lundi 30 décembre 2019

Billets-Aaron Swartz

Aaron Swartz


 Aaron Swartz s'est suicidé le 11 janvier 2013, à l'âge de 26 ans. © Sage Ross / flickr-cc

  • L'«hacktiviste» de génie Aaron Swartz se suicide avant son procès
Vendredi 11 janvier au soir, Aaron Swartz, jeune génie de l’Internet, est retrouvé mort, pendu à son domicile de Brooklyn. Il avait 26 ans, et devait comparaître devant la justice le 1er avril prochain. Il était accusé d’avoir volé des millions d’articles universitaires en accès payant. Militant de « l’Internet libre », il encourait jusqu’à 35 ans de prison et 1 million de dollars d’amende.

  • Hacker et militant extraordinaire 
Le monde de l’Internet s’est ému de la mort d’Aaaron Swartz, ce génie informatique connu pour avoir participé, à 14 ans, à l’élaboration de la norme RSS, cet outil qui permet aux internautes de s’abonner à des flux d’informations.
Co-fondateur du réseau social Reddit (très populaire aux États-unis), activiste du libre accès à Internet, il a été retrouvé mort vendredi 11 janvier par sa petite amie, chez lui, à Brooklyn. Dimanche, l’association de défense des droits dans le monde numérique, Electronic Frontier Foundation, écrivait « Adieu à Aaron Swartz, hacker et militant extraordinaire ».

  • Pirate informatique
En 2008, le jeune informaticien met gratuitement à disposition (au lieu des quelques centimes par page téléchargée) des millions de documents judiciaires de la base de données de la Cour fédérale américaine. Le FBI se lance à la poursuite du jeune homme, qui avait réussi en moins de trois semaines à charger plus de 18 millions de pages, soit l'équivalent de 1,5 million de dollars. Mais le bureau d’investigation abandonne finalement sa charge contre lui.
En 2011, le hacker fonde l’association de lutte contre la censure « Demand Progress », et se bat avec acharnement contre les projets de lois anti-piratage SOPA (Stop Online Piracy Act) et PIPA (Protect Intellectual Property Act). Il prône le libre partage des connaissances, et de l’information.

  • Fraude au MIT
Le 19 juillet 2011, Aaron Swartz est accusé d’avoir téléchargé 4,8 millions d’articles scientifiques et littéraires mis à disposition, pour les abonnés, par le service d’archivage JSTOR. Aaron a utilisé le réseau du campus de la prestigieuse école du Massachusetts Institute of Technology (MIT) pour récupérer les documents. Pendant deux jours, il laisse un ordinateur caché dans un placard de l’école.
D’abord poursuivi par JSTOR, l’organisation abandonne ensuite ses poursuites judiciaires contre lui lorsqu’il leur restitue les documents téléchargés, promettant de ne pas les diffuser. Mais le procureur du Massachusetts et le MIT maintiennent leurs poursuites.
Arrêté à Boston, il risquait 35 ans de prison et une amende d’un million de dollars. Il devait comparaître devant les tribunaux en avril prochain. David Segar, le directeur de « Demand Progress », avait déclaré que les poursuites « n’avaient pas de sens », ajoutant : « C'est comme essayer de mettre en prison quelqu'un qui aurait parcouru rapidement trop de livres dans une bibliothèque ».

  • Intimidation ou dépression ?
La Toile et les proches d’Aaron se sont insurgés contre la justice, accusant celle-ci d’avoir conduit au suicide de l’activiste. « La mort d’Aaron n’est pas seulement une tragédie personnelle. C’est le résultat d’un système judiciaire criminel qui pratique l’intimidation et les poursuites abusives. Les décisions prises par le bureau du procureur et le MIT ont contribué à sa mort », a écrit sa famille, sur le site web dédié à la mémoire du jeune informaticien.
Mais Aaron souffrait aussi de dépression, selon ses proches. Cory Doctorow, un ami du jeune homme, a écrit sur Boingboing.net : « Aujourd'hui, tout le monde se demande si Aaron ne s'est pas tué parce qu'il ne voulait pas aller en prison. Peut-être. Mais Aaron souffrait aussi de dépression depuis de nombreuses années ». Déjà en 2007, Aaron avait évoqué son incapacité de « ressentir la joie que chacun semble partager. Tout est teinté de tristesse ».

  • Hommage
Suite à son suicide, le hashtag « #pdftribute » sur Twitter a été créé par plusieurs universitaires, qui ont rendu gratuit l’accès à leurs travaux, afin de favoriser leur libre partage. Toujours sur Twitter, l'inventeur du World Wide Web, Tim Berners-Lee, a indiqué dans un tweet : « Aaron est mort. Vagabonds du monde, nous avons perdu un sage. Hackers pour le droit, nous sommes un de moins. Parents, vous avez perdu un enfant. Pleurons. »
Le groupe de hackers « Anonymous » a par ailleurs piraté le site du MIT pendant quelques heures, publiant un message de soutien à Aaron : « Ce drame met en lumière la disproportion des peines prévues par la législation américaine contre les crimes informatiques. Oui, les actions d'Aaron étaient sans aucun doute de l'activisme politique ; mais elles ont eu des conséquences tragiques ».
« Le monde est privé de 50 ans de tout ce que nous ne pouvons pas imaginer qu’Aaron aurait fait », conclut le site wired.com. Le jeune homme est enterré le mardi 15 janvier à Chicago.

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