Lutte
contre le terrorisme : vers le modèle israelien ?
Dans ce
contexte nouveau de terrorisme, faut-il aller vers un nouveau modèle
sécuritaire ? S’inspirer de New York ou d’Israël ?
Lutte contre le terrorisme :
vers le modèle israëlien ? By:
Kristoffer Trolle – CC BY 2.0
La tuerie de Nice jeudi soir dernier rappelle que la
France est confrontée à un phénomène terroriste nouveau.
Nouveau, tout, d’abord parce que la détection de tels
actes est délicate à prédire. Nouveau, ensuite, parce que ce phénomène est
diffus. Il peut se produire aussi bien au centre de Paris que dans l’atmosphère
estivale de la « French Riviera ». Nouveau, enfin, parce que le
passage à l’acte n’est pas nécessairement prémédité et que les personnes
passant à l’acte ne sont pas toujours des terroristes notoirement connus, mais
ce que les criminologues appellent de manière plus évasive des
« tueurs de masse », c’est-à-dire des
tueurs qui ne sont pas insérés dans un réseau organisé.
Dans ce contexte, les réponses actuelles – état
d’urgence, Sentinelle, etc. – paraissent
faiblement efficaces pour empêcher la survenance d’événements aussi aléatoires
que ces actes abjects. Certes, ces réponses peuvent en réduire la probabilité –
des arrestations ont lieu régulièrement –, mais le nombre d’individus potentiellement
dangereux est si élevé que la capacité d’annihiler tout passage à l’acte est à
la fois complexe et vaine.
Dans ce contexte faut-il aller vers un nouveau modèle
sécuritaire et si oui lequel ?
Du modèle
new-yorkais au modèle israélien
Dans les années 1990, nos responsables politiques et experts
voulaient transposer à tout prix le modèle américain et plus particulièrement
le modèle new-yorkais pour combattre la délinquance. Le concept de la
« tolérance zéro » était à la mode. Tout le monde voulait reproduire
la stratégie policière initiée par William Bratton nommé chef de la police de
New York. Des voyages d’études étaient alors financés par le ministère de
l’Intérieur. Les ministres de l’Intérieur Chevènement et Sarkozy ont pu ainsi
rencontrer le maire de New York, le célèbre Rudolph Giulani pour évoquer ce
nouveau modèle.
Ce modèle est maintenant moins à la page et un nouveau modèle
semble émerger, le modèle israélien.
Qui sait mieux que quiconque gérer les actes terroristes, si ce
n’est les Israéliens, confrontés à des actes dont le mode opératoire change
souvent (attentat à la bombe, mass stabbing,
fusillade…) et qui sont victimes d’actes terroristes fréquents ? Ainsi,
aujourd’hui, des politiques, des experts, des directeurs sécurité se
rendent-ils en voyage en Israël pour observer la stratégie de lutte contre le
terrorisme à la mode israélienne.
Prévention,
technologie et diversification
Cette stratégie pourrait être résumée en trois points
essentiels.
- Le renforcement de la prévention situationnelle. Tout site considéré comme sensible voit donc sa sécurité renforcée : mise en place de barrages filtrants, agents de sécurité privée hautement qualifiés essentiellement recrutés dans les armées et notamment dans les unités d’élite, fouille des véhicules systématiques à l’entrée des sites, des profileurs assurant également une surveillance des espaces recevant du public.
- Le développement de la technologie sécuritaire : usage de drones, de robots et d’armes de neutralisation.
- Enfin, la diversification des formes de renseignement : renseignement technologique, renseignement sous couverture (Under cover), cyberattaque et actions clandestines.
Ce modèle verra-t-il le jour en France dans les années à
venir ? Difficile à dire. Toujours est-il que la pression politique et
médiatique risque de nous amener vers un modèle sécuritaire très différent de
celui que l’on connaît actuellement. Moins préoccupé par la question des
libertés fondamentales, et plus « étanche » ?
Source contrepoints.org
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