Mémoires d’un maire
Publiées en 2013, les
Mémoires d’un maire relatent l’expérience politique de Jean-Jacques Descamps,
libéral dans l’âme et maire de Loches pendant 19 ans, dont le troisième et
dernier mandat s’est achevé en mars dernier. Commune française située dans le département
d’Indre-et-Loire, Loches forme une agglomération d’environ 7 000 habitants. A
travers le récit de la vie politique locale, l’auteur décrit les
dysfonctionnements du système auxquels il a dû faire face et relate comment son
expérience d’entrepreneur lui a permis de mener une politique ancrée dans la
réalité. Nous reviendrons sur les points essentiels.
En France, le statut
de la fonction publique est une sorte de « vache sacrée » auquel il est
difficile de toucher. Loué pour la sécurité et la stabilité qu’il offre, on ses
inconvénients sont souvent oubliés. L’encadrement strict des fonctionnaires,
nuisible à une gestion efficace des ressources humaines, en est un. Soumis au
système de rémunération et de promotion fixé par le statut, les fonctionnaires
peuvent difficilement bénéficier de la qualité de leur travail ou de leur
implication. Dans ses Mémoires, Jean-Jacques Descamps revient sur le principe
des primes. Distribuées de façon quasi uniforme, « un tire-au-flanc peut gagner
quasiment autant qu’un travailleur ». De plus, de par sa rigidité, le statut de
la fonction publique est inadapté aux affaires courantes et engendre des coûts
supplémentaires. Obtenus sur concours, les grades sont souvent sans rapport
avec les fonctions auxquelles ils préparent et impliquent que les
fonctionnaires suivent une formation complémentaire. De même, l’auteur fait le
constat que les président(e)s successifs du Comité départemental du Tourisme
qu’il a côtoyés avaient tous été choisis sur des critères politiques et non en
fonction de leur expérience de ce secteur. Le mode de sélection va de ce fait à
l’encontre de l’objectif d’efficacité.
Aujourd’hui, la
complexité administrative territoriale nuit à la gestion publique locale. Face
à la coexistence des communes et des communautés qui crée un enchevêtrement des
compétences, l’auteur en appelle à un approfondissement de la démarche de regroupement
des communes en créant une grande communauté de plein exercice, dotée de
compétences permettant un champ d’action plus large. La mise en place d’une
communauté du « Grand Lochois » permettrait à la commune de peser plus lourd
politiquement et économiquement, et d’attirer les compétences dont elle a
besoin.
Dans l’exercice de ses
fonctions, le maire est confronté à un État bavard qui multiplie les
réglementations. À Loches, en raison de sa situation géographique et de son
patrimoine sauvegardé, les normes sont légion : plan de prévention des risques
d’inondation, arrêtés de péril, plan de mise en valeur du secteur sauvegardé…
autant d’obstacles administratifs qui, d’une part, impliquent systématiquement
un interlocuteur différent ; d’autre part, illustrent l’omniprésence de l’État
dans l’aménagement d’une ville comme Loches ; et enfin, restreignent le
périmètre d’action en multipliant les obstacles et allongeant les délais.
L’inflation législative, qui concerne la plupart des domaines de la vie
communale, gêne les projets municipaux et éloigne l’investissement privé.
Ces dysfonctionnements
énoncés, l’auteur préconise une présence de l’État « plus modeste mais plus
efficace » en (i) rationalisant l’administration – des fonctionnaires d’un
autre profil, un guichet unique pour les services de l’État – en (ii)
privilégiant le recours au privé plutôt qu’aux subventions – recours accru à la
délégation de service public et appel au mécénat et mise en place d’un fonds de
dotation local pour rénover le patrimoine – et en (iii) favorisant l’incitation
à la contrainte – expérimentation réussie d’un dispositif d’incitation
financière pour rénover les façades du centre-ville de Loches.
Face à « une
administration toujours plus envahissante, des lois toujours plus
contraignantes et des citoyens toujours plus exigeants », l’auteur conclut à la
nécessité de simplifier les structures locales. Un peu plus de liberté pour
libérer les énergies et mieux servir l’intérêt général.
Source generationlibre.eu
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire