Les 5 failles du modèle
social français
Le modèle social français privilégie
chômage de masse et appauvrissement.
Il est de coutume d’écrire que le
monde nous envie notre modèle social. L’économiste Jean-Olivier Hairault
soutient une thèse opposée dans son livre Ce modèle social que le monde ne nous
envie plus, paru en 2015. Selon lui, le choix de l’inactivité s’est fait au
prix d’un chômage de masse et de l’appauvrissement du pays.
Le refus de la polarisation du marché du
travail : la mondialisation
des échanges et l’essor des nouvelles
technologies ont eu un
double effet dans les pays occidentaux. D’une part, nous avons de plus en plus
besoin de cadres très qualifiés et bien rémunérés. D’autre part, la demande
s’accroît pour les tâches non routinières (services à la personne, commerce,
restauration…) mais à faible valeur ajoutée. Entre ces deux extrêmes, “average
is over” : nous avons moins besoin d’ouvriers et d’employés de bureau,
catégories qui ont bénéficié d’une forte promotion sociale lors des Trente
Glorieuses. Cependant la France n’a pas réformé en conséquence son
État-providence, établi sur la base d’une croissance forte désormais révolue.
Le manque de pragmatisme : ce phénomène de polarisation creuse les
inégalités salariales. Mais la plupart des pays occidentaux ont tenté de
tempérer cette évolution en réformant leur État-providence (par exemple avec le
Workfare britannique ou les réformes Hartz en Allemagne). Contrairement à la
France, ils ont préféré l’emploi, même à temps partiel, à l’inactivité.
Pragmatiques, ils ont accepté la montée des petits boulots. Par idéologie, les
dirigeants français, de droite comme de gauche, ont considéré cette évolution
comme une régression et ont conspué le
social-libéralisme de Blair et de Schröder.
La lutte contre le chômage en réduisant le
temps de travail : depuis
les années 1970, la France tente de lutter contre le chômage en réduisant la
durée annuelle du travail, via les 35 heures, mais aussi le nombre d’années
travaillées, via la retraite à 60 ans ou les préretraites. Cette vision
malthusienne a été portée par les
idéologues de la fin du travail, comme Dominique Méda ou Pierre Larrouturou. Grave erreur de diagnostic ! Au lieu de partager le travail dans les métiers qui se contractent, nous aurions dû
redéployer la main d’œuvre vers les secteurs de demain.
Le refus de la destruction créatrice : en France, l’attention des médias et du
pouvoir se focalise sur les destructions d’emplois. Tout le monde se souvient
de Nicolas Sarkozy à Gandrange et de François
Hollande à Florange. On
oublie souvent la face immergée de l’iceberg, les créations d’emplois.
Systématiquement, la France préfère protéger les situations existantes, au
détriment des nouveaux entrants. Son modèle social cherche à lutter contre les
inégalités mais crée une autre forme de polarisation, par les statuts. Ainsi,
sur le marché du travail, coexistent des insiders, les
salariés en CDI, bien protégés, et des outsiders, les
travailleurs précaires en CDD, les chômeurs de longue durée.
Le choix de l’appauvrissement généralisé : en refusant le travail et en
privilégiant l’inactivité, la France a réduit son potentiel de croissance. La
richesse par habitant y a crû moins vite que dans d’autres pays occidentaux. Or
le financement de son modèle social repose sur la quantité d’heures
travaillées, via les cotisations sociales. La France est donc obligée de revoir
à la baisse la générosité de son modèle social pour éviter de creuser dettes et
déficits. Pourtant les Français préféreraient travailler davantage pour être
mieux protégés : nous devons donc vite changer de cap !
Photo : Pauvreté SDF (Crédits : Franco Folini, licence
CC-BY-SA), via Flickr.
Source contrepoints.org
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