Trop d’entorses chez les
sportives
Les études montrent que les femmes font 5 fois
plus d’entorses que les hommes. On commence à comprendre pourquoi ! Les
stratégies préventives en résultant sont désormais plus efficaces !
Par le docteur Nicolas LEFEVRE, chirurgien du
sport.
Une
entorse, c’est la distension voir la rupture d’un ligament, cette cordelette
reliant deux os au niveau des articulations. Le plus célèbre est le ligament
croisé antérieur. Il limite les mouvements du genou. Il peut se déchirer lors
des rotations ou des bascules de cette articulation placée au voisinage de
l’extension. Sa rupture impose souvent une intervention chirurgicale et une
rééducation de plusieurs mois. Même bien opéré, ce genou a 10 fois plus de
chance de faire de l’arthrose que son voisin ! Voilà pourquoi, le ligament
croisé antérieur est souvent pris en exemple par les scientifiques !
- Des tissus trop souples.
Les
ligaments féminins se laissent distendre plus aisément, on parle de laxité. Il
est probable que l’évolution ait sélectionné cette caractéristique tissulaire
afin de favoriser l’ouverture du bassin lors de l’accouchement. SCOVILLE a mis
en évidence que les individus les individus hyperlaxes faisaient 3 fois plus
d’entorse du ligament croisé antérieur. Il est peu probable que ce ligament
très souple soit plus fragile … au contraire, il se laisse distendre plus
longtemps avant de se rompre. En revanche, la membrane entourant l’articulation
est si flexible qu’elle laisse trop facilement partir le genou en forte
extension et en bascule ! Dans cette position le ligament croisé est très
tendu, une simple rotation suffit à le rompre. Les enveloppes musculaires sont,
elles aussi, trop souples. Les muscles sont insuffisamment mis en tension pour
contrôler la posture articulaire.
- Des muscles moins forts et mal coordonnés.
Pour
stabiliser les articulations, il faut des muscles forts, endurants et
vigilants. Les hormones féminines sont bien moins efficaces que la testostérone
masculine pour faire du muscle. Habituellement, les femmes se réceptionnent au
voisinage de l’extension de genou … dans une position risquée pour le
ligament croisé. Par manque de force, le blocage articulaire remplace le
freinage musculaire. Il faudrait plus de flexion pour que les ischiojambiers
situées à l’arrière de la cuisse, parviennent à tirer le tibia vers l’arrière
et détendre le croisé. Les enregistrements électriques des contractions
musculaires montrent que les femmes sollicitent trop leurs quadriceps et
insuffisamment leurs ischiojambiers en réception de saut. Le tibia est tracté
vers l’avant, le croisé est tendu … en position de prérupture !
- Une anatomie spécifique
Les
jambes en X, plus typiquement féminines, se révèlent dangereuse pour le croisé.
Le couloir osseux dans lequel il se situe est plus étroit. Lors des rotations
et des bascules, il vient plus rapidement se tordre sur les berges de ce canal.
Le croisé féminin est également plus fin. Il se rompt pour une tension
inférieure. Les longues jambes sans muscles des mannequins se cognant les
genoux sur les podiums des défilés … sont à haut risque de rupture du
croisé ! Finalement, il y a une justice !
- Encore les hormones !
Le cycle
féminin intervient dans la rupture du croisé. Il y a trois plus de risque de
faire une entorse grave du genou dans les jours qui précèdent
l’ovulation. Durant cette phase, l’œstrogène, l’une des hormones féminines,
vient assouplir les ligaments et augmenter la laxité. En plus des dates de
vacances scolaires et des promotions des voyagistes, voilà un paramètre
supplémentaire à prendre en compte avant de choisir les dates de votre prochain
séjour au ski ! Les études concernant l’intérêt préventif de la pilule sont
divergentes. Il est probable que les minidosées plus récentes soient moins
efficaces.
- Sensibilisation et modification technique !
Henning
a proposé à des basketteuses de 1ère division américaine de décélérer sur 3 pas
au lieu de s’arrêter brutalement. Il leur a demandé de tourner sur des
trajectoires arrondies en remplacement des pivots. Les blessures ont
diminuée de 89%. Il faut être sensibilisé au problème et avoir compris les
mouvements dangereux. Quatre mille moniteurs de ski ayant visionné une vidéo
montrant dix accidents typiques ont diminué de 62 % leur taux de rupture du
croisé au cours de la saison suivante ! Alors, souvenez vous de
l’essentiel ! Evitez de vous réceptionner genou tendu, en bascule vers
l’autre genou !
- Coordination et renforcement !
A chaque
saut, amortissez et stabilisez la reprise d’appui en fléchissant le genou et
restant dans l’axe ! Pliez aussi le buste vers l’avant pour tendre les
ischiojambiers. Sur le terrain, faites des parcours entre plots et
cerceaux. Renforcez vos muscles. Mieux encore ! Apprenez à vous arrêter ou
à changer de direction en prenant un «double appui». En équilibre simultanément
sur le pied droit et sur le pied gauche. Vos articulations seront plus stables
; vous êtes plus aptes à modifier votre trajectoire si votre adversaire vous
assenait une nouvelle feinte. En salle, utilisez les squats ou la
presse, dossier à 45°, ainsi que les machines à ischiojambiers. A domicile,
réalisez des flexions sur une jambe, le pied posé sur un coussin ou un matelas.
Pour travailler les ischiojambiers, allongez-vous sur le sol, pliez un peu les
genoux, posez vos talons sur une chaise ou sur un gros ballon et montez le
bassin. Matelas et ballon sont des astuces particulièrement utiles car trop de
musculation en position de stabilité fige votre coordination et altère votre
aptitude à réagir au déséquilibre. Limitez les assouplissements, les femmes
sont déjà très laxes ! Évitez les étirements en position statique à
l’échauffement, ils diminuent l’élasticité musculaire protectrice et inhibent
les réflexes de contraction contrôlant la position articulaire.
Source SantéSportMag
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