Le jeûne
Le Jeûne, une nouvelle thérapie
Diabète, obésité,
hypertension, cancer : les pathologies chroniques explosent. Tout comme la
consommation de médicaments censés en limiter les dégâts. Une autre voie
thérapeutique semble exister pourtant. C’est ce que révèle l’enquête troublante
et rigoureuse signée Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade. Une voie explorée
depuis une cinquantaine d’années par des médecins, en Allemagne ou en
Russie : le jeûne.
Prenez le cas de
Jürgen, 60 ans. Banquier à Zurich, il se rend régulièrement dans les pays de
l’Est. Là-bas, explique-t-il, on ne peut négocier de contrats sans multiplier
les repas plantureux et arrosés. Et il aime ça. Mais pas son foie, qui a doublé
de volume. Les médecins le mettent en garde : soit il change de vie, soit
il fait son testament. A la clinique Buchinger, en Allemagne, Jürgen procède à
une cure de jeûne sous surveillance médicale. Comme 15 à 20% d’Allemands l’ont
déjà fait. Une dizaine d’hôpitaux publics disposent outre-Rhin de services
dédiés au jeûne, et la Sécurité sociale prend en charge les cures. Jurgen a
récupéré un foie normal. En Sibérie, le jeûne est devenu l’élément central de
la politique de santé publique. Depuis 1995, au sanatorium de Goriachinsk, 10
000 patients sont venus traiter diabète, asthme, arthrose ou allergies. Très
encadrés, ils n’ingurgitent que de l’eau durant douze jours en moyenne. Passé
la douloureuse crise d’acidose des débuts - le temps que le corps apprenne à
fabriquer lui-même le carburant nécessaire à la survie - les deux tiers voient
leurs symptômes disparaître.
Remboursé, ce
traitement s’appuie sur quarante ans d’études scientifiques dont les résultats
n’ont jamais été traduits. Pourquoi ? Ce qui est sûr, c’est que
l’industrie pharmaceutique n’a aucune hâte de voir émerger cette alternative
aux médicaments. A Berlin, le professeur Michalsen, chef de service hospitalier
qui étudie les effets thérapeutiques du jeûne, peine à trouver des
financements : « Si j’avais montré
l’efficacité d’une nouvelle molécule, remarque-t-il, je croulerais sous les enveloppes des labos
pharmaceutiques… »
À l’aide
d’infographies, les réalisateurs montrent comment l’organisme réagit à la
diète. Il réapprend à vivre de ses réserves. Un mécanisme atavique qui le purge
et le renforce. Comme si l’évolution nous avait dessinés pour résister à la
privation plutôt qu’à la profusion.
Source documentaire de Sylvie Gilman et Thierry de Lestrade (ARTE)
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