L’altruisme, cette chimère
Pourtant mis en avant comme l’une des plus
belles valeurs humaines, l’altruisme se trouverait être en fait un idéal
complètement fabulé. Quoi qu’on fasse, bonne action, dons ou profits, ne le
faisons-nous pas par intérêt pur ?
Souvent, parce que
j’affirme ouvertement mon penchant pour le libéralisme je suis traité
d’égoïste, d’individualiste, ou pire encore. Pourtant ces gentilshommes au
« cœur à gauche » ne sont pas tout à fait dans leur tort, mais ce
qu’ils oublient de regarder c’est que toute la société est composée
d’individus, y compris eux-mêmes, qui cherchent à défendre leurs intérêts
personnels, et ce, au moins sur le plan que je qualifierai de psychologique. Je
m’explique.
Quand on parle
d’intérêt, on songe trop rapidement aux capitalistes avides de profits, qui
pensent uniquement à l’argent. Ce serait mentir que d’affirmer que ces gens-là
n’existent pas (même s’ils sont un bien pour la société, tant ils créent de
richesses), mais on ne comptabilise jamais les individus qui cherchent à
satisfaire leurs intérêts alors qu’ils n’ont que faire de l’argent, et qui
trouvent satisfaction sur le plan psychologique et moral, comme d’une fierté
personnelle.
Les penseurs de la
très intéressante théorie des jeux avaient déjà, plus ou moins, sous-entendu
cet argument, mais rien de mieux qu’un exemple pour étayer celui-ci.
Imaginons l’humain
comme une entité profondément rationnelle qui n’agirait que pour amplifier ses
gains financiers, et transposons-le à la vie en société : il ne pourrait
tout simplement pas y vivre. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ne pourrait
pas avoir de relations sociales profondes, et toutes interactions non
profitables pour lui ne pourraient être envisagées.
Il ne recevrait
personne car payer un verre lui coûterait de l’argent, idem pour un repas, ou
un loisir. Alors pourquoi vous, humains, recevez-vous et acceptez-vous de
« perdre de l’argent » ? Tout bonnement parce que vous en tirez
un intérêt psychique. D’accord vous perdez quelques euros à inviter vos amis à
dîner, mais vous y gagnez en satisfaction personnelle car avec eux vous allez
pouvoir parler de vos passions, de votre week-end ou encore de vos problèmes au
travail, donc vous en tirez un grand profit, mais non pécuniaire. Malgré la
perte d’argent réelle, vous êtes satisfaits d’avoir pu passer un bon moment.
C’est le même cas de
figure quand vous faites un don à une association : vous perdez de
l’argent, mais vous en éprouvez une satisfaction personnelle. Après tout s’il y
a un Dieu vous aurez votre place au paradis. Et ce cas de figure de
« l’intérêt psychologique » peut revêtir toutes les situations. Quand
le soldat se sacrifie, ce n’est pas altruiste, il a le désir que par la suite
il sera considéré comme un héros peut-être, ou encore que ses camarades le
porteront haut dans leur estime etc. Finalement rien n’est altruiste.
Mais d’où nous vient
cette passion pour l’altruisme, c’est-à-dire cette volonté à faire passer les
intérêts de son prochain avant les siens ? Les explications sont
multiples, mais je pense personnellement que c’est une conséquence de la morale
religieuse. En effet la bible, la torah ou encore le coran, nous ont appris à
faire passer nos intérêts après ceux de nos prochains. Et en soi, je suis
d’accord avec la pensée nietzschéenne qui voit la morale judéo-chrétienne comme
une morale de faibles, afin qu’ils (les religieux) puissent dominer les forts
(les aristocrates), bien que ce principe de domination puisse s’appliquer à
beaucoup de religions et de sociétés. Mais ce n’est pas un mal pour autant.
Bref, tout ça pour
dire que l’altruisme selon moi ne serait qu’une fausse justification, pour se
donner bonne conscience d’un « individualisme » profondément… humain. Ainsi je
pense que nous avons fait fausse route de considérer simplement et uniquement l’intérêt
comme financier, car il ne faut surtout pas oublier l’intérêt psychologique que
l’on porte aux choses et aux actes, quitte à y perdre de l’argent. Et c’est
parce que nous sommes individualistes jusque dans notre propre inconscient que
les relations sociales et économiques existent.
Donc messieurs les
socialistes, sachez que je suis autant individualiste que vous, mais
certainement pas égoïste contrairement à vous, car personnellement je milite
pour la création de richesses, la liberté et la poursuite du bonheur par tous
les individus, afin que ceux-ci puissent poursuivre leurs intérêts, donc ceux
de tous, jusqu’au bout.
Source contrepoints.org Nicolas Fabre
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