dimanche 14 avril 2019

Billets-Matraquage fiscal


Matraquage fiscal

Avec 46% du PIB, la tyrannie fiscale atteint un maximum jamais franchi et les petites fourmis laborieuses sont écrasées par les cigales géantes qui chez nous portent le doux nom de fonctionnaires.

C’est une antienne connue comme le loup blanc : trop d’impôt tue l’impôt. Sauf qu’en l’an 2 du quinquennat du Président Normal, nous n’en sommes plus là. Avec 46% du PIB, la pression fiscale atteint un maximum jamais franchi et les petites fourmis laborieuses sont écrasées par les cigales géantes qui chez nous portent le doux nom de fonctionnaires. D’où le raz-le-bol fiscal qui ne cesse de croître, jusqu’à « interpeller » la conscience (il prétend en avoir une) de notre sémillant ministre de l’Économie et des Finances.

La grande arnaque de l’État-providence
Tous ceux qui ont atteint le Lycée avant que Luc Châtel passe un jour rue de Grenelle le savent : l’impôt est le moyen par lequel le citoyen donne à l’État les moyens de rendre à la collectivité, les services que presque aucun individu ne peut s’offrir seul. Voilà pour la théorie. Dans la pratique, la perversion politique a fait que ces services n’ont cessé de croître, sans que jamais personne n’ait eu à donner un avis « éclairé » sur la question. Il faut dire qu’en matière d’éclairage, nos élites nous enfument depuis tellement longtemps que nous désespérons d’un jour pouvoir repérer la lumière au bout du tunnel dans lequel ils nous condamnent à errer. Gauche et droite confondues, les services fiscaux qui servent de nervis à cette attaque à main armée qu’est la collectivisation ont, de surcroît, du citoyen, une notion bien à eux. Le contribuable leur apparaît d’avantage comme un imbécile à qui l’on réclame tribut que comme un être doué de raison. Et pourquoi voulez-vous qu’ils nous considèrent autrement, puisque les Français continuent majoritairement à croire que l’État-providence – pour lequel ils suent sang et eau – est un horizon indépassable en dépit de sa faillite flagrante.

Il faut dire qu’on nous a vendu jusqu’à plus soif, le mythe de la croissance par le biais de la demande et son corollaire en système soviétique keynésien : l’action publique. Personne ne s’est jamais posé la question de savoir comment cette dernière était financée. Ou plus précisément, à partir des années 70, lorsqu’on a déconnecté la croissance de la production, personne n’a voulu voir que notre progression atone s’effectuait, alors, à crédit et que la spirale de l’endettement aidant, nous allions fatalement rencontrer un mur. Et bien, fidèles lecteurs, ce jour tant attendu est enfin arrivé ! Le génie administratif français a cela d’admirable que, couplé à la lâcheté politique, il a produit, durant des dizaines d’années, une capacité à refuser les évidences, proprement unique sur la planète. À cet égard, il n’y a qu’en France que l’on trouve encore des électeurs suffisamment benêts pour croire que « seul le riche payera » quand le bang fatal se profile. Les 1,6 millions de nouveaux contribuables 2013 sont les premiers surpris de leur nouvelle richesse. Mais comme les socialistes prétendent toujours que leurs « réformes » sont justes … alors !



Trop de fonctionnaires = trop de fonctionnaires !
Les recettes pour sortir de la nasse sont pourtant connues. Nos élites refusent juste de les mettre en œuvre. Outre le fait qu’elle est remplie d’Allemands, comment se fait-il que l’Allemagne s’en sorte si bien face à la crise que nous subissons depuis 2008 ? Il se trouve qu’à l’instar de ces salauds de Suédois, de ces cochons de Canadiens et aujourd’hui de ces traîtres de Bataves, les Allemands n’ont jamais considéré que la France soit dotée d’un modèle social. Ou plutôt si, d’un contre modèle : d’une voie dans laquelle il serait suicidaire de s’engager. La place de la France dans le monde économique est donc celle d’un repoussoir, comme feu l’URSS en son temps. On a les fiertés qu’on peut !

