IL Y AVAIT LA AUSSI LES 1ER SIGNES...
Ce que révèle cette
première semaine du nouveau gouvernement Macron
Hyper centralisation
du pouvoir présidentiel, abus des techniques du marketing, un certain courage
pour suggérer des mesures chez nos voisins européens, tels sont les
enseignements de cette première semaine du gouvernement Macron-Philippe II.
À
moins d’être dans l’intimité du nouveau Président, la meilleure façon pour
deviner les intentions de celui-ci consiste à décoder les faits et gestes de
son gouvernement. N’oublions jamais qu’en politique, ceux-ci sont bien plus
révélateurs que les discours.
Cela
s’avère d’ailleurs d’autant plus vrai lors des tous premiers jours d’un
gouvernement, période dont on sait combien elle préfigure le bilan de celui-ci.
Une équipe ambitieuse et courageuse imprimera dès le début son rythme de
transformation du pays. À l’inverse, un gouvernement indécis ou sans véritable
programme ne fera rien de particulier pendant cette période pourtant
déterminante…
4 postures du nouveau
gouvernement
Une
semaine vient de s’écouler pour le tout nouveau gouvernement Macron-Philippe
II. Que nous révèle-t-elle concrètement ? Elle nous révèle :
-une hyper centralisation du pouvoir présidentiel
-des postures de pure communication visant à assurer
une image positive
-des propositions d’envergure mais à l’attention de
nos voisins
-quelques réformes économiques qui ne sont en réalité
que des artifices
Un président omnipotent
En
soi, le contrôle de l’ensemble des ministères par la garde rapprochée du
président n’est pas une mesure de nature à décupler la croissance, à diminuer
le chômage et la pauvreté. Néanmoins, on peut toujours espérer qu’elle
contribue à donner les coudées franches à l’exécutif, à la condition bien sûr
que celui-ci ambitionne de réformer notre économie de fond en comble.
De
telles réformes étant devenues urgentes, on ne pourrait que se réjouir de cette
mainmise élyséenne, si justement ces dites réformes étaient effectivement
annoncées. Or, il n’en est rien, et la lecture des évènements de la semaine
nous laisse considérablement sur notre faim.
Par
conséquent, ce renforcement du pouvoir présidentiel ne s’opère-t-il pas pour le
simple bénéfice de l’intéressé ? N’est-il pas à rapprocher de ce besoin
qu’a éprouvé E. Macron de choisir lui-même le photographe (un proche de son
épouse), la position des ministres (lui-même et son Premier ministre au milieu
et non pas au premier rang) et le lieu pour la photo officielle du nouveau
gouvernement (22/06/17) ? Est-ce vraiment la fonction du président que de
s’occuper de tout ? N’est-ce pas plutôt la preuve de l’incapacité à
déléguer qui caractérise en général les managers inexpérimentés ?
La communication comme vision
politique
Surfant
sur la dynamique qui est la sienne, jouant sur la confusion créée autour de la
« société civile », E. Macron ne s’est pas privé cette semaine
d’emprunter des termes au monde de l’entreprise. Il considère ses ministres
comme des « managers », et évoque les méthodes de « team
building » en ce qui concerne le séminaire gouvernemental à venir (Figaro 22/06/17).
Hélas,
ces anglicismes feront peut-être rêver les personnes âgées ou la « France
périphérique » mais certainement pas ceux qui travaillent dans des grands
groupes ou des PME dynamiques.
Pour
ces derniers, il y a longtemps que ce jargon est devenu au mieux banal, au pire
synonyme d’artifices derrière lesquels bien souvent s’abritent un management
déficient. Ce n’est pas tellement de « team building » dont la France
a un besoin de toute urgence, mais de réformes économiques ! Lorsqu’une
usine est en feu, faut-il commencer par former les pompiers de la caserne
concernée à bien collaborer ensemble ?
De la comm’ et encore de la comm’
En
réalité, tout cela n’est que de la communication et du marketing parfaitement
« chartés », en cohérence astucieuse avec l’image de E. Macron, cette
image de dynamisme et de renouveau sur laquelle le candidat a capitalisé sans
limite pendant la campagne.
Mais
à vouloir singer des pratiques managériales qui sont passées de mode, E. Macron
nous rappelle combien il est un énarque, un ancien inspecteur des finances, et
un ancien du gouvernement Hollande ! Quelqu’un à des années-lumière des
méthodes utilisées actuellement par les entreprises les plus agiles et les plus
efficaces…
Idem
pour cette fameuse photo du gouvernement, qui symboliquement, redistribue le
pouvoir de façon horizontale parmi les ministres. Il s’agit d’une technique
archi-connue dans les entreprises.
Techniques d’entreprises
Sauf
qu’une « photo de famille » qui brise les codes (dixit Europe 1,
22/06/17) ne remplacera jamais un aplanissement des circuits de décision et un
« renversement de la pyramide ». Il y a longtemps que les entreprises
sont passées à l’acte dans ce domaine, et ne se satisfont plus d’une astuce de
« premier communiquant ».
