamisme, sa virilité et sa
puissance. L’effet de grandeur est d’autant plus frappant que le photographe a
placé dans son cadre une figure humaine comme pour donner une échelle de
grandeur à ce décor, un point de comparaison. Et l’effet est saisissant.
L’homme, qui plus est assis est recroquevillé, a l’air littéralement écrasé par
l’immensité des immeubles environnants. Ajoutons que si celui-ci est cadré en
plongée, les buildings eux sont photographiés en contre-plongée, point de vue
qui accroit leur démesure. Enfin, le fait qu’ils dépassent le cadre de l’image,
ajouté à la dynamique ascendante des verticales, semble indiquer que leur
hauteur est infinie, inatteignable. De la même façon, le fait que ces tours
soient présentes au premier comme en arrière plan nous suggère qu’elles se
dressent à perte de vue. C’est donc bien la géométrie de la composition qui
donne à ce paysage urbain cette impression de gigantisme et de domination. Bien
sûr ces adjectifs collent parfaitement à l’image de New-York, mégapole moderne
hors-norme et capitale financière des Etats-Unis et, pour ainsi dire, de tout
le monde occidental. Rappelons que l’hégémonie économique américaine date
justement de l’après-guerre, époque à laquelle a été prise cette photographie.
Cela dit, l’image
n’est pas triomphante. Une atmosphère sinistre l’imprègne, sans doute due à
l’obscurité dans laquelle est plongée la scène au premier plan. Comme si
Cartier-Bresson avait voulu illustrer l’envers du décor, le côté sombre de la
carte postale. Car il y a bien une ombre au tableau, comme semble le suggérer
la posture de l’homme assis sur le bitume parmi les détritus. Et d’ailleurs qui
est ce personnage ? Un sans-abri ? Un ivrogne ? Certainement un
homme seul, abattu et qui, semble-t-il, n’a trouvé comme seul compagnon qu’un
chat de gouttière, un animal abandonné et égaré dans l’immensité de ce
labyrinthe urbain. D’ailleurs, si la scène a quelque chose d’attendrissant,
c’est bien que l’homme et l’animal semble s’observer comme dans un miroir. Ils
paraissent se reconnaître et partager le même sort. C’est le seul aspect un peu
positif et poétique de l’image. Celui d’ailleurs qui accroche d’abord l’intérêt
de l’observateur. Et pour cause, toutes les lignes de force de cette composition
centripète tendent vers ce duo improbable. Il n’en reste pas moins que la scène
comporte des accents tragiques. L’homme comme l’animal évoquent la solitude et
l’abandon, voire la déchéance.
Et ce ne sont pas là
les seuls signes négatifs véhiculés par l’image. Les murs de briques et les
barreaux aux fenêtres évoquent la prison et l’enfermement. L’arrière plan
suggère, comme nous l’avons vu, des buildings à perte de vue qui bouchent
littéralement l’horizon. La rue elle-même est bouchée, bloquée par un camion de
livraison en stationnement. Jusqu’à l’échelle, symbole habituellement positif,
qui reste inatteignable et ne mène nulle part. Tout ceci comme pour dire que le
personnage n’a aucune échappatoire. Toutes les issues sont bloquées et l’homme
est condamné à l’étouffement. Vous m’accorderez que c’est une vision peu
reluisante de la capitale moderne du monde libre.
Alors quelle
conclusion en tirer ? Il semblerait que Cartier-Bresson ait choisi de
montrer un autre visage de New-York allant à l’encontre des images d’Epinal des
trente glorieuses vantant les mérites de « l’american
way of life ». Avant William Klein (New
York en 1956) ou Robert Frank (Les
Américains en 1959), c’est l’envers du décor, triste et sordide des
laissés-pour-compte de l’Amérique, que le photographe a choisi d’illustrer, non
sans poésie et avec un talent certain. Au-delà, c’est peut-être la solitude de
l’homme dans la société moderne dont il est question ici. Et pourquoi pas la
solitude de l’artiste, auquel cas il s’agirait d’un autoportrait caché.
Henri Cartier-Bresson
Source lesensdesimages.blogvie.com
super !
RépondreSupprimerJ'ai un copain qui cherche une meuf : son adresse : Paris , Rochechouart 9eme arrondissment , college jacques decour pour les interreses .
RépondreSupprimersale chien de la casse
RépondreSupprimerSinan Alsadi est un malade
RépondreSupprimerMarwa Al sadi est belle
RépondreSupprimerRomeo Oudjoudi , cet homme est dangereux
RépondreSupprimerlES GARS MARWA EST ICI JE VOUS ENVOIE LE LIEN
RépondreSupprimerhttps://www.facebook.com/people/Marwa-Al-sadi/100007090242653/
RépondreSupprimerMais wsh c quoi ces commantaire
RépondreSupprimerde oufff je comprend pas
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