Ce qui « clive » les pays qui s’en sortent de ceux qui sombrent, c’est bien la dépense publique et son corollaire : le nombre de fonctionnaires. Dans notre soviet, un fonctionnaire est à la charge du pays depuis son embauche, jusqu’à la fin de sa retraite. Comme la plupart d’entre eux ont passé les concours à la sortie de la fac, nous en déduisons qu’ils sont à notre charge de la mamelle au tombeau. Lorsque l’on sait que notre beau pays compte 5,5 millions de fonctionnaires, soit un actif sur cinq, on comprend mieux que la vie soit difficile pour les quatre autres. Non contents d’être une charge, nos braves fonctionnaires sont gavés de privilèges qui vont de la sécurité de l’emploi, à des régimes de retraites dérogatoires et surabondés en passant par des horaires flexibles. Ces privilèges ont un coût exorbitant que les Français découvrent petit à petit.


L’État c’est eux
Depuis le retour au pouvoir du parti de l’intelligence, jamais le débat public n’avait atteint un tel niveau de bêtise crasse. Plus la situation s’aggrave plus les incapables, les ministres, se succèdent pour nous assurer que : la croissance frémit, la courbe du chômage va s’inverser, la TVA baisse en augmentant (lol), 2014 sera l’année de la pause fiscale (à non en fait c’est 2015), la transition énergétique n’alourdira pas les prélèvements, etc., etc. En vérité, il y a le feu au lac et le syndicat de défense de la fonction publique ne sait plus où donner de la tête pour poursuivre ses rapines. L’État en demande toujours plus, pour toujours moins de service. Il faut bien admettre qu’à force de régenter nos vies, en s’occupant de ce qui ne le regarde pas, l’État finit par ne plus rien faire correctement. Au final, il faut bien admettre que les fameux « services publics » – que les gauchistes défendent avec autant d’ardeur qu’un intermittent son régime spécial – rendent de moins en moins de service au public.

Pourquoi, dans notre pays, le fait d’exiger une baisse du nombre de fonctionnaires, au nom de la simple rationalité économique, revient à faire l’apologie du crime contre l’Humanité ? Parce que le pouvoir est confisqué depuis plus de quarante ans par ceux qui se servent du système. La France protégée, celle de la fonction publique (et assimilée), s’est distribué des prébendes et elle compte bien que cela continue. Tant pis si le pays court droit à sa ruine ! La qualité des soins à l’hôpital ne cesse de baisser : la faute au manque d’effectif. La criminalité s’envole : manque d’effectif. Les trains déraillent : entretien défaillant par … manque d’effectif. L’Éducation nationale nous livre un nombre toujours croissant d’inadaptés sociaux tous aussi violents qu’analphabètes : la faute au sous-effectif. Des magistrats érigent un mur des cons : la faute à … à non, là pas de faute !

L’Ancien Régime contre lequel les saints patrons de nos fonctionnaires – véritables saigneurs des temps modernes – se sont élevés en 1789 se définissait par la phrase de Louis le quatorzième selon laquelle : « l’État c’est moi ». Nous pouvons dire sans beaucoup de risque de nous tromper qu’aujourd’hui : l’État c’est eux et que les salariés du privé sont les nouveaux serfs de cette néo noblesse de concours administratifs. En 200 ans, nous sommes passés de l’absolutisme royal à l’absolutisme administratif … quel progrès !

Tout a un terme
Seulement voilà, toute à la préservation de ses privilèges, notre noblesse ne s’est pas rendu compte que les temps changeaient. La mondialisation que les ducs de l’ENA blanchis sous les harnais du CAC 40 appelaient de leur vœux était porteuse, certes de plus values juteuses, mais aussi des germes de la sédition fiscale. En ouvrant nos frontières, nous avons ouvert nos yeux. L’Euro a encore accéléré le phénomène en rendant tangibles et intelligibles, les comparaisons entre les nations. Tout un chacun peut se rendre compte, par exemple, que l’enfer de la précarité allemande vaut, somme toute, bien mieux que le système français – qui n’est paradisiaque que pour le salarié sous statut. Nos jeunes se ruent à l’étranger pour fonder les entreprises qui nous font si cruellement défaut, laissant aux moins aventureux de leur génération, le loisir de devenir fonctionnaires.

