Crimes, prostitution et argent sale… si la France les
incluait dans le calcul du PIB
Les
trafics de drogues, d’armes et la prostitution pourraient rentrer dans le
calcul du PIB de l’Italie, dont l’économie souterraine est estimée à 10,9% du
PIB, tout comme en France.
Et si,
pour augmenter notre PIB, on prenait en compte les revenus générés par le
trafic de drogue et la prostitution ? L’idée a fait son chemin en Italie
puisque l’an prochain, l’économie souterraine sera incluse dans le calcul de
son produit intérieur brut (PIB).
- Une proposition soutenue par le Parlement européen
Selon
les prévisions d’Eurostat, l’organisme européen en charge des statistiques de
l’Union européenne, ce rajout pourrait bien faire bondir le PIB italien. Ce
dernier augmenterait ainsi de 2,4%, soit un point de plus que les prévisions.
Le jeu peut en avoir la chandelle. En 2012, la Banque d’Italie a évalué la
valeur de l’économie informelle à 10,9% du PIB.
Cette
mesure ne sera pas spécifique à l’Italie. Le Parlement européen a demandé, en
février dernier, aux États membres de chiffrer les revenus provenant de leur
économie souterraine, dans le PIB, et cela dès 2014. La raison mise en avant
par l’institution européenne est le souci d’équité.
À titre
d’exemple, la vente de cannabis, légale aux Pays-Bas, dope le PIB du pays, par
rapport à un autre où ce commerce reste hors-la-loi.
- Une économie souterraine qui représente 10,8% du PIB en France
Selon une étude
publiée en mai 2013 par l’Institut économique
Molinari, l’économie souterraine en Europe représenterait 19,3% du PIB cumulé.
En France, la prostitution, le trafic de drogue et autres sont évalués à 10,8%
du PIB, soit 219,2 milliards d’euros.
« En
France, une cigarette fumée sur cinq provient du marché noir », explique
Cécile Philippe, directrice de l’Institut. En ce qui concerne la vente d’alcool
sur le marché, elle ne représente que 3% des ventes globales, car
« l’alcool est peu fiscalisé en France, contrairement à d’autres pays
comme la Suède où cela représente 54% du marché », ajoute-t-elle.
Mais la prise en compte de l’économie souterraine dans le
calcul du PIB français ne semble pas être d’actualité. L’Insee, joint
par Challenges, est catégorique : « Nous n’incorporons pas
les activités illégales dans ces estimations, dans la mesure où les
circonstances dans lesquelles s’effectuent ces activités (dépendance des
consommateurs de stupéfiants, esclavage sexuel dans certains cas) ne permettent
pas de considérer que les parties prenantes s’engagent toujours librement dans
ces transactions. »
- Une évaluation approximative
Les
sommes générées par l’économie parallèle des cinq premières puissances
européennes (l’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne et le Royaume-Uni),
comptent pour les deux tiers du total européen, détaille l’étude. Si l’économie
informelle « venait à disparaître […], cela pourrait même paradoxalement
pénaliser l’économie dite ’officielle’. La seule solution pérenne consiste à
’libérer’ le marché légal », analysent les auteurs du rapport.
Plusieurs
méthodes ont été utilisées afin de chiffrer cette économie. La consommation
d’électricité, les montants d’argent liquide utilisés dans l’économie, les
résultats d’audits et les redressements fiscaux.
Source institutmolinari.org Article de Marie-Pierre Haddad
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