Traduit de l’américain par Josée Kamoun
(4ème de couverture)
« Un nu aux seins opulents, légèrement évasés, pour lequel elle aurait pu poser elle-même. Un nu aux yeux clos, défendu comme elle par sa seule puissance érotique et, comme elle, à la fois primaire et élégant. Un nu mordoré mystérieusement endormi sur un gouffre noir velouté que, dans mon humeur du moment, j’associais à celui de la tombe. Fuselée, ondulante, elle t’attend, la jeune fille, immobile et muette comme la mort. »
A l’orée de la vieillesse, David Kepesh, esthète attaché à la liberté et séducteur exigeant, rencontre parmi ses étudiantes Consuela Castillo, vingt-quatre ans, fille de riches émigrés cubains, « émerveillée » par la culture. Et découvre la dépendance sexuelle…
C’est le roman d’un envoûtement dans une Amérique bien loin des joyeuses bacchanales des années soixante, chères au Professeur de désir… Et au tournant du millénaire, cet alter ego de l’auteur, naguère héros du Sein, est confronté non seulement à son propre vieillissement mais aussi à la mort qui rôde en chacun de nous.
Après La tâche, Philip Roth nous offre à la fois un précis amoureux, une radiographie de notre temps et une méditation sur la condition humaine. Un nouveau chef-d’œuvre, d’une perfection lapidaire.
Le « Théâtre de Sabbath » à valu à Philip Roth en 1995 le National Book Award, qu’il avait déjà obtenu en 1960 pour son premier livre « Goodbye, Colombus ». Il a reçu à deux reprises le Nationel Book Critics Circle Award, en 1987 pour « La contrevie » et en 1992 pour « Patrimoine ». Le prix Pulitzer et, en France, le prix du Meilleur Livre étranger ont couronné « Pastorale américaine ». Le PEN Faulkner Award a récompensé les romans « Opération Shylock » et « La tache », qui a été également distingué par le prix Médicis étranger 2002. Tous les livres de Philip Toth sont traduits aux Editions Gallimard.
(1ere phrase :)
Je l’ai connue il y a huit ans ; elle suivait mes cours.
(Dernière phrase :)
« Réfléchis. Réfléchis bien. Si ru y vas, tu es foutu. »
137 pages – Editions Gallimard 2001 (2004 pour la traduction française)
(Aide mémoire perso :)
A 62 ans, David Kepesh se sent vieillir... Il est cette bête qui meurt inexorablement... Chaque année le rapproche de la fin, cette fin inévitable, cette damnation humaine. Comme chaque année, ce coureur invétéré, brillant intellectuel Professeur d'Université, séduit une de ses étudiantes, une jeune femme de 24 ans, Consuela Castillo. Cet homme vieillissant va succomber à une passion crépusculaire, il va vouer un véritable culte à cette jeune femme éclatante de santé, cette véritable déesse à la poitrine lourde, parfaite, aux hanches larges... Il ira jusqu'à se prosterner devant elle pour contempler et déguster son flux menstruel, comme s'il s'agissait du plus sacré des nectars... Il va connaître les affres de la jalousie, la peur de la perdre, alors qu'il ne s'est jamais vraiment attaché à ses conquêtes féminines... Mais une telle passion destructrice ne peut durer éternellement... les deux amants vont se perdre de vue... jusqu'à ce que Consuela fasse irruption à nouveau dans la vie de David, huit ans plus tard... Consuela qui est devenue à son tour une bête qui meurt...
C'est sous l'effet de cet ébranlement que David se confie à un de ses amis, dans ce long récit, ce long monologue. Il se livre sans fard, parfois très crûment, sans omettre les détails les plus intimes ou les plus scabreux. La construction du roman est très savante, comme toujours chez Philip Roth. On suit le cheminement parfois sinueux de la pensée de David Kepesh...
L'atmosphère de ce roman est particulièrement étouffante, oppressante. Nous sommes les témoins indiscrets de cette confession intime, le récit ému d'un homme qui a vécu la révolution sexuelle des années soixante comme une libération.
On ne peut qu'identifier le personnage de David Kepesh à l'auteur... Philip Roth lui aussi arrive au crépuscule de sa vie. Il prend conscience qu'il devient à son tour une bête qui meurt. On ne peut s'empêcher de sentir une profonde gravité dans cette œuvre. L'auteur développe des thèmes qu'il avait déjà évoqués dans La tache : la vieillesse, la maladie, le passage du temps, les tortures de la mémoire... et le couple bien sûr.
La fin de ce court roman est particulièrement profonde. Philip Roth prend la parole à travers son personnage pour nous livrer sa vision de la société. Une vision particulièrement pessimiste du monde, ce monde qui succombe chaque jour un peu plus au vulgaire et à l'abêtissement de masse. Philip Roth s'affirme plus que jamais en écrivain du temps présent, qui traite de thèmes actuels.
La bête qui meurt n'est peut-être pas le roman le plus réussi de philip Roth, mais il s'agit certainement de l'une de ses œuvres les plus profondes. Le style est étincelant ; certaines formules lyriques sont délicieuses ; le texte fait réfléchir. Un court roman à lire absolument.
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