Cette situation n’est pas une fatalité, il nous faut juste le courage d’y remédier. Pour ce faire, il est illusoire de compter sur les socialistes. Ils sont le parti de la fonction publique, ils ne feront rien. Pourquoi croyez-vous que Hollande ait renoncé si vite à sa promesse de grand soir fiscal ? L’eut-il tenue, qu’il lui aurait alors fallu mettre au grand jour, tous les petits et grands privilèges qui font que l’arnaque perdure depuis des décennies. Simplifier les prélèvements c’est obligatoirement les baisser pour ceux qui produisent et les augmenter pour ceux qui sont payés par le travail des autres. Baisser les dépenses c’est en finir avec le statut de la fonction publique. Les militaires ne le restent pas beaucoup plus de vingt ans (dans le meilleur des cas), pourquoi voulez-vous que les infirmières, les employés communaux, les ingénieurs des routes, les cantonniers et les professeurs soient employés à vie. Ils peuvent servir la collectivité un temps avant de retourner dans le privé. La Suède a mis en œuvre cette solution dans les années 90 et n’est pas notoirement sous-administrée depuis.

L’UMP entre la faucille et le marteau
Puisque nous ne devons rien attendre du PS, devons-nous nous en remettre à l’UMP ? Si par l’UMP nous entendons ce rassemblement d’imbéciles qui n’a rien de mieux à faire que de s’assembler en conclave, dès que l’un des siens a osé penser que certains socialistes étaient bien aussi, si ce n’est plus, sectaires que les fanatiques du bleu marine, autant le dire tout de suite : il n’y a plus d’espoir ! La France est proche du chaos social et économique et ces crétins n’ont rien de mieux à délivrer que des brevets de civisme et des leçons en colmatage de digues républicaines … on croit rêver !

Difficile d’être une alternative crédible quand on n’a que le Front national comme seul horizon. Surtout que ces derniers sont loin d’être aussi abrutis que nos grandes consciences rassemblées sous le pommier originel feignent de le croire. Ils savent lire et si leur programme économique fleure encore bon le terril et Germinal, ils progressent à pas de géants vers le chemin de la cohérence. La sortie de l’Euro – qu’ils sont les seuls à promouvoir – commence à être étudiée par des gens sérieux. Ces travaux donnent du sens à leurs propositions : les dirigeants du FN comprennent Jacques Sapir et s’en inspirent (NDLR, Ce qui ne fait pas de lui un idéologue du FN, comme je l’ai pourtant entendu dire par un journaliste, sans doute adepte de la lapidation publique).

Tant que l’UMP se contentera de faire la course à la posture morale vis-à-vis du Front, elle s’enfoncera vers sa ruine. Il faut qu’elle accepte la confrontation et le débat d’idée (ce n’est pas un gros mot). Le FN est un parti structuré qui renforce sa doctrine. Les imprécations ne serviront à rien d’autre qu’à renforcer l’impression que l’UMP n’a pas d’autre proposition que celle, alléchante, de mettre les fesses de ses leaders dans les fauteuils actuellement occupés par les socialistes, pour poursuivre la même politique autiste. Entre le collectivisme socialiste et le colbertisme centralisateur bleu Marine, il existe pourtant un espace pour une doctrine qui place la liberté au cœur de son projet. Un mouvement qui fasse de la confiance en l’individu la règle et de la méfiance l’exception. Une philosophie de gouvernement qui libère les énergies pour refaire de la France le grand pays auquel ses atouts et sa situation exceptionnelle au cœur de l’espace européen la prédestinent. Le libéralisme a de l’avenir, chers amis, car c’est le seul moyen pour l’UMP d’exister. C’est aussi, alors que nous nous débattons dans le gouffre de nos déficits, la seule idée que nous ayons toujours obstinément refusé d’appliquer depuis le dernier budget voté à équilibre en … 1974.



Source contrepoints.org

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