Senior, préparez
votre séjour au ski
De randonnée, de fond ou
alpin, en détente ou de manière sportive, le ski est un sport complet et
éclectique. Cependant le sport de glisse est aussi associé aux chutes, aux
blessures aux genoux et aux entorses de poignets. Alors, avant de chausser les
skis, préparez-vous !
Par Gilles ORGERET,
masseur-kinésithérapeute, en collaboration avec Anne MALLET, médecin gériatre,
nutritionniste.
Comme nous le répétons souvent, l’activité physique raisonnable
diminue par deux le risque de maladie cardiaque, de cholestérol et de tension
artérielle. Associée au contrôle alimentaire, elle divise aussi le nombre de
diabète gras et abaisse de 30 % le risque de cancer (colorectal, sein,
prostate, poumon). Le ski est une activité physique et, en plus, bon pour le
moral : « Étendues blanches contre idées noires ! ». Mais, s’il est conseillé
pour les seniors, mieux vaut le pratiquer avec une forte dose de bon sens, sans
pivoter dans l’excès. Le fin mot est lancé : « pivot ». Car le ski est un sport
de pivot, c’est-à-dire que le corps pivote constamment d’un côté et de l’autre
et que, si l’on n’y prend pas garde, le genou tourne trop violemment et c’est l’entorse
ou pire. Ce type d’accident, plus fréquent chez l’amateur, oblige à peaufiner
davantage sa préparation physique.
- Programmez votre équilibre
Avant de chausser les boots et les skis, plusieurs précautions
sont indispensables. Dans un premier temps, il faut impérativement tester son
équilibre plusieurs semaines avant de dévaler les pistes. Pour ce faire, deux
tests sont à votre disposition.
Le test de Fukuda : debout, fermez les yeux, tendez les bras en avant, à
l’horizontale, et piétinez 50 fois sur place en levant haut les genoux. Si vous
déviez d’un côté ou de l’autre, vous avez, peut-être, l’oreille interne
atteinte. Nous vous conseillons de consulter un ORL.
Le Romberg postural : debout, les talons joints, tendez vos bras en avant, à
l’horizontale, et fermez les yeux. Si vous sentez un déséquilibre, ou s’il y a
oscillation des bras, vous souffrez, peut-être, d’une atteinte propioceptive,
c’est-à-dire d’un manque d’adaptation aux postures prises par le corps. Pour
éviter les risques de chute lors de votre séjour au ski, consultez votre
médecin traitant.
J’entends souvent dans mon cabinet : « Je fais du sport et je
n’en ressens pas les bienfaits. J’ai toujours mes douleurs. Au contraire, elles
augmentent ! ». Lorsque l’on a des douleurs chroniques, quelle que soit la
région du corps qui souffre, le thalamus, noyau volumineux de la base du
cerveau servant de relais des voies sensitives sensorielles vers le cortex du
cerveau, fonctionne mal. Il agit comme une puce électronique du cerveau qui
gère les douleurs, les postures et les mouvements. Et comme une puce
électronique, il peut beuguer. À tout moment, le thalamus peut soit réagir
correctement en agissant sur le positionnement du corps, soit envoyer une
information « douleur », sans raison valable. Dans ce cas, trois semaines avant
votre départ pour dévaler les pistes, vous devez renforcer votre équilibre.
Voici quelques exemples d’exercices à pratiquer quotidiennement
les yeux fermés :
« L’arbre » en yoga : debout sur un pied, frottez la jambe porteuse avec la
plante du pied surélevé. Rouvrir les yeux au moindre déséquilibre.
Sur un matelas posé au
sol, marchez sur la pointe des pieds.
À deux, placez-vous face à face sur une planche oscillante
(plateau de Freeman), chacun étant en équilibre sur sa planche, et tirez sur le
bâton auquel sont fixés des sandows élastiques, pour obliger l’autre à adapter
sa posture.
Vous pouvez aussi pratiquer quelques exercices les yeux ouverts
:
Programmes spécifiques sur Wii Fit® : « boule maboule », « marchez sur un fil
».
Le ski à roulettes.
Faire du footing sur
un terrain en pente, en favorisant la
descente, qui imite le mieux le ski. Le vélo (en descente également) aiguise
quant à lui la mémoire de l’environnement.
Enfin, travaillez la « mémoire » des genoux afin qu’ils
anticipent le risque de chute :
Debout, sur une
serviette de bain, slalomez dix minutes par
jour.
En position de chaise, dos contre un mur et genoux pliés à 90°, tenez cinq à
dix minutes pour renforcer les cuisses. Pratiquez cet exercice quotidiennement.
- Strappez vos articulations douloureuses
Lorsqu’une articulation ou un muscle est fragilisé, il peut être
utile de le protéger par un bandage adhésif posé à même la peau par un
spécialiste : kiné ou médecin. Le bandage protecteur, K-Taping, peut être
conservé durant tout le séjour puisqu’il résiste à l’eau. Faites cependant
attention car certaines peaux ne tolèrent pas cet adhésif. Vous ressentez alors
des démangeaisons. Vous pouvez opter pour un autre type de maintien : ceinture
lombaire pour les reins, genouillère, épaulière, etc.
