Le jeûne pour rester jeune
De nombreuses maladies pourraient être traitées
par le simple fait d'arrêter de manger, que peut-on attendre du jeûne
thérapeutique ?
Manger est une pulsion
bien réelle chez l’homme. Elle contribue à la survie et au maintient
du fonctionnement des organes. Nous mangeons tous les jours et plusieurs fois
par jour. En France, pays de la gastronomie, manger est aussi un art et fait
partie des habitudes sociales.
Pourtant il existe un
mouvement qui commence à se faire connaître dans l’hexagone : le jeûne
thérapeutique. Cette nouvelle manière de se soigner est déjà pratiquée et est
en expansion dans certains pays comme la Russie et l’Allemagne dans lesquels
des milliers de personnes jeûnent pour des raisons médicales. Que peut-on
attendre de cette nouvelle pratique et que se passe-t-il pendant ces périodes
de privation calorique ?
- Il est naturel d’avoir des périodes où l’on mange bien et des périodes où on ne mange pas beaucoup.
Comme le rappelle le
Dr Françoise Wilhelmi de Toledo, auteur d’un ouvrage qui vient de
paraître sur le sujet (“L’Art de jeûner”) et directrice médicale des
cliniques Buchinger Wilhelmi (dans lesquelles des cures de jeûnes sont
proposées), "dans l’évolution, l’homme n’a pas eu toute l’année de quoi se
nourrir, il est récent que nous puissions avoir de la nourriture à tout moment
de l’année et de la journée. En principe, il y a une cyclicité de
l’alimentation et il est naturel d’avoir des périodes où l’on mange bien et des
périodes où on ne mange pas beaucoup". Le corps humain devrait donc
normalement être capable de vivre un certain temps sur ses réserves.
- Le corps s’adapte à la privation de nourriture
Le corps passe
facilement de l’apport de nourriture extérieure à la mobilisation de la
nourriture intérieure. L’organisme puise dans les réserves de lipides et moins
dans les protéines indispensables au maintien musculaire et à l’alimentation du
cerveau.
Quand une personne
jeûne, un “stress” est déclenché : un bouleversement hormonale et
neuroendocrinien est provoqué : des hormones mobilisent les réserves du corps
avec pour certaines un effet anti-inflammatoire. Pour les partisans du jeûne,
ces mécanismes d’autorégulation induit des effets thérapeutiques en stimulant
les forces curatives de l’organisme.
- Les effets thérapeutiques sont nombreux
Les indications du
jeûne thérapeutique mentionnées dans l’ouvrage sont nombreuses : maladies
cardiovasculaires, maladies du dos et des articulations, maladies du tube
digestif, affections chroniques du foie, états psychiques comme le “burn out”,
la dépression et la fatigue chronique. Et également des pathologies
diverses comme les allergies, l’épilepsie, les infections à répétition, ainsi
que les maladies neurologiques (Alzheimer et Parkinson).
- D'autres gènes s’activent pendant le jeûne
Scientifiquement,
l’effet bénéfique du jeûne est expliqué par un passage des cellules dans un
mode de protection. Un autre profil d’expression des gènes se met en place
(d’autres gènes s’activent pendant le jeûne) et expliquerait cette protection
qui a été observée dans une étude chez la souris qui a fait sensation dans la
communauté des chercheurs en cancérologie.
Dans cette dernière,
des souris atteintes de cancers et privées de nourriture résistaient mieux à la
chimiothérapie.
Les traitements
anti-cancer étant assez agressifs, la pratique du jeûne chez les patients
atteints est une piste sérieusement envisagée par le Dr Longo de l’Université
de Californie qui explique que "les cellules cancéreuses détestent cette
environnement où il y a peu de sucres et peu de facteurs de croissance…le jeûne
peut ralentir leur croissance, même sans chimiothérapie." Une étude
américaine confirme ces résultats chez l'homme avec une diminution des effets
secondaires de la chimiothérapie.
Ce mécanisme
protecteur des cellules saines induit par le jeûne n'est pas encore bien
expliqué.
- Le jeûne doit être encadré médicalement
Rappelons que le jeûne
n’est pas anodin, qu’il se prépare, s’accompagne et s’arrête de manière
encadrée. Une prudence est nécessaire et il est conseillé de ne pas s’engager
seul dans cette voie. Un encadrement médical est nécessaire, en parler à son
médecin en lui fournissant les informations récoltées est indispensable car il
y existe des contre-indications à la privation calorique. Paradoxalement à nos
modes de vie dans nos sociétés occidentales, et comme il est dit dans le
documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade, "notre organisme
serait plus adapté pour résister à la carence de nourriture qu’à son
excès".
- Les Français vont s'y mettre rapidement
Alors qu’en Allemagne,
les cures de jeûnes sont remboursées par la sécurité sociale, et qu'en Russie,
le ministre de la Santé encourage à aller dans des centres spécialisés, doit-on
inscrire cette pratique dans une politique de santé publique en France ?
Le Dr Wilhelmi de
Toledo prédit que “Les Français vont s’y mettre rapidement” mais encore faut-il
que le corps médical et la recherche dans le domaine avance. Avant de fermer
son réfrigérateur et sceller ses couverts au placard, des preuves scientifiques
seront sûrement nécessaires pour convaincre le corps médical et les sceptiques
mangeurs…
Source sciencesetavenir.fr
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