La Hulotte
“La Hulotte, le journal le plus lu dans les
terriers” fête son n° 100.
Elle ne hulule que deux fois l'an, pour
raconter en dessins et en mots “les petits mystères des grands bois”. Vrai
travail d'orfèvre, la revue naturaliste sort son centième numéro. Pousser les
enfants à observer la nature qui les entoure, telle est la vocation de Pierre
Déom, le papa de La Hulotte.
C'est à Boult-aux-Bois, microvillage des Ardennes, qu'elle
niche. La
Hulotte, à savoir « le journal le plus lu dans les terriers
», fête cet automne son centième numéro. Une
longévité et un succès étonnants pour cette revue naturaliste tous publics, qui
raconte chaque semestre depuis quarante ans la vie des bestioles et plantes de
nos forêts.
On y
apprend tout sur le sphinx colibri (un insecte de 3 centimètres de long), la
musaraigne étrusque (le plus petit mammifère du monde qui, avec ses deux
grandes oreilles, « cherche à imiter son idole
l'éléphant ») ou le martin-pêcheur. De petit format, la publication
propose sous une couverture colorée une quarantaine de pages en noir et blanc.
Qui mêlent un récit à la fois ultra documenté et ludique – jamais niais – et
une foultitude de dessins minutieux.
- Une demi-douzaine de salariés et 150 000 abonnés
C'est dans
un atelier tout de bois et de verre que travaille son créateur Pierre Déom, « phobique social » (selon ses mots) de 64
ans, épaulé par une demi-douzaine de salariés, dont sa femme et sa fille.
Grande tige sèche aux cheveux argent, ce fils d'un
« ouvrier agricole très catho » se destinait à l'histoire. « J'étais un gosse de la campagne, mais ne
connaissais rien à la nature. Quand je suis parti étudier à
Charleville-Mézières, je me suis senti mal. » Retour donc à la terre
pour le jeune instituteur.
En 1972,
il participe à la création du réseau de clubs Connaître et protéger la nature,
à destination des mouflets, et s'occupe du bulletin de liaison, qui devient La Hulotte. Le bouche-à-oreille enfle
concernant ce drôle de périodique, jusqu'à générer une moyenne actuelle de 150
000 abonnés de tous âges. « Le journal est
monté en flèche sans que je m'y attende, note son fondateur, en
adoucissant son ton au fil des heures. Forcément,
je me suis senti obligé de davantage creuser les sujets. »
- Toiles d’araignée et arbres à deux pieds
Un travail
de bénédictin, entre journalisme et analyse scientifique : six mois sont
consacrés à chaque thématique (une par numéro) abordée. L'homme s'anime en
évoquant les recherches de tous pays qu'il compulse, les documentaires qu'il
visionne et ses propres expéditions sur le terrain. Pour traiter des toiles
d'araignée, il investigue pendant dix ans. «
Elles sont rarement photographiées sans la rosée esthétique qui les déforme. Je
profitais des jours de brume pour les guetter très tôt le matin, quand les
gouttes sont suffisamment fines pour ne pas peser sur les fils. »
Même
perfectionnisme patient quand il se penche sur les « petits mystères des grands bois », arpentant les forêts deux
décennies durant (!) pour dénicher « des arbres
à deux pieds ou qui en avalent un autre ». Il écrit seul les – très
longs – textes de sa revue, dessine aussi méticuleusement la faune et la flore,
s'inspirant de Gustave Doré ou du zoologiste suisse Manfred Reichel.
Poursuivant,
sans mollir, ce qu'on appelle une vocation, Pierre Déom souhaite « rendre les enfants conscients des richesses
naturelles, les pousser à sortir observer ce qui les entoure ». S'il se
dit idéologiquement proche du mouvement écologiste, il ne milite pas. Il n'en a
pas le temps, avec cette ensorcelante Hulotte
qui dévore sa vie et le pousse une heure par jour dans les bois voisins.
Dernier sujet d'étude : les méandres du lierre, cet arbrisseau « extraordinaire, qui pousse plus vite que l'arbre
attenant sans jamais l'étouffer ».
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