Il
en est de même lorsque B. Le Maire déclare (Figaro,
22/06/17) que l’industrie française peut rattraper l’Allemagne grâce au
numérique. Faire croire de telles choses est tout de même crapuleux car :
-la
France (pourtant à l’origine du révolutionnaire Minitel) est quasiment absente
de la plupart des secteurs de la nouvelle économie
-la
révolution numérique a commencé dans les années 80. C’est un peu tard
maintenant pour y songer
-le
numérique, c’est quelque part la dématérialisation par opposition à
l’industrie faite d’usines et de machines de plus en plus robotisées. Envisager
la ré-industrialisation de notre pays par le biais de l’immatériel est plus que
douteux…
En
réalité, de tels propos ne sont pas sérieux car ils ne sont pas réfléchis. Il
trahissent encore une fois le souci de plaire, en se payant de mots pour
valoriser un gouvernement qui n’a pas réellement d’ambitions. Si celui-ci avait
un vrai projet industriel, il ne s’abriterait pas derrière de tels poncifs
éculés.
Il
évoquerait plutôt les problématiques de R/D, l’Université, le capital risque,
le droit du travail, la réforme syndicale, la baisse des charges, etc… Il est
triste de voir que ce gouvernement qui n’a qu’une semaine d’existence fait déjà
penser à un gouvernement de communicants !
Des propositions audacieuses mais
pour nos voisins
Lorsque
B. Le Maire déclare en matière de fiscalité : « nous voulons avancer très vite sur les convergences
de l’Allemagne et de la France… » (Figaro,
22/06/17), il ne parle pas des efforts que devra consentir en premier lieu le
gouvernement français.
En
effet, la pression fiscale allemande étant nettement inférieure à celle de
l’Hexagone, on se doute très vite que ce genre de proposition n’est pas
crédible, ou ne portera que sur des détails anecdotiques.
Un
gouvernement conscient de ses propres handicaps commencerait par évoquer un
plan drastique d’économies sur son propre fonctionnement avant de vouloir
mouiller un pays voisin qui, rappelons-le, entretient deux fois moins de
fonctionnaires, impose nettement moins ses entreprises et ses citoyens, pour
des prestations de services publics qui supportent largement la comparaison (et
un taux de chômage à faire rêver).
Faire porter les efforts sur
autrui
Lors
du sommet européen vendredi dernier, la proposition faite par E. Macron (et
refusée par plusieurs pays) consistant à limiter les acquisitions d’entreprises
européennes par la Chine, était typiquement de la même nature.
Il
s’agissait ni plus ni moins de faire porter les efforts à autrui afin d’éviter
de payer le coût d’une mauvaise compétitivité économique française et
d’entreprendre les réformes douloureuses pour y remédier. Au passage, cette
mesure en dit long sur le soit disant libéralisme du président, et sur son
penchant interventionniste dés lors qu’il s’agit de capital (son ancien
métier)…
Des réformes qui n’en sont
surtout pas
Il
faut relire ce qu’a déclaré hier E. Philippe concernant le déficit : « on regardera s’il faut jouer, d’ici la fin de 2017,
sur une réduction de dépenses et à quel niveau » (Ouest France
23/06/17). Comme s’il n’était pas sûr de l’urgence d’économiser illico sur le
train de vie de l’État, E. Philippe attend le résultat d’un audit sur la
situation laissée par le gouvernement précédent !
Cet
aveu du Premier ministre est lourd de sens. Il est clair que le gouvernement
Macron ne considère pas le poids de la dette et le poids de l’État comme un
problème majeur ! Par conséquent, les objectifs qu’il va s’assigner seront
du domaine de la cosmétique.
Cet
irréalisme se retrouve exactement dans les propos tenus avant-hier par le
ministre de l’Économie B. Le Maire (Figaro,
22/06/17) lorsqu’il explique que « les
charges sont trop élevées » et que « la hausse de la CSG va aider à financer cette baisse des charges »
(sic).
Degré zéro de la fiscalité
Financer
la réduction des charges par la hausse d’une taxe est typiquement le degré zéro
de la réforme fiscale. Il ne s’agit que d’un artifice budgétaire, une sorte de
jeu d’écriture à somme nulle, l’État (socialiste en l’occurrence) n’envisageant
clairement pas d’économiser sur son niveau de vie !
La
décision de vendre les participations de celui-ci, que confirme B. Le Maire
dans cette même interview, est d’ailleurs la signature typique des
gouvernements velléitaires. Ne se sentant pas le courage de tailler dans le
train de vie de l‘État, train de vie dont on connaît pourtant les débordements,
le gouvernement se rabat sur la vente de ce que l’on appelle communément les
« bijoux de famille ».
Hyper
centralisation du pouvoir présidentiel, abus des techniques du marketing, un
certain courage pour suggérer des mesures chez nos voisins européens mais aucun
pour planifier la moindre réforme pénible intra-muros, tels sont les
enseignements de cette première semaine du gouvernement Macron-Philippe II,
semaine dont on peut toujours espérer qu’elle ne sera pas aussi représentative
de ce qui va suivre qu’elle n’est généralement censée l’être.
En
attendant, hélas, force est de constater que ce que trame ce gouvernement (et
surtout, ce qu’il ne trame pas) ressemble tristement à ce que préparait le
gouvernement socialiste précédent…
Source
contrepoints.org
Par Claude Robert.
- Claude Robert est consultant international en organisation, et auteur du site satirique « Eradiquons le politiquement correct français »
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