Philip Roth
Exit le fantôme
Traduit de l’américain par Marie-Claire Pasquier
(4ème de couverture)
Après onze ans de réclusion volontaire dans la campagne du Massachusetts, Zuckerman remet les pieds à New York, pour une intervention bénigne mais qui le renvoie à sa déchéance physique.
Dans la ville accablée par la réélection inattendue de George W. Bush, trois rencontres vont bouleverser ses plans : Amy Bellette, vieillie et presque mourante, elle qui, dans l’éclat de sa jeunesse, fut la muse de E. I. Lonoff, son mentor ; Richard Kliman, jeune arriviste insupportable qui le harcèle parce qu’il veut révéler les secrets de Lounoff ; et puis, surtout, un jeune couple d’écrivain avec qui il envisage un échange de maisons.
Et voilà Zuckerman, qui se croyait immunisé, en proie à un ultime coup de foudre. Pour Jamie, la très charmante jeune femme du couple. Va-t-il passer à l’acte ? Ou se servir de ce dernier amour pour écrire encore – traduire dans une fiction les fantasmes qu’il lui inspire ?
Le « Théâtre de Sabbath » à valu à Philip Roth en 1995 le National Book Award, qu’il avait déjà obtenu en 1960 pour son premier livre « Goodbye, Colombus ». Il a reçu à deux reprises le Nationel Book Critics Circle Award, en 1987 pour « La contrevie » et en 1992 pour « Patrimoine ». Le prix Pulitzer et, en France, le prix du Meilleur Livre étranger ont couronné « Pastorale américaine ». Le PEN Faulkner Award a récompensé les romans « Opération Shylock », « Un homme » et « La tache », qui a été également distingué par le prix Médicis étranger 2002. Entre autres récompenses, « Le complot contre l’Amérique » a été consacré meilleur livre de l’année par la New York Times Book Review. Le PEN Nabokov Award 2006 et le PEN Saul Bellow Award 2007 ont récompensé le romancier pour l’ensemble de son œuvre. Tous les livres de Philip Toth sont traduits aux Editions Gallimard.
(1ere phrase :)
Je n’étais pas retourné à New York depuis onze ans.
(Dernière phrase :)
Elle est en route pour venir, et il s’en va. Parti pour de bon.
326 pages – Editions Gallimard 2007 (2009 pour la traduction française)
(Aide mémoire perso :)
Dans ce nouvel opus qui met en scène les affres de Nathan Zuckerman, son personnage fétiche et accessoirement son double puisque dans la vie qu’il invente (?) Nathan est écrivain, Philip Roth installe son livre juste à la veille de la réélection de Georges W. Bush en 2004. Nathan Zuckerman a 71 ans, il est usé, un peu malade et de passage à New York pour des examens médicaux après plusieurs années en dehors du monde des villes, presque loin, dans le Massachusetts, où il vit de plus en plus difficilement l’écriture de son œuvre, mais surtout sa santé déclinante de vieil homme.
Là, confronté aux bruits de la ville, à sa frénésie, il en retrouve peut-être le goût. Celui des envies, de l’observation, des joutes verbales, de la réflexion, des souvenirs et… des femmes, bien sûr. C’est en effet au contact de Jamie, la trentaine, mariée, que Zuckerman voit ses sens aujourd’hui inexistants retrouver de l’appétit. Contraint physiquement à une relation platonique, il fantasme ses dialogues avec elle, puisant dans son âme d’écrivain qui ne se refait pas, l’inspiration. En éveil, il côtoie aussi son passé en la personne d’Amy, une rencontre de jeunesse, elle qui fut la compagne de E.I. Lonoff, l’écrivain que tout jeune homme Zuckerman vénérait. Il rencontre également Kliman, un homme par trop envahissant qui veut écrire une biographie de Lonoff pour y révéler son terrible secret. Un personnage dans lequel le narrateur se voit sûrement un peu lorsqu’il était plus jeune.
Philip Roth mêle dans « Exit le fantôme » ses angoisses d’homme en déchéance physique, son interrogation quant à une œuvre qui se perpétue dans l’Histoire, cet air contrit qu’il arbore quand il décortique si bien l’Amérique avec son regard impitoyable, les amours déchues, le sexe en berne… Et puis bizarrement, autant ce qui pourrait rebuter (le livre débute par une description minutieuse et médicale des inaptitudes physiques de Zuckermann) m’a touché, autant les dédales menant à l’amour contrarié pour Jamie ou ces rencontres avec Amy et Kliman m’ont laissé un peu de marbre. Ces dialogues que Zuckermann réinventent avec Jamie m’ont semblé si fades. On se dit que, peut-être, nous sommes là dans l’essence de la vie qui s’achève, dans l’extrême dénuement des mots qui ne mentent plus et que cette fadeur est la compréhension de nous mêmes. Un brin de sagesse ? On s’ennuie un peu en lisant ce livre, au final.
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