- Partez équipé
Trop de seniors dévalent encore les pistes avec leur vieux
blouson de ville ! Pour éviter certaines blessures ou tout simplement de tomber
malade, l’équipement doit être adapté à la pratique. Vous trouverez sans
problème dans les magasins de sport tout ce dont vous aurez besoin.
En cas de hanches
fragiles, certains pantalons ou des leggings
peuvent être rembourrés.
Trois Français sur
quatre souffrent des pieds à cause de
chaussures de mauvaise qualité. Pensez à bien les choisir, même s’il faut
essayer plusieurs paires. Vous trouverez des chaussettes ou bas de
contention facilitant le retour veineux. Il existe également des chaussettes
spéciales diabétiques. Après le ski, vous pouvez vous allonger une demi-heure,
jambes surélevées, et demander à votre conjoint(e) un massage des membres
inférieurs avec un baume relaxant (excepté en cas de varices). Allions le
plaisir à l’agréable !
En altitude, le soleil étant plus
agressif, pensez à protéger votre peau avec une crème solaire haute protection.
Renouvelez l’opération toutes les deux heures ! Surtout ne réutilisez pas la
crème de l’année précédente ! Protégez-vous aussi les lèvres avec un baume.
Sur les pistes le
risque de collision est fort. « Bien voir »
est donc aussi important qu’être vu. Faites vérifier votre vue avant de partir
et adoptez des lunettes à protection UV 100 % polarisants de catégorie haute
montagne, c’est-à-dire d’indice 4 portant la norme CE. Privilégiez les formes
enveloppantes offrant un large champ de vision. Pour les masques, préférez la
couleur jaune qui augmente les contrastes en cas de brouillard ou lorsqu’il
neige.
- Bien manger et bien boire
« Manger gras protège du froid ! » est une contre-vérité ! Une
soirée raclette durant un séjour en montagne fait plaisir, mais il ne faut pas
en abuser. Privilégiez les pâtes, le riz, les pommes de terre, légumes secs et
noix. Le ski entraîne une dépense énergétique importante car en plus des
efforts, il faut lutter contre le froid. Il importe donc de manger plus. Pour
les diabétiques, n’hésitez pas à charger votre sac de barres céréalières et
d’en consommer dès trente minutes de pratique. Après le ski, favorisez le riz
au lait et la semoule. Évidemment, le café, l’alcool et les sucreries sont à
consommer a minima. Ils n’apportent pas le coup de fouet escompté. Quant au
tabac, il altère directement la performance sportive en altitude où l’air se
raréfie. Pensez à vous hydrater avant d’avoir soif. Il est faux de dire que
boire « coupe les jambes ». Un mélange d’eau additionnée de miel (40 g/L) peut
être une solution pour un meilleur apport énergétique. Lorsqu’il fait très
chaud, consommez plus de sel et des eaux minérales, de préférence non gazeuses
car elles ballonnent pendant l’effort.
Pensez « cœur » avant de penser « effort ».
Le ski de fond sollicite beaucoup le cœur, un peu plus que le
ski de descente. En règle générale, évitez de dépasser 70 % de vos capacités
maximales à l’effort. Un essoufflement qui empêche de parler interdit la
poursuite du ski. Jusqu’à 1 500 mètres d’altitude, il n’y a pas de risque.
Cependant, il faut savoir que le froid intense et une altitude excessive
exercent une très forte pression sur votre cœur et vos poumons. Le sang manque
d’oxygène, ce qui induit des risques de malaise, de chute et autres blessures
type contractures et lésions musculaires. Les personnes fragiles de l’appareil
cardio-pulmonaire devront plutôt opter pour le ski de randonnée ou de
raquettes, en terrain peu escarpé. Savoir identifier un dysfonctionnement
cardiaque peut s’avérer très utile : fréquence cardiaque élevée au repos,
élévation insuffisante à l’effort, baisse insuffisante après. N’hésitez pas à
consulter un cardiologue avant de songer à partir.
- Dernières préparations.
Vous êtes bientôt fin prêt pour gravir les monts et dévaler les
pistes. Quelques derniers conseils vous permettront de profiter au mieux de ce
séjour :
Si vous n’avez pas forcément envie d’être sur des pistes surpeuplées de
skieurs et d’enfants turbulents, optez, alors, pour le hors saison ! Vous
diminuerez les risques de collisions et de chutes.
Si vous ne skiez pas de l’aube au crépuscule, privilégiez le milieu de
journée. Le matin, les skis accrochent moins bien et le soir, ils accrochent
trop, ce qui majore le risque de chutes. Les blessures surviennent
habituellement le troisième jour, lorsqu’apparaît la fatigue. Ce jour-là,
réduisez votre pratique de moitié.
Si vous êtes porteur
d’une prothèse de hanche ou de genou, ne
recherchez pas les mêmes performances qu’avant l’opération.
Senior, évitez de flirter avec vos limites ! Ne vous laissez pas
influencer par vos petits-enfants ! Donnez-leur plutôt une image d’un papy ou
d’une mamy toujours jeune et dynamique mais responsable. Ne trichez pas,
vieillir n’est pas honteux, visez le plaisir !
Source SantéSportMag
très bon article ! cette année j'espere retourner skier après des années d'arrêt
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