1ERE PUBLICATION LE 9 JUILLET 2017
Le bavardage bureaucratique de Macron
Là où Emmanuel Macron nous avait
promis la réforme, il ne fait que ressortir les plus vieilles recettes
bureaucratiques.
Lors de son discours
soporifique devant le Congrès, Emmanuel Macron a fait quelques annonces
populaires pour cacher la vacuité générale du propos. Oui, il faut supprimer la
Cour de justice de la République et baisser le nombre d’élus car la France
compte 577 députés et 331 sénateurs alors que d’autres pays en comptent
beaucoup moins.
Aux États-Unis, il y a
435 députés et 100 sénateurs pour une population de 325 millions d’habitants
contre 66 millions en France ; en Allemagne, 630 députés et 69 sénateurs
pour une population de 80 millions d’habitants. Mais au Parlement britannique
il y a 650 membres et 760 pairs pour une population qui équivaut à celle de la
France.
Ce qui n’a pas empêché
le pays de se réformer. Le président aurait pu proposer la fin des privilèges
de nos élus, leur système de retraite et le cumul des pensions notamment, et
leur offrir en contrepartie davantage de moyens pour travailler. Les élus allemands
et britanniques disposent de 3 ou 4 fois plus d’argent pour constituer leur
équipe.
Aux États-Unis, un élu
reçoit un budget 10 fois supérieur à celui qu’un parlementaire français !
Si l’on veut un Parlement fort et efficace, il faut donner de vrais pouvoirs
aux députés. Et ce n’est pas l’instauration d’une dose de proportionnelle qui
changera la donne. Pourquoi ne pas instaurer un scrutin majoritaire à un seul
tour comme au Royaume-Uni ?
Enfin, pourquoi faire
du CESE la « chambre du futur » alors que les rapports et les
articles sur son coût et son inutilité se comptent par dizaines ? S’il
avait voulu penser le futur, il aurait déjà pu le faire et ça se saurait !
Le discours de
politique générale du Premier ministre a été dans la continuité de celui du
Président. Au lieu d’entendre l’annonce de vraies réformes pour le redressement
de la France, on a eu droit à deux annonces aussi concrètes que
démagogiques : la vaccination obligatoire et la hausse du prix du tabac
(malgré les hausses répétées dans le passé, la consommation de cigarettes n’a
pas diminué).
Où est passée la
baisse des dépenses publiques dans un pays qui dépense tous les ans 135
milliards d’euros de plus que l’Allemagne ? Quid du nombre de
fonctionnaires – et de leur statut – alors que nous en avons 1.6 million de
plus que la moyenne des pays membres de l’OCDE et 3 millions de plus que
l’Allemagne (rapporté à la population) ?
Dire que la Sécurité
sociale fait partie de notre patrimoine est un aveu d’inaction et un
blanc-seing à la dérive des coûts. Les Allemands, les Suisses et les
Néerlandais ont préféré ouvrir leur système de santé à la concurrence et ne
garder que les châteaux et les musées dans leur patrimoine… Sont-ils moins bien
soignés que les Français ?
La plupart des pays ont supprimé le statut de
fonctionnaires et baissé drastiquement leur nombre
Le constat sur l’école
est juste. Mais ce n’est pas en diminuant le nombre d’élèves par classe et en
rendant plus facile le bac que le niveau moyen des élèves s’élèvera pour
rejoindre les scores des meilleurs pays étrangers.
Nous avons plutôt
besoin d’instaurer une vraie autonomie des établissements avec une concurrence
au sein du système scolaire, et d’encourager l’école privée comme c’est le cas
dans d’autres pays dont les résultats sont à la mesure de leur audace en la matière.
Il faut libérer le monde de l’entreprise et faire une
grande réforme fiscale !
Quid de la fameuse
réforme du Code du travail ? Le flou du discours d’Édouard Philippe va
inquiéter encore plus les entrepreneurs qui préfèrent des pays comme
l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada ou bien d’autres où la liberté de
licencier est réelle tout en sécurisant les employés… L’assurance chômage sera
complètement étatisée au lieu d’instaurer la liberté de s’assurer.
De même, rien sur les
35 heures, et si peu sur les accords d’entreprise… Pour ce qui est de la
politique fiscale, là où l’on espérait une vraie baisse des impôts, on a eu
droit au report de plusieurs promesses (ISF, taxe d’habitation, taux d’impôt
sur l’épargne…). Au sujet des retraites, nous restons toujours le seul pays
riche et démocratique sans fonds de pension et avec la capitalisation seulement
pour les… fonctionnaires.
Mais nous voilà
rassurés, nous allons créer des commissions : grâce aux États Généraux de
l’Alimentation, à la Conférence des Territoires ou bien aux États Généraux de
l’Agriculture, la France sera sauvée. Faut-il donc vouloir « tout changer pour que rien ne
change » ?
Source contrepoints.org
Par Nicolas Lecaussin.
- Nicolas Lecaussin
Directeur du développement de l’IREF, Nicolas Lecaussin est diplômé de Sciences-po Paris, ancien président de l’iFRAP (Institut Français de Recherche sur les Administrations Publiques), fondateur de Entrepreneur Junior et auteur de plusieurs ouvrages sur le capitalisme, l’État et les politiques publiques. Dernier livre publié : "L’obsession antilibérale française".
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